Fiche d’analyse

Matthieu Damian, , Grenoble, France, avril 2006

Analyse de la culture de la paix selon l’UNESCO

Mots clefs : Culture de paix | ONU | Unesco | Prix Nobel de la paix | Elaborer une culture de la tolérance et de la négociation pour gérer des conflits

Le 6 octobre 1999, l’Assemblée générale des Nations unies avalise, en quelque sorte, le travail que conduit depuis plusieurs années l’UNESCO pour fonder le concept de « culture de la paix » en adoptant un programme d’action en huit points pour cette culture de la paix.

1) Promouvoir la paix à travers l’éducation. Celle-ci doit être proposée à tous les enfants et une attention particulière doit être réservée aux femmes.

2) Améliorer un développement économique et social soutenables. L’éradication de la pauvreté ainsi qu’une focalisation plus grande accordée à l’environnement constituent des priorités.

3) Promouvoir le respect pour tous les êtres humains, non seulement en distribuant des Déclarations Universelles des Droits de l’Homme à tous les niveaux mais aussi en mettant complètement en œuvre ces droits.

4) S’assurer de l’égalité entre les femmes et les hommes en intégrant une approche sexo-spécifique et en éliminant toutes formes de discrimination.

5) Soutenir la participation démocratique en éduquant les citoyens à des pratiques responsables.

6) Faire avancer les notions de tolérance, de compréhension et de solidarité en promouvant un dialogue entre les civilisations.

7) Soutenir la libre circulation des savoirs et de l’information par l’indépendance des médias.

8) Promouvoir la paix internationale et la sécurité par des actions telles que le désarmement, la résolution pacifique des conflits.

 

I - Les commentaires que nous inspire ce programme.

 

1° Promouvoir la paix à travers l’éducation

La paix à l’Ecole

Afin de renforcer la culture de la paix, un impératif consiste à l’incorporer davantage dans la formation des enseignants. Il faut donc que les ministères de l’Education dans les différents pays se chargent de prendre connaissance du contenu du « Cadre d’action intégré concernant l’Education pour la Paix, les Droits de l’Homme et la Démocratie » entériné par la Conférence générale de l’UNESCO lors de sa 28e session, en novembre 1995. De façon concrète, cela nécessite d’abord une amélioration de la scolarisation des enfants ainsi qu’une participation accrue et plus pérenne des femmes.

L’Ecole de la paix de Grenoble s’efforce, au sein de son pôle pédagogique, de promouvoir un tel éclairage au sein des établissements scolaires dans lesquels elle intervient.

En conséquence, un tel effort doit être poursuivi au sein des universités comme le préconise d’ailleurs la Déclaration des participants au Colloque mondial sur l’enseignement supérieur tenu à Paris en 1998.

A ce niveau également, l’Ecole de la paix de Grenoble fournit des formations sur la « Culture de la Paix » au sein de son « Réseau UNESCO » . En 2006, notre association donne des cours dans une dizaine d’universités, en Rhône-Alpes mais aussi à Paris, Marseille, Bruxelles, et a des projets à Téhéran et Bogota.

La philosophie, vecteur de paix

Par ailleurs, le rôle de la philosophie est souligné notamment en ce qu’elle apporte une pensée critique, favorable à la culture de la paix. Comme l’écrivent Anaisabel Prera-Flores et Patrice Vermeren (qui résument en cela de nombreux textes de Fédérico Mayor allant en ce sens) : « Vecteur d’une culture de paix, des droits de l’homme et de la personne humaine, l’enseignement de la philosophie, par sa capacité à se critiquer soi-même, postule aussi, comme la démocratie, l’école et l’université, l’égalité (7) » .

S’attaquer à la question du mal

Cela n’a pas été assez mis en évidence dans les huit points et aurait même pu constituer une neuvième ligne. Nous proposons ici quelques analyses classiques :

Paul Ricoeur : le mal existe et il doit être combattu

Paul Ricoeur évoque par exemple l’il y a de Lévinas : « Il y a le mal. Mais je ne sais dire pourquoi. Un tel aveu d’inscience me paraît avoir une valeur libérante considérable (8) . » C’est à partir de cette libération de l’enfermement du pourquoi le mal que le philosophe revient sur la question : « Qu’est-ce que cela signifie donc de penser vers l’avant ? C’est abolir la question du pourquoi, agir contre le mal et, lorsqu’on est croyant, « sortir complètement du cycle de la rétribution » (…) : « Peut-être est-ce là l’ultime réponse au « problème » du mal : atteindre le point de renoncement au désir, désir même dont la blessure engendre la plainte (…). Peut-être cet horizon de la sagesse fait-il se recroiser l’Occident juif et chrétien et l’Orient bouddhique, en un point situé très loin en avant sur la même voie de la douleur et du renoncement (9). »

Quels sont les moyens de sortie du mal que propose le philosophe ? Paul Ricoeur a, du fait de son analyse du « cogito brisé » , dû trouver des moyens d’une reconquête de soi. Le philosophe propose alors son « homme capable : capable de dire, d’agir, de raconter et de promettre « en dépit » de tout ce qui semble contredire l’attestation de soi dans une action bonne (4).

Explications psychologiques

Le grand historien anglais, John Keegan a souligné : « Freud a suggéré une théorie de l’agressivité fondée sur le psychisme, considérant qu’elle trouvait son origine dans la frustration de la sexualité par l’ego. A l’issue de la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle deux de ses fils se distinguèrent mais dont il ressentit profondément la dimension tragique, il adopta une position plus pessimiste. Dans une célèbre correspondance avec Einstein publiée sous le titre Pourquoi la guerre ? , il admet nettement que « l’homme possède en lui un penchant de haine et de destruction » et propose comme seule façon de l’éliminer le développement d’une « crainte justifiée des formes que les guerres devraient prendre dans le futur (5) . »

Pour le psychanalyste Franco Fornari, la violence est la résultante de l’angoisse de mort que chacun de nous porte en lui. Ne pouvant toujours la supporter, l’homme la projette sur l’autre. L’atteinte d’autrui constitue un dérivatif puissant à l’angoisse d’être soi-même détruit.

L’apport de John Burton : Ne pas oublier la raison originaire du conflit

Au niveau de l’analyse de la société internationale, un des objectifs de John Burton, même s’il semble très basique, consiste à ne jamais oublier ce qui constitue le cœur du problème, la raison du conflit. Si on s’y attaque résolument, il y a des moyens de parvenir à une résolution du conflit. Ce chercheur constate, montrant en cela que ce qui pourrait être un truisme n’en est pas un, que notre société n’a pas porté encore assez d’attention aux conflits et que, si ceux-ci persistent, c’est, entre autres, parce qu’on ne s’attaque pas au cœur du problème (6).

René Girard ou l’évacuation du mal par le bouc émissaire

Spécialiste de littérature, René Girard publie en 1961 un ouvrage Mensonge sacré et romantisme. Il se tourne alors vers toute la littérature que l’ethnologie a produite afin de voir si ses thèses sont, ou non, confirmées par le terrain. En 1972, il publie alors un second ouvrage qui fait date La violence et le sacré. Depuis, il poursuit son travail sur le mimétisme en publiant en 1978, Des choses cachées depuis la fondation du monde. Récemment entré sous la Coupole, il s’est avant tout fait connaître pour sa fameuse théorie sur le bouc émissaire, résumées par lui-même en quelques mots : « Toutes les sociétés humaines sans exception ont tendance à se détraquer sous l’effet de leur violence interne. Lorsque cela se produit, elles disposent d’un moyen de rétablissement qui leur échappe à elles-mêmes et que l’anthropologie n’a jamais découvert, la convergence spontanée, mimétique de toute la communauté contre une victime unique, le « bouc émissaire » originel sur lequel toutes les haines se déchargent sans se répandre catastrophiquement aux alentours, sans détruire la communauté (7). »

Nous ne proposerons pas ici la prolongation de sa pensée qui se fait plus chrétienne par la suite mais nous invitons le lecteur à aller parcourir son œuvre pour en prendre connaissance.

