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Mexique – Etats-Unis : une relation ambivalente

Avantages et risques d’une telle proximité.

Keywords: El derecho de las minorías | La responsabilidad de las autoridades políticas con respecto a la paz | Colaboraciones económicas para la paz | Puede el libre cambio ayudar a la paz ? | México | Estados Unidos

Introduction

L’histoire d’un Etat est toujours en même temps une partie de l’Histoire des Etats voisins. Rien n’est plus vrai dans le cas des Etats-Unis et du Mexique dont le parcours reste à tout jamais indissociable. Curieuse relation, à la fois symbiotique et antagoniste, entre ces deux voisins que tout oppose et qui atteignent pourtant un degré d’interpénétration rarement égalé.

  • L’un, puissant, riche, se targuant d’une longue tradition démocratique, majoritairement protestant et anglo-saxon, dominant le monde depuis près d’un siècle.

L’autre, aux prises avec la pauvreté et la corruption au sein d’une société métissée et catholique.

Aujourd’hui, les Etats-Unis dominent le monde alors que le Mexique, pays « émergent » dont la moitié de la population éprouvent d’immenses difficultés à sortir d’une très grande pauvreté, ne parvient guère à se hisser définitivement hors du Tiers monde. A la foi leader de celui-ci et niant en faire partie, le Mexique vit donc coupé en deux, à la fois proche des Etats-Unis et dans le Tiers monde.

Dès lors, comment le Mexique se situe-t-il à l’échelle internationale ? Est-il une sorte de « cheval de Troie » des Etats-Unis en Amérique Latine ou son indépendance vis-à-vis de son imposant voisin est-elle restée intacte ?

Pour comprendre les ressorts de cette relation à maints égards unique au monde, nous pouvons nous intéresser dans une première partie aux liens économiques existants entre les deux pays notamment en procédant à l’étude de l’ALENA et de son bilan après plus de dix ans d’existence (I). La seconde partie du dossier sera consacrée à l’incontrôlable immigration « al norte », favorisée par l’importance de la zone frontalière et par les difficiles conditions de vie qui perdurent au Mexique (II). Par ailleurs, dans cette même partie, un état des lieux de la politique extérieure du pays sera dressé, afin de mieux comprendre où il se situe au plan international.

I. De l’interdépendance à l’intégration économique

1. L’ALENA : chance pour le Mexique, fardeau pour les Mexicains

Entré en vigueur le 1er janvier 1994, l’Accord de Libre-Echange Nord Américain (ALENA) a fortement contribué à rapprocher le Mexique de son voisin du Nord. Malgré le succès diplomatique qu’a représenté la signature de ce traité par le gouvernement mexicain, l’ALENA n’avait pas que des partisans. Aux Etats-Unis en effet, les syndicats se sont inquiétés des répercussions sur le marché de l’emploi de la délocalisation vers le Mexique de nombreuses entreprises attirées par une main d’œuvre bon marché. Les transporteurs routiers, qui forment un lobby influent à Washington, redoutaient de voir les chauffeurs mexicains franchir la frontière alors qu’ils devaient auparavant abandonner leur cargaison à un camionneur nord-américain. Les écologistes, eux, avaient peur de voir débarquer sur le sol mexicain des industries polluantes attirées par une législation laxiste. Par ailleurs, les adversaires du traité affirmaient que le Mexique serait inondé de produits américains et que de nombreuses entreprises locales n’allaient jamais pouvoir supporter une telle concurrence. Ils faisaient remarquer que, de manière générale, l’économie mexicaine n’était pas assez forte pour résister à la pression de ses nouveaux partenaires.

Pourtant, sur le plan macro-économique, l’entrée en vigueur de l’ALENA a entraîné des résultats positifs pour le Mexique, même si les entreprises les moins compétitives ont été balayées par la concurrence des produits importés :

  • Augmentation de l’investissement direct à l’étranger, passé de 3 milliards avant l’ALENA à plus de 16 milliards actuellement ;

  • Création de nombreux emplois au cours de cette même période ;

  • Passage du Mexique au 8ème rang des exportateurs mondiaux : cette période a vu tripler le volume des exportations ;

  • Croissance macro-économique : la moyenne annuelle du taux de croissance du PIB par personne est, ces dernières années, d’environ 1,7 % ;

  • Réduction du prix réel des céréales de base : entre 1993 et 1995, le prix du maïs a chuté de 45 %.

Entre 2001 et 2003, le Mexique connu une croissance économique médiocre : -0,3 % en 2001, +0,9 % en 2002 et +1.4 % en 2003. En effet, la Chine est devenue un concurrent important du Mexique, le salaire dans les ateliers chinois étant en moyenne 4 fois moins élevé qu’au Mexique. Le Mexique doit donc adapter son modèle économique à cette nouvelle situation internationale, notamment à travers des réformes structurelles qui malheureusement se font très lentement.

