Fiche d’analyse Dossier : De nouvelles dynamiques pour pratiquer la paix : étude transversale des fiches d’expérience d’Irénées.

, Paris, février 2009

L’éducation à la paix ou la prévention des conflits

Clémenceau : « Il est plus facile de faire la guerre que de construire la paix ».

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Malgré l’engagement croissant des Etats pour la paix, la raréfaction des ressources naturelles, les conflits d’intérêts et les ambitions expansionnistes ont été à l’origine de nombreux conflits durant la dernière décennie.

La paix est pourtant largement considérée comme un idéal. Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, la « der des der », avec la création de la SDN (Société des Nations, ancêtre de l’ONU) en passant par les mouvements pacifiques des années 70, nombreuses ont été les organisations et les initiatives visant la prévention des conflits ou la limitation des dégâts matériels et psychologiques.

Depuis quelques années, une méthode de pacification a acquis un écho particulier au sein de la communauté internationale. C’est l’éducation à la paix, qui, par son rayon d’action multidimensionnel et l’implication des populations locales, s’est imposée comme une alternative pertinente à la réponse militaire de résolution des conflits.

Cet article a pour but d’expliquer le concept d’éducation à la paix et d’en présenter les différentes dimensions et applications. En se basant sur des fiches d’expériences, nous commencerons par définir le terme d’éducation à la paix et les problématiques qu’il soulève ; nous verrons ensuite par quels moyens cette méthode se diffuse au niveau international ; puis nous constaterons que l’éducation à la paix cible surtout la société civile, en particulier les jeunes ; enfin, nous verrons sur quels outils pédagogiques se basent ces actions d’éducation à la paix.

I. Une pédagogie au service de la paix

La paix, tout comme la guerre, doit se penser comme une stratégie. La volonté de sécuriser et de pacifier un territoire se traduit trop souvent par une réponse militaire des Etats ou des groupes engagés dans un conflit. Une paix imposée manu militari n’efface pas pour autant les rancœurs et les haines des populations impliquées dans les conflits, qui sont souvent les premières à en pâtir. La nécessité d’installer une paix constructive, en y intégrant les populations locales, est indispensable pour éviter de nouveaux affrontements.

Si la paix peut se construire par voies multiples, l’éducation à la paix est considérée comme un instrument fondamental de la pacification d’un territoire. Elle a pour but de prévenir les nouveaux conflits dans les zones sensibles en s’attaquant à leur racines par le dialogue et la négociation entre les individus, les groupes et les Etats.

1. Définitions

Eduquer à la paix suppose de bien connaître la définition de ces deux termes. La paix, du latin pax, se définit comme un état de calme, marqué par une absence de perturbations ou de violences entre groupes humains. Cependant, la paix ne se limite pas à l’absence de conflits. Le terme englobe tout le processus dynamique, positif, et participatif qui favorise le dialogue et le règlement des conflits dans un esprit de compréhension et de coopération mutuelle.

L’éducation se définit quant à elle comme la formation globale d’un individu à divers niveaux (religieux, moral, social). Cependant, l’éducation ne se limite pas aux purs savoirs et savoir-faire. Elle vise également à assurer à un individu le développement de toutes ses capacités. En ce sens, elle n’est pas sensée privilégier un certain point de vue, mais doit permettre aux « élèves » d’éclaircir et d’approfondir les questions par eux-mêmes.

2. Culture de paix : un idéal à mettre en œuvre

L’élaboration théorique de l’éducation à la paix repose sur les concepts de culture de paix et de culture de guerre. Ces termes sont préférés au traditionnel duel paix/guerre, car ils englobent le rôle actif des représentations sociales dans les rivalités entre deux groupes antagonistes. Les conflits entre personnes, groupes ou pays sont toujours issus de conflits d’idées, de valeurs ou de pouvoirs. Pour faire adhérer les populations à la dynamique de guerre, les belligérants s’appuient sur une propagande basée sur la haine et le rejet qui peut prendre plusieurs formes : racisme, discrimination, exclusion, préjugés, etc.

La guerre ne serait donc qu’une construction sociale, qu’une culture de guerre. En s’appuyant sur cette définition, les acteurs de la paix en ont conclu que le message diffusé appelant au conflit doit pouvoir s’inverser.

