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Paris, 2008

Amérique latine : l’explosion urbaine, facteur de pauvreté et de conflits sociaux

Keywords: Urbanización y paz (Habitat et paz ?) | Saneamiento de las aguas y paz | Preservar la calidad del agua | América Latina

Introduction

L’Amérique latine est l’une des régions les plus urbanisées au monde. Elle compte un taux d’urbanisation de 75 % et selon les estimations des Nations Unies d’ici à 2030, le taux d’urbanisation atteindra 84 %. Tandis que dans les autres régions en développement que sont l’Afrique et l’Asie, le taux d’urbanisation est en moyenne de 40 %.

L’explosion urbaine en Amérique latine a entraîné de nombreux problèmes. Il est question dans cette fiche du lien entre l’explosion urbaine qu’a connu l’Amérique latine et la pauvreté. Il s’agit de comprendre en quoi cette explosion urbaine a contribué aux inégalités et à la paupérisation de nombreux individus.

C’est pourquoi dans un premier temps, nous aborderons la dynamique de l’explosion urbaine, c’est-à-dire ses causes multiples et les problèmes urbains qu’elle a favorisé comme les occupations foncières irrégulières , les activités économiques informelles , la hausse de la ségrégation sociale… Dans un dernier temps, nous évoquerons les solutions locales, nationales et internationales apportées à ces problèmes.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, un bref rappel historique semble nécessaire pour comprendre l’organisation territoriale de l’Amérique latine qui reste marquée par l’héritage colonial espagnol et portugais. Cette organisation territoriale est marquée par les ports qui étaient auparavant un lien indispensable avec la métropole.

En Amérique précolombienne, Technochtitlan, la capitale des Aztèques faisait l’objet d’admiration de Cortès qui finit par détruire la ville pour en fonder une autre nommée Mexico. Que ce soit au Mexique ou au Pérou, les colonisateurs ont détruit les capitales pour construire de nouvelles villes. Des règles très précises d’urbanisme décidées à Madrid dès le XVIe (codifié dans les lois des Indes de 1573), qui imposaient le plan en damier et spécifiaient que la construction de la ville devait commencer par une place la « Plaza Mayor », les colonisateurs élisaient domicile à proximité de la place. Cette place était le symbole du nouveau pouvoir mais aussi un espace de manifestations officielles (défilés militaires, processions). Autour de cette place sont construits les édifices publics comme la cathédrale, le palais du roi et du gouverneur,…Les colonisés étaient interdits dans ces endroits et relégués dans la périphérie urbaine. On peut donc voir le profil qui se dessine : au centre, le pouvoir, près du centre, ceux qui profitent du pouvoir et plus loin, ceux qui subissent le pouvoir.

Dès le début du XIXe siècle, les Etats sud-américains deviennent progressivement indépendants et conservent ce réseau de villes coloniales et cette organisation.

Ce schéma est encore présent de nos jours : le centre historique comportant les monuments et édifices administratifs, boutiques restaurants et aussi quelques logements taudifiés puis il y a un centre des affaires composé de buildings pour bureaux, banques, grands hôtels, boutiques de luxe. Ensuite aux alentours des quartiers riches se situent les quartiers de classes moyennes et finalement en périphérie se trouvent les quartiers pauvres d’habitat populaire.

I. Dynamique de l’explosion urbaine

La croissance urbaine en Amérique latine atteint son maximum dans la période 90-2000 et connaît un ralentissement en début de XXIè siècle. En 1950, on comptait 6 agglomérations millionnaires en Amérique latine, 15 en 1970 et 54 en 2000.

A. Les causes de l’explosion urbaine

La croissance urbaine résulte de l’exode rural et de la migration en provenance d’autres zones urbaines. L’exode rural massif et soutenu s’explique par le fait que les personnes quittent la campagne car les terres agricoles se détériorent. Le manque voire l’absence « d’institutions de soutien » fournissant des crédits pour les exploitants agricoles donc l’absence de ressources monétaires, la misère, la faim, le poids des contraintes sociales font que les individus sont à la quête de meilleures conditions de vie.

Ce qui pousse également les personnes à l’exode rural est qu’en ville la perspective d’accès à de meilleurs emplois, à l’éducation aux soins de santé et finalement à une élévation de niveau vie sont des rêves réalisables. Pour eux la ville est synonyme de lieu de consommation, de modernisation, de loisirs, de l’argent et de la liberté individuelle. Cet exode est perçu comme une promotion sociale.