Depuis 2004, la croissance économique s’est fortement accélérée : +4.3 % en 2004 et +3.8 % en 2005. De nombreuses entreprises sont revenues au Mexique après être parties en Asie. Néanmoins, pour que cette reprise puisse être pérenne et que le Mexique puisse remplir les objectifs du millénaire dans la lutte contre la pauvreté qui touche encore 40 % de la population, d’importantes réformes structurelles doivent être entreprises.

2. Un développement économique qui ne profite pas à tous

Ces résultats macro-économiques spectaculaires masquent malheureusement des conséquences moins favorables et parfois brutales.

a. Les échanges commerciaux

Les exportations émanent de moins en moins d’entreprises mexicaines et le commerce extérieur signifie, pour le Mexique, des sorties de devises. Les propriétaires des grandes entreprises exportatrices sont, en effet, de plus en plus souvent étrangers : alors que l’industrie manufacturière (hors sous-traitance) comportait une composante nationale de 91% en 1983, elle ne représentait plus que 37% en 1996. Parmi les marchandises exportées, le pourcentage de composants importés est toujours plus fort. Aujourd’hui, la quasi-totalité des matières premières est importée. Dès lors, depuis la création de l’ALENA et malgré l’énorme accroissement des exportations, le déficit commercial accumulé représente plus de 40 milliards de dollars.

L’ALENA oblige à réduire les tarifs douaniers alors que les Etats-Unis imposent en même temps des mesures protectionnistes, de façon unilatérale : niveau de qualité, de fabrication, de spécifications phytosanitaires, etc. Quelquefois justifiées, ces mesures font obstacle au libre flux du commerce venant du Mexique, afin de défendre les intérêts des firmes nord-américaines.

b. Les investissements

Pour ce qui est des investissements américains directs, le Mexique a vu ces derniers tripler en sept ans. Ils représentent aujourd’hui près des trois quarts des investissements directs (72,9 %) suivi très loin derrière par la Hollande (5 %) et l’Allemagne (4,9 %) et concentrés dans deux secteurs : les produits manufacturés et les services financiers. En effet, la localisation de l’investissement étranger est sélective. Ce capital n’a malheureusement pas touché les zones marginalisées comme par exemple les campagnes. Cependant, si les Etats-Unis sont, de loin, le premier investisseur au Mexique, celui-ci n’arrive en 2001 qu’au huitième rang de leurs investissements directs à l’étranger. A l’évidence, l’ALENA renforce l’asymétrie de la relation : c’est le Mexique qui a dû consentir les plus gros efforts d’ouverture, de restructuration et de modernisation. Celles de ses entreprises qui n’ont pas pu s’engager dans cette mutation risquent de ne pas survivre.

c. L’emploi

C’est sans doute dans ce domaine que les gains induits par l’ALENA sont les plus difficilement quantifiables et génèrent la plus grande polémique. Le bilan des emplois créés n’est pas aussi positif qu’il n’y paraît. Le secteur manufacturier – qui, en incluant la sous-traitance, concentre 87 % des exportations du pays et 51 % des investissements étrangers – a le mieux réussi. Sa croissance atteint 37% et ses gains de productivité 52 %. Mais aujourd’hui, il compte 8,5 % d’emplois en moins que dans la période précédant l’ALENA. S’il est vrai qu’il y a eu création d’emplois dans les secteurs de pointe pour l’exportation, en revanche, nombre d’anciens emplois ont disparu, avec les PME qui formaient la chaîne traditionnelle des fournisseurs ou lors des réductions de production. Certains pans de l’agriculture et de l’élevage, ainsi que les entreprises habituées à vivre des subsides de l’Etat, quelle que soit la qualité de leur production, souffrent gravement de la nouvelle donne économique.

3. Des résultats sociaux désastreux

Une tranche de la population mexicaine tire, certes, des bénéfices de l’ALENA, mais la majorité des mexicains en ressent douloureusement les effets.

L’accroissement macro-économique ne s’est pas traduit par un gonflement du porte-monnaie de la majorité des Mexicains. Au contraire, les inégalités ont nettement augmenté et le processus d’appauvrissement et d’exclusion affecte un pourcentage croissant de Mexicains. Cette situation n’a pas engendré d’explosion sociale grâce à l’augmentation du nombre et du montant des envois d’argent des émigrés mexicains à leur famille (les « remesas »), dont beaucoup ont souvent de très faibles ressources. En 2001, le montant de l’argent envoyé était évalué à près de 9 milliards de dollars. En 2005, un record de plus de 20 milliards de dollars est établi. Cette formidable manne est supérieure aux investissements étrangers au Mexique et permet d’améliorer la situation économique de nombreuses familles rurales.

L’ALENA a été un désastre pour la majorité des paysans. En particulier, deux millions et demi de producteurs de mais, occupant 57 % de la superficie agricole, ont vu le marché inondé de maïs d’exportation dont le prix était inférieur à leur propre production, du fait des fortes subventions à l’agriculture aux Etats-Unis et des diminutions des aides fédérales mexicaines.

