Fiche d’expérience Dossier : Du désarmement à la sécurité collective

, Grenoble, France, janvier 1997

L’État californien s’investit dans la reconversion du secteur de la défense

Mots clefs : Conversion de l'économie de guerre à l'économie de paix | Etat californien | Reconvertir les armements | Etats-Unis

En marge des projets fédéraux, l’État californien a monté son propre programme de reconversion pour faire face à la récession du secteur de la défense, secteur qui occupait une place importante dans l’économie californienne. L’autonomie dont jouit la Californie dans le domaine de la reconversion lui a permis de poursuivre son action malgré le net retrait effectué par le gouvernement fédéral dans ce domaine au cours des trois dernières années.

Le gouverneur de Californie, le républicain Pete Wilson - un moment pressenti à la candidature présidentielle de 1996 - et l’assemblée californienne ont créé un programme d’assistance pour aider les entreprises de la défense californienne ou implantées en Californie à se reconvertir (Defense Conversion Matching Grant Program (DCMG)). Une commission chargée d’administrer le programme de reconversion, The Defense Conversion Council, a également été établie. L’effort de reconversion mené par l’État californien, et son financement à travers le programme DCMG, impliquent l’action de plusieurs organismes gouvernementaux dont : The California Trade and Commerce Agency, The California Environmental Protection Agency, The California Department of Transportation, The California Employment Development Department, The California Employment Training Panel. Tous ces organismes sont l’équivalent, à l’échelle de la Californie, des ministères du gouvernement américain mais fonctionnent de manière autonome par rapport à leurs homologues fédéraux situés à Washington. Ainsi, le DCMG est un projet semblable au Technology Reinvestment Program (rebaptisé cette année Dual-Use Applications Program) mais défini exclusivement pour la Californie. Plus restreint géographiquement et donc mieux adapté aux spécificités de la région, le DCMG semble pour l’instant mieux fonctionner que son homologue fédéral dont les fonds ont été réduits à la baisse cette année.

Le DCMG est un programme qui fonctionne, comme son nom l’indique, selon le processus des « matching grants », c’est à dire par l’allocation de subventions qui répondent aux investissements privés. Lorsqu’une entreprise décide d’investir une certaine somme pour un projet de reconversion, le DCMG alloue des fonds qui peuvent égaler cette somme. En général, les projets proposés impliquent plusieurs entreprises, décidées à tenter ensemble une nouvelle aventure technologique et commerciale. Les universités californiennes, comme Stanford, Caltech ou U.C. San Diego, sont elles aussi souvent impliquées dans ces projets qui encouragent la recherche dans les domaines de pointe. La célèbre « Silicon Valley » et son industrie de l’électronique participent aussi à cet effort.

Les projets financés par le DCMG sont diversifiés. Citons les véhicules électriques et « hybrides », la construction de ponts utilisant la technologie de l’aérospatiale, divers systèmes informatiques (sécurité des réseaux de télécommunications), l’énergie solaire, les satellites de poche et leurs systèmes de lancement.

En général, les responsables du programme DCMG essayent de réunir parmi leurs partenaires commerciaux un certain nombre de petites et moyennes entreprises qui, souvent, n’ont pas pu profiter des fonds alloués par les autorités fédérales. D’ailleurs, les autorités californiennes se sont aperçu que leur action avait un effet « boule de neige » car lorsqu’elles financent un projet, celui-ci a des chances d’obtenir des fonds supplémentaires de Washington. Pour l’instant, le programme DCMG ne peut accéder à toutes les requêtes mais ses responsables ont développé des liens avec plusieurs organismes fédéraux prêts à financer davantage de projets de reconversion en Californie. La nature de ces « partenariats » entre les organismes fédéraux et l’État californien fonctionne de manière autonome, ce qui signifie que chaque programme individuel est plus ou moins à l’abri des grandes décisions prises par le Congrès concernant l’avenir de la conversion aux États-Unis. Ainsi la NASA ou l’Agence de protection de l’environnement travaillent avec les autorités californiennes sur des projets du DCMG.

Commentaire

L’initiative californienne démontre que le processus de reconversion peut survivre malgré les coups qui lui ont été assenés par le Congrès et par la Maison Blanche au cours des trois dernières années. La décentralisation américaine permet à une région, comme la Californie, de prendre une direction autre que celle du pays. Ce genre d’orientation est-elle possible ailleurs ? La réponse est probablement négative car la Californie est véritablement un État dans l’État et sa taille lui laisse une marge de manoeuvre que n’ont pas des États plus petits ou plus pauvres. Dans ce domaine, seul le Texas bénéficie d’un statut équivalent en Amérique. Et puis, la Californie est résolument tournée vers l’avenir, vers la recherche, vers la technologie de pointe et surtout vers l’Asie qui offre des débouchés commerciaux importants et insuffle un sang neuf à travers ses immigrants implantés sur la côte. Or, chacun sait que ce sont les vagues successives d’immigration qui ont permis à ce pays d’aller de l’avant. Cette combinaison de facteurs, alliée à une volonté collective de réussir la transition industrielle provoquée par la fin de la guerre froide assure la réussite de la conversion de l’économie californienne.