Fiche de document Dossier : Environnement, biodiversité et révolution anthropologique : l’urgence d’un changement de paradigme dans notre façon de penser.

, Paris, mai 2009

Le vivier de Darwin. Un drame dans le Lac Victoria

Le livre de Goldschmidt est un reportage scientifique sur l’expérience d’un séjour de recherche sur les côtes du grand lac Victoria, au cœur de l’Afrique. Cet ouvrage tente de comprendre comme la vie évolue et dans quelle mesure l’intervention de l’homme peut rompre l’équilibre d’un l’écosystème.

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Réf. : Goldschmidt, Tijs, Le vivier de Darwin. Un drame dans le Lac Victoria, Seouil, 2003., (Edizione originale: Darwins hofvijver. Een drama in het Victoriameer, Amsterdam: Prometheus, 1994 –, Edizione italiana: Lo strano caso del Lago Vittoria. Torino: Einaudi, 1999 –, Edizione tedesca: Goldschmidt, Tijs, Darwins Traumsee – Nachrichten von meiner Forschungsreise nach Afrika, München: Beck, 1997)

Langues : fr. allemand, italien

Type de document : 

Le livre, entre l’essai scientifique anthropologique et la réflexion écologique, est un récit personnel et engagé d’un biologiste évolutionniste européen qui travaille sur les mystères de l’évolution des espèces, sur l’altération radicale de l’écosystème du plus grand lac d’Afrique, le lac Victoria.

D’une immense variété des formes, de tailles, de couleurs, ces nombreuses espèces constituent pour les biologistes un matériau de choix pour comprendre les mécanismes généraux de l’apparition des espèces animales. Tijs Goldschmidt nous conte ces passionnantes recherches - mais son étude prend un tour imprévu. Il devient soudain le témoin d’une spectaculaire extinction d’espèces: l’introduction par l’homme de la perche du Nil, grande prédatrice, rompt l’équilibre de l’écosystème du lac Victoria, et bouleverse la vie de millions d’Africains.

Un écosystème bouleversé : le hasard ou l’inadéquation humaine ?

Lors de ces recherches scientifiques sur une partie du Lac Victoria en Tanzanie, sur la côte méridionale, l’auteur raconte l’extraordinaire évolution de l’espèce, à travers celle d’une espèce de poisson de la famille de Cichlides, appelée par les locaux de façon générique « furu ». Cependant l’auteur se trouve face à l’extinction presque totale de cette espèce.

Un projet de développement, pensé dans les années 60 pour augmenter la production de poisson et de ce fait la richesse des pays bordés par le lac, s’est révélé en peu de temps être une catastrophe naturelle inattendue. Face à ce phénomène, le chercheur trouve l’occasion pour observer en directe le mécanisme et les dynamiques de l’extinction des « furu ». C’est en effet l’introduction par l’homme de la perche du Nil, grande prédatrice, qui rompt l’équilibre de l’écosystème du lac Victoria.

Les conséquences de l’ΰβρις (hybris) humaine: quand une solution devient un problème

“The white people put the baby monster in the lake to help us”, c’était la réponse d’une vielle dame au chercheur en quête d’informations. Il apparaît donc très clairement qu’il suffit de peu pour casser les équilibres d’un écosystème complexe comme celui du lac Victoria. L’auteur semble avoir trouvé la recette pour la « destruction de la biodiversité » : introduire quelques exemplaires d’une espèce inconnue et en « tête de la chaîne alimentaire ».

Entre 1977 et 1983, il était possible de pêcher en quantité croissante des perches du Nil tandis que les « furu » devenaient de plus en plus rares. Les tests effectués par le chercheur prouvent une réalité déjà connue par les pêcheurs africains : la fin de la diversité des espèces de poissons dans le lac Victoria.

Qu’est-il possible de faire ?

À quelques années de distance de la fin du projet, l’auteur poursuit son observation en se rendant sur place en Tanzanie et en Ouganda à des intervalles réguliers. L’auteur s’aperçoit qu’il est peut-être possible de réduire le déséquilibre de l’écosystème en introduisant de nouvelles espèces. Mais seront-elles vraiment efficaces ?

Commentaire

Cet ouvrage montre à quel point il est impossible de prévoir les conséquences des actions de l’homme qui produisent un changement des écosystèmes.

L’exemple du lac Victoire est très emblématique. De la volonté d’augmenter la richesse d’une Région voici que de nouveaux problèmes voient le jour : l’introduction de cette espèce de poissons a certes augmenté la pêche et a rendu plus riches certains pêcheurs, mais elle a néanmoins produit l’extinction d’autres espèces de poisson avec des conséquences pour l’ensemble de la population.

Les conséquences de cette mutation artificielle vont-elles se limiter au Lac Victoria et à la « famille des poissons » ou y-aura-t-il des conséquences également pour l’espèce humaine ?

Notes

  • Pour approfondir la théorie de l’évolution et de la sélection naturelle et ses bases épistémologiques : “Alles fühlt. Mensch, Natur und die Revolution der Lebenswissenschaften, Berlin Verlag, Berlin 2007“de Andreas Weber ;

  • Pour approfondir le thème des relations entre la théorie de la sélection naturelle et la société, “Biokapital. Die Versöhnung von Ökonomie, Natur und Menschlichkeit, Berlin Verlag: Berlin 2008“de Andreas Weber ;

  • Pour approfondir le thème des conséquences sociales et politiques pour les populations du Lac Victoria, voire le documentaire « le cauchemar de Darwin » d’Hubert Sapuert.