L’émigration intérieure, des campagnes vers les villes a fortement accru de sorte qu’on estime que 80% des Mexicains vivront en zone urbaine en 2010. Alors que la libre circulation n’est pas incluse dans l’ALENA, l’émigration des Mexicains vers les Etats-Unis n’a pas pu être réduite, malgré le durcissement des obstacles et des barrières physiques à la frontière.

4. Les « maquiladoras » : expression des relations Etats-Unis – Mexique au niveau économique

Le début de l’essor industriel de la zone frontalière se situe au milieu des années 1960, lors de la mise en accord des deux pays pour permettre l’installation sur le territoire mexicain d’une série d’usines exportant leur production vers les Etats-Unis. C’est le début du système des maquiladoras, système ayant plusieurs objectifs dont ceux :

  • De fixer sur place (côté mexicain) les ouvriers mexicains contribuant ainsi à endiguer le nombre d’immigrants allant aux Etats-Unis ;

  • De dynamiser le nord Mexique dont les difficultés sociales et économiques s’étaient accrues à la suite de mesure de restriction d’accès au territoire nord américain en 1965 avec la suppression des accords bilatéraux.

Parallèlement, les entreprises américaines s’implantant sur le sol mexicain pouvaient compter sur une main d’œuvre abondante, bon marché et dont il a été facile de faire taire les revendications sociales.

Tout un système s’est alors mis en place de part et d’autre de la frontière : la création d’usines jumelles (twin-plants). Ce système s’organise à partir de l’établissement côté américain des fonctions de gestion et d’encadrement et du côté mexicain des centres de production et d’assemblage. Les branches couramment dominantes sont celles de l’assemblage de matériels électriques et électroniques, des chaussures et l’habillement, équipements mécaniques et de transport. Dès le milieu des années 70, la fin de l’obligation d’installer les maquiladoras dans la zone frontière du Mexique a permis la diffusion du modèle dans les Etats du Sud, mais sans remettre en cause l’hégémonie des villes frontalières. En effet, en 2003, les Etats du Nord concentrent encore l’essentiel de l’activité : 72,5 % du personnel employé (89 % en 1990) mais surtout 87 % de la valeur de la production. Le reste du territoire mexicain demeure peu touché par le phénomène, notamment dans le Sud, où les conditions politiques, économiques et sociales requises pour l’établissement des usines d’assemblage ne sont pas toujours atteintes. C’est notamment le cas du Chiapas, où l’insurrection néozapatiste n’attire pas la sympathie des investisseurs étrangers.

L’essor du secteur maquiladora va être constant de 1965 à 2001. De 50 entreprises en 1965, l’industrie maquiladora d’exportation est passée à 3 200 en 1999, année charnière avant le déclin de 2000/2001. Principale génératrice de devises étrangères, elle emploie alors 1,2 millions de personnes, ce qui représente 4 emplois sur 10 dans le secteur manufacturier.

À partir de 2001, le Mexique perd le huitième de ses maquiladoras, mais surtout près du tiers de la main d’oeuvre employée. En effet, 40 % des investissements directs étrangers (IDE) auparavant dirigés vers le Mexique ont été déviés vers d’autres pays de l’Amérique Latine, ou vers la Chine. Cette dernière détrônera le Mexique, pour la première fois en 2004, au second rang mondial des exportateurs vers les Etats-Unis et le Canada. (CEDIM, note de recherche, juin 2004).

Il semble que le système des maquiladoras ne soit pas parvenu à régler ni le problème de l’emploi ni celui des inégalités sociales. Et par conséquent, cela n’a pas eu les effets escomptés sur les migrations. Bien loin de fixer les populations du côté mexicain, les accords de libre-échange (ALENA) ont, certes, permis de développer les échanges, mais n’ont en rien enrayé l’attrait que représente l’économie américaine pour des centaines de milliers de mexicains. L’effet d’opportunité pour quelques entreprises américaines n’a en rien permis le développement de secteurs nouveaux au Mexique et surtout a maintenu ce dernier dans une dépendance vis-à-vis de ses exportations vers les Etats-Unis. Aujourd’hui, de nouveaux espaces comme la Chine représentent un attrait plus important. Le système des maquiladoras et la main d’oeuvre qu’elles concentrent se retrouvent confronté à de nouvelles difficultés que certains tentent de contourner en tentant de migrer vers les Etats-Unis.