La culture de paix, telle qu’elle est définie par les Nations Unies, comprend l’ensemble des valeurs, des attitudes, des comportements et des modes de vie qui rejettent la violence en s’attaquant à leurs racines par le dialogue et la négociation entre les individus, les groupes et les Etats (résolutions des Nations Unies A/RES/52/13 : culture de la paix et A/53/243 : Déclaration et Programme d’action sur une culture de la paix).

La culture de la paix ne peut s’établir durablement que lorsque les conditions suivantes sont réunies : un développement économique durable, le respect de tous les droits de l’homme, l’égalité femmes/hommes, la participation démocratique, le développement de la tolérance et de la solidarité. Elle comprend aussi la promotion active du pluralisme et du dialogue entre les différentes composantes de la société, le respect de l’Autre, de la dignité et du partage.

Pour mettre en œuvre cette culture de paix, l’éducation représente le moyen le plus pertinent pour sensibiliser les acteurs de la guerre et les populations touchées par des conflits à la dévaluation de la violence.

3. Apprendre à régler pacifiquement les conflits

L’éducation à la paix est donc une approche préventive de la résolution des conflits basée sur l’enseignement et la diffusion des valeurs de paix et d’égalité. Les programmes de sensibilisation à la paix permettent une meilleure compréhension des conflits et des formes structurelles d’injustice, afin de les résoudre dans la concertation et le dialogue.

L’éducation à la paix a pour objectif principal d’amener personnes, groupes et Etats à établir eux-mêmes des relations plus pacifiques en leur apprenant à résoudre pacifiquement leurs différents. Ce processus passe par l’instauration d’un respect mutuel entre les peuples, par la sensibilisation à la citoyenneté et à l’égalité, et par l’apprentissage de toutes les valeurs positives nécessaires à la mise en place d’un état de paix.

L’éducation à la paix a connu un réel succès dans la communauté internationale du fait de la large gamme d’application du concept. La souplesse de cette démarche lui permet de prendre de nombreuses formes et d’être appliquée dans différents contextes, à destination de publics multiples. Elle concerne à la fois les pays du Sud et ceux du Nord, et peut être utilisée à la fois en amont pour prévenir les conflits, ou en aval pour guérir des guerres traumatisantes.

4. Différentes échelles d’application

L’engouement général pour cette démarche s’explique en partie par la mise en place d’actions d’éducation à la paix à différentes échelles géographiques, donnant au mouvement une dimension à la fois internationale et locale. Ces programmes peuvent être menés au niveau d’une commune, d’une région, d’un pays ou encore d’une sous-région touchée par le même conflit. Les acteurs, les programmes et les moyens engagés ne sont évidemment pas les mêmes selon le niveau de l’action.

Cette capacité d’adaptation a permis aux expériences parsemées d’éducation à la paix de se structurer pour arriver à un mouvement mondial, relayé par les grandes institutions spécialisées dans la paix, le monde universitaire et la société civile.

L’éducation à la paix, si elle trouve toute sa pertinence dans les territoires marqués par des conflits violents, peut aussi être diffusée dans des pays épargné par les affrontements classiques. Elle trouve alors son utilité dans les conflits à petite échelles qui prennent leurs racines dans les inégalités sociales. Les actions de sensibilisation peuvent être menées dans les territoires sujets à la petite délinquance des pays occidentaux, comme les banlieues difficiles, autant que dans des régions marquées par des génocides meurtriers.

5. L’implication des populations civiles

Le travail de sensibilisation aux valeurs de paix n’est efficace que s’il est perpétré à tous les échelons d’une société. Pour une meilleure diffusion des valeurs de paix, les publics doivent être les plus variés possibles, et toujours considérés selon le contexte d’un territoire et les initiatives déjà engagées. Jeunesse, groupes sociaux ou professionnels, gouvernements ou monde de la recherche, tous peuvent être sujets à des campagnes de prévention des conflits.

Toutefois, le principal atout de l’éducation à la paix comme dynamique de pacification d’un territoire est d’intégrer au processus les populations civiles, qui sont toujours largement touchées par les conflits, notamment ceux armés. Actrices forcées des affrontements, ces populations gardent souvent en elles les germes de la violence qu’elles ont subie. En travaillant en profondeur sur les préjugés des habitants d’une zone sinistrée, elle permet de faire assimiler durablement les effets bénéfiques du rassemblement et de la cohésion sociale, et prévient ainsi toute velléité d’affrontement futur.

