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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Anne-Sophie Lamine, La Haye, 1999

Pédagogie et enseignement du dialogue interreligieux

Expériences de dialogue interreligieux dans des écoles et des collèges de divers pays d’Europe.

I. Présentation du livre

Cette fiche présente le livre « D’assise à la cour de récréation, pédagogie du dialogue interreligieux », de Gilbert Caffin et Anne-Bénédicte de Saint Amand, paru au Cerf, en 1999 (150 p.). L’ouvrage porte sur des expériences de dialogue interreligieux à l’école et au collège, dans différents pays d’Europe et s’inscrivant dans le cadre d’un projet d’une association européenne, le GERFEC (Groupement d’Étude et de Recherche pour la Formation des Enseignants Chrétiens). Le dialogue interreligieux se limite au dialogue judéo-islamo-chrétien (il est prévu de l’élargir dans une étape ultérieure). Le livre allie questionnements sur le dialogue interreligieux, récits et analyses d’expériences de terrain et propositions pédagogiques.

II. « Questionnement et chemins »

La première partie s’intitule “questionnement et chemins”. Après avoir rappelé la pertinence du dialogue interreligieux en Europe, elle développe quelques points de repère, parmi lesquels des éléments de discussions sur le thème de la vérité (et ses corollaires : absolu, relatif, révélation…) dans des termes exigeants mais accessibles et utilisables avec des enfants ou des adolescents, en distinguant quatre niveaux de vérité :

  • La vérité formelle (principe de non-contradiction) ;

  • La vérité expérimentale (accord de la pensée avec le réel) ;

  • La vérité des sciences humaines (comprendre l’homme) ;

  • La vérité de la foi.

Elle s’attache ensuite à décrire l’apprentissage du dialogue interreligieux : rencontre des autres et prise de conscience de sa propre foi, “pas seulement une logique émotionnelle dont les vibrations de fraternité universelle pourraient s’effacer au long des jours, mais afin qu’ils deviennent bâtisseurs d’un monde meilleur”.

Les exigences de ce dialogue sont :

  • Fidélité à soi même ;

  • Désir de connaissance et de compréhension de l’autre ;

  • Actions communes.

On prend soin de distinguer l’approche cognitive et l’approche existentielle.

Les difficultés sont aussi soulignées :

  • L’ignorance mutuelle ;

  • L’histoire ;

  • L’asymétrie des relations ;

  • Les conceptions différentes de Dieu ;

  • La tentation de gommer les différences.

III. « Recherche sur le terrain »

La seconde partie, “recherche sur le terrain” décrit et analyse neuf expériences, en école, en collège ou dans des instituts de formation d’enseignants.

  • A Paris ce sont des enfants d’école primaires catholique et juive qui s’écrivent, se posant des questions sur ce qu’ils croient, ce qu’ils font, et qui se rencontrent en fin d’année scolaire.

  • A Birmingham, dans un quartier à majorité musulmane, une longue démarche à permis aux enfants musulmans de suivre un cours sur leur propre religion au lieu du cours obligatoire de religion chrétienne.

  • En Hollande, à Zwolle, outre le cours spécifique de religion musulmane, le concept de l’interreligieux à l’école s’est développé à travers différents enseignements : dessin, musique, histoire, géographie. Le programme éducatif distingue les aspects cognitifs des religions et les aspects affectifs de la relation de l’enfant à sa propre tradition et à celle des autres. Au début et à la fin de chaque semaine les enfants sont regroupés autour du thème de la semaine (lancement et conclusion), alors que pendant la semaine ce thème est traité séparément dans les cours de religion. On met aussi les fêtes en valeur. On distingue donc l’instruction religieuse (cours séparés) de la reconnaissance religieuse (en classe entière).

  • A Barcelone, dans une école normale, on travaille à la pédagogie de l’interculturel, en prenant en compte l’ignorance du fait religieux et l’indifférence au sacré et en élaborant des outils didactiques sur les différentes traditions et sur le dialogue.

IV. Quelques conseils pour entreprendre

La troisième partie esquisse une pédagogie du dialogue : quelques conseils pour entreprendre : d’abord connaître le milieu social, culturel et familial, travailler avec tous les partenaires dès le début, aborder les questions de fond : préciser les motivations et où l’on se situe : “entre une foi débordante et conquérante et un agnosticisme méthodologique d’ethnologue, se trouve une ligne de crête sur laquelle s’engage tous les croyants pour se rencontrer… une équipe qui entreprend un projet de cette sorte doit prendre garde à ces deux pentes inverses : ni trop, ni trop peu de foi vivante. L’écoute de l’autre n’a pas pour seul but de comprendre ce qu’il pense mais comment ce qu’il croit le fait vivre.”

Commentaire

En matière de dialogue interreligieux, l’auteur se distingue de la littérature habituelle en proposant une réflexion pédagogique. Plutôt que de se baser uniquement sur un enseignement de l’histoire des religions, il choisit de partir aussi de l’expérience des enfants et des adolescents, puis de la confronter avec un enseignement plus traditionnel. L’image de la “ligne de crête” entre l’expérience, le vécu d’une part et l’enseignement descriptif neutre, historique ou ethnologique d’autre part nous a été très utile pour nous situer dans nos projets, en particulier celui de dialogue inter-religieux dans un collège de Saint Denis.

Notes

  • Références de l’ouvrage : CAFFIN, Gilbert et DE SAINT AMAND, Anne-Bénédicte, « D’assise à la cour de récréation, pédagogie du dialogue interreligieux », Ed. Cerf, 1999.