Les effets de l’ALENA dépassent largement le cadre économique. Pour la première fois, la relation avec « l’ennemi historique » est redéfinie, institutionnalisée, et repose sur un appareil de consultation et de règles claires. L’accord a dynamisé certains des acteurs de la communauté mexicaine, les poussant à donner le meilleur d’eux-mêmes pour se montrer à la hauteur face au géant américain. Tous… sauf les laissés-pour-compte, les quelques cinquante millions de mexicains qui, selon les chiffres officiels, vivent dans la pauvreté ; tous sauf les 24 millions classés comme extrêmement pauvres et qui sont loin de manger à leur faim ; tous sauf les communautés indigènes, qui ont notamment souffert de l’incapacité de leur agriculture à faire face aux produits américains inondant le marché mexicain. Dans ces conditions, on comprend mieux les raisons pour lesquelles des milliers de mexicains souhaitent tenter leur chance en Amérique, qui représente (à tort ?) un véritable eldorado pour ces populations.

II. L’immigration vers « el otro lado » et la politique extérieure du Mexique

Un très ancien contentieux existe entre les Etats-Unis et le Mexique concernant le statut des travailleurs migrants mexicains aux USA : les autorités nord-américaines n’accordent le visa d’entrée qu’à un très petit nombre de ces travailleurs, les autres, la majorité – des centaines de milliers chaque année – étant alors considérés comme des clandestins, donc susceptibles de toutes sortes de poursuites et de répression. Mais les travailleurs mexicains « officiels » ne sont pas pour autant reconnus ni traités comme des hommes à part entière.

Mexico considère que les mauvaises conditions de travail et de vie, les mauvais traitements flagrants et les brutalités policières auxquels sont soumis ses ressortissants « clandestins », et parfois aussi les autres, sont autant d’atteintes et de violations des droits de l’Homme. Mais les USA, s’ils ont besoin de main d’œuvre étrangère, ne veulent pas se laisser « envahir » par les gens du sud et prennent des mesures restrictives et exclusives.

L’ALENA aurait dû liquider ce contentieux. Mais le problème a été mis entre parenthèses : cet accord n’est pas, on l’a vu, un espace de libre circulation des hommes et des travailleurs. Le Mexique n’a pas pu obtenir un véritable règlement permanent de cette question impliquant un traitement humain, juste et pacifique de ces milliers de travailleurs obligés de s’expatrier pour gagner leur vie et celle de leur famille.

1. Une longue histoire d’expulsions et de racisme

Les Etats-Unis ont toujours fait appel à la main d’œuvre étrangère pour mettre en valeur leur vaste territoire et pour faire tourner leur machine économique. Pendant tout le 19ème siècle, l’immigration européenne et asiatique avait largement satisfait la demande nord-américaine de main d’œuvre bon marché pour l’industrie, l’agriculture, les mines et la construction des grandes lignes intercontinentales de chemin de fer. L’afflux de travailleurs chinois appelés pour ces chantiers finit par déclancher une violente réaction raciste et une loi mit un terme à cette immigration.

Mais il fallait toujours de la main d’œuvre étrangère : vers 1880, les Mexicains prirent la place des Asiatiques. Et le Mexique resta le seul fournisseur de main d’œuvre bon marché lorsque la première guerre mondiale eut tari les courants migratoires européens. C’est même sur la main d’œuvre mexicaine que reposa en grande partie l’effort de guerre des Etats-Unis : d’abord lorsque l’industrie lourde livra aux Alliés de grandes quantités de matériel de guerre, ensuite lorsque, les USA étant entrés en guerre en 1917, il fallut remplacer à leur poste de travail les soldats envoyés sur le front européen.

Ainsi, le ministère de l’agriculture nord-américain demandait constamment des bras, en termes presque désespérés : « Nous avons besoin de toute la main d’œuvre que nous pouvons obtenir et nous en avons besoin de façon urgente, non seulement aujourd’hui, mais aussi dans les prochaines années », disait-il en 1918.

Des centaines de milliers de Mexicains en quête d’un eldorado et d’une vie qu’ils espèraient meilleure, paysans pauvres et sans terre dans leur immense majorité, traversèrent alors la frontière pour travailler au Texas, en Californie, au Colorado et dans l’Arizona. Le premier « programme de travailleurs temporaires » fut signé par Washington et Mexico pour une durée de cinq ans : 1917-1922. Parce que ces migrants étaient pauvres et, la plupart du temps, analphabètes et ignorants, ils furent rapidement l’objet de toutes sortes de vexations, dénis de droits et soumis à de dures conditions de travail. Il y eut même nombre de ces travailleurs qui, faute de papiers prouvant leur nationalité, furent enrôlés de force dans l’armée nord-américaine et envoyés sur les champs de bataille européens. Un vent de panique souffla alors sur ces hommes qui se mirent à repasser la frontière (au rythme d’un millier par jour, parfois) tandis que les récoltes pourrissaient sur place. Les farmers nord-américains firent pression sur le gouvernement fédéral et l’enrôlement forcé des travailleurs mexicains prit fin.

De son côté, pour protéger ses ressortissants, le gouvernement mexicain tenta d’imposer des contrats de travail, dûment signés par les employeurs nord-américains en présence de délégués mexicains et garantissant salaires, bonnes conditions de travail et logement décent. L’Etat mexicain de Sonora exigea même des fermiers de l’Arizona un dépôt de 1 000 dollars pour assurer et garantir le retour des travailleurs.