L’éducation à la paix est une démarche qui s’inscrit dans la durée. En prévenant les conflits par la meilleure compréhension de l’autre, elle permet d’enrayer le cycle de la violence et de poser les bases d’un climat social apaisé.

II. La diffusion internationale de l’éducation à la paix

En quelques années, l’éducation à la paix s’est imposée comme une réponse pertinente dans la résolution et la prévention des conflits. La diffusion du concept a connu un élan remarquable, porté par les grandes institutions internationales, les organisations non-gouvernementales (ONG), le monde de la recherche ou encore les réseaux de citoyens de la société civile internationale.

1. L’éducation à la paix, une méthode approuvée par la communauté internationale

L’un des facteurs les plus importants de ce succès est la mise en réseau des acteurs de la paix, leur permettant de faire entendre leur voix au niveau international. La mutualisation des connaissances et la capitalisation des compétences dans le domaine de la paix a permis le partage des savoirs faire et d’améliorer les résultats des actions menées.

L’Organisation des Nations Unies (ONU), dont la paix est la vocation principale, a fait de l’éducation à la paix l’un de ses principaux outils pour atteindre ses objectifs, à savoir « préserver les générations futures du fléau de la guerre » et « créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect (..) du droit international ».

L’UNESCO en a assuré la promotion en instaurant en 2000 une campagne mondiale visant à introduire l’éducation à la paix dans tous les établissements d’enseignements et à mobiliser de nouveaux acteurs (La décennie mondiale pour la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix pour les enfants du monde, 2001-2010). Cette campagne se traduit notamment par l’encouragement de programmes de recherche concernant la paix.

2. La recherche universitaire au service de la paix

Le monde de la recherche scientifique et sociale joue un rôle moteur dans cette dynamique mondiale de diffusion de l’éducation à la paix. De nombreuses institutions de recherche travaillent activement sur le socle théorique du concept de paix et sur la création de méthodes et d’outils visant la prévention et le règlement des conflits de manière pacifique.

A ce titre, on peut citer l’Université de la paix des Nations Unies au Costa-Rica, qui travaille à l’élaboration d’outils intellectuels pour mettre en œuvre la paix (L’élaboration d’une pensée innovante pour la construction d’un monde plus pacifique : le travail de l’université de la paix des UN au Costa-Rica). En créant un réseau d’annexes partout dans le monde, l’Université de la paix favorise la promotion de l’éducation à la paix et focalise de fait l’opinion internationale sur les résultats de cette méthode dans la limitation des conflits.

La mobilisation du monde de la recherche sur les questions de résolution pacifique des conflits a débouché sur la création de nouvelles structures de recherche, aussi bien dans les territoires instables comme la région andine (hacer une tarea de investigacion y de educacion y el corazon de la region andina para favorecer la paz) et les villes marqués par la violence, avec l’Université de la paix de Brasilia, que dans les pays occidentaux avec l’Université de la paix en Belgique ou le Centre mondial pour la paix à Verdun.

3. Les autres acteurs de la paix

Les réseaux de société civile internationale jouent aussi un grand rôle dans la diffusion de la culture de paix. Des regroupements d’enseignants ont mené plusieurs expériences d’éducation à la paix, comme au Moyen-Orient où des enseignants d’histoire israéliens et palestiniens ont mis leurs efforts en commun pour éditer un livre concernant leur histoire commune, mais sous deux points de vue différents (L’histoire d’Israël et l’histoire de la Palestine, un livre pédagogique pour découvrir la vision de l’autre).

Les ONG spécialisées dans la paix sont enfin un relais efficace dans la mise en place d’un réseau mondial d’éducation à la paix. Elles peuvent faire entendre leurs voix auprès des Nations Unies et des gouvernements et infléchir les décisions prises au niveau international. Les actions de lobbying peuvent de même concerner la société civile, qui joue à son tour un effet de levier de paix en pesant sur les pratiques de leur pays. En Inde et au Pakistan, de grands forums ont été organisés pour mobiliser les populations à la non prolifération des armes (Disarm to combat poverty).

III. La jeunesse, principale cible de l’éducation à la paix

La prévention à destination des enfants, des jeunes et de leur encadrement est particulièrement appréciée par les acteurs de la paix, qui y voient une démarche particulièrement efficace sur le long terme. La sensibilisation des générations futures aux valeurs de paix est essentielle dans les zones marquées par les conflits car elle permet d’assurer durablement un équilibre dans les domaine social, politique et économique.

