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, Paris, April 2007

L’eau va changer la donne économique mondiale

Les experts du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), mandaté par l’ONU, sont réunis du 2 au 6 avril 2007 à Bruxelles pour évaluer les conséquences du réchauffement sur les populations et l’environnement. Ils vont évoquer les problèmes de pénurie d’eau, d’inondations, de baisse des rendements agricoles et du déclin de la biodiversité.

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Ref.: 1- Laurent Chemineau, La Tribune, 02 avril 2007, p. 28, 2- Gilles van Kote, Le Monde, 03 avril 2007, p. 8.

Document type:  Periodical

Après avoir évalué l’ampleur probable du réchauffement climatique d’ici à la fin du siècle lors de la réunion de Paris, il y a deux mois, le GIEC se réunit à Bruxelles afin d’apprécier les conséquences de cette évolution. Ces changements climatiques vont affecter des centaines de millions d’humains, selon la version provisoire du rapport parvenue à la presse. On prévoit que 3,2 milliards d’êtres humains pourraient souffrir du manque d’eau au cours de ce siècle si les températures devaient augmenter de plus de 4°C. Mais la situation est très contrastée à travers le monde.

Ainsi, les Européens verraient une augmentation du risque « probable » d’inondations durant l’hiver dans le nord, le centre et l’est du continent. La canicule qui a frappé certains pays, dont la France, « pourrait se reproduire au rythme d’un été sur deux, au point de devenir un phénomène banal d’ici 2050 », commente un spécialiste.

Le rapport s’appesantit également sur l’évolution du Gulf Stream (ou « dérive nord- atlantique »), ce courant marin qui est un élément – clef dans l’évolution du climat européen. Il affecte considérablement en l’adoucissant, le climat de l’Europe occidentale. Il passe au large de la côte ouest de l’Afrique, au large du Brésil, entre les Antilles et l’Amérique centrale et contourne la Floride. Dans le sud de l’Europe, la disponibilité en eau pourrait être réduite de 5 % à 35 % si la température augmente de 4°C, perturbant non seulement l’agriculture, mais aussi la production d’électricité. En revanche, la quantité d’eau augmentera entre 10 % et 20 % dans le nord du continent.

L’Afrique, au contraire, doit se préparer à une extension du « stress hydrique » (quantité d’eau inférieure à 1000l/j par personne) et à une aggravation du risque de famines. L’Asie, a, elle, du souci à se faire pour ses glaciers himalayens qui alimentent en eau, via d’immenses fleuves (Gange, Indus, Brahmapoutre), des régions où vit un sixième de l’Humanité. Même menace « très probable » de fonte des glaciers de montagne en Amérique du Nord, avec des risques d’inondations hivernales et de sécheresse. L’Australie et la Nouvelle – Zélande connaîtront « très probablement » une aggravation des problèmes d’approvisionnement en eau.

Quant à l’Amérique latine, très dépendante de l’agriculture, elle va « probablement » vers une aridification et une désertification de ses terres agricoles à cause du changement de régimes des précipitations. Le nord du Brésil et le Mexique sont particulièrement menacés, certains territoires passant de zones semi – arides à arides. L’est de l’Amazonie pourrait voir sa forêt subtropicale évoluer en une zone de savane.

Commentary

On notera la démarche très prudente des experts qui semblent préparer l’opinion mondiale (le rapport est parvenu aux organes de presse quand même) à des bouleversements importants même si, officiellement, ils s’adressent aux seuls décideurs. D’abord, il y a eu la réunion de Paris, suivie par celle de Bruxelles. Il y en aura une autre à Bangkok consacrée aux émissions de gaz à effet de serre avant le rapport d’évaluation final qui se fera à Valence en Espagne, en novembre 2007. Prudence aussi dans les termes « probable », « très probable »… car il y a énormément de paramètres et que les modélisations sont très difficiles à faire en dépit de la puissance des ordinateurs, d’où l’absence de certitudes absolues et de vérités irréfragables. Mais le consensus atteint parmi les scientifiques les plus sérieux ne laisse hélas guère de doutes !

Le plus important est de se demander si le changement de la donne économique mondiale se fera sans heurts. Les impacts sur les populations pourraient être très durs. Dans les sociétés technologiquement avancées, on pourra parer aux difficultés, pendant un certain temps mais là où ces phénomènes climatiques – et tout spécialement le manque d’eau - se conjugueront avec la pauvreté, le dénuement et la misère, on assistera à bien des drames, des souffrances, des réfugiés climatiques et environnementaux et de dangereux déplacements de population. Seules, dans ces conditions extrêmes, l’intelligence et la coopération entre les hommes pourront sauver la paix mondiale. Riches et pauvres, quel que soit le continent et les atteintes qu’il risque de subir, nous vivons sur la même Terre. « Qui mange seul, s’étrangle seul », dit le proverbe africain.