Fiche de document Dossier : Environnement, biodiversité et révolution anthropologique : l’urgence d’un changement de paradigme dans notre façon de penser.

, Paris, mai 2009

Ecosystème et bien être humain – Synthèse sur la biodiversité

Quelles seront les conséquences pour l’homme de la disparition de la variété de la vie sur Terre, de la diversité présente au niveau biologique, génétique et de l’écosystème? La « Synthèse des Ecosystèmes et du bien-être humain » du projet ONU intitulé « Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (EM) » fournit beaucoup d’informations et comble bien des lacunes avec un langage « scientifique-diplomatique ».

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Réf. : Millennium Ecosystem Assessment, 2005. Ecosystems and Human Well-being: Biodiversity Synthesis. World Resources Institute, Washington, DC.

Langues : anglais

Type de document : 

Qu’est-ce que l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire ?

L’« Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (EM) » est une étude scientifique financée par l’ONU et voulue en 2000 par l’ancien Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan, pour évaluer l’impact et les conséquences des changements de l’écosystème sur le bien-être humain. Cette étude avait également pour objectif d’établir la base scientifique des actions de conservation et de l’usage soutenable des écosystèmes et de leurs contributions au bien-être humain. Entamé en 2001, le processus de recherche et de rédaction a duré quatre ans, jusqu’en 2005, année de sa publication. Ce projet est né comme le moyen de répondre aux demandes d’informations de la Convention sur la Diversité Biologique (CBD) et des différentes autres conventions, organisations publiques et privées.

L’un des résultats les plus importants de cette énorme recherche est la confirmation que la vie humaine est basée sur la biodiversité et qu’elle en dépend. En effet, un écosystème riche quant à la biodiversité ne fournit pas seulement des biens essentiels comme la nourriture, l’eau ou les plantes médicinales, mais également des services irremplaçables tels que la purification de l’eau et de l’air, la régulation de l’érosion du sol etc.

Il est très difficile de résumer en quelques mots seulement le contenu d’un ouvrage si complexe, si riche en informations et en analyses comme cet ouvrage sur l’écosystème et le bien être humain, édité par le Millennium Ecosystem Assessment; il s’agit d’un ouvrage collectif de milliers de pages, résultat d’un travail d’analyse de données et de rédaction d’informations qui a impliqué la participation, pendant plus de quatre ans, de 1360 chercheurs et scientifiques de 95 pays différents. Les résultats de leurs recherches sont regroupés dans cinq volumes techniques et six synthèses. Les principaux résultats, présentés de façon claire, constituent des informations utiles pour les décideurs en ce qui concerne la santé des écosystèmes du monde ainsi que les possibilités de récupérer, de conserver et de promouvoir un usage soutenable des écosystèmes.

Le volume «  Synthèse des Ecosystèmes et du bien-être humain  » est divisé en deux parties:

  • La première s’adresse aux décideurs ;

  • La deuxième, plus approfondie, présente les principaux points concernant la biodiversité contenus dans l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire.

I. Tels des anneaux d’une chaîne

Tous les scénarios futurs de l’Evaluation des écosystèmes pour le millénaire prévoient une augmentation de la perte de biodiversité sur la Terre.

Quelles sont les conséquences de cette prévision pour l’humanité ? Nous ne verrons plus voler certaines espèces d’oiseaux ? Ou, n’y aura-t-il plus de poissons dans la mer ?

La synthèse part du constat qu’il existe une étroite relation entre le bien-être humain et la biodiversité: les personnes et les écosystèmes interagissent étroitement,par conséquence, des changements dans la condition humaine (associés à des facteurs qui ne sont pas humains et à des forces naturelles) conduisent directement et indirectement, à des changements dans la biodiversité, dans les écosystèmes et dans les services qu’ils apportent.

Par exemple la pêche ou l’usage de fertilisants pour augmenter la production agro-alimentaire a un impact sur la biodiversité et sur les services de l’écosystème, qui agit directement sur le bien-être humain. La croissance de la demande internationale de bois (soit, un facteur à échelle globale) peut conduire à la disparition de forêts à une échelle régionale, chose qui aura des répercussions au niveau local.

II. La structure du volume

La première partie de la « Synthèse des Ecosystèmes et du bien-être humain » constitue une synthèse dédiée aux décideurs politiques. Elle fournit une analyse claire des thèmes et des problèmes relatifs à la biodiversité.

Il est possible d’identifier 7 points principaux :

  • Le premier traite du problème de la perte de la biodiversité dans une perspective historique. Les actions humaines ont amené à des changements importants dans les écosystèmes qui se sont révélés négatifs pour la biodiversité. Au cours des cinquante dernières années, ces changements ont été plus rapides et les scénarios futurs prévoient que cette tendance est vouée à accélérer encore d’avantage.