Au niveau international, la violence expliquée par Federico Mayor :

L’ancien directeur de l’UNESCO explique la permanence de la violence par les facteurs suivants : "L’Histoire est surtout présentée comme une succession de guerres, alors qu’elle devrait être enseignée aussi sous l’angle des inventions et découvertes scientifiques, philosophiques, culturelles et sociales qui ont favorisé le développement, sans négliger les exemples de résolution pacifique des conflits. Deuxièmement, les tout-puissants médias donnent de l’actualité une image qui fait la part belle à la violence. (…). Troisièmement, certains milieux militaristes propagent l’idée que la guerre est aussi vieille que l’humanité et qu’elle est donc inévitable. (…) Quatrièmement, le déterminisme, biologique ou sociologique, tente de justifier non seulement la guerre, mais toutes les déterminations fondées sur la race, l’hérédité, le statut social, le poids de l’Histoire (…). Enfin, il faut se demander si l’une des origines essentielles de la violence, peut-être la plus ancienne et la plus importante, ne serait pas liée à l’existence du territoire, individuel ou collectif, au désir de se l’approprier, de le protéger, de l’agrandir, en d’autres termes, une des formes de la volonté de puissance (8). »

 

2° Améliorer un développement économique et social soutenables

Une notion politiquement correcte ?

A première vue, il est aisé de remarquer que cette liste ne met pas en avant l’obligation de justice sociale même si le point 2 offre des perspectives en ce sens. Pourtant, dès sa fondation, l’Organisation internationale du travail mettait en évidence que la « paix ne peut être établie que si elle est basée sur la justice sociale (9) » . De même, c’est un des immenses mérites de Federico Mayor que de placer au cœur de sa réflexion sur la paix, la nécessité du partage.

Néanmoins, un texte de droit international même s’il n’a aucune valeur contraignante a souvent le défaut majeur de ne constituer que le plus petit dénominateur commun. Or, compte tenu de cette donnée, on peut se dire que si de substantiels efforts étaient déjà accomplis dans chacun des huit points, l’injustice sociale aurait, du même coup, régressé également.

La notion de paix s’épanouit avec celle de développement

La culture de paix est une notion creuse si elle est utilisée seule. L’UNESCO lui a adjoint les mots de démocratie (voir le point 4) et de développement. Au jour d’aujourd’hui, la pérennité de la paix s’est toujours fondée sur une croissance qui profite au plus grand nombre. Or, comment espérer la paix avec : des inégalités qui s’accroissent ; plus d’un milliard d’êtres humains qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ; trente mille personnes qui meurent de faim chaque jour ; des millions de personnes infectées par le sida et ne pouvant payer leurs soins (et on pourrait malheureusement continuer cette énumération des pages entières) ? Il est impératif de redonner à l’économie un visage humain.

La réforme des Institutions Financières Internationales

Depuis une trentaine d’années, les Institutions Financières Internationales (IFI), c’est-à-dire principalement la Banque mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI), sont dominées par l’idéologie néo-libérale (dont les prophètes sont Friedrich von Hayek, Ludwig von Mises et Milton Friedman). Celle-ci impose aux pays qui ont besoin d’argent, des Plans d’Ajustement Structurel (PAS) dont la validité n’a que rarement été démontrée. Ces plans comportent trois aspects : « un volet financier (rétablissement des grands équilibres budgétaires, refonte des régimes fiscaux, allègement de la dette, restructuration et privatisation du système bancaire), un volet commercial (libéralisation du commerce extérieur et intérieur, suppression des caisses de stabilité et des offices de régulation) et un volet économique (assouplissement des conditions d’investissement et de production, privatisation des entreprises publiques). Devant la lenteur des progrès et pour répondre au reproche d’inadaptations des mesures proposées, deux nouveaux volets furent intégrés dans la plupart des programmes : un volet législatif (assouplissement des règles du marché du travail, révision du droit des affaires et du travail) et un volet politico-institutionnel (amélioration des institutions et « bonne gouvernance (10) » ).

Leurs résultats ont souvent été médiocres (11) . En outre, la dette a été remboursée depuis des années. D’autre part, ponctionner ainsi de l’argent dans un pays qui n’en a pas, épuise les ressources déjà faibles de l’Etat. Béatrice Hibou montre que la privatisation exigée par les IFI ne sert pas une meilleure allocation des ressources. En effet, en privatisant les seules entreprises qui font du profit, l’Etat perd des ressources qu’elle aurait pu utiliser à réaliser de grands investissements. En outre, en n’ayant pas de fiscalité interne dû à l’absence d’une classe moyenne qui paie suffisamment d’impôt pour ce faire, la majorité des revenus étatiques proviennent justement des revenus produits par l’extraction des matières premières. C’est dans l’appel à une meilleure gouvernance que les nouvelles potions libérales peuvent sembler plus pertinentes. En effet, de nombreux pays du Tiers-Monde sont, de par leurs richesses naturelles, potentiellement riches. Cependant, la chute du cours des matières premières au cours des années 1980 a eu un effet déplorable sur les finances publiques des Etats qui avaient souvent négligé de diversifier leurs sources de revenus et, également, de tenter la transformation de ces matières premières au lieu de les exporter brutes. D’autre part, les élites africaines sont également en cause puisque cela fait vingt ans que leurs pays tirent des ressources moindres du pétrole que d’autres Etats du monde en n’imposant pas aux sociétés étrangères un régime fiscal élevé et, en outre, par leur corruption, en prélevant d’importantes commissions pour leur propre compte. Il faut également déplorer, à la suite de Béatrice Hibou, que les classes supérieures des pays pauvres paient mal leurs impôts, et s’en vantent fréquemment qui plus est : « De tous les pays africains, c’est parmi les élites que l’incivisme fiscal est le plus développé. Un rapport de la coopération française sur la fiscalité foncière en Côte d’Ivoire a par exemple souligné que Cocody, le quartier le plus chic d’Abidjan, est aussi celui où le taux de recouvrement de l’impôt est le plus faible (3%) (12) » .

Quant à Ignacio Ramonet, il a vu dans la crise argentine en décembre 2001, la défaite des « Chicago Boys » , en d’autres mots des penseurs de l’Ecole ultralibérale de la ville des vents. En effet, les autorités de Buenos Aires étaient présentées depuis des années comme des modèles à suivre pour l’aisance avec laquelle ils suivaient toutes les prescriptions des missi dominici des IFI. Or, ces technocrates, que Hannah Arendt raillait déjà dans : Du mensonge politique à la violence, n’ont pas su éviter l’immense crise économique subie par l’Argentine. Le rédacteur en chef du Monde diplomatique ira même jusqu’à écrire : « La chute de l’Argentine est au néolibéralisme ce que la chute du mur de Berlin fut au socialisme étatique : l’évidence d’un discrédit, le constat d’une impasse (13) . »

Les dangers de la mondialisation et la nécessaire résistance des peuples

Ganesh K. Trichur critique la tendance à l’augmentation croissante de la finance privée internationale détachée de tout lien avec un système étatique qui a pour conséquence une compétition mondiale des Etats pour attirer ces capitaux mobiles. Il ajoute que la mondialisation contemporaine est une crise avec trois dimensions : une crise de l’accumulation du capital ; le néolibéralisme représente une expansion concomitante de la finance et de la spéculation qui mènent à une crise du travail ; une crise de représentation des classes opprimées (par les syndicats, les étudiants, les intellectuels). Ces trois points génèrent une crise de la gouvernance au Sud corroborée par le retrait de l’Etat. Cependant, les moyens de résistance existent avec la réaction des peuples aussi bien au Nord qu’au Sud (14).

L’environnement : un héritage précieux à léguer à nos enfants

Günther Bächler ou encore Harald Müller ont bien souligné la conflictualité que recèle l’utilisation de la nature qui réduit ou non les ressources naturelles et territoriales disponibles. De là, il découle une création ou une aggravation des problèmes d’allocation des ressources (15) .

Les dommages environnementaux ont un caractère plus ou moins relatif : certains sont réversibles, d’autres non. Un développement respectueux des générations futures doit s’effectuer dans le respect de l’environnement (dans la lignée de la Déclaration sur les responsabilités des générations présentes envers les générations futures, adoptée le 12 novembre 1997 par la Conférence générale de l’UNESCO) et de son intégrité biologique (en accord avec la Déclaration sur la protection du génome humain et les droits de l’homme, rédigée par le Comité international de bioéthique et l’UNESCO).