Cependant, les employeurs nord-américains tournèrent aussitôt cette tentative et mirent sur pied leurs propres réseaux – clandestins – de recrutement de main d’œuvre et les travailleurs mexicains prirent l’habitude de franchir sans papier la frontière. Les premiers « indocumentados » étaient nés. Plus tard, on les appellera « wet backs » ou « espaldas mojadas », c’est-à-dire « dos mouillés » car, sur une partie de la frontière, ils traverseront à la nage le Rio Bravo (le Rio Grande del Norte) pour entrer aux USA. Mais ce passage clandestin n’était pas sans risques : de cette époque datent les premiers « détrousseurs » de travailleurs, qui ne reculaient devant rien, pas même l’assassinat.

L’afflux de main d’œuvre mexicaine divisa la société nord-américaine. Les hommes d’affaires du Sud Ouest des Etats-Unis estimaient nécessaire au développement cette main d’œuvre abondante et bon marché, le ministère de l’agriculture la jugeait même indispensable pour transformer en champs irrigués les terres arides du Sud. Dans le même temps, les courants et organisations racistes dénonçaient haut et fort l’arrivée massive des représentants d’une « race inférieure » comme une menace pour les traditions culturelles et pour les caractéristiques génétiques de la société. Ils ajoutaient, argument tout aussi sensible, que les travailleurs étrangers enlevaient le pain de la bouche des travailleurs nationaux.

Ces arguments furent entendus au Congrès et des mesures furent prises pour limiter l’entrée des mexicains. La « patrouille des frontières » - qui deviendra la célèbre « Migra » - fut créée en 1924. En août 1928, les consuls nord-américains au Mexique reçurent l’ordre de ne distribuer qu’au compte-gouttes les visas d’émigrations et les candidats devaient désormais payer un impôt et savoir lire et écrire. D’autre part, le Congrès, en 1929, ayant qualifié de délit le fait de traverser la frontière sans papier, la police entreprit des expulsions massives de travailleurs mexicains, peut être un demi million. C’était, en autre, l’époque de la guerre des « Cristeros » et des milliers de catholiques mexicains s’étaient réfugiés aux USA.

La Seconde Guerre mondiale, tout comme la première, provoqua de la part des Etats-Unis, une importante demande main d’œuvre, aussi bien pour l’agriculture que pour l’industrie. Washington, pratiquant alors la politique du « bon voisin », signa un nouveau programme, celui des « ouvriers agricoles », et arrivèrent aussitôt des dizaine de milliers de mexicains. Tant et si bien que les quotas accordés furent rapidement dépassés et que les autorités nord-américaines procédèrent une fois encore à des expulsions massives. Ainsi, en 1954, pour 309 033 travailleurs mexicains légaux, il y aura 1 075 168 travailleurs clandestins expulsés. Mais on admettait, à l’époque, que le « Migra » n’arrêtait et n’expulsait qu’un clandestin sur trois ou quatre ; des millions de clandestins passèrent donc à travers les mailles de la police nord-américaine.

En 1964, le « programme des ouvriers agricoles » fut supprimé. Les mexicains s’organisaient, en liaison avec les travailleurs « chicanos » : ils en avaient assez d’être les victimes des caprices des fermiers nord-américains. En effet, on les transférait périodiquement d’un ranch à l’autre, on les logeait dans des baraques isolées pour les séparer des populations environnantes, on ne les embauchait que pour un an maximum et ils pouvaient être renvoyés à tout moment. Dès 1960, des grèves avaient éclaté pour appuyer des demandes d’amélioration des conditions de travail. Les travailleurs mexicains furent donc liquidés et on les remplaça par une main d’œuvre beaucoup plus docile et moins exigeante, des sud-coréens en Californie, ainsi que des cubains résidant en Floride. Mais l’économie nord-américaine avait besoin de plus de bras que ceux fournis par ces deux communautés Les clandestins mexicains continuèrent donc à traverser la frontière, recrutés, emmenés, guidés et conduits chez les employeurs par ces intermédiaires douteux souvent appelés « coyotes », travaillant pour les « gringos » et se transformant à l’occasion en détrousseurs et assassins. Et au delà de la frontière se poursuivait toujours l’exploitation éhontée des « clandestins » dont les cohortes s’allongèrent à partir des années 70 sous l’arrivée massive des réfugiés fuyant les convulsions des pays d’Amérique centrale.

2. Sur 3 000 km de frontière, la chasse ouverte aux « clandestins »

Au cours des dernières années, les USA sont repartis ouvertement en guerre contre les clandestins et plus particulièrement contre les clandestins mexicains. En effet, des faits brutaux le montrent clairement.

