Fiche d’acteur Dossier : Résistances civiles de masse

Marie Lise Poirier, Grenoble, juillet 2006

International Center on Nonviolent Conflict - ICNC - Washington

L’ICNC - Centre international sur le conflit non violent (www.nonviolent-conflict.org/) - développe et encourage l’utilisation de stratégies non violentes basées sur l’action des civils, pour résoudre des conflits, mettre en place ou défendre les régimes démocratiques, respectueux des droits de l’Homme.

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Fondé en 2002 par Peter Ackerman et Jack du Vall, l’ICNC (nonviolent-conflict.org/) a pour objectifs de :

  • Développer et diffuser les connaissances au sujet des conflits non violents ;

  • Favoriser l’apprentissage des méthodes adéquates à mettre en œuvre dans ce type de lutte ;

  • Soutenir la recherche et les projets éducatifs visant à améliorer la compréhension des principes et des capacités des stratégies non violentes ;

Le centre, en revanche, ne participe pas aux actions elles-mêmes et ne les finance pas.

En collaboration avec diverses ONG, des universités, des « boîtes à idées », ses principales actions consistent à :

  • Sensibiliser le grand public par le biais de conférences, d’interventions télévisées ou radiophoniques, de la publication, la diffusion et la traduction de films, de livres et d’articles, ou encore d’outils pédagogiques – souvent de son cru ;

  • Amener les politiciens et les media à prendre d’avantage en compte les mouvements non violents ;

  • Former les activistes aux actions non violentes dans le cadre d’ateliers.

Il est entièrement autonome financièrement, reposant sur les fonds de ses représentants et membres. Il n’aurait en outre aucun lien, direct ou indirect, avec les gouvernements.

Peter Ackerman est un financier du groupe Crown Capital Group qui a fait fortune à Wall Street. Il est également membre du Conseil de Gestion de la Freedom House, ainsi que de l’Institut international des études stratégiques de Londres.

La théorie du « conflit non violent » qu’il préconise pour démocratiser un régime est largement inspirée du travail de Gene Sharp, son professeur à l’université Tufts. Ainsi postule-t-il que l’obéissance est au cœur du pouvoir politique. Les mouvements d’opposition aux dictateurs, en faisant le choix stratégique de mobiliser et organiser la population autour de la négation non violente de leur autorité despotique, auront plus de chances de les renverser qu’en employant une méthode violente. Cependant, comme dans toute lutte, ils doivent être soigneusement préparés et se fixer des objectifs limités et accessibles pour réussir. Il développe ces idées en particulier dans deux livres qu’il a cosignés – « A Force More Powerful. A Century of Nonviolent Conflict » puis « Strategic Nonviolent Conflict : the Dynamics of People Power in the Twentieth Century» - et deux films qu’il a coproduits avec Jack du Vall : « Bringing down a dictator » et « A Force More Powerful ». Par ailleurs, il met l’accent sur l’intérêt pour les mouvements non violents d’utiliser les media et les NTC : d’une part comme moyen de se faire connaître, d’autre part, au moment de la lutte, comme outil de communication essentiel à son succès.

Jack du Vall, président du centre, occupe un poste important dans la télévision publique américaine, après avoir eu de nombreux et divers emplois à responsabilités. Lui et les autres représentants de l’ICNC, Berel Rodal, Shaazka Beyerle et Hardy Merriman, sont qualifiés et expérimentés dans les domaines de la stratégie, la communication, le management et la (géo)politique.

Commentaires

Le film « Bringing Down a Dictator » (La Chute d’un dictateur), qui décrit la façon dont l’association étudiante serbe Otpor est parvenue à renverser Slobodan Milosevic en 2000, semble avoir inspiré et guidé le dirigeant des démocrates géorgiens, Mikhaïl Saakachvili, devenu depuis président du pays. Le documentaire est devenu le principal outil permettant d’apprendre aux foules toujours plus importantes les principes de l’action non-violente. Ainsi l’idéologie et la technique de ce type d’action semblent-t-elles réellement efficaces. Depuis, de nombreux dissidents se sont adressés à l’ICNC en espérant recevoir de l’aide et rééditer l’expérience serbe.

Certains pensent que les « révolutions colorées » des pays de la CEI font avant tout partie d’une stratégie de Washington, l’objectif des mouvements étant d’accroître l’influence américaine en Eurasie au détriment de celle de la Russie, et de généraliser le capitalisme. Il existe en effet un grand nombre d’ONG américaines plus ou moins liées à la CIA et aux organes d’Etat nord américains (la Freedom House, la Fondation Soros, l’Albert Einstein Institution, etc) qui conseillent et financent les militants en faveur de la démocratie. L’ICNC réfute toute implication la concernant, répondant que les révolutions que l’on a pu observer sont le fait des peuples des pays concernés et d’eux seuls. Quant aux soutiens d’ONG et de gouvernements extérieurs, ils sont une bonne chose lorsque la cause est juste. Dans ce cas, il n’y a pas à s’en défendre, bien au contraire. La question est de savoir si la cause est juste ou si l’on manipule des populations au profit d’intérêts cachés.

L’indépendance et la transparence de l’organisation mériteraient cependant d’être confirmées. Il n’en reste pas moins que ses méthodes ont fait leur preuve. Elles révèlent la puissance d’un peuple déterminé à recouvrir sa liberté face à un gouvernement aussi puissant et brutal soit-il sans encourir les affres de la guerre traditionnelle ; un outil efficace, enfin, pour défendre les droits de l’homme et renforcer la citoyenneté.

Site web

nonviolent-conflict.org/