De cette meilleure prise en compte de l’environnement, par ce qui serait une jolie ruse de l’histoire, Larbi Bouguerra, consultant à l’OMS, fait le pari que, dans le cas du conflit autour de l’eau entre Israéliens et Palestiniens, il en sortira une solution pacifique. En effet, en tant que voisins, ces deux communautés sont « condamnés à s’entendre » . En outre, si les Israéliens veulent continuer à se targuer de leur Etat de droit, ils seront amenés à réduire la discrimination qu’ils font payer aux Palestiniens via les factures d’eau (16).

 

3° Promouvoir le respect pour tous les êtres humains

L’expression « culture de la paix » a été forgée au cours d’un siècle particulièrement cruel au point que certains auteurs l’ont appelé : « siècle des génocides » . Comme Rudolph Rummel l’a montré, il y a eu 119 millions de victimes causées par des conflits infraétatiques au cours du XXe siècle et 36 millions provoquées par les conflits interétatiques : ces massacres ont donc été de véritables « démocides » .

Passer d’une sécurité nationale à une sécurité humaine

Le rapport sur la « Sécurité humaine » remis à Javier Solana, haut représentant pour la Politique étrangère et de sécurité commune par un groupe d’experts indépendants en septembre 2004 est, à cet égard, intéressant. Il souligne la nécessité de passer d’une sécurité des Etats à celle des individus. En outre, le concept de sécurité est étendu non plus seulement aux agressions extérieures mais également aux famines à la pauvreté ou à la mortalité. Revendiquer une sécurité humaine pour l’Union européenne implique que des opérations extérieures de l’Union européenne doivent être entreprises lorsque l’Etat de droit est menacé de façon forte et continue dans une région. Comment justifier un tel interventionnisme ? Par des raisons morales tout d’abord. La légalité intervient ensuite, puisque les déclarations sur le respect des droits de l’homme doit engager les pays européens, s’ils croient dans le droit international, à veiller à le faire respecter. Enfin, à plus long terme, il en va de la sécurité européenne tant la violence qui se produit en tel endroit de la terre peut, mondialisation oblige, se répercuter sur la sécurité au sein de l’Union européenne. Cependant, les auteurs du rapport ne souhaitent pas qu’une opération extérieure soit lancée sans au préalable s’être assurés, par ordre décroissant d’importance, de ses chances de réussite, de sa proximité, des rapports historiques contractés avec la zone en danger et d’une certaine attente de l’opinion dans ce sens (17).

4° S’assurer de l’égalité entre les femmes et les hommes

John Keegan, grand historien de la guerre britannique, rappelle : Constatant que la chasse était plus efficace en groupe qu’isolément, [Robert Ardrey] suggère que les groupes d’individus ont appris à chasser ensemble sur un territoire commun, comme le font les animaux, créant ainsi la base d’une organisation sociale amenée ensuite à chasser les intrus de leur espèce. Une explication de l’hégémonie masculine dans la société a été proposée par Robin Fox et Lionel Tiger en se fondant sur la thèse d’Ardrey. (…) Les chasseurs ayant dû se plier à une autorité pour des raisons d’efficacité et ayant été pendant des millénaires les principaux fournisseurs d’aliments, la domination agressive du mâle est devenue l’élément déterminant de l’éthique de toutes les formes d’organisation sociale (18) .

Au début du vingt-et-unième siècle, il apparaît totalement illusoire, stupide et improductif de continuer à penser de la même façon.

En ce qui concerne le Kanun, ce droit pénal et coutumier qui régit les rapports entre Albanais depuis des siècles, on peut constater qu’à l’article 29, il est écrit que "la femme est une outre qui doit tout supporter"; tant qu’elle est dans la demeure du mari, il règne sur elle. "En cas d’infidélité, d’adultère et de violation de l’hospitalité, le mari tue sa femme sans avoir besoin de sauf-conduit (….), sans être poursuivi parce que les parents prennent le prix du sang de la morte, lui donnent la cartouche et lui servent de garants. " Il s’agit ici de l’article 31 dit "de la frange coupée", qui rend la femme coupable. A l’article 33, au paragraphe 58, on affirme que le mari a le droit de conseiller et de corriger, de battre et d’enchaîner sa femme (19). » Si des efforts ont été accomplis au cours de ces dernières années (20), il reste beaucoup à faire.

Dans le même sens, on peut relever le peu de progrès de la femme dans le monde arabe. Certes, on peut constater une évolution au Maroc depuis l’arrivée au pouvoir de Mohamed VI ou encore au Koweït où celles-ci ont dorénavant le droit de voter.

Le monde occidental doit également se battre pour réduire le nombre de violences conjugales, les disparités de salaire, les discriminations à l’embauche, et plus généralement les préjugés qui demeurent.

5° Soutenir la participation démocratique

La canalisation de la violence par la politique

Charles Tilly, grand historien britannique, a montré qu’avec la formation de l’Etat moderne, les individus ont été peu à peu privés de l’usage de la violence. Du coup, il leur a fallu inventer d’autres moyens de protestation. Ainsi a-t-il montré que les oppositions populaires en France à partir du 16e siècle ont pu être menées sans utiliser, la plupart du temps, la violence.

Christian Mellon et Jacques Sémelin ajoutent à cet argument le suivant : « Il arrive qu’un groupe social, à un moment donné de son histoire, prend conscience de la force qu’il représente en lui-même et par lui-même, de la place qu’il tient dans la société et, par voie de conséquence, de la pression qu’il peut exercer par le seul fait de menacer de retirer sa participation (21). »

Quant à Mai Lequan, elle s’interroge : « L’antagonisme peut-il fonder la paix ? (…) Le modèle parlementaire instaure la paix en institutionnalisant certains antagonismes. La constitution monarchique anglaise fournit, selon Montesquieu, l’exemple d’une paix par maîtrise des antagonismes entre pouvoirs exécutif et législatif. Chacune des Chambres (peuple, noblesse) doit exprimer des vues antagonistes. La paix civile se maintient en donnant aux antagonismes un statut juridique (22). »

 

Renforcer le contrôle démocratique des forces armées

Par ailleurs, nous ne pouvons que nous réjouir du rôle du Centre pour le contrôle démocratique des forces armées – Genève (DCAF), centre de recherche créé en 2000 par le Gouvernement suisse pour contribuer concrètement à cette question devenue importante pour la communauté internationale. Quarante-deux Etats sont représentés au Conseil de la fondation du centre Celui-ci recueille des informations, effectue des analyses, lance des activités en réseau afin d’identifier les problèmes. Il propose savoir-faire et soutien à toutes les parties intéressées.

Prendre en compte le peu de passion pour la social-démocratie

Michael Howard avance une critique que Jacques Julliard (23) et bien d’autres ont également formulé et dont il faut nécessairement tenir compte : les sociétés occidentales bourgeoises sont créatrices d’ennui. Il craint que les mouvements nationalistes ou d’autres groupes radicaux ne fournissent d’excellents exutoires à la violence sous-jacente à ce désintérêt des citoyens envers leur régime politique .

Du coup, il faut parvenir à montrer les avantages de ce régime politique. Une étude a par exemple montré que tout pays démocratique avec un PIB par habitant supérieur à 6000 dollars n’est jamais revenu à un régime autoritaire. En outre, Amartya Sen et Jean Drèze ont montré, séparément, que les démocraties sont mieux à même de faire face aux attentes de leur peuple que les régimes autoritaires. Oneal et Russett ont, en outre, lié l’effet pacificateur des démocraties avec deux autres phénomènes qui, s’ils se ne constituent pas directement des causes de paix en sont au moins des supports : les organisations internationales et l’interdépendance. En effet, les démocraties sont plus ouvertes au monde extérieur et, de ce fait, plus désireuses de faire partie de structures interétatiques. Le même raisonnement peut être tenu en ce qui concerne l’économie. Les relations commerciales sont particulièrement fortes entre des Etats dont les rapports sont faiblement conflictuels .