Les établissements scolaires et leurs personnels, parce qu’ils appartiennent déjà à une dynamique d’enseignement, sont des supports efficaces dans la diffusion d’un message de paix et de respect de l’Autre, tout comme les structures d’encadrement des jeunes (centres de jeunes, missions locales d’insertion, centres de loisirs, etc.).

1. Expériences locales en Europe

Dans des territoires sujets à la déconsidération nationale et à la violence, comme certaines périphéries de grandes villes françaises, l’éducation à la paix peut prévenir les tensions sociales et la délinquance juvénile (Education à la paix en zone urbaine sensible). Le travail sur les élèves d’une école primaire vivant dans des quartiers défavorisés permet d’ancrer dans leurs mentalités la nécessité de vivre ensemble et d’accepter les différences d’autrui.

Dans les régions marquées par l’exclusion d’une minorité basée sur un racisme latent, la sensibilisation des jeunes aux valeurs d’égalité et de tolérance permet d’amorcer un dialogue entre les deux parties, comme le prouve l’expérience menée en Italie, dans la région Calabre (De la discrimination au vivre ensemble : schools for Roms too : reggio Calabria). À travers la réflexion sur la force des préjugés menée par des personnes qui sont en contact quotidien avec les jeunes - les enseignants de l’école publique et les éducateurs roms - les actions d’éducation à la paix visent l’intégration des enfants roms non scolarisés au système éducatif national, et instaurent de fait un climat social plus juste et fier de sa diversité.

Enfin, parce qu’elle valorise la diversité culturelle et la connaissance de l’Autre, l’éducation à la paix joue un rôle important dans l’ouverture des jeunes aux cultures étrangères. Dans la région de Grenoble, des lycéens ont pu bénéficier d’un programme portant sur les différences de modes de vie avec leurs homologues colombiens (Ouvrir l’école sur le monde, un programme de formation à la citoyenneté et à la paix). Cette expérience privilégie donc la prise de conscience d’un public adolescent sur les inégalités mondiales.

2. La Colombie, à l’avant-garde de l’éducation à la paix

Le travail d’éducation à la paix à destination des jeunes peut aussi prendre une dimension nationale. Les programmes appliqués à l’échelle d’un pays sont souvent réalisés à l’initiative de gouvernements ou des grandes structures internationales, qui seuls peuvent investir les fonds nécessaires.

A ce titre, le gouvernement colombien se place à l’avant-garde des programmes nationaux d’éducation à la paix. Marqué par des conflits civils depuis plus de 50 ans, le pays a voulu se doter d’une politique de pacification à grande échelle, impliquant les populations locales et posant les bases d’un climat social futur plus harmonieux.

L’intégration dans les programmes d’Education Nationale des concepts d’éducation à la paix, comme la citoyenneté, la valorisation des différences ou encore du vivre ensemble, est une dynamique qui a vu le jour en 2004, suite à la rencontre entre l’Ecole de la paix, basée à Grenoble, et du Ministère de l’Education Nationale colombien. S’en sont suivies des séances de formations et de sensibilisation du personnel enseignant et des responsables d’établissement (Echanges d’expériences sur les pratiques éducatives : adaptation de « j’y vais, j’y vais pas » en Colombie).

La démarche a ensuite été approfondie par une réflexion concernant la stratégie globale de mise en place d’un programme national d’éducation à la paix et la création d’outils et de moyens concrets pour l’appliquer (La convergence pour une éducation au service d’une culture de paix en Colombie).

3. Le rôle de l’éducation dans la reconstruction d’un pays

Parallèlement aux gouvernements, les ONG spécialisées dans la paix ou les grandes institutions internationales peuvent aussi être à l’origine de projets nationaux, voir multinationaux. L’implication de la Banque Mondiale dans la réhabilitation du tissu éducatif afghan détruit par des années de guerre, civile puis ouverte, illustre la priorité accordée à l’éducation par la communauté internationale dans la reconstruction d’un pays (La présence de la Banque Mondiale en Afghanistan : soutien à un projet de réhabilitation d’urgence du secteur éducatif). Offrir l’éducation à tous, et principalement aux groupes marginalisés comme les filles ou les enfants handicapés, permet d’effacer peu à peu les dynamiques d’exclusion sociale qui divisent et fragilisent les sociétés. L’école, en regroupant toutes les couches sociales du pays, se pose comme moteur de la réunification sociale pour les générations à venir.

