Fiche de document Dossier : Le défi d’articuler démarche économique, protection de l’environnement et justice sociale dans un contexte de mondialisation économique, de marchandisation des ressources naturelles et d’approfondissement des inégalités. Présentation d’un ensemble de publications.

Audrey Allain, Paris, avril 2005

Nord-Sud : de l’aide au contrat, pour un développement équitable ; ouvrage collectif sous la direction de Claude Marchant.

Dans cet ouvrage, Claude Marchant, avec la collaboration d’une quinzaine d’experts et de techniciens, nous explique pourquoi une contractualisation Nord-Sud est aujourd’hui nécessaire. Après le constat d’une utilisation inefficace de l’aide, notamment financière, des pays du Nord à ceux du Sud, il propose le contrat comme un outil d’appui au développement de régions vulnérables.

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Réf. : De Claude Marchant

Langues : français

Type de document : 

Le livre de Claude Marchand est issu d’un travail collectif. Une quinzaine d’experts et de techniciens se sont regroupés afin de partager leur analyse sur la question suivante "à supposer qu’on en ait les moyens, comment rendre plus efficace une partie substantielle de l’aide publique française, pour le développement des régions et des populations les plus vulnérables". Cet ouvrage se compose de six parties.

Dans un premier temps, C. Marchant encourage la poursuite des efforts de développement entrepris dans les "tiers-mondes", malgré l’échec antérieur de l’aide extérieure, mais en employant des méthodes différentes. Au lieu d’une aide à proprement parler, il préconise un accompagnement des régions en difficulté. Il faut alors envisager le processus de développement au cas par cas et faire participer activement les populations.

Dans un second temps, l’auteur réfléchit sur le rôle de l’État dans le développement. En effet, il est nécessaire, mais ne doit pas être omnipotent. Il faut "limiter son domaine d’intervention" et permettre l’émergence d’institutions locales. La participation de la population, voire l’implication, est une condition essentielle. Il faut donc décentraliser la coopération. Mais pour que l’aide soit efficace, la démocratie doit être en place dans les pays concernés. L’auteur évoque également les risques de la mondialisation, de la primauté d’un marché mondial, favorisant particulièrement les pays du Nord et marginalisant ceux du Sud, du fait d’une moindre compétitivité. L’ordre économique devrait, selon lui, s’appuyer sur une plus grande équité et sur "la volonté de construction d’une démocratie économique à l’échelle mondiale".

La troisième partie de l’ouvrage présente des exemples concrets sur les adaptations des populations locales de six pays à des situations nouvelles, en milieu urbain ou rural, afin de permettre leur développement autonome.

La quatrième partie traite de plusieurs sujets. Tout d’abord, C. Marchant s’interroge sur la compatibilité entre modernité, dans le sens des pays du Nord, et traditions ainsi que sur le choc des cultures que cela engendre. Il faut "réintégrer dans la pratique du développement et de la coopération les dimensions non marchandes, dites sociales et culturelles". Ensuite, il nous décrit ce qu’est finalement l’économie informelle dans le Sud. Il s’agit plus particulièrement de formes spécifiques d’échanges développées par les populations, basées sur la solidarité. L’économie y est représentée en trois étages : l’économie de subsistance, l’économie du marché local et l’économie mondiale. La bonne marche de l’économie de subsistance permet aux populations d’accéder aux deux autres. C’est donc celle-là qu’il faut privilégier. L’auteur décrit alors comment les populations développent de nouveaux réseaux, de nouvelles pratiques à l’échelle locale pour se financer (caisse de solidarité, coopératives d’épargne…). Enfin, il prône le fait de resserrer les liens entre les paysans, dotés d’un savoir-faire, et les chercheurs, experts en techniques innovatrices.

La cinquième partie nous démontre la nécessité de mettre en place des contrats de générations entre Nord et Sud. Il est proposé alors des accords-cadres entre États, des contrats de plans entre États et sociétés civiles et des plans d’aménagements de territoires associant des partenaires civils du Nord et du Sud. Un opérateur d’appui coordonne les besoins des populations et l’aide extérieure offerte. Ces contrats permettent alors d’avoir une approche territoriale et de faire participer la population.

En guise de sixième partie et conclusion, C. Marchant suggère la manière dont la coopération européenne, et notamment française, doit évoluer. Elle doit selon lui intégrer les dimensions sociales aux projets d’aide dans les pays du Sud.

L’ouvrage nous définit les objectifs clairs du développement local : "Il ne vise pas à identifier les obstacles au développement, ni à tenter de les lever, ni même à rechercher la combinaison optimale des ressources rares par définition. Il s’interroge sur les voies de l’émergence et du renforcement des initiatives nées au sein des populations." Ainsi, quatre grands axes de dégagent de cet ouvrage, permettant un développement effectif et sur le long terme :

  • La mise en place de la démocratie est nécessaire à l’efficacité de l’aide ;

  • L’implication des populations locales ;

  • Un État décentralisé, avec une émergence d’institutions locales, mais tout de même présent comme élément d’harmonisation des politiques ;

  • La mise en place de contrats entre le Nord et le Sud, permettant un engagement fiable des divers acteurs impliqués.

Commentaire

L’ouvrage est très intéressant, facile à lire, bien que destiné à un public averti, et nous permet une meilleure compréhension des raisons des échecs de l’aide du Nord, puisque les pays concernés sont restés, pour la plupart, dans une certaine misère. Il nous propose également des pistes, des solutions, en l’occurrence le contrat de génération entre pays du Sud et du Nord, qui nous laissent optimistes sur les possibilités de développement de ces pays.