La seconde cause de l’explosion démographique en Amérique latine est liée à l’accroissement démographique naturel qui résulte de la présence de nombreux jeunes adultes en âge de procréer mais aussi du fait de meilleures conditions sanitaires et à une mortalité infantile moins importante que dans les campagnes. Ces facteurs ont joué un rôle non négligeable dans l’accroissement démographique naturel.

S’ajoute à ces deux premières causes le reclassement de zones urbaines qui à l’origine appartenaient au milieu rural (reclassement effectué du fait d’une concentration de population et/ou du changement de caractère de la population).

Finalement, la croissance urbaine a été favorisée par les vagues d’industrialisation du XXe siècle. Elle s’explique donc par des facteurs économiques comme les exportations agricoles qui ont favorisé l’essor urbain de la vallée de Rio Negro et de Neuquén en Argentine entre 1900 et 1990, élevant le nombre d’urbain a plus de 80 %.

B. Naissance des métropoles favorisée par la mondialisation

En Amérique latine, la constitution de grandes villes ou de la principale ville se fait au détriment des autres villes du pays. Cela donne naissance à des régions métropolitaines, comme la ville de Mexico par exemple.

On observe que la concentration maximum de fonctions de direction dans la capitale entraîne la centralisation du territoire. C’est ainsi que la capitale s’accroît au dépens des villes provinciales. On parle alors de macrocéphalie urbaine « situation caractérisée par le sur-développement d’une ville, d’un territoire voire d’un pays ou d’une région au détriment des autres."

Ce phénomène de macrocéphalie urbaine est favorisé par l’existence de flux entre la ville et la campagne, plus précisément de la campagne vers la ville. Ce sont des flux d’hommes, de capitaux, d’idées, d’informations, de marchandises… En ce qui concerne les flux d’hommes, on constate que la campagne fournit de la main d’œuvre à la ville. Il en ressort que la ville concentre des richesses qu’elle ne redistribue pas même au-delà de la population urbaine.

On peut schématiser la situation en montrant que le milieu urbain est une métropole hypertrophiée qui empêche l’émergence de capitales régionales. Cette métropole draine les ressources (rente foncière, rente commerciale, impôts). La redistribution par les services publics et l’emploi se fait prioritairement en ville et dans les quartiers aisés. Cela crée un écart de niveau de vie entre les habitants des villes et entre les pauvres des villes qui ont des retombées économiques et les pauvres des campagnes qui n’en n’ont pas.

La métropole est aussi un relais qui lie l’ensemble du pays aux pays développés. Etant donné que l’Amérique latine est largement constituée de métropoles, je pense qu’il est important de définir clairement ce qu’est une métropole, de comprendre ce qu’est la métropolisation ainsi que les distinctions entre mégapole et mégalopole.

La métropole vient du grec « meter » qui signifie mère et de polis qui signifie ville, elle désigne au départ une « ville mère », créatrice d’activités. Puis la métropole signifie une très grande ville qui se compte en millions d’habitants et qui comporte des nœuds de communication, d’informations. C’est un pôle de la finance internationale et de services spécialisés aux entreprises, le rôle du pouvoir y est décisif. Elle est également un pôle de recherche et d’innovation et un lieu de promotion du patrimoine culturel.

En Amérique latine, on observe un phénomène appelé « métropolisation » qui est alimenté par la mondialisation de l’économie. Ce phénomène désigne « un processus d’accroissement du pouvoir de commandement de la grande ville sur une aire de plus en plus large. L’émergence et l’épanouissement de villes internationales ou mondiales, de concentration en matière de main d’œuvre et de l’innovation, aussi porteur de ségrégations intra-métropolitaines et de tensions diverses ».

Pour désigner les villes sud-américaines, on parle aussi de mégapoles (vient du grec méga qui signifie grand et de polis qui signifie ville) dont le seul critère de distinction par rapport aux autres villes est la taille de la population de la ville habitée.

Le dernier mot qui est souvent associé au phénomène d’explosion urbaine et à l’Amérique latine est la mégalopole. Elle se caractérise par une grande agglomération urbaine juxtaposant des villes voisines sur une grande étendue spatiale, ces villes étant de taille démographique élevée, le plus souvent complémentaires sur le plan fonctionnel et ayant rang de métropoles.

Après avoir défini des termes clés, il faut savoir que les métropoles sud américaines sont Sao Paulo et Rio do Janeiro au Brésil, Lima au Pérou, Mexico au Mexique, Buenos Aires en Argentine, Santiago au Chili, Bogotà en Colombie et Caracas au Venezuela.

