Irenees
un site de ressources pour la paix

Irénées.net est un site de ressources documentaires destiné à favoriser l’échange de connaissances et de savoir faire au service de la construction d’un art de la paix.
Ce site est porté par l’association
Modus Operandi


En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

Print

Paris, septembre 2008

Témoignage d’une volontaire ayant exercé une mission d’intervention civile de paix avec l’association « Equipes de Paix dans les Balkans / Balkan Peace Team – France

Analyse de ce que compose une mission d’intervention civile de paix et présentation de l’organisme qui soutient ce genre d’interventions en France.

Mots clefs : Intervention civile de paix | Travailler la compréhension des conflits | Espaces de partage et de transfert d’expériences pour la paix | Conflit yougoslave | Guerre du Kosovo | Formation de médiateurs | Equipes de Paix dans les Balkans | Les Balkans | Kosovo

I. L’intervention Civile de Paix

A. Définition et objectifs

L’intervention civile de paix est une intervention internationale non armée, mandatée par une organisation intergouvernementale, gouvernementale ou non gouvernementale, sur le terrain d’un conflit local.

L’objectif en est de prévenir ou de faire cesser la violence, d’en diminuer son intensité, et de {{créer les conditions d’une solution politique au conflit. Cette solution doit reconnaître et garantir les droits fondamentaux de chacune des parties, et doit leur permettre de définir les règles d’une coexistence pacifique et démocratique.

Cette intervention représente une tierce partie qui s’engage aux cotés des 2 parties en conflit, avec discernement et équité.

Elle peut être complémentaire, ou non, d’une mission militaire de maintien de la paix.

C’est une action de soutien aux sociétés civiles, sans s’enfermer dans une solidarité unilatérale, car la paix est un pacte entre les 2 parties.

B. Les principes

L’intervention civile de paix n’est pas une action ‘humanitaire’ dans le sens habituel du terme, qui implique généralement des actions traitant des conséquences d’un conflit, telles que l’urgence médicale ou le développement économique. Elle serait plutôt comparable à l’intervention militaire : elle veut agir sur l’évolution du conflit, mais sans armes ni violences ; et elle se situe nettement au niveau de la société civile - en complément, éventuellement, de l’action politique, économique, sociale, voire militaire.

Elle peut intervenir avant, pendant, ou après une période de conflit.

Les conditions nécessaires à la réalisation d’une intervention civile de paix :

  • Pouvoir accéder au territoire de façon légale, voire autorisée et soutenue ;

  • Agir dans la transparence et en toute légitimité à l’égard des institutions officielles : gouvernements, politiques, forces armées ;

  • Agir avec la clairvoyance nécessaire pour avoir une autonomie totale de décision ;

  • S’engager auprès des deux parties ;

  • Savoir assumer les risques éventuels et créer, autant que possible, les conditions de sécurité nécessaires à l’intervention : s’il est politiquement difficile d’être tué, dans la pratique, c’est possible ;

  • Former les volontaires à vivre et agir dans des contextes conflictuels.

C. Des actions

Ces missions se concrétisent par différentes formes d’action, telles que :

  • Observer et informer sur la situation des droits de l’Homme, les interventions armées, les dérapages. Ainsi, au Guatemala, au Mexique, au Kosovo, les volontaires transmettent régulièrement des rapports détaillés de leurs observations quotidiennes.

  • Protéger les défenseurs des droits de l’Homme et les acteurs de paix locaux. Cette présence protectrice, et non interventionniste, sécurise les militants et dissuade les éventuels agresseurs.

  • Faciliter le dialogue par des actions de médiations, directes ou indirectes. Cette communication tripolaire par l’intervention d’un tiers peut aussi faciliter la communication entre la population civile et les autorités en place.

  • Former à des techniques de communication non violente et de gestion des conflits.

Ces actions impliquent les populations civiles, avec l’accord des autorités locales, dans une « diplomatie de proximité ».

Elles constituent une alternative quand l’armée ne peut pas intervenir pour faire cesser la violence, que ce soit pour des raisons techniques, stratégiques ou politiques.

D. La formation

Pour intervenir efficacement dans de telles conditions, la formation des volontaires est indispensable.

Il s’agit de préparer les participants à agir comme observateurs, accompagnateurs ou médiateurs :

  • Dans des situations de conflits, de tensions et d’insécurité ;

  • Auprès de sociétés civiles menacées ou traumatisées ;

  • Dans des situations d’inter culturalité ;

  • En équipe et dans des contextes difficiles de vie quotidienne.

A l’aide de méthodes non-violentes de résolution des conflits, ils apprennent à faire face aux situations de crise, en sachant évaluer les risques et tenir compte de leurs émotions, de celles des autres, et en renforçant la cohésion du groupe. La formation vise aussi à savoir assurer la protection de chacun dans ces contextes.

La formation s’adresse à toute personne, tout groupe ou institution engagé ou envisageant de s’engager dans des zones de conflits :

  • Les volontaires des ONG de solidarité internationale ;

  • Les personnels des organisations internationales (Nations Unies, OSCE, …) ;

  • Les journalistes, diplomates, agents du ministère des affaires étrangères ;

  • Les travailleurs sociaux, de l’animation socioculturelle, des administrations, etc., exerçant dans des quartiers où peuvent apparaître des ‘violences urbaines’.

La formation s’articule autour de trois axes :

  • Les attitudes individuelles en situation de conflit ;

  • Le travail en équipe dans des contextes conflictuels ;

  • Les missions du volontaire en situation d’intervention civile.

Sur le plan méthodologique, elle s’appuie sur le partage d’expériences, de mises en situation, sur l’expérimentation de savoir-être dans des situations conflictuelles et sur des approches théoriques sur les mécanismes du conflit, les fonctionnements de groupe ou la mise en œuvre d’un mandat à l’international.

II. Le Comité ICP

Pour promouvoir le développement de l’intervention civile de paix, un collectif d’associations a pris l’initiative de se réunir en « Comité français pour l’intervention civile de paix » depuis 1996.

Composé du MAN (Mouvement pour une Alternative Non violente), avec le soutien du CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement), de l’IRNC (Institut de Recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits), de l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture), de Pax Christi, de Balkan Peace Team France, du Collectif Guatemala et des Brigades de Paix Internationales, ce Comité français mène plusieurs types d’action pour promouvoir l’ICP en France et réunir les moyens qui lui permettront de devenir une alternative crédible à la solution militaire :

  • La formation ;

  • L’action de terrain et le soutien aux missions ;

  • La recherche et l’expertise sur la résolution des conflits ;

  • La reconnaissance auprès des pouvoirs publics ;

  • L’information auprès du public et des associations.

Depuis 2005 le Comité ICP a rejoint le Réseau Européen pour les Services Civils de Paix EN.CPS et l’organisation internationale Non violent Peace force (NP).

Coordonnées :

Commentaire

L’intervention civile de paix peut avoir différentes manières de se présenter mais elle doit néanmoins correspondre à des critères spécifiques. Une mission d’ICP ne peut se mettre en place que suite à la demande des partenaires locaux et l’intervention doit respecter à tout moment un engagement envers toutes les parties du conflit.