Fiche de document Dossier : L’imaginaire au service de l’éducation à la paix

Grenoble, France, février 2006

J’y vais, j’y vais pas ? : un outil d’éducation à la paix et au vivre ensemble pour les 7-10 ans

Une exposition interactive sur la tolérance, les différences et le respect de l’autre.

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Langues : français

Créée en 1999, la malle pédagogique « J’y vais, j’y vais pas » est une adaptation pour jeune public de l’exposition jeu « Le sentier de la guerre ou comment l’éviter » prévue pour les 10-14 ans, toutes deux étant réalisées par l’Ecole de la Paix de Grenoble. Ces outils sont dérivés de l’idée néerlandaise du Stichting Vredeseducatie. En 2005, la malle pédagogique a été repensée et enrichie suite à l’expérience de terrain et aux collaborations à l’international dans l’adaptation des outils.

L’exposition interactive, destinée prioritairement aux enfants de 7 à 10 ans, est un parcours ludique et éducatif leur permettant de prendre conscience de ce que sont les préjugés, les discriminations, la rumeur, le bouc émissaire. Les textes et jeux invitent les enfants à réfléchir sur eux-mêmes à partir de leur propre vécu. Ils les aident à rechercher des solutions où entrent en jeu le respect des autres, la valeur de l’échange et la participation à la vie collective.

Cet outil pédagogique est à la disposition des enseignants et parents d’élèves, des organismes socio-éducatifs, des collectivités locales et à toute structure engagée auprès des enfants et désireuse de les éveiller à leur rôle de citoyen actif dans la société. Le matériel pédagogique se présente principalement sous forme de petits panneaux à disposer sur des tables comme des chevalets. Une salle d’une surface d’environ 40 m² est suffisante. Les enfants circulent par deux ou trois le long du parcours mais certaines activités peuvent se faire en grand groupe, particulièrement quand la lecture n’est pas acquise.

Le temps d’animation est préparé à l’aide d’un guide pédagogique à destination des enseignants et accompagnateurs introduisant les thèmes abordés et initiant les enfants aux vocabulaires utilisés. Ce même guide est une invitation à entamer un travail d’approfondissement avec les enfants, en proposant de nombreuses pistes pédagogiques dans ce sens. Le guide a été élaboré par l’équipe pédagogique de l’Ecole de la Paix et enrichi à la fois de l’expérience en milieu scolaire et des collaborations à l’international dans l’adaptation de ces outils. L’enseignant ou l’accompagnateur est libre de travailler l’ensemble des thèmes proposés ou d’approfondir l’un ou l’autre thème. La durée de la visite est fonction du nombre de thèmes utilisés.

Les activités proposées sont multiples, abondamment illustrées et parfois sonorisées. Elles les rendent également acteur : chacun dispose d’un « carnet de route » , sur lequel il note les réponses aux questions posées. Le carnet de route sollicite l’enfant à partir de sa propre expérience. Les questions posées sur les panneaux sont orientées vers le groupe en vue d’un échange. Ce document permet également à l’enfant de faire trace et de conserver la mémoire de cet apprentissage original. Il devient en outre le support privilégié, avec le guide pédagogique de l’accompagnateur, du travail de réflexion amorcé par l’enfant.

Les activités de l’exposition interactive s’articulent autour de huit thèmes :

1. « Je suis comme ça »

Ce thème est une entrée en matière pour aider l’enfant à se situer par rapport aux autres. L’utilisation d’un miroir dans l’activité est une allusion au regard que les autres portent sur nous et que l’enfant porte sur lui-même. L’enfant grandit, tantôt petit parmi les grands, tantôt grand parmi les petits, il vit cette différence avec difficulté mais aussi avec l’intérêt de se situer à chaque étape de sa vie. L’enfant a ses goûts, certains sont semblables, d’autres différents. Profiter de certaines occasions afin de les faire connaître, c’est aider à dire « je » et c’est aider à reconnaître les goûts des autres. Sont également abordées, les émotions qui constituent une étape fondamentale dans la prévention du conflit car l’enfant apprend à mettre des mots sur ce qu’il ressent, il enrichit son vocabulaire émotionnel.

2. « Je n’en crois pas mes yeux !  »

Ce qui est sûr pour les uns ne l’est pas nécessairement pour les autres : illusions d’optique, interprétation des faits… la réalité n’est pas toujours facile à cerner : nous pouvons nous tromper comme nous pouvons voir les choses différemment.

Les illusions d’optique présentées dans l’activité nous montrent que nous n’avons pas accès directement à la réalité : nos représentations mentales sont le produit du moment présent, de nos expériences passées et de notre milieu culturel. Ces schémas mentaux nous aident à comprendre le monde. Ils constituent un passage obligé pour l’apprentissage mais ils peuvent aussi nous induire en erreur.

3. « Généralisation, fait ou opinion, préjugé »

Savoir distinguer ces concepts pour décrypter les discours et apprendre à faire des choix « éclairés » , est un petit pas vers la citoyenneté et la démocratie. L’activité propose d’écouter une émission de radio et de décomposer le message afin de distinguer le fait de l’opinion.

