Fiche de témoignage

, France, novembre 2015

Face au mal et à l’horreur, la force de l’esprit : le témoignage d’Hervé Ott

Hervé Ott, formateur en transformation constructive des conflits livre ici quelques clefs de lecture et met en garde contre le risque de spirale de la violence.

Mots clefs : Travailler la compréhension des conflits

Et si nous prenions plus que le temps de quelques minutes de silence et de manifestations pour accueillir avec bienveillance - par delà toutes nos différences et origines - toutes les peurs, colères, tristesses ou dégoûts qui nous submergent, pour cheminer hors de l’impuissance et éviter les écueils de vengeance et de toute-puissance qui nous menacent. Prendre le temps de nous écouter souffrir, de mobiliser nos capacités de compassion pour générer plus de fraternité et diminuer la rivalité et la peur qui nous isolent. Prendre le temps d’accueillir tout ce qui monte en nous et de trier entre ce qui relève de notre dignité et ce qui se transforme en condamnations (il y a un espace et un temps judiciaire pour cela) et en injonctions de solutions illusoires « pour en finir avec… ».

Et si nous osions regarder en face ce qui est obscur pour pouvoir anticiper, car nous ne pouvons pas feindre d’être surpris ? Cette violence qui nous assaille est un écho assourdissant de celle qui mine en silence notre société et tue chaque jour : alcool, tabac, suicide, drogue, dépressions, accidents de la route, maladies professionnelles etc. Et si cette « barbarie » qui nous surprend était le reflet de celle que nous entretenons pour protéger nos intérêts : les contrats avec des dictatures - financières d’extrémistes - pour l’emploi et la croissance, un partage des richesses profondément injuste, des pollutions tout azimut de notre environnement et de nos aliments, une compétitivité mortifère etc ?

Et si l’« auto-sacrifice » de ces illuminés était le miroir de tous les sacrifices que nos modes de vie engendrent et justifient ? Nul doute que leur réaction absurde est à la mesure de leur désespérance.

Notre réaction sera-t-elle plus sensée ? Saurons-nous inverser la spirale de toute cette violence ?

La religion du progrès, de la croissance infinie, de la liberté sans limites, de la technique comme salut, prétend pouvoir nous immuniser de la souffrance et ainsi nous exonérer de la compassion ! Or c’est la souffrance subie qui anesthésie en nous la compassion et nous rend inconscients de celle qu’involontairement nous provoquons et entretenons. Nous avons aussi besoin d’expressions collectives pour l’endurer, lui donner du sens et la transcender : non sous forme de Marseillaise qui est un chant de vengeance, plutôt sur le mode Gospel !

Notes