Renforcer le rôle citoyen des entreprises

Aux Etats-Unis, le mécénat est beaucoup plus présent qu’en France. Les grandes fondations américaines telles que la Carnegie, la Ford ou Rockfeller ont mis en place un système de soutien à la démocratie qui est bien coordonné. Comme l’indique Arnaud Blin : « Chaque organisme s’est spécialisé dans un domaine spécifique : éducation pour Carnegie, administration pour Ford, médecine et sciences pour Rockfeller, avec quelques chevauchements (26). »

Le rôle des ONG et de la société civile

Comme l’a bien résumé Philippe Chabase, co-directeur d’Handicap International : « [Le rôle des ONG] est d’aller à la rencontre de l’autre, non pas pour lui apporter ce qu’on a envie de lui apporter, mais pour lui demander ce dont il a besoin (27). » L’ONG dont il fait partie représente d’ailleurs un exemple puisqu’elle a été de celle qui ont obtenu le Prix Nobel de la Paix en 1997 pour leur combat sur les mines antipersonnel. Néanmoins, la société civile peut-être un facteur d’instabilité lorsque : elle se substitue à l’Etat si son efficacité est moindre ; sous couvert de lutte contre la paix, elle accapare des richesses à son seul profit via des programmes financés par de grandes institutions internationales ; elle intervient sur des terrains où seuls les militaires doivent se trouver ; elle envenime des tensions identitaires ou religieuses, etc.

La fin de l’Histoire

« La corrélation entre démocratie et paix est pour moi l’une des rares choses que la science politique puisse affirmer en matière de relations internationales (28) » écrivait Francis Fukuyama. Dans une contribution récente (29) , il indique que le 11 septembre 2001 semble plutôt favorable à la thèse huntingtonienne. Cette concession est tout de suite infirmée par une argumentation rappelant que sa « fin de l’histoire » se fondait sur le processus de modernisation qui, in fine, doit déboucher sur une démocratie libérale et l’économie de marché. Puis, il souligne avec pertinence que le modèle alternatif présenté par Oussama Ben Laden et les parangons de l’Islam radical n’est pas viable sur le long terme.

6° Faire avancer les notions de tolérance, de compréhension et de solidarité en promouvant un dialogue entre les civilisations.

Projet pour une éthique planétaire

Il faut évidemment mentionner le Projet d’Ethique planétaire du célèbre théologien allemand Hans Küng, auquel, d’ailleurs, l’Ecole de la paix s’est associée pour souligner l’urgence d’un « ethos planétaire » et voir comment le projet lui-même répond au défi. Depuis des années, ce chercheur essaie de relever les fondamentaux communs aux religions mais aussi leurs différences fondamentales. Entre ces deux extrêmes, il tente de jeter des ponts sur les domaines où les religions peuvent dialoguer. L’essence de sa démarche réside dans la recherche de la paix entre les religions (30).

Mieux prendre en compte les religions

Facteurs de guerre tout autant que porteuses d’un message de paix, les différentes confessions religieuses ont trop tendance à être niées de nos jours dans le monde occidental. Se méprendre sur leur importance est lourd de conflits à venir. C’est pourquoi, une politique de prévention des conflits doit chercher non seulement à exploiter le potentiel pacificateur de leurs différents messages mais aussi déminer les possibles incompréhensions.

Dépassionner les nationalismes

Poursuivant la réflexion sur l’identité, les « faiseurs de paix » ont pour obligation de prendre en compte la gestion des identités. Par exemple, après des décennies de communisme, le nationalisme qui touche les pays de l’Europe de l’Est ne doivent pas être pris à la légère par les gouvernements occidentaux.

La tolérance

Michael Walzer a dit d’elle qu’elle « (…) est la condition même de la vie, parce que son contraire mène souvent à la mort ; elle est également la condition de la vie collective des communautés au sein desquelles nous vivons. La tolérance rend possible l’existence des différences ; les différences rendent nécessaire l’exercice de la tolérance.

Il indique plus loin que « L’intolérance s’exprime avec le plus de virulence lorsque les différences culturelles, ethniques ou raciales coïncident avec les différences de classes, c’est-à-dire lorsque les membres des groupes minoritaires sont aussi en état d’infériorité économique. » (p85). Il poursuit cette idée en notant : « La réalité (…) montre que le respect porté à des individus particuliers accompagné d’une plus large tolérance a peu de chances de se manifester tant que n’est pas brisée la congruence entre groupe et classe. » (p89).

On constate par ailleurs que les individus du monde postmoderne ont comme particularité d’être de plus en plus déracinés par rapport à leur culture d’origine. Pour la plupart, toute idée métaphysique est marginale et ils sont donc seuls. Cette solitude de plus en plus importante d’une part croissante de la population ne va pas sans conséquence.

Michael Walzer revient sur cette question dans son épilogue en soulignant que si l’individu accepte de réinvestir le temps considérable qu’il a à sa disposition au sein de telle ou telle association, il pourra réapprendre les vertus politiques du dialogue et donc, du vivre ensemble. Il recommande par exemple d’intégrer un syndicat pour faire contrepoids à certaines politiques économiques, ou encore de faire du bénévolat pour des programmes de renforcement de la vie familiale. N’éludant pas le sujet de l’action au sein des associations culturelles dont il sait que, pour bon nombre d’entre elles, elles sont considérées comme « menaçantes » , il indique : C’est, me semble-t-il la faiblesse de ces associations et non leur puissance qui fait peser une vraie menace sur notre vie commune. (p154).

Il rappelle alors que la tolérance n’est pas une notion neutre : « La tolérance, faut-il le rappeler, n’est pas génératrice d’harmonie : elle légitime des groupes précédemment réprimés ou invisibles et les met ainsi à même de revendiquer leur part des ressources disponibles. Cependant, la présence en force de ces groupes aura pour effet d’élargir l’espace politique, ainsi que le nombre et l’éventail des postes institutionnels à pourvoir ; autrement dit de multiplier les occasions de participation pour les individus. Ces derniers, dès lors qu’ils prennent conscience de leur propre efficacité, deviennent notre meilleure protection contre l’esprit de clocher et l’intolérance des groupes auxquels ils appartiennent. » (p156)

Adepte d’une pensée nécessairement complexe dans un monde qui l’est, l’auteur parvient cependant à rendre intelligible l’exigence qui s’impose à nous en une phrase relativement simple : « Aucun régime de tolérance ne saurait longtemps se maintenir dans une société d’immigration pluraliste moderne et postmoderne, qui ne ferait droit à cette double exigence : défendre les différences de groupes et s’attaquer aux différences de classes. » (pp.161-2). Ce propos est à rapprocher du passage de la p.85 que nous avons déjà mis en exergue et pourrait également servir à légitimer la discrimination positive.

Contre le choc des civilisations

Issa Asgarally, philosophe mauricien, s’attache à mettre en valeur les vertus de l’interculturel. Plus riche et ouvert vers l’autre que la notion de multiculturalité, l’interculturel consiste en cet effort quotidien pour le vivre ensemble ou encore, selon le mot de l’auteur, « en un désenclavement des cultures » . L’auteur refuse le choc des civilisations prophétisé au milieu des années 1990 par un universitaire américain très connu, Samuel Huntington. Il lui substitue une vision où le lecteur est directement appelé à reconnaître la culture de l’autre dans sa richesse, sa différence. Ce mouvement sera d’autant plus enrichissant qu’il lui permettra, en retour, de mieux comprendre sa culture propre (31).

Michael Howard considère qu’il reste de nombreuses parties du monde où les valeurs occidentales sont considérées comme culturellement étrangères, une menace pour les traditions autochtones et la cohésion sociale (32).

Vers un retour de l’âge d’or de la civilisation musulmane ?

Gilles Kepel a bien montré que, dans les pays arabes, l’échec des politiques nationalistes souvent socialisantes a entraîné un retour vers le religieux. Pour les groupes fondamentalistes, il est alors très aisé de s’implanter dans un pays comme le Pakistan où l’Etat ne fournit plus depuis longtemps les services fondamentaux aux personnes démunies, celles-ci bénéficient à la fois des moyens mais également de l’endoctrinement religieux.

Comme l’a souligné Arnaud Blin, en 2000, il n’y avait qu’un seul pays majoritairement musulman qui soit démocratique et libre : le Mali. « En revanche, les 24 pays d’Europe de l’Ouest sont tous à la fois démocratiques et libres alors que la grande majorité des démocraties libérales sont des pays à majorité chrétienne (79 sur 88 )(33). » Cependant, l’auteur n’y voit pas une malédiction et il souligne précisément le contraire : « La prétendue incompatibilité entre l’Islam et la démocratie pourrait fort bien, d’ici quelques années, apparaître comme un concept aussi erroné que l’était celui de l’incompatibilité du catholicisme et de la démocratie (34). »

7° Soutenir la libre circulation des savoirs et de l’information par l’indépendance des médias.

Le quatrième pouvoir : pacifiste ou belligène ?

