Fiche de document Dossier : Des institutions politiques, sociales, religieuses devant leurs responsabilités dans la construction de la paix. Présentation d’un ensemble de publications.

, Paris, juin 2005

Paroles d’urgence - De l’intervention catastrophe à la prévention et au développement : l’expérience d’Action d’Urgence internationale. Auteur : Tom Roberts.

Tom Roberts, volontaire au sein des équipes d’urgence depuis 1972, tente par cet ouvrage de retracer la mémoire d’Action d’urgence internationale et de la replacer dans son environnement historique, afin d’expliquer le discours actuel d’AUI sur l’aide dite « humanitaire ».

Mots clefs : Droit humanitaire et paix | Réorganisation de l'économie pour le partage équitable des biens à l'échelle mondiale | Solidarité à l'échelle mondiale lors d'une catastrophe | Société Civile Locale | Action d’urgence internationale (AUI)

Réf. : Auteur: Tom Roberts. Editions Charles Leopold Mayer, 1999, Paris

Langues : français

Type de document :  Ouvrage

La démarche de l’ouvrage est double :

  • Le premier volet expose les bases historiques de l’organisme. Il raconte comment et sur quelles bases s’est forgé le discours d’AUI, et explique la manière dont il se traduit dans les actes.

Tout a commencé avec la création par P. Ceresole des équipes d’urgence du Service civil international (SCI). Elles furent les précurseurs des équipes d’AUI. L’action est née au lendemain de la Première Guerre mondiale, sur les chantiers de soutien aux populations sinistrées. Elle s’est fondée sur l’idée de mettre les « pelles au service de la Paix » pour rendre la guerre moralement impossible au vu de l’amitié ainsi créée entre les peuples et pour proposer aux jeunes hommes un nouveau moyen de service constructif et non destructif comme celui des armées traditionnelles. Peu à peu, l’action s’est transformée grâce à une série d’initiatives et s’est développée sur plusieurs niveaux d’intervention : local, puis européen et enfin mondial. Laissant un moment de côté la reconstruction, cette action a parfois pris la forme d’une intervention de secourisme et de sauvetage d’urgence intégrant des techniques de pointe, et parfois celle de la prévention. Au fil du temps, la nécessité de créer un collectif d’associations est apparue. Après les scandales liés aux catastrophes du Biafra (1969) et du Pakistan oriental, l’actuel Bangladesh (1970) l’idée s’est concrétisée avec la naissance le 21 juin 1971 du comité provisoire de l’Agence mondiale de secours lors de catastrophes naturelles (p 48). Ce comité devenu permanent et nommé par la suite Corps mondial de secours (CMS) présentera la même année à l’Assemblée générale de l’ONU un projet de création d’une autorité de coordination, la future UNDRO (United Nations Disaster Relief Organisation) qui sera créée en 1973. Cette structure opérationnelle s’articule autour de trois types d’action d’urgence : la prévention, l’intervention, et la reconstruction-réhabilitation, pour privilégier une action sur le long terme avec des objectifs précis face aux obstacles freinant habituellement le travail. (p 55). En 1976, en raison de nombreuses divergences liées à la structure associative du CMS la majorité des volontaires et des associations le composant ont démissionné, poursuivant leur action en créant l’AUI (Action d’urgence internationale).

Ils ont su par la suite se restructurer, mener les actions, lancer les débats et dégager les idées fortes qui ont donné naissance au concept urgence - développement.

  • La seconde partie de l’ouvrage représente un travail de capitalisation d’expériences présentant les acquis qui s’intègreront dans les stratégies à venir.

On observe plusieurs remises en cause.

Premièrement, les perceptions habituelles de l’aide d’urgence et de la réaction des populations sinistrées sont faussées par l’image que nous en donnent les médias. En effet, non seulement les populations sinistrées ne sont pas entièrement dépendantes de l’aide extérieure, mais cette dernière s’avère souvent néfaste ou bien mal adaptée. Il ressort que les populations savent souvent se prendre en main et réagir avec altruisme après les catastrophes. Par ailleurs, il est nécessaire de changer de perspective sur le terme de « catastrophe naturelle ». Il apparaît en effet qu’un phénomène naturel a des conséquences plus ou moins graves sur l’homme en fonction de la manière dont il s’y est préparé. Ainsi peut-on parler de l’émergence du concept de « vulnérabilité » des populations. Cette seconde partie de l’ouvrage présente l’analyse du volontariat, avec ses définitions contradictoires, et souligne l’importance de la dimension culturelle en expliquant ses implications sur l’action d’urgence et de développement.

Commentaire

Il est intéressant de voir l’ensemble du parcours de cette association née de débats, d’antagonismes, mais aussi de la persévérance des volontaires qui se sont engagés à ses côtés. L’AUI a tenté tout au long de ces années de mener ses actions avec la plus grande justesse.

D’une part elle a su rester fidèle à ses objectifs de départ :

  • L’intervention sur les lieux des catastrophes naturelles en suivant toujours la devise « travailler avec et non pour » les populations sinistrées, pour suivre une logique d’aide endogène et non exogène ;

  • Ne pas généraliser les expériences comme autant de vérités universelles ;

  • Mener son action directement à partir du terrain ;

D’autre part elle a su se remettre en question au bon moment afin de ne pas disperser son action dans des activités qu’elle ne maîtrisait pas suffisamment. Se cantonner aux catastrophes naturelles ? Ou agir lors des conflits armés, soulevant ainsi bien entendu la question épineuse du devoir d’ingérence ? De nombreuses questions alimentent toujours des débats qui ont encore de beaux jours devant eux.