Il existe des aires de métropolisation dont la première est constituée par Mexico, Monterrey, Torreon, Puebla,…,la deuxième se composant de Caracas, Bogotà, Barranquilla, Cali, Medellin,… L’axe Rio do Janeiro-Sâo Paulo-Buenos Aires-Santiago qui forme un croissant comporte 12 villes millionnaires et cet axe est défini comme étant une aire mégalopolitaine.

La mondialisation de l’économie aliment la dynamique urbaine et la métropolisation.

II. Les problèmes entraînés par l’explosion urbaine non maîtrisée

Cette explosion urbaine pose des problèmes d’ordre social et économique, environnemental et sanitaire car elle est n’est pas maîtrisée.

A. Sur le plan social

Les populations les plus démunies vivent dans des taudis construits sur des terrains libres en ville ou dans les zones périphériques constituant ainsi des bidonvilles peuplés de maisons « durcies », de taudis construits avec des tôles

L’habitat populaire se situe majoritairement dans les bidonvilles et les plus démunis dorment sur des trottoirs. Les parties dégradées des quartiers anciens faisant partie de « la vieille ville coloniale » logent aussi les plus démunis. Par exemple à Sâo Paulo, le centre historique ancien, partiellement protégé au nom du patrimoine, a connu son essor au XIXe et au début du XXe siècle grâce nouveaux riches issus du boom du café qui ont construit de grandes villas qu’ils ont par la suite abandonné pour s’installer dans des cités-jardins plus modernes. Ces villas désormais dégradées et fragmentées en des appartements d’une pièce hébergent illégalement des familles qui s’y entassent . En 1997, on estimait que ces taudis de Sâo Paulo abritaient environ deux millions d’habitants.

Certaines personnes bâtissent eux-mêmes leur logement. Ces logements manquent bien sûr d’infrastructures indispensables ou sont construits sur des terrains inappropriés comme les plaines inondables, les flancs de colline très pentues.

Le problème de l’habitat urbain est que la quantité et le type de logements construits ne correspondent pas aux attentes des populations les plus démunis. Les prix des logements légaux sont exorbitants pour les familles à faible revenus ce qui entraîne leur exclusion et donc une dualisation de la ville entre quartiers résidentiels et bidonvilles.

Ces habitants des quartiers populaires ne sont pas intégrés à la vie économique de la ville et sont victimes d’une exclusion socio-spatiale.

D’autres problèmes rencontrés par ces personnes sont liés aux transports en commun, le plus souvent coûteux, bondés à l’extrême et les routes sont embouteillées. Certains quartiers ne sont même pas désservis. Cela rend donc difficile l’accès aux emplois qui sont au centre de la ville.

Certes la scolarisation est gratuite mais elle entraîne des frais supplémentaires incluant l’achat des uniformes des livres et le paiement du transport…

Plusieurs catégories de groupes sociaux sont touchées par la pauvreté urbaine, mais les plus touchées sont les mères célibataires qui assurent à elles seules le revenu des ménages. Les enfants sont aussi très touchés, surtout ceux dont les familles ont un faible revenu. Ils ont un accès limité au travail, et leur famille se désintègre, tout cela favorise la hausse du nombre des « enfants des rues ». Les plus vulnérables étant les filles. Les enfants des rues sont contraints de se débrouiller seuls et tombent dans la criminalité, la prostitution. Ils sont utilisés par les cartels de la drogue et font face aux violences policières. Cela entraîne un climat d’insécurité.

Le troisième groupe vulnérable est celui des jeunes sans emploi qui se retrouvent en concurrence avec des adultes chômeurs dans le secteur formel.

B. Sur le plan économique

Dans cette explosion urbaine, la question foncière est centrale et nous verrons qu’il y a différentes formes d’acquisition de la terre.

Les deux premières formes d’appropriation du sol urbain sont dans un premier temps, les terrains acquis par la bourgeoisie qui servent à la construction légale d’habitats conformes aux règles de l’urbanisme.

La seconde forme d’appropriation de la terre se fait lorsque les acquéreurs se contentent d’établir des rues, des petites parcelles vendues à bas prix le plus souvent de façon informelle. Ce genre de pratique est illégale mais tolérée par les puissances publiques. Ces zones sont destinées à loger des familles modestes.

