Fiche de témoignage Dossier : Le Tigre et l’Euphrate, conflictualités et initiatives de paix.

, La Corniche, Bizerte, décembre 2007

L’eau en Irak en 2007

Participation de Larbi Bouguerra à la Semaine Mondiale de l’Eau de Stockholm (Suède), août 2007.

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La guerre a provoqué de terribles dégâts dans le réseau de distribution d’eau et aux infrastructures hydrauliques du pays tant dans les villes qu’à la campagne où l’irrigation pâtit de la désorganisation généralisée.

Au cours du mois d’août 2007, s’est tenue la Semaine Mondiale de l’Eau (World Water Week) de Stockholm. Cette très imposante manifestation – qui a vu la participation d’un grand nombre de pays ainsi que celle du roi et du premier ministre de Suède - a été l’occasion de rencontres, de discussions, de tables rondes… fort instructives.

C’est ainsi qu’un séminaire d’une journée entière a été consacré le mardi 14 août à la question de l’eau au Moyen–Orient (The Middle East Seminar : Transboundary groundwater resources in the Middle East region).

En marge de cette dernière manifestation, il m’a été donné de converser avec les spécialistes irakiens présents à Stockholm.

Les dégâts infligés par les hostilités aux réseaux électriques, de distribution de l’eau potable et à celui de l’assainissement sont considérables.

A cet égard, les bombardements américains ont été particulièrement désastreux.

Les insurgés, de leur côté, ciblent particulièrement le réseau électrique car il commande pratiquement toutes les activités et gêne considérablement la population qui ne peut plus utiliser réfrigérateurs, appareils à air conditionné, téléviseurs, pompes….

C’est ainsi qu’un des tous premiers attentats qui a lieu dans la capitale a visé la cérémonie de remise en marche, par les Américains, d’une station d’épuration.

Plus grave encore, les pompes servant à évacuer les eaux usées et celles permettant d’envoyer l’eau potable dans le réseau et spécialement dans les appartements en étages, se trouvent ainsi réduites à l’inaction. Ce qui a de très graves répercussions pour la population sur bien des plans.

La désorganisation introduite par la guerre et l’occupation du pays par les forces étrangères a gêné voire empêché les contrôles de laboratoire routiniers de l’eau potable dans la plupart des villes du pays.

Le manque d’électricité et les dégâts portés aux canaux et à l’infrastructure hydraulique en général ont considérablement gêné l’irrigation dans la plaine mésopotamienne. Ce qui aura sûrement un impact négatif sur la production agricole.

Enfin, pour les spécialistes, la guerre en affaiblissant l’Irak, pourrait avoir des répercussions négatives sur sa quote part des eaux transfrontières venant de Syrie et d’Irak.

Commentaire

La guerre, en détruisant les infrastructures hydrauliques et les réseaux d’eau potable, d’évacuation des eaux usées et d’irrigation a bouleversé la vie des Irakiens.

La faiblesse de l’Etat, les luttes entre tribus et entre les diverses confessions ainsi que l’intervention étrangère ne sont pas de nature à redonner au pays la jouissance de cette précieuse ressource qu’est l’eau.

Encore une fois est vérifiée la loi qui veut que la distribution de l’eau est une des prérogatives régaliennes de l’Etat et celle qui lui confère légitimité et acceptation de la part des populations.

Or, pour parvenir à cette fin, une condition importante doit être remplie : la paix doit régner dans le pays autant que dans les cœurs.