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Lyon, July 2007

Rencontre entre israéliens et palestiniens à Lyon juillet 2007, la construction du dialogue

Première partie de la rencontre entre palestiniens et israéliens : faire connaissance, amorcer le dialogue, envisager un travail commun.

Keywords: | | | | | Palestine | Israel

I. Mardi 3 juillet 2007

Un jeu de mise en route est suivi d’un rappel de règles de prise de paroles pour que chacun trouve le confort de pouvoir s’exprimer. Nous proposons aux participants de noter toutes les idées qu’ils souhaitent partager, pour ne pas en oublier quand vient leur tour de parole – ou bien de les déposer au centre du cercle, à disposition de ceux qui voudraient les lire.

De nombreux sujets-éléphants sont inscrits au tableau : Mur – Frontière ; Terroriste ; Civils ; Réfugiés, Droit au retour ; Politiques ; Sionisme ; Frustrations à l’égard de la société ; Arafat ; Apartheid ; Colonies ; Liban – Gaza. Tous ces thèmes sont importants, il est proposé de démarrer par le dernier point, en étudiant aussi la question de la non-violence et de la démocratie.

Les discussions évoluent d’un sujet à l’autre en toute liberté, et permettent d’évoquer aussi bien la mise en oeuvre de la démocratie, la liberté de mouvement, la question des réfugiés et de leur droit au retour, la victimisation excessive, que les questions de responsabilités, de dignité, de l’intervention internationale. Les échanges se poursuivent avec intensité et émotion, mettant en évidence les méconnaissances respectives des réalités quotidiennes et des regards historiques de chacun. Peu à peu, chaque participant apprend à distinguer la population du gouvernement qui la représente, pour éviter de parler en terme de généralités.

Enfin, les multiples facteurs évoqués pour analyser la situation actuelle font apparaître la nécessité d’élargir les regards.

Après la pause du repas, les discussions se poursuivent autour du problème des colonies, des occupations, et avec des références aux histoires familiales des uns ou des autres comme point d’appui à la compréhension de la situation. L’évocation de la peur, présente dans chaque territoire comme une réalité quotidienne, incite à effectuer un travail autour de soi pour faire évoluer les mentalités.

Pour accompagner ces moments intenses, quelques brèves pauses permettent à chacun de souffler et de se recentrer. En fin de séance, de légers massages sont proposés pour assurer une détente corporelle. Nous sentons beaucoup d’émotions et de fatigue auprès des participants.

Après le dîner, un participant présente des films retraçant les activités de l’association qu’il représente. Nous projetons ensuite un film exposant l’action des citoyens de Bil’in, en Palestine, pour manifester contre la construction du mur de sécurité sur leurs terres agricoles.

Les deux Palestiniens attendus nous rejoignent au cours de la soirée, bien fatigués.

II. Mercredi 4 juillet 2007

Les participants expriment à la fois leurs réactions positives quant à la qualité des échanges de la veille, leurs besoins d’alterner avec des moments plus physiques, et leurs souhaits de continuer sur des plans d’actions. Certains demandent aussi à reprendre quelques points de terminologie.

Nous rappelons encore les principales règles posées pour respecter la parole et les difficultés de chacun, conscients que ces moments d’échanges avec ceux qui représentent l’ennemi peut provoquer des sentiments contradictoires en chacun.

Après un jeu de (re)connaissance, nous proposons aux nouveaux arrivés de se présenter brièvement, et d’exprimer leurs attentes quant à cette rencontre.

L’un d’eux précise qu’il se trouve aujourd’hui pour la première fois en présence d’Israéliens en civil. Quand ils relatent les aléas de leur voyage pour arriver à nous rejoindre, un Israélien exprime combien il réalise seulement maintenant ce que représente pour les Palestiniens l’effort d’être présents à cette rencontre : franchir la barrière mentale.

Nous poursuivons les échanges à partir des réactions issues de la vision du film sur l’action à Bil’in. Les faits observés permettent de rappeler autant les émotions provoquées par un acte de violence, que la question de la participation d’internationaux, la présence et le rôle des médias. Le problème de la coopération entre les parties, par exemple par leur présence réciproque à ce séminaire, rappelle la nécessité de travailler au sein de sa propre communauté, pour « éduquer ses parents, sa famille, ses relations ».