S’ajoute à ces différentes formes d’appropriation de la terre (légale ou illégale) qui favorisent la croissance urbaine, « l’invasion » des populations qui viennent s’installer sans autorisation. En effet, les migrants s’organisent à la campagne sous la direction d’un des habitants qui a repéré un terrain en ville, par la suite ils arrivent en masse la nuit avec des campements de fortune provisoire pour ensuite bâtir leurs habitations. Il est alors délicat de chasser des centaines de familles, c’est ainsi qu’ils s’y installent et que les pouvoirs publics sont impuissants. Ce sont souvent des personnes qui fuient la misère de la campagne, ou des urbains n’ayant pas d’emplois même dans le secteur informel.

Face à cette situation, l’Argentine , le Brésil, le Chili dans les années 1960 ont opté pour l’option « bulldozer » en rasant toutes les occupations illégales, procédant à des expulsions afin que les espaces libérés puissent faire partie du marché immobilier. Cette époque correspond à celle des régimes dictatoriaux. Mais cette répression est abandonnée dans les années 80 car elle provoque des tensions sociales. Par exemple au Chili, cette politique pris fin en 1983 face à une résistance de milliers de familles qui ont envahi deux grands domaines agricoles de la ville de Santiago. Derrière ce changement d’attitude se cache une raison dominante de nature économique. Effectivement même si cette occupation illégale des terres viole le droit de propriété, les populations qui y résident sont une main d’œuvre à très bas salaires qui sont logés à proximité de leur lieu de travail.

L’Etat s’est désengagé face à cette population en fermant les yeux sur la question des logements illégaux du fait d’un manque de moyens financiers.

La pauvreté urbaine se caractérise certes par le chômage car l’afflux massif de main d’œuvre dans les grandes villes ne correspondent pas forcément aux besoins de l’économie. Mais surtout par des emplois très mal rémunérés et instables. Du fait de la conjoncture économique peu favorable dans les années 90 (la dette), le nombre de personnes travaillant dans l’économie officielle et qui passe dans le secteur informel a fortement progressé. Dans ce secteur, les emplois ne sont pas garantis, les rémunérations sont très faibles. Les pauvres exercent des emplois divers tels que : vendeur à la sauvette, petits commerçants, chauffeurs de taxi, de minibus, service aux personnes (cireurs de chaussures), gardiens de nuit, services de nettoyage , s’ajoutent à ces travaux, la mendicité et les travailleurs du sexe.

Tous ces emplois variés ont néanmoins des points communs : pas de couvertures sociales, de très faibles rémunérations, de longues heures de travail, des conditions de travail dangereuses.

C. Sur le plan environnemental et sanitaire

L’environnement se dégrade en raison de la déforestation massive qui a lieu pour la consommation des bois de feu et de charbons de bois pour les foyers domestiques. La dégradation de l’environnement est aussi accentuée par l’envahissement des déchets en plastique, les émissions toxiques des minibus, de véhicules automobiles non contrôlés qui contribuent à la hausse de la pollution de l’air.

Cette pollution s’accompagne du problème des eaux usées mal évacuées et rejetées librement dans de nombreux quartiers urbains.

L’insuffisance de l’assainissement des eaux usés ainsi que le problème des ordures non ramassées entraînent des troubles sanitaires.

On estime que l’état de santé des personnes vivant dans les zones urbaines est en moyenne meilleur à celui des habitants de la campagne. Mais il est vrai que les pauvres des zones urbaines sont plus à risque que les classes moyennes.

Les mauvaises conditions sanitaires dans les bidonvilles entraînent la hausse de la mortalité infantile, plus élevée chez les enfants dont les familles sont récemment installées dans ces zones urbaines. Les maladies dont ils sont victimes sont directement liées au niveau de pauvreté, à l’hygiène, à l’approvisionnement en eau propre et à l’assainissement. Il existe un manque cruel d’accès aux services essentiels que sont : l’eau courante, des toilettes ayant une chasse d’eau, l’électricité par exemple.

Souvent ces services essentiels ne parviennent pas aux citadins les plus démunis pour des raisons politiques et administratives. Plusieurs mairies ne reconnaissent pas l’existence de nombreuses habitations officieuses donc aucun services proposés par la mairie y sont instaurés. Une autre raison de l’absence des services municipaux de premières nécessitées est le fait que les familles s’installent sur des terrains raboteux, instables non propices à l’implantation des les infrastructures telles des routes, des canalisations d’eau des égouts. Pour ces services puissent exister, les municipalités sont dans l’obligation de raser ou de déplacer de nombreux logements.

