Fiche d’expérience Atelier : Israël-Palestine : stratégie non-violente et rencontre internationale pour la résolution du conflit.

Lyon, juillet 2006

Rencontre entre israéliens et palestiniens à Lyon mai et juillet 2006, premier contact et travail sur la communication

Descriptif des différents stades de la première partie de la rencontre. Présentation des partenaires, renforcement des mécanismes de communication et discussion des ‘sujets sensibles’, combattre les idées reçues et apprendre à mieux se connaître.

Mots clefs : Travailler la compréhension des conflits | Dialogue entre les acteurs de paix | Résistance civile et pacifique à la guerre | Mouvement pour une alternative non violente (MAN) | Palestine | Israël

La Rencontre de Juillet

La rencontre de juillet sera elle-même organisée en deux temps :

  • 1- La première semaine nous sommes accueillis dans l’Isère, au domaine de Buffière à Dolomieu, mis à notre disposition par la mairie de Saint-Fons et géré par l’association Léo Lagrange. Ce domaine spacieux, confortable et chaleureux, fut propice aux rencontres, aux échanges, au travail et à la détente. Des temps formalisés d’ateliers de formation ont permis de faciliter la connaissance de chacun et de développer la confiance et les échanges.

  • 2- La deuxième semaine, les participants sont hébergés dans l’agglomération lyonnaise, au Centre International de Séjour de Lyon. Cette deuxième période est ouverte aux échanges avec les habitants et à des rencontres avec les représentants politiques des institutions ayant participé au financement du séminaire. Des ateliers - débats entre Israéliens et Pales¬tiniens seront maintenus, mais sur un rythme moins intensif (3 demi-journées en tout).

Lundi 3 juillet

Les participants arrivent tout au long de la journée, au gré des horaires d’avion.

Le transport est organisé afin de permettre à chacun de rejoindre le domaine de Buffière, à Dolomieu, où nous sommes accueillis autour d’un apéritif par Philippe, Directeur du centre.

Après le repas, nous prenons le temps d’une présentation rapide de l’équipe accueillante du MAN, des préambules du séminaire, et de l’organisation des dix jours que nous allons passer ensemble. Quelques jeux permettent de faire connaissance de manière ludique.

Mardi 4 juillet

La matinée commence par une présentation du lieu d’accueil par le directeur du centre, puis nous présentons le séminaire en précisant les objectifs, le programme des journées et l’état d’esprit dans lequel nous souhaitons qu’il se déroule.

Ainsi posons-nous le cadre, avec des règles telles que le respect de la parole et de l’écoute de chacun, la confidentialité des propos, la prise de photos et de films. Nous présentons aussi les temps de parole. Il s’agit de trois temps quotidiens de « régulation de groupe »: le matin une « météo personnelle » tous ensemble (comment je me sens pour aborder la journée ?), en fin d’après-midi un temps de «relecture» par association, suivi d’une mise en commun par un porte-parole de chacune des 5 associations, et d’une préparation commune de la journée suivante. Ce «débriefing» inter-association sera présenté au grand groupe le lendemain avant de démarrer la journée.

Nous proposons aussi une répartition des tâches pour ce qui relève de la vie de groupe : prise de notes, rappel de l’heure,…

Après avoir rappelé le contexte de l’origine du projet, une présentation du concept de l’Intervention Civile de Paix et de l’action non-violente et des objectifs du MAN permet de souligner l’importance de soutenir les sociétés civiles. On souligne notamment la question des peurs, présentes dans les deux communautés, et qui représentent des obstacles à la construction de la paix dans la société civile.

Nous présentons aussi les répercussions du conflit Israël - Palestine au sein de la société française, et l’intérêt des rencontres prévues dans les quartiers de Saint Fons et Villeurbanne pour donner une image moins communautariste de ce conflit.

Puis chaque association participante présente ses objectifs, ses actions, le public auprès duquel elle agit, ses partenaires, sa localisation, son impact.

Enfin, chaque participant est invité à écrire ses attentes personnelles sur des post-it qui sont ensuite affichés au mur : Pourquoi suis-je là ?, Ce que je souhaite apprendre, Quels sont mes doutes, mes craintes ?, entre autres. Ces réflexions de départ permettront à chacun, en fin de séminaire, de faire une évaluation du chemin parcouru.

L’après-midi est proposé un atelier de créativité : chaque participant dispose d’une planche sur laquelle il est invité à exprimer ce qu’il veut dire aujourd’hui à l’aide du matériel disponible (peinture, collage,…). Chacun présentera ensuite sa création au groupe. Les réalisations individuelles sont alors assemblées pour faire une oeuvre collective (le résultat est visible dans la vitrine du local du MAN Lyon).