De nombreux exemples d’actions commencent à être évoqués.

Nous rappelons alors quelques éléments sur le concept d’action non-violente et la nécessité d’utiliser les termes adaptés, en particulier pour parler des personnes. Ainsi est-il demander de distinguer martyr / attentat-suicide, Israéliens / Militants pour la paix - par exemple. Nous précisons également la notion de respect à l’égard de tous, en tant que personne, ce qui ne signifie pas d’accepter ce qu’elle fait.

Après la pause de l’après-midi, nous proposons un «Jeu de rôles», dont le thème est :

L’irruption nocturne de soldats israéliens dans une maison palestinienne pour y arrêter un membre de la famille.

Les rôles des Israéliens sont joués par les participants palestiniens – et réciproquement. Les Européens présents peuvent intervenir en tant qu’internationaux.

A l’issue de l’exercice auquel tous participent, nous prenons le temps d’échanger les ressentis d’une part, puis de proposer une analyse. Plusieurs d’entre eux expriment les sentiments de violence qu’ils ont ressentis, par exemple dans le contact avec une arme (factice en la circonstance), et aussi des émotions de peurs. Une Palestinienne note le sentiment de toute puissance qu’elle a ressentie en ayant une arme à la main.

Le matin comme l’après-midi, divers jeux ponctuent les sessions et permettent de canaliser les énergies. Le temps de la pause est utilisé par un participant palestinien pour initier les volontaires à la « Dabka », une danse traditionnelle.

III. Jeudi 5 juillet 2007

Cette journée est la dernière du séjour à Dolomieu.

Nous prenons donc le temps de présenter aux participants le programme de la deuxième partie du séjour.

Après un jeu favorisant la créativité, les participants se séparent en deux groupes, avec un représentant de chaque association par groupe, pour réfléchir collectivement à différentes formes d’actions imaginables, prenant le soin de distinguer l’objectif et les moyens envisagés.

Le retour en grand groupe permet de partager les idées émises, par exemple : travailler sur la liberté de mouvement des populations, sur la meilleure connaissance de l’autre communauté. Les groupes ont aussi travaillé sur les besoins pour réaliser l’action – tels qu’un soutien pour assurer le lien entre les communautés, une phase de formation, de préparation -, sur les obstacles identifiés – par exemple la liberté de mouvement, la sécurité, la notion de temps et de patience -, et sur des plans de communication.

L’un des participants informe le groupe de la création d’un site Internet pouvant faire office de lien virtuel.

La partenaire espagnole signale que l’organisation qu’elle représente construit actuellement un réseau entre organisations non-violentes arabes et que le lien avec des organisations israéliennes est difficile à mettre en place.

L’après-midi débute par une pratique de l’une des organisations représentées : le « walk and talk », qui consiste à échanger sur un sujet donné, en marchant par petits groupes dans la nature. Nous proposons donc aux participants de prendre ce temps pour discuter sur les actions évoquées le matin même.

Au retour, les idées sont mises en commun et les participants énoncent finalement les propositions suivantes :

  • Prévoir la continuité par des rencontres régulières entre leurs organisations, dans un lieu accessible à tous – et étudier les besoins pour les prochains séminaires ;

  • Rédiger un manifeste posant les bases collectives de l’engagement respectif, au moins entre les organisations présentes, par exemple l’utilisation de la non-violence dans l’action ;

  • Elargir à d’autres organisations ou individus en Israël et en Palestine.

Nous poursuivons par un autre jeu de rôle, pour tester les mises en oeuvre. Il s’agit cette fois de tester l’une des actions non-violentes proposées sur un check point.

Les échanges et la courte analyse qui s’ensuivent font apparaître la nécessité d’une très bonne préparation pour ce type d’actions, qui nécessitent de la cohérence et une bonne coordination.

Deux visiteurs nous rejoignent pour la soirée : le coordinateur européen de l’organisation internationale Nonviolent PeaceForce (NP) et un membre du Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN) de Côte d’Or.

Commentary

Ouverture d’espaces de discussion sur des sujets difficiles tels que le mur, les colonies, l’occupation en essayant de comprendre le point de vue de l’autre. même si ces échanges sont dur, ils sont appréciés par les participants qui se réjouissent d’avoir cet espace de discussion.