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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Fiche de témoignage Dossier : Le Nil : conflictualités et initiatives de paix

, Paris, mars 2007

Trois nouveaux barrages sur le Nil au Soudan

Le partage des eaux du Nil est une épineuse question et un enjeu majeur au sein du continent noir. Il intéresse au premier chef l’Ethiopie, l’Egypte, l’Ouganda, le Kénya, le Soudan…

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Le partage des eaux du Nil entre le Soudan et l’Egypte est régi par l’accord de 1959 qui alloue à l’Egypte 55,5 milliards de m3 d’eau et 18,5 milliards de m3 au Soudan sur la base de 74 milliards de m3 produit par le barrage d’Assouan. Mais, il faut faire la part de l’évaporation qui se monterait à 10 milliards de m3, suivant certaines estimations. Or il y a, à ce sujet, une querelle d’experts.

C’est pourquoi le Soudan projette de construire trois barrages : à Mérowé, à 350 km au nord de la capitale Khartoum, à Chereïk et au nord de Dongola, le Qejbar. Pour la construction du premier, le Koweït a accordé, dès avril 2002, un prêt de 100 millions de dollars US, remboursable sur 28 ans au taux de 2 %, avec un délai de grâce supplémentaire de sept ans en cas de difficulté. La centrale électrique du barrage et le réseau de distribution coûteront cependant 750 millions de dollars US supplémentaires. L’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis financeront eux aussi les travaux. Ceux-ci ont débuté en janvier 2003 et ne s’achèveront pas avant 2013. Le barrage aura 10 km de long et 6 mètres de large. Il fournira 1300 MW.

Le barrage de Qejbar sera construit par les Chinois, grands spécialistes en la matière et qui font ainsi une percée remarquée en Afrique.

Le barrage de Mérowé permettra l’irrigation de nouvelles terres et donnera au Soudan des moyens pour éloigner le spectre de la famine. Il protégera les populations et leurs biens des inondations du fleuve. Il permettra de faire entrer la fée Electricité dans plus de foyers soudanais.

Mais la quatrième cataracte sur le Nil disparaîtra à jamais. Les rives du fleuve seront érodées. Il faudra déplacer des populations et l’ouvrage aura donc un coût humain dans la mesure où des gens seront déracinés. Enfin, des sites archéologiques majeurs pour comprendre l’histoire du Soudan seront ensevelis pour l’éternité.

Commentaire

Pour le barrage de Mérowé, l’Egypte et le Soudan coopèrent. Ce qui est une excellente nouvelle pour la paix et la sécurité de tous les habitants du bassin nilotique. Il semblerait qu’ainsi le Soudan mette de côté sa protestation relative à l’accord de 1959, signé par la Grande Bretagne et l’Egypte alors que le pays était encore colonisé.

On regrettera cependant la disparition des vestiges pharaoniques et ceux se rapportant à la vieille civilisation des royaumes de Kouch et de Méroé, vieille de plusieurs milliers d’années et qui, elle aussi, édifié des pyramides caractéristiques. A peine les archéologues ont ils découvert les trésors de cette civilisation qu’elle est menacée de disparaître.

On notera que le barrage de Mérowé a permis un rapprochement entre le Koweït et Khartoum, en froid depuis la guerre du Golfe de 1991 car le Koweït reprochait au Soudan son soutien à l’Irak de Saddam. Ce qui est bon pour la paix dans cette région affligée par les guerres et les conflits tels que le Darfour.

Sources :

  • 1. Entretien avec des spécialistes égyptiens au cours de la semaine du 4 au 11 mars 2007.

  • 2. El Ahram Hebdo du 23mars 2005.