Fiche de notion Dossier : Les défis de la paix dans la région africaine des Grands Lacs après les massacres de 1994

, Paris, mai 2003

Enfant-Soldat

Tout pays qui pense à sa survie, mise sur l’éducation et la santé de ses enfants et de sa jeunesse. Ceux-ci sont donc l’avenir. Et un avenir pacifique, est ce que tout le monde est sensé souhaiter. Voilà pourquoi on leur accorde (ou on devrait leur accorder) les moyens de la paix et leur épargner les violences.

Mais la plupart des violences commises ou subies en Afrique l’ont été par les populations jeunes. Comment alors peut-elle vivre en paix quand une partie importante de sa population portera des séquelles physiques et surtout psychologiques des violences, soit en tant qu’auteurs soit en tant que victimes ? La question devient dramatique lorsqu’on sait que cette partie concernée est composée essentiellement de la tendre jeunesse (ou plutôt de l’enfance), cette frange même de la population sur laquelle tout Etat bâtit ses espoirs pour sa survie et son avenir.

Ce problème n’est certes pas propre à la seule Afrique. Mais ce n’est pas une excuse pour le justifier. Il pose un tas de questions auxquelles il convient de répondre. En effet, victimes de toutes sortes de violences et d’abus, sous-alimentés et soumis à des sévices corporels ou à l’esclavage sexuel, « ces enfants ne vivent pas seulement des dangers et des horreurs incompatibles avec leur âge. Ils sont culturellement amputés, tragiquement privés de tout développement personnel, d’instruction et de rapports humains, droits qui devraient être acquis à leur naissance. Ces enfants brisés, devenus d’insensibles témoins et instigateurs de mort, deviendront, sans notre aide, des adultes ravagés, incapables de jouer un rôle productif dans la société. Pour cette raison, il est important de préserver les enfants des combats, non seulement pour leur bien-être mais également pour la stabilité et la croissance futures de leurs pays ».

Ces enfants-soldats vulnérables, déséquilibrés, traumatisés, longtemps drogués, souvent déjà anciens combattants alors qu’ils sortent à peine de l’adolescence ou y sont encore, non pris en charge et aujourd’hui mal ou pas du tout réintégrés dans la société, renferment les germes des relations sociales a-normales avec les autres humains et donc à même de susciter des conflits dans la communauté. Ils sont donc un problème pour l’avenir de la paix.