Nombreux sont les commentateurs qui ont souligné le rôle de la télévision dans la difficulté, pour l’Etat-major américain, d’agir comme il l’aurait souhaité au cours de la guerre du Vietnam (35). Autre rappel, parmi tant d’autres, de l’importance de la presse sur l’opinion publique internationale : pendant la guerre d’Algérie, le bombardement d’un village tunisien va provoquer un tel tollé dans le monde qu’il pousse le dernier gouvernement de la Quatrième république à la démission et entraîne la naissance de la Cinquième République.

Cependant, la situation n’est, évidemment, pas aussi simple. Serge Halimi a bien souligné également que les journalistes, en montant en grade et en salaire sont souvent moins prompts à dénoncer des situations qu’ils auraient dénoncées par le passé (36) . On peut également considérer que les médias occidentaux ont joué également un rôle nocif dans les dernières guerres du Golfe (37). Ce n’est d’ailleurs pas l’apanage de Fox News ou de CNN que de dépasser les limites. Au Rwanda, Radio-Télévision des Milles Collines l’a fait avec beaucoup plus de fougue et de haine participant de manière considérable au génocide qui a touché ce pays en 1994.

8° Promouvoir la paix internationale et la sécurité par des actions telles que le désarmement, la résolution pacifique des conflits.

Un retour en grâce de l’Etat sur la scène internationale

Malgré l’avènement sur la scène internationale de nombreux autres acteurs que le diplomate et le soldats mis en valeur par un ouvrage qui, à l’époque, a fait date, Paix et guerres entre les nations, de Raymond Aron, paru en 1962, on peut néanmoins affirmer et le 11 septembre est venu le prouver a posteriori que l’approche stato-centrique garde, au début du vingt-et-unième siècle, tout son intérêt(38) . Si la paix doit progresser à grandes enjambées, c’est dans cette direction qu’il faut regarder, même si le rôle des responsables religieux ou encore des ONG ne doit pas être, loin s’en faut, sous-estimé.

Francis Fukuyama, un des trois plus influents penseurs actuels des relations internationales (avec Samuel Huntington et Charles Krauthammer), abonde dans ce sens. Il met en évidence le danger que représente les Etats faibles. Ceux-ci doivent constituer une priorité pour les Etats de droit. Ces derniers doivent aider les pays dont les structures étatiques sont évanescentes à les renforcer. Si cette priorité était, jusqu’au 11 septembre 2001, secondaire dans l’agenda international et liée à des exigences humanitaires, il en va tout autrement depuis ces attaques. En effet, les zones grises ou espaces de non-droit qui existent dans de nombreuses parties du monde sont autant de possibilités de repaire pour les terroristes ou pour des trafics de matière dangereuse. Michael Ignatieff, un penseur influent aux Etats-Unis ne dit pas autre chose (39).

Pax Americana ?

On peut s’interroger sur la diplomatie américaine du fait que, pour les néo-conservateurs : « Le progrès perpétuel vers la paix perpétuelle, c’est la guerre perpétuelle (40) . »

Arnaud Blin indique que la stratégie que Wolfowitz entend promouvoir, à partir de 2001, comporte deux lignes directrices : l’Amérique en état de guerre permanente et la guerre préemptive. Il avait déjà essayé de séduire Bush père lorsqu’il était président, avec les mêmes idées, il avait essuyé un échec important puisque ses propositions furent vigoureusement rejetées. Dix ans plus tard, il triomphe avec George W. Bush. Son document stratégique concernant la défense : The Defense Policy Guidance se fait le chantre d’une approche résolument unilatérale.

Comme le déplorait Arnaud Blin il y a deux ans, le politicien qui tentera de ramener l’Amérique à un discours autre que celui fondé sur sa puissance « prendra des risques électoraux tels qu’ils ne vaudront pas peut-être pas d’être pris (41) » . Cependant, il semble que, au cours des mois qui viennent, l’électorat américain devrait se retourner contre son président tant l’impréparation de sa guerre a causé du tort à son pays. Si les démocrates savent enfin faire preuve d’un peu plus de mordant, la glorification de la guerre pourrait coûter la prochaine élection aux Républicains.

Michael Ignatieff, reprenant le poète Celan, nous enjoindrait cependant à la plus grande prudence. Il a bien montré que « les Barbares sont une sorte de solution » . Ils ont offert à l’empire une nouvelle raison d’être et un objectif à long terme : l’éradication de la terreur (42).

Par ailleurs, Michael Ignatieff n’est pas le seul penseur américain à rejeter tranquillement le multilatéralisme en écrivant : « Personne n’aime les empires, mais il y a quelques problèmes pour lesquels il n’existe que des solutions impériales (43) » . Il enfonce le clou sur la politique extérieure américaine en rappellant que l’intervention de l’OTAN au Kosovo était conçue pour mettre un terme au nettoyage ethnique de Slobodan Milosevic. Cependant, un « voile de désillusion » s’est levé sur l’opération quand les décideurs politiques se sont rendus compte qu’une fois les Kosovars libérés, ces derniers profitaient de leur liberté retrouvée pour persécuter leur persécuteurs …(44)

Contre la guerre tabouisée, une préférence pour l’action et la prévention

Nous souhaiterions qu’interdire la guerre soit aussi simple que ce qu’en dit Umberto Eco : « Moravia avait déjà suggéré que, puisque depuis des siècles l’humanité a décidé d’élaborer le tabou de l’inceste après s’être rendu compte que la stricte endogamie donnait des résultats négatifs, nous pourrions être arrivés au moment où l’humanité ressent le besoin instinctif de décréter taboue la guerre. Il lui a été répondu, avec réalisme, qu’un tabou ne se « proclame » pas par décision morale ou intellectuelle, qu’il se forme au long des millénaires dans les recoins obscurs de la conscience collective (…). Certes, un tabou ne se proclame pas : il s’auto-proclame. Mais il y a des accélérations des temps de croissance. Pour s’apercevoir que, en s’unissant à la mère ou à la sœur, on bloquait l’échange entre les groupes, il a fallu des dizaines de milliers d’années – tout comme il a fallu, semble-t-il, beaucoup de temps avant que l’humanité détermine un lien de cause à effet entre acte sexuel et grossesse. Mais pour voir qu’avec une guerre, les compagnies aériennes ferment, il a fallu deux semaines. Il est donc compatible avec le devoir intellectuel et le sens commun d’annoncer la nécessité d’un tabou, que par ailleurs personne n’a l’autorité de proclamer en fixant les temps de maturation. C’est un devoir d’intellectuel de proclamer l’impossibilité de la guerre (45). »

Cependant, le droit international s’affaiblissant chaque fois qu’il n’est pas respecté, il est inutile de penser inscrire une telle interdiction dont on a vu le sort, après le Pacte Briand-Kellog. Il semble que la solution de Pascal Bruckner (avec lequel nous ne partageons pourtant pas nombre d’idées) est infiniment plus responsable. Elle ressemble d’ailleurs à la position que nous avons prise, intervenant pour l’Ecole de la paix, lors du Forum social européen qui s’est tenu à Saint-Denis en 2003. Alors que plusieurs militants pacifistes venaient de s’exprimer sur la nécessité de diminuer de façon drastique les budgets d’armement, nous avions proposé, non pas leur augmentation, mais un même niveau avec une attention plus grande apportée à la réduction des programmes redondants, au niveau des 15 pays (d’alors). Il s’agit en effet de faire face à nos responsabilités comme le dit, enfin, cet extrait : « L’Europe de l’Ouest préfère globalement la culpabilité à la responsabilité : la contrition ne coûte rien et nous laisse les mains blanches. (…) Nous assumons en paroles tous les malheurs de la terre, du réchauffement climatique au tsunami : mais nous nous délectons de notre impuissance tranquille. (…) Comment sortir du piège de la mauvaise conscience ? En rappelant que l’Europe a sans doute enfanté des monstres, mais qu’elle a du même geste engendré les théories qui permettent de penser et de détruire les monstres, qu’elle est, après 1945, la seule culture à s’être mise à distance de sa propre barbarie, créant du même coup pour les autres l’obligation de penser contre soi. Pas plus qu’il n’y a de transmission héréditaire du statut de victime, il n’y a transmission du statut de bourreau : le devoir de mémoire n’implique pas la pureté ou la faute automatique de ses descendants. Nous ne sommes pas coupables des atrocités commises par les ancêtres mais de celles que nous laissons faire aujourd’hui par indifférence, passivité, complaisance aux tyrannies (46). »

Des progrès ont cependant été réalisés au cours de ces dernières années. Lors du Conseil européen de décembre 2003, la Stratégie de Sécurité européenne (SSE) a ainsi été, pour la première fois, adoptée. Ce document soulignait les principales menaces qui mettaient en péril la sécurité européenne : le terrorisme, les armes de destruction massive, les conflits régionaux, les Etats faillis et le crime organisé. On le voit, les causes de long terme que sont par exemple la pauvreté ou des maladies ne sont pas évoquées. Expression du politiquement correct qui concernerait également une immigration zéro ? En tout cas, les mouvements migratoires ne sont pas abordés non plus.

