Fiche d’expérience

Diana DOS SANTOS, Cécile PONTHIEUX, Cécile SINTHOMEZ, Marlyne SPENDELER, Grenoble, 2013

Conflit du Darfour : exemple de coopération intercommunautaire

Apaisement des tensions par le tissage de liens économique et de solidarité entre les communautés. Ce moyen de résolution est une initiative de deux communautés, et non une initiative venue de l’extérieur.

Mots clefs : Travailler en Alliance | Conflit du Darfour | Initiatives locales pour des échanges économiques équitables | Partage équitable de la terre | Soudan

Dans le nord du pays, les deux communautés Kawahlas et Gawamhas du village de Gereigikh ont apaisé les tensions en choisissant de planter des pastèques dont la récolte sera destinée aux deux communautés. En effet, les agriculteurs ont découvert que le crottin des troupeaux qui venaient paître dans leurs champs fertilisait les terres. La pastèque n’ayant pas de grand besoin d’eau pour être cultivée, elle peut être plantée au Darfour dont le climat est régulièrement ponctué de sècheresses.

 

Dans ce pays, la question des terres et du droit de pâturage a toujours provoqué des tensions entre les nomades et les agriculteurs, selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). A cause des sècheresses et des conflits engendrés, ces deux communautés Kawahlas et Gawamhas, l’une agricultrice et l’autre éleveuse de bétail, ont été amenées à vivre ensemble dans la même région.

Au fil du temps elles sont devenues dépendantes l’une de l’autre, notamment pendant les périodes de sécheresse. Elles ont créé des relations économiques : elles ont des relations sur la place du marché, des relations qui portent sur l’approvisionnement en fumier, en main-d’œuvre, elles s’achètent du bétail. Les éleveurs fournissent aux agriculteurs des produits laitiers tels que du lait, du beurre et du fromage, et les agriculteurs leur donnent des produits agricoles. Les agriculteurs de la région cultivent du mil, du sorgo, des légumes et des cultures de rente, telles que le sésame et l’hibiscus.

Les deux communautés ont réussi à se mettre d’accord sur l’organisation du partage des terres. Ils ont ainsi pu augmenter leurs rendements et renforcer la production de diverses cultures. Cela a pour but de promouvoir la paix en créant des liens économiques et des intérêts communs.

En quoi ce projet agit-il sur les causes et les conséquences du conflit ?

Cette forme de résolution répond aux conflits entre les communautés liés à la raréfaction des ressources naturelles. Cette raréfaction est provoquée par une sécheresse qui s’accentue de plus en plus. Elle est en grande partie causée par les phénomènes de changement climatique. Cette sécheresse a aussi engendré un déplacement de population et a obligé diverses communautés à cohabiter au sein de mêmes territoires.

Le fait de s’accorder sur l’organisation du partage des terres/champs agit sur les conséquences de la sécheresse qui sont les causes des tensions entre agriculteurs et éleveurs. Si les populations acceptent de créer des liens économiques et de partager leurs territoires, le risque de tensions baisse considérablement.

En quoi le projet agit-il sur les relations de pouvoir entre ces communautés ?

Cette forme de résolution rééquilibre les relations de pouvoir entre les deux communautés. Les agriculteurs sédentaires possèdent des terres, tandis que les nomades doivent sans cesse trouver de nouveaux territoires, ce qui les met dans une situation critique, surtout en cas de sècheresse. Les agriculteurs sédentaires sont donc privilégiés et détiennent le pouvoir d’empêcher ou non les nomades d’entrer sur leurs terres. En les poussant à coopérer et à mettre en commun leurs activités, les deux communautés créent des liens pérennes. Elles deviennent interdépendantes économiquement par le biais du troc. De cette façon, les deux tribus détiennent chacune le même pouvoir sur l’autre. Aujourd’hui, des mariages mixtes sont célébrés et renforcent les liens créés en leur donnant une nouvelle dimension sociale.

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