La concertation et le dialogue avec les jeunes permet de poser les bases d’une paix solide, notamment dans les conflits transfrontaliers ou à caractère ethnique. Dans la région des Grands Lacs, le programme d’éducation à la paix d’une association locale a concerné trois pays touchés par les conflits identitaires, à savoir le Rwanda, le Burundi et la République démocratique du Congo. 5 000 jeunes entre 10 et 20 ans ont été sensibilisé au respect de l’autre dans les écoles et les centres de jeunes, prouvant encore une fois la pertinence de s’engager avec des enfants pour prévenir la violence (Inzhira Y’Amahoro, une exposition pédagogique d’éducation à la paix).

4. L’implication du reste de la société civile

Si la jeunesse reste le public le plus mobilisé par les programmes d’éducation à la paix, le reste de la société civile a aussi un grand rôle à jouer dans la pacification d’un territoire. L’implication et la considération des différentes couches de la société est nécessaire dans tout projet de pacification ou de réconciliation nationale.

En Colombie, l’Etat a montré sa volonté d’encadrer pacifiquement le règlement des conflits locaux par la création d’une Casa de la Justicia. Cette maison de justice, chargée de résoudre par la conciliation et le dialogue les conflits communautaires, abrite 90 représentants de la société civile, formés à la résolution pacifique des conflits et à l’éducation à la paix ( Escuela de conciliadores en equidad).

Toujours dans le même pays, une plateforme d’expression regroupant toutes les sensibilités religieuses, politiques ou sexuelles du pays s’est mise en place avec pour objectif premier la défense des droits humains (Colombia,, la Asemblea permanente de la sociedad civil por la paz).

La mobilisation et la mise en réseau des acteurs de la paix ont donc favorisé l’avancée des actions d’éducation à la paix. Les applications possibles de cette politique de prévention se basent sur des outils pédagogiques dont nous allons voir les différentes formes.

IV. Des outils adaptés aux publics

La diversité des actions d’éducation à la paix permet d’en dresser un panorama riche et multiple. Pour mieux faire intégrer les valeurs aux publics ciblés, de nombreux outils et supports pédagogiques ont été inventés. Petit tour des méthodes utlisées.

Les expériences locales sont souvent crées à l’initiative d’organisations non gouvernementales spécialisées dans la paix, comme l’école de la paix à Grenoble ou de son double, l’association rwandaise Umuséké, inspirée du même modèle. Ces dernières, agissent au plus près des populations et sont à même de comprendre les stigmates laissés par les conflits, et d’élaborer les solutions les plus pertinentes.

1. La déconstruction des préjugés

La proximité de l’échange entre éducateurs et publics permet une évaluation précise des besoins et une meilleure connaissance du contexte, favorisant souvent une plus grande adhésion des acteurs. Chaque action doit donc prendre en compte les spécificités de son public ainsi que le poids des mentalités dans les représentations sociales.

Dans le travail avec le public, l’accent est mis sur la sensibilisation à la compréhension interculturelle, l’abolition les préjugés et les droits de l’homme. Il s’agit de transmettre les fondements de la citoyenneté et du vivre ensemble, afin de favoriser l’insertion et la considération de toutes les couches de la société et d’enrayer les processus d’exclusions.

La pédagogie des actions d’éducation à la paix se base donc sur la déconstruction des discours identitaires au profit d’un esprit de tolérance et de diversité. C’est dans l’imaginaire que se construit la peur et la haine de l’autre, c’est donc par le même chemin que l’on peut poser les bases d’une fraternité humaine.

2. Des méthodes ludiques et participatives

Pour travailler sur les représentations sociales, les actions d’éducation à la paix misent sur le dialogue et les activités ludiques, surtout lorsqu’elles sont à destination des plus jeunes. Le point commun de ces actions est l’implication du public, qui est mis à contribution, dans chaque opération d’éducation à la paix. La participation active du public permet à celui-ci de se sentir plus concerné. Il devient à terme un relais de diffusion des valeurs enseignées, qu’il explique à son tour aux personnes qu’il fréquente.

Les débats ouverts et participatifs permettent de travailler sur les préjugés, tout en laissant au public l’opportunité de s’exprimer. L’intervention de différents acteurs, qui partagent leurs expériences avec le public, permet de proposer un autre point de vue ou de découvrir une autre réalité (Education à la paix en zone urbaine sensible).