Devant la carence du Conseil de sécurité, promouvoir l’Assemblée générale et la CIJ

La réforme du Conseil de sécurité est bloquée du fait des articles 108 et 109 de la Charte. Or, la Chine, la Russie ou les Etats-Unis s’opposeront à toute réforme de ce statu quo. Plusieurs auteurs appellent dès lors à une plus grande utilisation de l’Assemblée générale et usent, pour ce faire du précédent de la résolution « Union pour le Maintien de la Paix » parue en novembre 1950, appelée également « Dean Acheson » du nom du Secrétaire d’Etat américain qui en a eu l’idée. Par ce biais, cet organe qui rassemble tous les Etats des Nations unies, s’est déclaré compétent pour se charger d’un dossier relatif à la paix et à la sécurité internationale devant la carence du Conseil de sécurité. Ce dernier est en effet bloqué par l’utilisation du droit de veto soviétique à propos de la guerre de Corée qui a éclaté quelques mois auparavant.

Olivier Corten recommande que cette résolution 377 soit plus utilisée dans les cas où, comme son texte le mentionne, le Conseil de sécurité "manque à s’acquitter de sa responsabilité principale dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales". Comme l’indique alors le juriste belge : « Il ne suffit donc pas qu’un Etat utilise son droit de veto, ce qui est en soi parfaitement légitime; il faut que l’usage en soit perçu comme abusif ou capricieux, ce qui peut être le cas si l’Etat concerné est lui-même directement impliqué. Cette condition doit être établie par une majorité des membres du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale elle-même. L’Assemblée peut alors, toujours à la majorité - et toujours, faut-il le préciser, sans droit de veto - "recommander" les mesures à prendre. Dans sa version actuelle, aucune autorisation de recourir à la force ne peut être donnée, puisqu’on reste dans le domaine des recommandations » . Devant l’impuissance que cette situation implique, l’auteur recommande alors d’étendre les compétences de l’Assemblée à un pouvoir d’autorisation qui soit limité par un système de majorité qualifiée (47).

Olivier Corten suggère en outre d’utiliser la Cour Internationale de Justice pour qu’elle émette son avis juridique sur « des questions de principe, comme la légalité de l’utilisation de certaines armes, ou encore la portée de certains concepts juridiques (comme l’agression, ou la légitime défense,...) » . Cet avis ne pourrait pas être formulé ni par une personne physique, ni même par une ONG selon l’auteur mais par un des organes principaux des Nations unies. Cependant, le juriste recommande de ne pas lui demander un avis qui s’applique à un cas particulier. Imaginant ce qu’il serait advenu si on avait demandé à la CIJ de se prononcer à propos de la guerre en Irak, son pouvoir moral aurait été diminué si elle avait été désapprouvée dans les faits par les Etats-Unis. Cependant, Olivier Corten prévoit que, dans les années à venir, des Etats pourraient demander la bénédiction juridique ou pas de cet organe juridique avant de partir en guerre. Pour cela, il faudrait d’abord, et le professeur de droit international le rappelle que les délais des décisions de cette Cour soient raccourcis (48).

Le « danger » des sociétés post-belliques

Les sociétés qui ont atteint un certain niveau de vie, qui ont un nombre d’enfants par foyer assez bas sont la caractéristique du monde occidental. François Géré a parlé de société post-bellique dans son ouvrage, La société sans la guerre. Il s’y interroge sur la capacité des sociétés modernes à pouvoir faire la guerre du fait de la baisse considérable de leur taux de natalité et de leur aversion grandissante pour la mort en mission de soldats du pays (49) .

Ignacio Ramonet a bien noté l’importance de cette tendance : « Jamais, dans l’histoire militaire, aucun affrontement n’a été dirigé comme l’a fait le général Wesley Clark, commandant suprême de l’OTAN. Le principe du « zéro mort » est devenu un impératif absolu. Après deux mois de bombardements, pas un seul militaire de l’Alliance n’avait trouvé la mort en action de guerre. Cela ne s’était jamais vu (50) » .

Contre la notion contre-productive de méfiance : l’exemple de l’Union européenne

Harald Müller met en avant la méfiance politique et sociale que les acteurs acquièrent à travers leur expérience de partenaires et d’ennemis potentiels. Ce « dilemme de sécurité (51) » a été posé par de nombreux politologues et non des moindres, (Jervis en 1978, Buzan en 1991, Wendt en 1999). Il amène les acteurs à penser constamment en termes d’actions violentes possibles – intra et interétatiques – auxquelles on pourrait se trouver contraints et qui, pour prévenir l’imminence, pousseraient à s’armer. Partant de là, une stratégie préventive de paix qui consistera à réduire les signes extérieurs et intérieurs d’une agression possible afin de diminuer le potentiel de conflictualité. Puis, il s’agira de réduire les inégalités structurelles qui entraînent une violence également structurelle, susceptibles de dégénérer en conflits manifestes (52) .

Un service volontaire européen

Si l’on regarde devant nous, l’Ecole de la paix a déjà manifesté en de nombreuses occasions l’intérêt énorme qu’il y aurait à instituer un service européen. Certes, nous savons qu’il en existe déjà un. Mais qui le connaît ? Il y a pourtant tant à faire, non seulement au niveau des actions, mais aussi en ce qui concerne les relations interpersonnelles.

Pour une identité postnationale ?

Pour Jürgen Habermas, le contrat social doit être dénationalisé : la construction européenne constitue en effet une chance de fonder une identité post-nationale ouverte à la pluralité des cultures. Cependant, comme le fait remarquer Charles Zorgbibe : « Ce plaidoyer pour un « patriotisme constitutionnel » , lié à l’universalisation des droits de l’Homme, au dépassement des repères identitaires, à l’abandon de la référence à une communauté concrète de culture et d’histoire, n’est-il pas le reflet particulier de la situation de l’Allemagne fédérale et de son rapport si particulier avec son passé et l’identité nationale (53) ?  »

Le défi du terrorisme international

Stanley Hoffmann relève avec pertinence que, du fait de la multiplicité des formes de terrorisme et des groupes ayant choisi ce mode d’action, « l’idée de « victoire » paraît parfaitement irréaliste » . Endiguer la violence des groupes radicaux contre les civils passe, au minimum, selon l’universitaire américain, par le renforcement des institutions internationales qu’il veut doter de forces militaires propres (54). Il est pourtant vrai que l’action conduite par les terroristes islamistes ne relève pas d’une forme classique de guerre. On pourrait même dire qu’il leur faut éviter l’affrontement avec les forces armées. Il s’agirait plutôt d’une tactique « fire and forget » .

S’il est vrai que la responsabilité des pays musulmans est considérable dans le développement de telles structures, les pays occidentaux, eux, pourraient faire beaucoup en luttant contre les paradis fiscaux (55).

 

 

II - Pour une culture de la paix plus « dynamique » et « universelle »

Les huit points de l’UNESCO nous semblent vraiment pertinents dans le sens où ils synthétisent, comme nous venons de le voir, une somme énorme d’informations et les orientent de façon efficiente vers des moyens pérennes de résolution des conflits.

Cependant, nous leur adresserons deux reproches principaux : son caractère occidental à la prétention universaliste ; son manque de dynamisme.

Pour établir plus solidement le caractère universel d’une culture de la paix, il faut en effet souligner que celle-ci n’est que la fille de son époque et de sa localisation. Plastique par définition, elle a incorporé et incorporera des éléments autres qu’occidentaux. En outre, si les grandes lignes de ce « programme » ont vocation à s’universaliser, les « faiseurs de paix » savent bien que le pragmatisme et l’incorporation de pratiques locales doivent primer s’ils ne sont pas facteurs de divisions.