Tout le long de la frontière, des centaines de morts et de disparus chaque mois s’additionnent dans une sorte de comptabilité macabre. De nombreux trafics plus ou moins mafieux utilisent la détresse de ces hommes et femmes qui tentent de passer la frontière : trafic de drogue, prostitution, réseaux de passeurs… Tout cela contribue à créer les conditions d’une mortalité importante, mais aussi à représenter des gains financiers pour quelques personnes et groupes. Les arrestations qui se produisent en masse ne sont qu’une mince part de la réalité des faits qui se déroulent le long de cette frontière. Les centres de détention comme celui de Nogales au nord ouest du Mexique donnent une idée de la situation d’extrême dénouement dans laquelle se trouvent les clandestins arrêtés et en attente de leur expulsion. Ces centres qui s’égrainent le long de la frontière donnent une vue d’ensemble sur un phénomène auquel le gouvernement américain entend s’attaquer en construisant maintenant un mur de béton qui se veut infranchissable.

On a avancé des arguments politiques, sociaux et nationalistes pour justifier le refoulement du travailleur mexicain. En 1978, à une époque encore de « guerre froide », l’ancien directeur de la CIA déclarait que l’immigration venant du Mexique présentait pour l’avenir une menace bien plus grande que l’Union Soviétique. Quant à Alan Simpson, président de la sous-commission de l’immigration du Sénat, il affirmait un peu plus tard, en 1981, que les travailleurs mexicains pouvaient mettre en danger l’intégrité culturelle des Etats-Unis et aussi leur intégrité territoriale en créant, surtout dans les Etats du Sud, une situation semblable à celle du Québec francophone dans l’ensemble canadien.

Le courant xénophobe et raciste qui sous-tend ces chuchotements et déclarations se traduit, en 1994, par l’initiative de la loi 187, proposée par Pete Wilson, gouverneur républicain de Californie, qui refuserait la gratuité des services de santé et d’éducation aux immigrants clandestins et à leurs enfants. Le projet fut adopté à une large majorité, mais la loi fut déclarée anti-constitutionnelle.

De son côté, l’administration du président Bill Clinton, craignant une avalanche de clandestins après la grave économique mexicaine de la fin 1994, renforça le système de contrôle le long de la frontière terrestre : augmentation du personnel policier avec l’aide de l’armée, barrages électrifiés, projecteurs, radars, matériel électrique de distinction, etc. Par ailleurs, de véritables murs ont été construits, par exemple celui de Tijuana à San Ysidro, qui s’avance d’un kilomètre en mer. Devant ce renforcement des contrôles, les mexicains se demandent s’ils ne sont pas la principale cible des Etats-Unis. En effet, disent-ils, on sait que plus de la moitié des immigrants clandestins arrivent aux USA comme touristes par la voie aérienne, alors que la presque totalité des moyens de contrôle et de répression est concentré sur la frontière mexicano-étasunienne…

Le renforcement des contrôles n’a pas découragé les candidat au passage de la frontière : on estime qu’en 1995, ils étaient plus d’un million. Une source importante de bénéfices pour les intermédiaires qui se proposent de les faire traverser et de leur trouver du travail de l’autre côté, et qui font payer cher leurs services, sans réelle garantie de succès : au moins 350 dollars par tête en 1995. Il convient de préciser que ces passeurs doivent fréquemment payer les policiers (au moins les mexicains) pour qu’une partie du chemin soit sans embûches.

Si la lutte contre les travailleurs clandestins venus du Sud est imposée par les secteurs conservateurs de la société « blanche », il faut ajouter que cette lutte fait partie d’une autre contexte, d’un autre projet : fournir de la main d’œuvre bon marché à l’économie nord-américaine ; d’où une large mise en scène destinée à effrayer (et même à terroriser) le clandestin pour le convaincre qu’il est l’intrus, l’indésirable, le coupable, et l’amener ainsi à accepter les mauvaises conditions de vie et de travail et un salaire de misère. Les rondes motorisées de police, surveillance aérienne des points et des pistes de passage, poursuites, matraquages et expulsions n’ont pas d’autre but.

En fait, les Etats-Unis sont pris en tenaille entre deux réalités contradictoires : le besoin de main d’œuvre à bon prix et la volonté de la société « blanche » de maintenir son unité biologique et ses privilèges en se protégeant contre l’invasion des gens du Sud, de peau bronzée, de langue et de culture différentes – volonté que proclament en passant parfois à l’action violente des organisations racistes auxquelles le fameuse KKK (Ku-Klux-Klan) sert de modèle.

3. Le mur de la honte

Début octobre 2006, les Etats-Unis qui partagent 3 500 Km de frontière avec le Mexique ont décidé de construire un double mur de 1 125 Km de long entre la Californie et le Texas. Ce mur, constitué de barres d’acier espacées de 20 cm, comme dans les prisons, sera doté d’une troisième barrière virtuelle équipée de caméras, de senseurs terrestres et des dernières technologies en matière de surveillance. Par ailleurs, 1 500 gardes supplémentaires viendront renforcer la Patrouille des frontières.