  • Le deuxième point se concentre sur les raisons pour lesquelles la perte de la biodiversité représente une source de risque pour les sociétés et le bien-être humain. La richesse de beaucoup de sociétés dans les derniers siècles s’est basée sur les bénéfices dérivants de la conversion d’écosystèmes naturels en écosystèmes dominés par l’homme et de l’exploitation de la biodiversité. Toutefois, cela a amené à des changements dans les écosystèmes et au niveau des services fournis entraînant pour certains une diminution de la qualité de vie et une augmentation de la pauvreté. Soulignons qu’il n’y a pas eu de distribution équitable des bénéfices apportés par les changements dans les écosystèmes.

  • Le troisième point aborde le thème de la valeur de la biodiversité: Les types de valeur de la biodiversité sont utilisés par les économistes pour estimer la valeur économique de la biodiversité ou sa valeur en tant que source de services ou en tant que bien public ou bien commun. Selon de nombreux économistes, la valeur économique d’un bien dépend de l’utilité, du bien-être qu’il procure aux individus. Dans le cadre de l’évaluation économique de la biodiversité, on distingue les valeurs suivantes :

    • 1) Valeurs d’usage directes : production de denrées alimentaires, de bois pour le feu, de matière première pour les médicaments, cadre touristique ;

    • 2) Valeurs d’usage indirectes : elles sont essentiellement dérivées des fonctions écologiques, protection du sol contre l’érosion, filtrage de l’eau, équilibre des écosystèmes ;

    • 3) Prix d’option : c’est le prix accordé à la conservation en vue d’un usage futur (par exemple, la préservation d’une plante connue pour son intérêt médical) ;

    • 4) Prix de quasi-option : il est relatif à la conservation dont l’intérêt n’est pas encore démontré, en vue d’un usage futur (par exemple, la préservation de plantes inconnues, pour des usages encore inconnus).

Ces valeurs sont souvent liées aux notions de justice, de droit des générations futures ou de respect de la Nature et permettent de justifier la protection d’espèces ou de sites naturels connus.

  • Le quatrième point analyse les causes de la disparition de la biodiversité. Parmi les causes directes d’origine humaine, celles qui deviendront cruciales au XXI siècle sont :

    • L’exploitation des ressources en poisson ;

    • La conversion de terrains pour l’agriculture ;

    • La diffusion d’espèces étrangères et invasives ;

    • L’augmentation de la pollution par l’azote, les phosphores et sulfures ;

    • Et le changement climatique..

  • Les cinquième et sixième points examinent les actions à entreprendre et la possibilité d’atteindre les objectifs préfixés par la Convention pour la Diversité Biologique du 2010. Sont ainsi énumérées les différentes mesures contre la perte de la biodiversité (comme l’augmentation des zones protégées, l’extension de la protection à d’autres espèces, la promotion de mesures de conservation de la variété génétique et des mesures de récupération des écosystèmes) et pour la promotion de l’usage soutenable de la biodiversité (élargissement des marchés pour les services de l’écosystème, incorporation de la notion de biodiversité dans la gestion de l’agriculture, de la pêche et des forêts, majeur accès aux bénéfices de la part des communautés locales). Les actions identifiées sont les suivantes :

    • Une majeure coordination au niveau multilatéral ;

    • Une majeure conscience publique, sensibilisation et éducation ;

    • Une meilleure capacité d’évaluation de l’impact des changements de l’écosystème sur le bien-être humain ;

    • Une transparence et une implication dans les décisions qui concernent la biodiversité ;

    • Une majeure disponibilité de données scientifiques ;

    • La réduction de la consommation des services et des ressources non renouvelables des écosystèmes ;

    • L’adaptation aux changements climatiques, etc….

Considérant que ce sont surtout les facteurs de longue durée qui pèsent sur la biodiversité, comme les changements sociopolitiques, technologiques et démographiques, il est clair que les décisions à court terme doivent être prises en raisonnant le long terme.

Commentaire

La richesse des données et la clarté des tableaux font de la relation de synthèse sur la biodiversité un moyen indispensable pour les décideurs et les personnes intéressées par ce domaine.

Dans un champ comme l’écologie, où il est parfois difficile de se retrouver, face à la quantité des données économiques et scientifiques, il est utile de disposer d’un instrument qui classe systématiquement les données scientifiques.

Le fait d’avoir fourni la preuve « scientifique » que la vie et le bien-être humain sont liés indissolublement à la variété et à la richesse des formes de vie et d’écosystèmes sur la terre, constitue un progrès sur la voie de la conservation de la biodiversité et donc de la vie humaine, mais il n’est pas suffisant.

Il est maintenant reconnu, au niveau mondial, que la disparition de la biodiversité représente le principal obstacle à la satisfaction des nécessités et exigences de vie des populations rurales les plus pauvres.

Pour la lecture d’autres parties du Millennium Ecosystem Assessment et d’autres relations de synthèse, voire le site web: www.MAweb.org

Notes

  • Fiche traduite par Simone GIOVETTI