Par manque de dynamisme, nous voulons simplement rappeler que cette liste s’adresse aussi bien au ressortissant de la Sierra Leone qu’à l’habitant de Neuilly. Or, quatre stades existent dans une culture de la paix qui s’appliquerait à tout le spectre du conflit : la prévention ; l’arrêt du conflit ; le vivre-ensemble problématique immédiatement après le différend ; la paix sur le temps long.

1° La prévention des conflits

Débutons par un truisme : la culture de la guerre est forte. Elle est même tellement présente que tout garçon, ou presque, a eu envie d’un pistolet en plastique, ou que, plus largement, les films violents ont plutôt davantage de succès que ceux où les bons sentiments abondent. Il ne faut jamais oublier la prégnance de cette culture pour expliquer que la culture de la paix aura fort à faire pour s’imposer et qu’elle est encore totalement ignorée dans maints domaines et endroits.

Par ailleurs, on peut se demander si la Culture de la paix n’a pas contre elle, dans une société de l’information, de constituer un non-événement ? En effet, un tir de mortier, des morts, voilà de quoi rédiger une dépêche de presse, comme, par principe, « les trains qui arrivent à l’heure » . Qu’en est-il des réunions, des rencontres qui tentent, semaine après semaine, de faire en sorte que des communautés réapprennent à vivre ensemble ? On peut se rappeler ici le récent discours de Michel Serres accueillant René Girard sous la Coupole : « Pourquoi tous les jours, à midi et le soir, la télévision représente-t-elle avec tant de complaisance cadavres, guerres et attentats ? Parce que le public se coagule par la vue du sang versé. »

Patrick Beaudouin, président de la FIDH, propose d’améliorer les structures d’alerte par quatre moyens : renforcer les mécanismes de prévention (au niveau de l’ONU, des organismes régionaux, des ONG) ; développer les capacités d’initiative (notamment par des moyens financiers accrus) ; remédier aux causes elles-mêmes du déclenchement des conflits ; améliorer la gestion et le traitement des conflits (56).

2° L’arrêt du conflit ou l’imposition de la paix

Le droit international ne permet que deux de cas de figure où la guerre peut-être légitimée : en cas de légitime défense ; si le Conseil de sécurité l’autorise. La guerre menée actuellement en Irak par les Etats-Unis n’est donc pas légale (et on pourrait ajouter ni légitime).

Pour améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix, Philippe Chapleau recommande que, sous des conditions juridiques strictes, des sociétés militaires privées et non plus des Casques bleus, rétablissent la paix dans certaines régions (57) .

3° Le maintien de la paix

Quand la paix s’oppose à la justice : les difficultés de la réconciliation

Xavier Dhonte rappelle ce paradoxe bien connu selon lequel, parfois, « l’un des principaux obstacles à la justice pénale internationale est peut-être la recherche de la paix. (58) » .

En effet, en Sierra Leone, il n’y pas eu de justice, mais la paix. Cependant, les observateurs internationaux ont préféré avoir celle-ci plutôt que les deux car les seigneurs de guerre n’auraient jamais rendu les armes si on ne leur avait pas garanti l’impunité. On pourrait poursuivre cette liste. William Zartman (59), étudiant le phénomène de réconciliation, a souhaité mettre l’accent sur les sept étapes qui enrichissent ce mot trop souvent connoté d’une façon négative :

a) reconnaître individuellement la dignité de l’autre

b) faire la paix ; pour le politologue, il faut commencer par faire la paix avant de faire la justice et non l’inverse.

c) tenir compte de la médiation peut aider la réconciliation.

d) mettre en place des mécanismes institutionnels empêchant la reprise du conflit

e) prendre en compte la justice pour éviter le plus possible l’impression d’impunité des victimes

f) faire le « travail de mémoire » selon l’expression de Paul Ricoeur.

g) avoir un projet en commun

4° La paix sur le temps long

Initiatives locales

Elles sont évidemment légions. L’une d’elles a eu les honneurs de la presse récemment : la petite ville d’Altinopolis (15 000 habitants) dans l’Etat de Sao Paulo au Brésil a mis au programme de ses écoles depuis 2000 la culture de la paix. Même si cette localité n’a pas de favela, ses habitants n’en sont pas moins pauvres. Mais, cinq ans après, la politique de l’édile semble porter ses fruits. Les policiers ont constaté une baisse importante de la criminalité. Un grand nombre d’activités sont proposés aux jeunes par la municipalité pour autant qu’elles ne soient pas compétitives : le sport n’a, ainsi, pas droit de cité. L’hôpital de la ville a également des chiffres dans la moyenne de l’Europe occidentale et donc bien meilleure que la moyenne au Brésil. La prise en compte des personnes y a été considérablement améliorée. Si le maire ne s’est pas représenté en 2004, la ville souhaite perpétuer cette culture de la paix en offrant des stages à qui le souhaite (60).

Initiatives personnelles

Enfin, pour conclure, nous reviendrons à l’affirmation du départ : la paix est œuvre de volonté. Nous rappellerons, en effet, que toutes les belles perspectives énoncées plus haut ne doivent pas nous faire oublier l’importance de notre responsabilité individuelle. Deux citations données par Andrea Riccardi (61), fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, s’imposent : la première est de Martin Buber : « Commencer par soi-même, voilà la seule chose qui compte… »  ; la seconde encore plus exigeante du maître Hillel : « Si tu te trouves dans la circonstance dans laquelle il n’y a pas d’hommes, efforce-toi d’être homme. »

L’exemple de Khaled Katab Mohameed, avocat, arabe, musulman et citoyen d’Israël mérite d’être signalé. Il expose à Nazareth quelques dizaines de photographies sur la Shoah. Pourquoi une telle « provocation »  ? Pour l’avocat : « Le conflit israélo-palestinien est lié à notre méconnaissance de la Shoah. En la niant ou en minimisant l’ampleur de la barbarie, nous, les Arabes, nous faisons du tort à nous-mêmes car, depuis 1948, toute la politique israélienne est déterminée par ce traumatisme. Si on refuse d’entendre cette histoire, on ne parviendra jamais à faire la paix avec eux. » Cette « révélation » lui est venue à l’Université de Jérusalem où un professeur juif a expliqué que « (…) s’il n’y avait pas eu la Shoah, l’Etat d’Israël n’aurait pas été créé en 1948 » . On souhaite que cette initiative rapproche les deux peuples, tant chez les Juifs, également, il y a de la difficulté à appréhender cette période (le Mémorial de la Shoah est seulement en hébreu et en anglais) par peur que cette méconnaissance ajoute encore du mépris ou de la haine à certains Palestiniens (62) .

Notes

1 Ibid, p60

2 Ibid, p108

3 Ibid, pp. 110-111

4 FOESSEL Michaël, « De l’homme coupable à l’homme capable » , Esprit, juillet 2005, pp. 99-103, p101

5 KEEGAN John, La guerre dans l’Histoire, Tome II, Traduit de l’anglais par Régina LANGER, L’esprit frappeur, Paris, 2000, p17

6 DUNN David J., « John Burton and the Study of International Relations: An Assessment”, The InternationalJournal of Peace Studies, Spring 2001, Volume 6, Number 1, www.gmu.edu/academic/ijps/vol6_1/Dunn.htm

7 GIRARD René, Celui par qui le scandale arrive, Desclée de Brouwer, Paris, 2001, pp. 61-2

8 MAYOR Federico, La Paix demain ? , Dominos, Flammarion, Paris, 1995, p16-8

9 DECAUX M. « Normative instruments for a culture of peace » , From a Culture of Violence to a Culture of Peace, UNESCO, 1996, p56

10 HIBOU Béatrice, « Le « capital social » de l’Etat falsificateur, ou les ruses de l’intelligence économique » in BAYART Jean-François, ELLIS Stephen et HIBOU Béatrice, La criminalisation de l’Etat en Afrique, Editions Complexes, Paris, 1997, p105-6

11 JUDET Pierre, Le tiers-monde n’est pas dans l’impasse, Editions Charles Léopold Mayer, Paris, 2005, p57

12 Ibid, p130

13 RAMONET Ignacio, Guerres du XXIème siècle, Galilée, Paris, 2002, p11-2

14 TRICHUR Ganesh K., DUNAWAY Wilma A., Emerging Issues in the 21st Century World-System. Volume II: Nex Theoretical Directions for the 21st Century World-System, Praeger, Westport, Connecticut, 2003