Les jeux de rôle, où chacun doit se mettre à la place de l’Autre, sont aussi privilégiés par les actions d’éducation à la paix pour leurs résultats probants. Cet exercice pratique permet de mieux comprendre les différences entre populations, et donc de mieux les intégrer et les respecter (De la discrimination au vivre ensemble, schools for roms too).

Les activités ludiques sont quand à elles destinées aux plus jeunes, partant du constat que les valeurs seront plus profondément intégrées si les enfants les apprennent en s’amusant. Atelier théâtre, où chacun prend la place de l’Autre, expo-jeu sur les préjugés, fascicules de dictons sur la paix (Inzira ‘Amahoro, une expostion pédagogique d’éducation à la paix) ou écritures contes sont des outils efficaces dans la transmission des valeurs de paix et de respect.

La création d’une malle pédagogique « J’y vais, j’y vais pas » par l’Ecole de la paix à Grenoble, permet aux enfants d’intégrer puis de réappliquer la recherche pacifique de résolution des conflits. Le succès de cette approche a traversé l’Océan atlantique puisque ce support d’apprentissage est maintenant utilisé dans les établissements colombiens.

3. La formation des acteurs de la paix

Les individus de la société civile appelés à jouer un rôle dans la diffusion des valeurs de paix bénéficient de formations poussées sur cette thématique. Elles peuvent se dérouler lors de forums comme pour le personnel enseignant en Colombie (échanges sur les pratiques éducatives en Colombie) ou lors de session annuelle pour les futurs intervenants humanitaires en zone de crise (La formation de volontaires en France). Les expériences les plus poussées concernent la mise en place d’écoles permanentes spécialisées dans la formation à la paix (Escuela de conciliadores en equidad).

Enfin, l’utilisation des médias pour promouvoir la réconciliation est un support efficace de diffusion. Par ce biais, la société entière peut être sensibilisée à la nécessité d’abandonner les préjugés source de conflits ethniques. L’expérience de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’homme a eu recours aux médias nationaux (radios, télévision) pour véhiculer les messages de paix (La Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’homme engagée en favuer de la paix au Burundi).

Conclusion :

L’éducation à la paix est aujourd’hui un mouvement structuré au niveau international, mais qui cherche encore et toujours de nouveaux outils pour mieux répondre aux attentes évolutives des publics. Portée par les grandes institutions, les ONG et les réseaux de la société civile, l’éducation à la paix continue de valoriser la résolution pacifique des conflits et la recherche de consensus au dépend des solutions imposées par la force. La prévention en amont reste en effet la pratique la plus efficace pour limiter les conflits et leurs conséquences. Cette démarche, qui met les populations civiles au cœur des processus de paix, doit être renforcée pour de meilleurs résultats.

Notes

  • Cette analyse a été réalisée à partir des fiches d’expériences suivantes :

    • Education à la paix en zone urbaine sensible.

    • De la discrimination au vivre ensemble : schools for roms too, reggio calabria.

    • Echanges d’expériences sur les pratiques éducatives : adaptation de « j’y vais, j’y vais pas » en Colombie.

    • Escuela de conciliadores en equidad.

    • El trabajo por la paz de la universidad de las nationes unidas para la paz, en Costa Rica.

    • Inzira y Amahoro, une exposition pédagogique d’éducation à la paix.

    • Colombia, la asemblea permanente de la sociedad civil por la paz.

    • Hacer una tarea de investigacion y de educacion en el corazon de la region andina para fovorecer la paz.

    • La décennie internationale pour la promotion d’une culture non-violente et de la paix pour les enfants du monde.

    • La convergence pour une éducation au service d’une culture de la paix en Colombie.

    • La Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’homme engagée dans la paix au Burundi.

    • La présence de la Banque Mondiale en Afghanistan : soutien à un projet de réhabilitation d’urgence du secteur éducatif.

    • L’élaboration de pensée innovante pour la construction d’un monde plus pacifique : le travail de l’université de la paix des Nations Unies au Costa Rica.

    • L’histoire d’Israël et l’histoire de la Palestine, un livre pédagogique pour découvrir la vision de l’Autre.

    • Ouvrir l’école sur le monde, un programme de formation à la citoyenneté et à la paix.

    • La formation des volontaires en France.

    • Disarm to combat poverty.