Dans la population mexicaine, ce mur, tout comme celui de Berlin ou de Cisjordanie, est ressenti comme celui de la honte. Le sentiment anti-américain toujours latent au Mexique se raffermit. Le Mexique est le 2ème partenaire commercial des Etats-Unis. Il est membre, on l’a vu, de l’ALENA, l’accord de libre échange nord-américain. Il garantit aux Etats-Unis son approvisionnement en pétrole et en ressources minières. En retour, il ne récolte que le mépris de son puissant voisin qui pourtant ne pourrait avoir une économie compétitive sans ces matières premières et la main-d’œuvre bon marché que lui fournit le Mexique.

Pour le Ministre mexicain des Relations extérieures, Luis Ernesto Derbez, c’est « une décision qui va sérieusement détériorer les relations diplomatiques entre les deux pays : une mesure qui ne va pas garantir une meilleure sécurité ni résoudre le problème migratoire. Cette mauvaise décision prise par Washington nous préoccupe car elle va à l’encontre de l’esprit de coopération qui doit prévaloir pour garantir la sécurité de la frontière commune. »

Ce mur va rendre encore plus difficile le passage des sans papiers qui passent chaque année la frontière sans pour autant régler le problème. Aucun mur n’arrête la faim. Les « coyotes » (les passeurs) vont doubler ou tripler les prix, ce qui va obliger les saisonniers à rester aux Etats-Unis ou lieu de faire des allers-retours comme c’est la tradition depuis plus de 100 ans. Cette main d’œuvre illégale est bien plus avantageuse pour les Etats-Unis qui refusent donc de légaliser ces migrants. Néanmoins, c’est avec une certaine satisfaction que les Mexicains constatent que cette schizophrénie migratoire qui a atteint les Etats-Unis commence à avoir des effets catastrophiques. Avec le contrôle accru des frontières (300 km de mur existent déjà en Californie), les fermiers se plaignent du manque de travailleurs pour ramasser les fruits, ce qui se traduit par des pertes en millions de dollars.

« Qui aux Etats-Unis serait disposé à travailler pour 5 dollars de l’heure pour faire un mur inutile dans un désert? » Réponse : les Mexicains. Washington sait pertinemment que pour construire ce mur, les entreprises feront appel, comme après le passage de l’ouragan Katrina sur la Louisiane, à la main-d’œuvre bon marché mexicaine. Pour les 11 millions d’illégaux, ce mur est une chimère supplémentaire des américains qui, au nom de la sécurité nationale, estiment que les sans papiers sont les responsables de tous les maux des Etats-Unis.

4. La revanche des hommes du Sud

Quoi qu’il en soit, les « étrangers » sont depuis longtemps sur le sol des Etats-Unis. Il y a d’abord les Afro-américains, descendant des esclaves noirs : une « minorité » de quelque 33 millions de personnes, soit environ 13 % de la population totale. Quant à la seconde grande « minorité », c’est celle des « hispanos », des « latinos » forte de 25 millions d’individus. Les ancêtres de cette minorité sont au Mexique, à Puerto Rico, à Cuba et dans les petits pays d’Amérique centrale.

La présence des « latinos » aux Etats-Unis est déjà vieille d’un siècle et demi et elle due à la conquête. A dire vrai, Washington n’avait guère fait attention à la faible population mexicaine – environ 80 000 personnes – qui vivaient sur l’immense territoire arraché au Mexique au milieu du 19ème siècle. C’étaient ceux que plus tard on appellera « chicanos » (une déformation de mexicanos) et qui, par croissance démographique accélérée, allaient devenir un groupe ethnique important, quoique longtemps ignoré et au bas de l’échelle sociale. Au fil des ans, ces « premiers hispanos » furent rejoints par les clandestins ayant réussi à légaliser leur situation et par les nombreuses cohortes de clandestins restés clandestins.

Selon un rapport du « Census Bureau » nord-américain, paru en mars 1996, les hispanos représenteront en 2050, 24,5% de la population des Etats-Unis (alors qu’il n’en formaient que 10,2 % en 1995) à condition, toutefois, que se maintiennent l’immigration et le taux de natalité des femmes d’origine hispanique. Conscient de leur force, les « hispanos » ont manifesté, pour la première fois, le 12 octobre 1996, devant la Maison Blanche pour la défense de leurs droits et contre les diverses mesures d’expulsion qui frappent les immigrant entrants aux Etats-Unis. Dans cinquante ans, les Etats du Sud des USA, du Texas à la Californie seront, sauf renversement des tendances actuelles, majoritairement mexicains.