¨ Tirer profit de ce que l’on observe, de ses propres expériences et les généraliser, c’est les appliquer à d’autres situations. Cela devient alors une considération générale qui s’applique à un ensemble de personnes. Mettre tout le monde dans le même sac, c’est tellement plus facile. Pourtant, que d’erreurs commet-on en oubliant l’existence de cas particuliers ou à l’inverse, en transformant le cas particulier en cas général.

¨ Il n’est pas toujours facile de distinguer un fait (ce qui existe, ce qui se produit), d’une opinion (un point de vue). A nous d’y prêter attention, en particulier dans les cas limites, pour apprendre à reconnaître ou à construire un raisonnement fiable.

¨ Opinion ou jugement formulés avant d’avoir tous les éléments, les préjugés sont souvent basés sur la peur de l’inconnu et sont de ce fait très tenaces et pénibles à supporter pour les autres.

4. « De différence en différence »

Habitudes de vie variées, goûts différents… chacun de nous est unique et tous nous sommes des êtres humains, c’est un fait. Mais parfois les différences font peur, et l’on glisse du constat des différences à la généralisation abusive, au préjugé, à la rumeur, à la désignation d’un bouc émissaire. Apprendre à nommer ce que l’on ressent est une étape dans la régulation des conflits. Découvrir l’autre à travers les faits et les gestes quotidiens, les habitudes culinaires, l’écriture… c’est faire un pas vers lui, c’est découvrir sa richesse. Un film « des milliards de visages » est présenté. Les enfants vont découvrir certaines de ces différences, réfléchir à celles qui, dans la vie de tous les jours, sont des atouts, posent questions ou sont acceptées, et la manière dont chacun va réagir.

5. « Qu’est-ce qui court ? … une approche de la rumeur »

Tous les jours, nous sommes confrontés au phénomène de la rumeur. De source souvent inconnue, elle est une information dont on ne vérifie pas l’exactitude qui est interprétée, amplifiée, développée. Vrai ou fausse, elle se répand et s’envenime, s’impose par l’ampleur de sa diffusion. Elle joue un rôle dans l’évolution des phénomènes sociaux et des conflits et peut avoir des conséquences graves. Ce thème invite les enfants à prendre conscience de la « facilité » avec laquelle nous pouvons contribuer à faire circuler des informations sans savoir distinguer le vrai du faux, en les transformant, en les déformant… Les plus grands sont invités à étudier l’épisode de « La Zizanie » dans les aventures d’Astérix où ce dernier se retrouve victime d’une rumeur d’amitié avec un Romain.

6. « Insultes, moquerie et bouc émissaire »

Rumeur, peur des différences… aboutissent parfois à exclure quelqu’un : c’est le souffre-douleur ou le bouc émissaire selon qu’on le rend responsable ou non d’une situation donnée ou du malheur des autres sans en être l’auteur. Si dans les deux cas, il faut être attentif et vigilant, il y a néanmoins une grande différence entre les deux situations : dans le premier cas, il y a violence – l’autre devient un objet que l’on soumet à son bon vouloir - , dans le deuxième cas, il y a injustice. Mais les frontières entre les deux sont parfois floues. Un jeu à partir d’une fable de La Fontaine permet aux enfants d’appréhender ces notions de manière très concrète. Ce thème aide à comprendre comment chacun dans un groupe peut contribuer à désigner un bouc émissaire et à prendre conscience de la gravité de la situation.

7. « Face aux exclusions »

Il s’agit de donner quelques clés pour comprendre des situations d’exclusion, de découvrir qu’ailleurs, des enfants agissent et inviter à trouver de solutions possibles à son niveau. Un travail d’adaptation des événements du monde est proposé en ayant recours à la presse ou des émissions pour les enfants ou encore à des activités pédagogiques proposées par des associations de solidarité. Les enfants peuvent non seulement avoir les moyens de comprendre le monde qui les entoure mais également marquer leur solidarité ou agir face aux injustices.

8. « Un monde pour tous !  »

Partir de ce qui nous relie au monde, choisir de vivre ensemble, construire les règles du jeu… lorsque deux personnes, deux cultures se rencontrent, il se produit un choc dû à leur différence. Deux attitudes peuvent en découler : l’affrontement ou l’échange. C’est l’histoire des hommes, c’est l’histoire du monde. Les activités proposées invitent à prendre conscience de notre relation à l’autre et du cadre qui permet cette relation. Entrent alors en jeu les droits, ce qui nous protège, et ce qui en découle, les obligations, la responsabilité – conséquence de notre liberté – et le devoir au sens de « ce que je dois faire » .

Commentaire

Cette exposition jeu est très riche et dense. Elle peut être louée ou vendue. Lorsqu’elle est louée pour une durée de trois semaines, nous conseillons aux équipes pédagogiques d’approfondir un à deux thèmes par classe et d’initier un « forum citoyen » pour inviter les élèves à présenter les uns aux autres les résultats de leurs explorations, réflexions et créations afin de transmettre et partager.

Nous insistons beaucoup auprès des équipes qui animent cet outil afin de réfléchir aux pistes d’approfondissement et à la manière d’intégrer le fruit de cette réflexion collective dans le quotidien des enfants, comment faire trace, comment les inviter à devenir acteur de paix.