III. Les réponses apportées à la pauvreté urbaine

A. Au niveau local

Dès les années 80, naissent de nouveaux modes de gestion où les municipalités ont une légitimité accrue du fait de leur travail en concertation avec des associations d’habitants. Cette ascension se poursuit dans les années 90. Par exemple à Porto-Alegre, au Brésil, en 1989 lorsque le parti des travailleurs remporte les élections municipales, il organise avec les associations d’habitants un système de décisions communes concernant l’allocation des investissements municipaux dans la ville. Dans chaque quartier de la ville de Porto-Alegre, sont réunis des délégués qui à leur tour vont désigner les membres d’un « conseil de budget participatif ».

L’Etat a même fait l’objet d’une décentralisation en faveur des pouvoirs locaux. Or ces pouvoirs locaux n’ont pas toujours été la représentation parfaite de la société civile car dans les régimes autoritaires d’Amérique latine, les maires et les conseillers municipaux étaient nommés par le gouvernement.

On observe alors l’émergence de nouveaux acteurs sociaux tels que les associations d’habitants. De nombreuses associations sont très localisées et elles n’ont malheureusement pas de stratégies clairement définies et disparaissent aussitôt qu’un accord minimal est obtenu. Elles négocient avec les pouvoirs publics et les bailleurs de fonds et parfois par le biais de manifestations violentes. Par exemple au Brésil, dans les années 80, apparaissent des associations de « favelados », habitants des favelas, qui utilisent la force pour agir contre les politiques d’expulsion en faveur des programmes d’amélioration de leurs quartiers.

Les ONG sont des éléments moteurs des partenariats et médiateurs indispensables entre le pouvoir et les habitants. Elles contribuent aussi à la mobilisation de la population, à la formalisation des revendications, elles aident également au montage et à la réalisation des projets pour la ville.

Mais l’une des difficultés réside dans la participation effective des populations. Le fait que les habitants participent à la gestion urbaine ne doit pas se transformer en leur utilisation entant que main d’œuvre gratuite des services urbains. Je pense que pour éviter cela, ils doivent être conscients du rôle qu’ils jouent, ce qui nécessite un niveau de réflexion qui est freiné par l’analphabétisme de la plupart des populations démunies.

B. Au niveau international

Le programme des Nations Unies pour l’environnement, pour le développement et l’ONU habitat en collaboration avec des associations sous-régionales telles que Calga, Merco ou Ciudades tentent de trouver des solutions adéquates à la gestion urbaine en multipliant des réunions, des conférences pour le développement et pour lutter contre la pauvreté. Par ailleurs cette lutte s’inscrit dans la lignée des Objectifs du Millénaire pour le Développement lancée par l’ONU en 2000. Malheureusement ses objectifs restent des recommandations de mesures à exercer à l’échelle nationale et ne sont pas juridiquement contraignants.

Un système de jumelage est aussi instauré entre des villes sud américaines et nord américaines ou européennes afin de procéder à la collecte de déchets, de soutenir des organisations pour les femmes,…

Finalement la question de la gestion urbaine et de l’éradication de la pauvreté sont des problématiques traitées également au niveau international car ce sont des problèmes qui ne concernent pas uniquement l’Amérique latine mais l’Afrique, l’Asie mais également beaucoup de pays développés comme les Etats- Unis.

Conclusion

L’explosion urbaine qu’a connu l’Amérique latine résulte de causes diverses comme l’exode rural, la métropolisation… Cette explosion urbaine a eu des conséquences très importantes sur l’emploi, le logement, la circulation, l’environnement et sur le plan sanitaire. Face à ce phénomène, des solutions sont cherchées que ce soit à la plus basse échelle, au niveau local ou au plan international.

On comprend que la gestion urbaine est l’un des défis majeurs de l’Amérique latine au XXIe siècle. Plusieurs solutions sont apportées mettant en cause différents acteurs ce qui nous pousse à nous interroger sur la responsabilité de chacun et leur légitimité. On peut craindre que les associations en s’imposant comme un acteur incontournable risquent d’être manipulées. C’est la raison pour laquelle je pense que ces associations et surtout les leaders désignés doivent être apolitique afin de défendre les intérêts des plus démunis.

Il existe certainement d’autres solutions comme l’accroissement des ressources nationales consacrées à l’habitat ; la diminution de l’exode rural par l’aménagement du territoire (campagne,…) ; la

réhabilitation des bidonvilles physiquement et la stimulation de la vie sociale.

Notas

  • Auteur de la fiche : Mariame CAMARA.