Fiche de document Dossier : L’imaginaire au service de l’éducation à la paix

Grenoble, France, février 2006

Rêver, créer et habiter son territoire : un outil d’éducation à la paix et au vivre ensemble pour les 8-10 ans.

Outil d’animation pédagogique pour élaborer un projet commun de vivre ensemble sur un territoire.

Mots clefs : Utilisation de l'imaginaire | Elaboration d'outils pédagogiques d'éducation à la paix | Education à la non-violence | Education à la paix dans des écoles | Ecole de la Paix de Grenoble | Etablissements scolaires | Eduquer à la prévention des conflits | France

Langues : français

Destiné principalement aux enfants âgés de 8 à 10 ans, cet outil explore la notion de territoire en tant qu’espace d’évolution des participants. Cette approche originale d’une pédagogie de l’imaginaire résulte de l’expérience de terrain des animateurs de l’Ecole de la Paix qui sont quotidiennement confrontés à des problématiques de territoire sur leurs terrains d’intervention. Le travail proposé privilégie le quartier comme le territoire commun partagé par les participants et leur animateur mais peut être transposable à d’autres unités de lieu.

L’outil pédagogique comprend cinq séquences déclinées en activités dont les objectifs, consignes et déroulement pédagogique sont détaillés. Les deux premières séquences permettent d’étudier le concept de territoire et la méthodologie d’observation mobilisée pour l’analyser. Les trois autres séquences accompagnent les participants dans la représentation mentale de leur territoire, en ayant recours au rêve et à l’imaginaire, dans le but de proposer un projet collectif pour mieux vivre ensemble sur ce territoire commun.

1. La notion de territoire

Dépassant le strict cadre de la définition spatiale, l’outil pédagogique appréhende la notion de territoire comme un espace de mobilité, d’expression et d’action pour l’individu, décomposé en quatre degrés d’extension qui se déclinent à partir de l’individu : l’espace intime, l’espace personnel, l’espace social et l’espace public.

La séquence comprend quatre activités pour étudier ces degrés d’extension de la notion d’espace et de territoire :

¨ Activité d’expérimentation pour comprendre le concept d’espace intime par l’évocation de certaines émotions qui s’expriment par le corps

¨ Activité de représentation pour aborder le concept d’espace personnel à partir d’une représentation plastique de cet espace (ma chambre, mon lieu de travail que je personnalise)

¨ Activité d’identification pour repérer l’espace social et identifier les lieux du quartier où les élèves évoluent

¨ Activité d’application pour distinguer les différents concepts d’espace et introduire celui d’espace public, partagé par tous.

2. L’observateur

En considérant le territoire comme un objet extérieur à soi, nous plaçons l’observateur dans une position d’extériorité, confronté à des personnes ou des lieux « autres » et donc par nature « différents » . Or, pour apprendre à mieux vivre ensemble, il faut outiller l’observateur afin qu’il apprenne à reconnaître la dimension objective de sa subjectivité et de sa capacité à interpréter les faits observés. La séquence permet de prendre conscience des différentes postures de l’observateur au travers de trois activités qui balayent l’évolution d’une observation objective vers une observation subjective.

La séquence comprend trois activités pour permettre à chaque enfant de distinguer et d’identifier le processus d’observation :

¨ Activité d’expérimentation pour comprendre la différence entre « regarder » qui met l’accent sur la globalité d’une situation et « observer » qui l’étudie en détails

¨ Activité d’identification pour comprendre la différence entre l’observation objective et l’observation interprétative

¨ Activité de représentation pour produire une représentation graphique de son imaginaire, de son interprétation mentale d’une situation, sans prise avec une réalité objective.

3. La carte mentale

A l’échelle de leur quartier, les enfants exercent leurs compétences d’observation et de perception des territoires en considérant à la fois la généralité (image globale) et le détail (mes endroits préférés). Les activités de la séquence prennent également en compte l’importance pour l’enfant d’exprimer ses sentiments afin de permettre l’élaboration d’une carte mentale qui deviendra une nouvelle façon d’observer le territoire. Cette séquence offre ainsi l’occasion pour les participants d’apprendre les conditions propices à l’échange et au dialogue ainsi que la nécessaire tolérance face aux différentes manières d’observer une réalité.

Trois activités sont proposées dans le cadre de cette séquence :

¨ Activité d’observation de photographies de différents territoires pour trouver les caractéristiques qui définissent chacun d’entre eux puis analyser objectivement la perception de ces territoires

¨ Activité d’expérimentation pour déterminer les limites de son propre territoire et faire émerger par la prise de photos sur le terrain les lieux suscitant une forte identification chez les élèves

¨ Activité de représentation pour récapituler les activités réalisées et aboutir à la construction de la carte mentale de son propre territoire.

4. Le rêve

Un individu s’identifie à un territoire à partir de la reconnaissance visuelle de ce territoire à laquelle se superposent les composantes humaines et physiques. Cette séquence a pour objectif de poursuivre le travail d’identification territoriale et intègre également la construction de « nouveaux territoires » , c’est-à-dire, la transformation de notre territoire à partir de la manière dont nous l’imaginons et le projetons dans le futur. Cette phase de projection implique une nécessaire part de planification mais aussi de rêve, suscité par une évocation narrative qui permet aux participants de s’exprimer sur leurs attentes pour leur territoire.

Trois activités sont proposées pour accompagner ce travail avec l’imaginaire destiné à projeter le futur de son territoire :

¨ Activité de compréhension pour justifier la méthode consistant à utiliser des histoires comme un outil pour participer à la construction d’un territoire.

¨ Activité d’identification pour repérer les images de la ville et du quartier dans le but de reconstituer l’histoire liée à ces images.

¨ Activité d’expérimentation et de représentation qui permet d’exprimer son idéal de territoire par un dessin.

5. Le projet

L’objectif de cette dernière séquence est d’inviter les participants à penser une action concrète à partir d’une intention, d’un idéal projeté sur leur territoire. L’élaboration de tout projet implique une méthodologie cohérente qui détaille les étapes de réalisation du projet. Cet exercice, effectué en groupe favorise également l’écoute, la tolérance et l’échange respectueux avec l’autre. Faire converger les projets et intérêts individuels vers un objectif commun est également un apprentissage du vivre ensemble. Cette séquence comprend trois activités :

¨ Activité d’expérimentation pour assimiler le concept de projet au travers d’une réalisation concrète

¨ Activité de réflexion pour identifier les éléments du vivre ensemble à mettre en œuvre pour faciliter la réussite d’un projet

¨ Activité d’application pour mettre en œuvre les connaissances acquises lors de la séquence sur un idéal de territoire collectif

 

L’outil pédagogique « Rêver, créer et habiter son territoire » utilise l’imaginaire au service de l’éducation, comme l’ensemble des outils développés par l’Ecole de la Paix. Elle place l’enfant non comme récipiendaire d’une éducation mais comme acteur prenant part à sa propre éducation. Les diverses techniques mobilisées pour stimuler et encadrer l’imaginaire des participants sont fructueuses. Ainsi, le recours à la cartographie mentale permet une organisation et une représentation de l’information assimilée par le cerveau qui soit facile, spontanée, créative. Cette méthode permet également aux idées de produire d’autres idées, en donnant lieu à des processus de connexion, de relation et d’expansion, libres des exigences de la traditionnelle organisation linéaire.

Commentaire

L’outil, réalisé en 2005 est en cours d’expérimentation. Il sera rectifié, enrichi et finalisé suite à cette phase de test in situ. Sa diffusion est prévue pour septembre 2006.