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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Paris, mars 2007

L’eau est plus meurtrière que la guerre

Le rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour 2006 montre à quel point l’accès à l’eau demeure une question de vie et de mort et commande, en conséquence, la guerre et la paix sur notre planète.

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Réf. : Patrick Bèle, Le Figaro, 10 novembre 2006, page 5.

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L’eau est source de vie. Mais l’eau peut aussi tuer. Elle peut même se révéler plus meurtrière que la guerre : 1,8 million d’enfants meurent chaque année des suites directes de diarrhées ou autres pathologies causées par la consommation d’eau insalubre, soit 5 000 décès par jour. Le rapport annuel (sur la Toile : http ://hdreport.undp.org) publié début novembre 2006 par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), consacré en particulier à l’accès à l’eau, dresse un constat accablant : « Plus d’un million d’individus se voient privés d’eau salubre et 2,6 millions d’êtres humains sont sans accès à un dispositif d’assainissement adéquat », écrit Keman Dervis administrateur du PNUD. Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas la pénurie d’eau qui provoque cette situation préoccupante, mais le manque d’accès aux réseaux de distribution et l’absence de structures d’assainissement. Une absence que l’urbanisation croissante rend chaque jour plus préoccupante.

Facteur aggravant : plus on est pauvre, plus on paie pour l’eau. En effet, les plus pauvres n’ayant pas accès aux réseaux de distribution, ils s’adressent à des porteurs d’eau qui leur facturent le précieux liquide à des prix élevés. « Les personnes vivant dans les bidonvilles de Jakarta, de Manille ou de Nairobi paient l’eau à l’unité cinq à dix fois plus cher que les personnes vivant dans les zones les plus nanties de leur propre ville, et davantage encore que les consommateurs londoniens ou new-yorkais. »

Cette situation a un coût économique mesurable : entre les journées d’école ou de travail perdues pour cause de maladie, le temps passé à transporter l’eau, les limites imposées pour l’agriculture comme pour l’industrie, le manque à gagner serait de 38 milliards de dollars pour l’ensemble du monde, alors que l’effort à faire est estimé à 10 milliards de dollars.

Commentaire

Le rapport du PNUD a le mérite de montrer que, comme Janus, l’eau a deux visages : celui de la vie et celui de la mort. Elle peut aussi commander soit la paix soit la guerre suivant qu’elle est disponible ou rare. Le rapport montre ainsi qu’un monde où l’eau est rare ou trop chère pour les pauvres est un monde dangereux où la paix et la tranquillité des hommes seront menacées.

L’eau est même plus meurtrière que la guerre du fait des maladies hydriques telles les diarrhées, les gastroentérites, le paludisme, la fièvre typhoïde, la maladie du sommeil… qui emportent 5 000 décès par jour, la population d’un gros bourg. Le manque d’eau ou la difficulté d’accès à l’eau se conjuguent à l’assainissement inadéquat pour donner des conditions très favorables aux parasites pathogènes qui font d’horribles dégâts.

On notera que les pauvres achètent l’eau non seulement l’eau très cher mais de plus, du fait des transvasements, du transport…la qualité du liquide laisse à désirer et transmet microbes, virus, algues, protozoaires… Ces injustices – maladies, souffrances, perte de dignité parce qu’on n’est pas présentable du fait du manque d’eau - sont porteuses de ressentiment et, en fin de compte, constituent une menace pour la paix dans le monde.

Il est évident que la sagesse dicte aux hommes raisonnables ayant des moyens (ou surtout à leurs pays) de mettre la main à la poche pour débourser ces 10 milliards de dollars pour arrêter les souffrances et les drames liés à l’eau. Cette somme, remarquons-le au passage, est dépensée quotidiennement par certains pour l’entretien de leurs forces armées.

Ce serait là un excellent investissement pour la paix et un juste d’humanité.