5. La politique extérieure du Mexique

Pour l’opposition de gauche et les défenseurs des sans papiers, la construction du futur mur le long de la frontière démontre l’échec de la politique extérieure de Vicente Fox, ancien président du Mexique jusqu’à décembre dernier. Ils considèrent que celui-ci a préféré jouer dans la cour des grands à défendre obstinément l’ALENA sans mettre au centre des discussions le problème de l’emploi. Résultat, il passe illégalement deux Mexicains par minute aux Etats-Unis, soit 500 000 par an. Avec une politique ultra libérale pour attirer les investissements étrangers directs, Vicente Fox n’a pas su développer un marché intérieur, pourvoyeur d’ emplois bien payés, ce qui aurait freiné la migration aux Etats-Unis et permis de négocier un accord migratoire au lieu de se voir imposer ce mur.

Avec le gouvernement de M. Fox, le Mexique a rénové sa diplomatie, en se proposant un rôle ambitieux sur la scène internationale. C’est dans ce cadre que se sont inscrits le retour au Conseil de sécurité (membre non-permanent 2002-2003) après 20 ans d’absence, les positions adoptées durant la crise irakienne, ainsi qu’à la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies (notamment, vote depuis 2002 de la résolution condamnant Cuba) ou encore la ratification du statut de la Cour pénale internationale. Le Mexique est également devenu le seul pays ayant signé des accords de libre-échange avec les Etats-Unis (dans le cadre de l’ALENA), le Japon et l’Union Européenne.

Le sommet des Amériques de janvier 2004 a été marqué par un net réchauffement des relations avec les Etats-Unis. Cette tendance a été confirmée par la suite, et le Mexique a notamment été le pays ayant le plus tenté de sauver le projet américain de ZLEA (Zone de Libre Echange des Amériques) lors du Sommet des Amériques de Mar del Plata en novembre 2005. Le Mexique attend beaucoup du second mandat de M. Bush en ce qui concerne la régularisation de la situation des millions de travailleurs mexicains qui vivent aux Etats-Unis sans titre de séjour, mais le projet de régularisation, à titre provisoire, de ces migrants présenté par M. Bush est toutefois bloqué en raison de l’absence de majorité parlementaire favorable. De nombreux élus américains demandent au contraire un renforcement du contrôle de l’immigration comme on a pu le découvrir auparavant.

L’échec au printemps 2005 de la candidature du Ministre des relations extérieures, Luis Ernesto Derbez, au poste de Secrétaire général de l’OEA (Organisation des Etats Américains), en dépit du soutien apporté par les Etats-Unis, a montré que le Mexique avait sans doute trop négligé de cultiver sa relation avec l’Amérique du Sud. Il axe désormais sa stratégie sur le développement de relations avec l’Amérique centrale - en développant l’initiative du Plan Puebla-Panama (plan de développement des infrastructures, qui tarde toutefois à prendre son envol, mais qui a été relancé fin 2005) - et avec le MERCOSUR (auquel il a demandé à adhérer comme observateur).

La proximité avec les Etats-Unis a également provoqué des tensions avec les pays ayant adopté une stratégie différente. Ce fut tout d’abord le cas des relations avec Cuba (traditionnellement très bonnes), notamment en 2004 à la suite des accusations portées par Cuba sur la corruption au Mexique. Les déclarations critiques du Président Fox à l’égard de M. Kirchner, accusé de s’être occupé exclusivement des intérêts de son pays durant le Sommet des Amériques de Mar del Plata en novembre 2005, ont également perturbé la relation avec l’Argentine. Mais c’est la relation avec le Vénézuéla qui connaît la crise la plus aiguë, Hugo Chavez ayant, à la suite de Mar del Plata, accusé M. Fox de servir servilement la politique américaine. La récente élection, non sans difficultés, du conservateur Felipe Calderon en décembre dernier au poste de président du Mexique semble ne pas faire changer la donne en ce qui concerne les relations étroites entre les gouvernements du Mexique et de son voisin, les Etats-Unis.

Conclusion

Au Mexique comme dans le reste de l’Amérique Latine, le pragmatisme a succédé à l’anti-américanisme émotionnel. Plus encore que leurs cousins du Sud, les Mexicains, et surtout le gouvernement, se sont rendu compte qu’ils avaient (presque) tout à gagner à entrer dans un partenariat étroit avec les Etats-Unis et, ce faisant, à renforcer leur interdépendance. De leur côté, les Américains apprennent à réfréner leurs accès d’anti-mexicanisme. La fin de la guerre froide et l’ALENA ont scellé ce nouveau mode de pensée. Les deux pays sont désormais des partenaires officiels, au sein de l’Amérique du Nord, le premier marché au monde, le plus dynamique aussi, et non plus seulement des voisins qui se supportent mal. Malgré tout, même si l’ALENA a permis de renforcer l’intégration du Mexique dans le continent Nord-Américain, il ne doit pas masquer les problèmes latents. La proximité avec les Etats-Unis se révèle être un obstacle et un levier à la fois pour le pays.

Notas

  • Auteur de la fiche : Elise RENAUT.