Fiche de document Dossier : Le défi d’articuler démarche économique, protection de l’environnement et justice sociale dans un contexte de mondialisation économique, de marchandisation des ressources naturelles et d’approfondissement des inégalités. Présentation d’un ensemble de publications.

Thomas Fourquet, Paris, décembre 2005

Guerres et environnement : panorama des paysages et des écosystèmes bouleversés. Auteur : Claude-Marie VADROT.

Les guerres détruisent aussi l’environnement de façon souvent irréversible : la définition de "crime écologique" devient nécessaire.

Mots clefs : Actions de protection de la faune | Actions de protection de la flore | Protéger l'environnement pendant une guerre | Reconstruire l'environnement après une guerre

Réf. : Ed. Delachaux et Niestlé, Paris 2005, Auteur: Claude-Marie VADROT

Langues : français

Type de document :  Ouvrage

Il est un aspect des ravages des guerres qui demeure ignoré, voire occulté par les médias : les destructions durables qu’elles infligent à l’environnement.

Certes, la disparition d’une espèce animale ou la destruction d’un écosystème peuvent paraître moins graves qu’un génocide ou une guerre civile. Néanmoins, les déséquilibres durables affectant les écosystèmes peuvent être lourds de conséquences dans la vie d’une population.

Claude-Marie Vadrot, grand reporter, a donc mis à profit son expérience au cœur de quelques guerres, de la Palestine au Chili, du Rwanda à l’Indonésie, pour dresser un inventaire des dommages. Celui-ci est accablant ; le cas de l’Afrique est le plus significatif : un cercle vicieux se met en place dans les zones de conflit, où des bandes armées déciment la faune protégée, débitent le bois précieux pour vendre leur butin à prix d’or et ainsi se procurer de nouvelles armes.

La guerre chimique entraine des conséquences non moins désastreuses sur l’environnement : usage massif de défoliants au Vietnam, de bombes à uranium appauvri en Irak, la liste est longue.

Cette situation n’a pas vocation à changer, d’autant plus que le droit international sur la question est pour ainsi dire inexistant : les tentatives d’interdire les atteintes à l’environnement dans le cadre d’une guerre ont été enterrées par les grandes puissances.

Au milieu de ce tableau très noir, il reste pourtant de surprenants exemples où la nature profite de ce que les hommes sont trop occupés à se battre pour reprendre ses droits : ainsi le no man’s land séparant les deux Corées depuis cinquante ans est devenu un paradis naturel. Ces « miracles » sont cependant bien rares, et la règle est la destruction, organisée ou non et souvent irrémédiable, du milieu naturel.

C’est pourquoi l’auteur milite pour une prise de conscience, à l’échelle internationale, de la dimension environnementale des conflits, qui aboutirait à la définition du « crime écologique ».

Commentaire

Cet ouvrage est un véritable cri d’alarme ; il s’adresse aussi bien aux « décideurs » qu’aux militants associatifs et aux simples citoyens. Il s’appuie sur des exemples très précis, tirés de la propre expérience de l’auteur, ce qui donne d’autant plus de force à son témoignage.

Il ne s’agit pas simplement de s’apitoyer sur le sort des derniers gorilles des forêts rwandaises, quand des populations entières sont décimées par la guerre et la famine dans la région : la préservation du milieu naturel est liée directement au devenir des sociétés, à travers une utilisation raisonnée et concertée des ressources.

Si Claude-Marie Vadrot insiste bien plus sur l’étendue des ravages que sur les possibles solutions, c’est que la communauté internationale est encore très loin de la simple prise en compte de ces enjeux, et d’une définition du problème.

Le constat peut parfois sembler catastrophiste, faute de véritables études scientifiques sur l’impact environnemental des guerres : c’est un terrain dont le défrichement sera long, mais indispensable.