15 MÜLLER Harald, « Theories of Peace » , Letters from Byblos, No.1, International Centre for Human Sciences, 2003

16 VRIGNON Bernard et CHEK Agnès (Sous la direction de) et avec la collaboration de BOISGALLAIS Anne-Sophie, Quelle paix pour le nouveau siècle ? , Maison des citoyens du monde, Editions Charles Léopold Mayer, Paris, 2001

17 SCHMEDER Geneviève, « ‘Sécurité humaine’ : une nouvelle doctrine pour l’Europe » , Futuribles, avril 2005, n°307, pp.5-19

18 KEEGAN John, La guerre dans l’Histoire, Tome II, Traduit de l’anglais par Régina LANGER, L’esprit frappeur, Paris, 2000, p19

19 KOUCHNER Bernard, Les Guerriers de la Paix, Editions Grasset et Fasquelle, Paris, 2004, p178

20 Voir l’article de DUFOUR Pierre dans « Les défis de la réconciliation » , Alternatives non-violentes, n°137, décembre 2005

21 Christian MELLON, Jacques SEMELIN, La Non-violence, Que sais-je ? , PUF, Paris, 1994, p71

22 LEQUAN Mai, La paix, Garnier-Flammarion, Paris, pp.16-17

23 JUILLARD Jacques, Le Choix de Pascal (entretiens avec Benoît Chantre), Desclée de Brouwer, Paris, 2003, p219. Voir également ARENDT Hannah, Du mensonge à la violence, Traduit de l’anglais par Guy Durand, Agora, Calmann-Lévy, Paris, 1972, p138

24 HOWARD Michael, The Invention of Peace. Reflections on War and International Order, Yale University Press, New Haven and London, 2000, p112-113

25 MÜLLER Harald, « Theories of Peace » , Letters from Byblos, No.1, International Centre for Human Sciences, 2003, p22

26 Ibid, pp. 166-7

27 VRIGNON Bernard et CHEK Agnès (Sous la direction de) et avec la collaboration de BOISGALLAIS Anne-Sophie, Quelle paix pour le nouveau siècle ? , Maison des citoyens du monde, Editions Charles Léopold Mayer, Paris, 2001

28 Cité par BLIN Arnaud, Géopolitique de la paix démocratique, Editions Charles-Léopold Mayer et Descartes et Cie, Paris, 2001, p25

29 FUKUYAMA Francis, « Does the West Still Exist ?  » , LE GLOANNEC Anne-Marie et SMOLAR Aleksander, Entre Kant et Kosovo. Etudes offertes à Pierre Hassner, Presses de Sciences Po, Paris, 2003

30 KÜNG Hans, Projet d’éthique planétaire. La paix mondiale par la paix entre les religions, Seuil, Paris, 1995

31 ASGARALLY Issa, L’interculturel ou la guerre, Port Louis, 2005

32 HOWARD Michael, The Invention of Peace. Reflections on War and International Order, Yale University Press, New Haven and London, 2000

33 BLIN Arnaud, Géopolitique de la paix démocratique, Editions Charles-Léopold Mayer et Descartes et Cie, Paris, 2001, p49

34 Ibid, p50

35 KEEGAN John, La guerre dans l’Histoire, Tome I, Traduit de l’anglais par Régina LANGER, L’esprit frappeur, Paris, 2000, p127

36 HALIMI Serge, Le grand bond en arrière. Comment l’ordre libéral s’est imposé au monde, Fayard, Paris, 2004

37 SCHNEIDERMANN Daniel, « La petite princesse » , Le Monde, 1er-2 mars 1998

38 COHEN Samy, « Les Etats face aux « nouveaux acteurs » , Politique internationale, n°107, printemps 2005, pp.409-424

39 IGNATIEFF Michael, Empire Lite, Nation-Building in Bosnia, Kosovo and Afghanistan, Vintage, London, 2003, p124

40 BLIN Arnaud, Le désarroi de la puissance. Les Etats-Unis vers la guerre permanente ? , Lignes de repères, Paris, octobre 2004, 204p, p85

41 BLIN Arnaud, Opus cité, p 169

42 IGNATIEFF Michael, Empire Lite, Nation-Building in Bosnia, Kosovo and Afghanistan, Vintage, London, 2003, p6

43 IGNATIEFF Michael, Empire Lite, Nation-Building in Bosnia, Kosovo and Afghanistan, Vintage, London, 2003, p11

44 IGNATIEFF Michael, Empire Lite, Nation-Building in Bosnia, Kosovo and Afghanistan, Vintage, London, 2003, p52

45 ECO Umberto, Cinq questions de morale, Traduit de l’Italien par BOUZAHER Myriam, Editions Grasset et Fasquelle, Paris, 2000, pp.29-30

46 BRUCKNER Pascal, « Sommes-nous devenus suicidaires ?  » , Le Monde, 30 juin 2005

47 CORTEN Olivier, Le retour des guerres préventives: le droit international menacé, Editions Labor, Bruxelles, 2003

48 CORTEN Olivier, Le retour des guerres préventives: le droit international menacé, Editions Labor, Bruxelles, 2003

49 GERE François, La société sans la guerre, Desclée de Brouwer, Paris, 1998

50 RAMONET Ignacio, Guerres du XXIème siècle, Galilée, Paris, 2002

51 (…) mis à jour en 1951 par John Herz et développé par Arnold Wolfers, [il] rappelle la contradiction inhérente à toute politique de défense en soulignant qu’un supplément de force n’augmente pas systématiquement la sécurité et peut même s’avérer contre-productif en renforçant la défiance des pays voisins. » in MÜLLER Harald, « Theories of Peace » , Letters from Byblos, No.1, International Centre for Human Sciences, 2003, p16

52 MÜLLER Harald, « Theories of Peace » , Letters from Byblos, No.1, International Centre for Human Sciences, 2003, p16

53 CORTEN Olivier, Le retour des guerres préventives: le droit international menacé, Editions Labor, Bruxelles, 2003

54 GERE François, La société sans la guerre, Desclée de Brouwer, Paris, 1998

55 RAMONET Ignacio, Guerres du XXIème siècle, Galilée, Paris, 2002

56 (…) mis à jour en 1951 par John Herz et développé par Arnold Wolfers, [il] rappelle la contradiction inhérente à toute politique de défense en soulignant qu’un supplément de force n’augmente pas systématiquement la sécurité et peut même s’avérer contre-productif en renforçant la défiance des pays voisins. » in MÜLLER Harald, « Theories of Peace » , Letters from Byblos, No.1, International Centre for Human Sciences, 2003, p16

57 MÜLLER Harald, « Theories of Peace » , Letters from Byblos, No.1, International Centre for Human Sciences, 2003, p16

58 ZORGBIBE Charles, « Culture de paix et dialogue des cultures »

59 HOFFMANN Stanley, « « in LE GLOANNEC Anne-Marie et SMOLAR Aleksander, Entre Kant et Kosovo. Etudes offertes à Pierre Hassner, Presses de Sciences Po, Paris, 2003

60 COHEN Samy, « Les Etats face aux « nouveaux acteurs » , Politique internationale, n°107, printemps 2005, p420

61 VRIGNON Bernard et CHEK Agnès (Sous la direction de) et avec la collaboration de BOISGALLAIS Anne-Sophie, Quelle paix pour le nouveau siècle ? , Maison des citoyens du monde, Editions Charles Léopold Mayer, Paris, 2001

62 CHAPLEAU Philippe, « Privatiser la paix » , Politique internationale, n°103, printemps 2004, pp. 441-460

63 VRIGNON Bernard et CHEK Agnès (Sous la direction de) et avec la collaboration de BOISGALLAIS Anne-Sophie, Quelle paix pour le nouveau siècle ? , Maison des citoyens du monde, Editions Charles Léopold Mayer, Paris, 2001, p159

64 ZARTMAN William, « Fin des conflits et réconciliation : conditions pour une paix durable » , Les cahiers de la paix, n°10, 2004, p227-238

65 ROSSIGNOL Lorraine, « Altinopolis, une utopie brésilienne » , Le Monde, 2 octobre 2004

66 RICCARDI Andrea, « Religions, dialogue, patience, paix » , Le Monde, 8 septembre 2004

67 DUPEYRON Catherine, « La Shoah enseignée aux Arabes » , Le Monde2, 4 juin 2005