Fiche de document Dossier : L’Amérique Latine, des sociétés en pleine recomposition: quelques enjeux pour la construction de paix

Emilie Bousquier

Cuba : tout changera demain. Auteur : Ben Corbett.

Cet ouvrage est une description minutieuse et documentée des innombrables difficultés de la vie quotidienne des Cubains. Selon l’auteur, l’acharnement idéologique de Fidel Castro est la véritable cause du désastre cubain.

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Réf. : Ben Corbett, « Tout changera demain », Paris, Alvik Editions, 2003.

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L’ouvrage de Ben Corbett est rédigé sous la forme d’un roman où l’auteur relate son aventure au sein de la population cubaine entre 1998 et 2002.

Cet ouvrage est le résultat d’un véritable travail d’enquête sur le terrain qui a sans doute demandé beaucoup de temps et de patience. Il se livre ici à une description minutieuse et documentée de la vie quotidienne des Cubains. Condamnés au système D, au marché noir et donc à l’illégalité, le peuple cubain lassé des diatribes de son « comandante », survit comme il peut aux incessantes pénuries que la rigidité du socialisme cubain ne cesse d’engendrer.

Ben Corbett montre bien que l’acharnement idéologique de Castro est la véritable cause du désastre économique cubain : dès qu’un petit espace de liberté est créé, les Cubains s’y engouffrent aussitôt, mais le pouvoir prend alors rapidement les mesures nécessaires pour asphyxier toute tentative de libéralisation économique.

En attendant mieux, chaque Cubain est dans l’obligation de vivre dans l’illégalité pour pouvoir simplement subvenir à ses besoins les plus élémentaires. Ben Corbett a bien compris la logique dévastatrice du castrisme qui tient absolument à capter jusqu’au dernier dollar qui circule dans l’île, tout en n’étant plus capable de faire fonctionner l’économie en pesos, censée faire vivre les Cubains.

Commentaire

De nombreux passages sont intéressants comme celui de la visite impromptue d’un centre de travail forcé : les détenus rencontrés par Ben Corbett effectuent des peines de six mois à un an, pour avoir vendu une vache, réparé une voiture ou un pneu de vélo sans licence. Plus intéressante encore est la rencontre avec un petit groupe de Cubains en train de préparer, dans le plus grand secret, un bateau pour s’évader clandestinement vers la Floride : les énormes risques alors encourus sont à la mesure des rêves d’une nouvelle vie « made in USA ».

En revanche, lorsqu’il s’agit d’analyser le fonctionnement de l’économie cubaine, comme la question de l’embargo, les investissements étrangers ou la dette cubaine, l’auteur ne s’y attarde que très peu alors qu’il s’agit là d’une variable essentielle du système et de l’une des causes de la crise à Cuba.

D’autre part, le chapitre final sur l’après Castro est un peu maigre et plutôt vite expédié ; il n’y a pas un mot sur l’opposition interne, les dissidents et les journalistes indépendants.

Mais l’ouvrage de Ben Corbett est tout à fait intéressant pour se rendre compte de la situation quelque peu catastrophique dans laquelle se trouvent bon nombre de Cubains et le système lui-même.