Mercredi 5 juillet

Après les temps de régulation annoncés, nous démarrons la matinée par des jeux pour poursuivre les présentations individuelles. Chaque jeu ou exercice est toujours l’occasion de faire participer ensemble les quatre associations.

L’objectif de la matinée est de travailler sur les mécanismes de la communication. Nous utilisons des exercices pour faire prendre conscience de ce qui, dans une discussion peut augmenter ou au contraire diminuer la tension, ce qui favorise la recherche d’une solution. Par exemple sont mis en évidence l’importance de la prise en compte des ressentis et des besoins, et la nécessité de parler des faits en évitant de porter des jugements de valeur.

L’après-midi est proposé un travail sur les représentations. Dans un premier temps, chacun écrit les représentations qu’il peut avoir ou que des membres de sa communauté peuvent avoir, sur l’autre communauté. Puis les participants se rassemblent par groupes, toujours en mixant les participants de chaque association, pour réfléchir ensemble sur les faits qui peuvent être à l’origine de ces représentations, sur les sentiments qui peuvent animer les auteurs et sur leurs besoins ainsi exprimés.

Une vive discussion s’ensuit, très frustrante à cause du manque de temps et du désir de chacun de parler de façon approfondie des «sujets brulants».

Les participants souhaitent aller plus vite que nous ne l’avions imaginé pour aborder les « points sensibles » («hot issues»). Nous les accompagnons dans cette direction, en cadrant avec eux les règles que nous sommes chargés de faire respecter en tant que médiateur.

Suite à notre proposition, les participants s’approprient très vite le déroulement des ateliers : un représentant de chaque communauté joue le rôle de «facilitateur», et avec la formatrice ils en reconstruisent le contenu et l’organisation : choix du sujet à débattre, constitution des groupes, rapporteur au grand groupe, etc..

Jeudi 6 juillet

Pour commencer la martinée, nous continuons les apports théoriques sur la communication :

  • La différenciation à effectuer entre : les Faits – les Sentiments – les Opinions

  • L’importance de l’accueil des émotions et des sentiments, révélateurs de besoins insatisfaits

  • La recherche de solutions qui prennent en compte les besoins de chacun

Puis un temps d’échange est proposé sur les obstacles et les freins à la communication que chacun peut observer au sein de sa propre communauté.

Pendant ce débat organisé en deux groupes, chacun apprécie le climat d’écoute très respectueux, et les témoignages personnels livrés par les uns et les autres.

L’après-midi, l’atelier s’organise autour de jeux de rôle ayant pour thème des situations de leurs réalités :

  • Simuler le passage d’un «check point» en inversant les rôles : les Palestiniens sont des soldats israéliens, et les Israéliens sont des Palestiniens voulant traverser.

  • Simuler, par des Palestiniens, une situation de désaccord dans une famille israélienne par rapport à des risques d’attentats par des Palestiniens.

Après les saynètes, les acteurs et les observateurs prennent le temps d’exprimer leurs ressentis par rapport à ce qu’ils viennent de vivre. Se mettre à la place de l’autre, vivre la situation à sa place ouvre une porte supplémentaire à la compréhension mutuelle. Ces échanges leur donnent l’occasion de se rendre vraiment compte des réalités des uns et des autres, et d’évoquer d’autres situations douloureuses.

En soirée, nous assistons à la projection de trois films :

  • « Music for music », reportage montrant un groupe de musiciens israéliens qui va jouer avec la population palestinienne sur les check points et dans des camps de réfugiés avec des enfants.

  • « Action contre le mur », reportage qui décrit une action israélienne contre le mur avec le tir mortel en direction d’un manifestant par l’armée israélienne : ce fut un moment très dur mais qui a permis une prise de conscience par les Palestiniens de ce qui se passe aussi en Israël.

  • « Afrique du Sud », extrait d’une série de film « Le pouvoir d’une autre force », qui relate l’exemple de la lutte non-violente en Afrique du Sud : trois ans de boycott à Soweto aboutissant à la libération de Nelson Mandela et au renversement du régime d’apartheid.

Ces films ont été très appréciés, note d’espoir pour le futur, avec un regret pour certains de ne pas avoir pu prendre le temps d’en débattre.

Commentaire

La première partie de la rencontre, très centrée sur le travail des mécanismes de communication, a permis aux participants de mieux comprendre d’où viennent et comment se construisent les perceptions qu’ils ont sur l’autre. De nombreux exercices qui les forcent à s’imaginer dans la position de l’autre ouvrent le dialogue et annulent les jugements de valeur.