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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, Paris, septembre 2007

Egypte : le Conseil des ministres étudie l’attribution de deux milliards de livres pour la résolution de la question de l’eau potable et de l’irrigation.

Face à la grogne qui se manifeste dans tout le pays du fait de la pénurie d’eau potable, le gouvernement annonce, dans l’urgence, l’injection d’argent pour désamorcer le mécontentement, les pétitions et les articles dans la presse. L’arrêt des atteintes au Nil, est, une fois de plus, remis sur le métier.

Mots clefs : Fleuves et paix | Exploitation durable et responsable de l'eau | Préserver la qualité de l'eau | La responsabilité des autorités politiques à l'égard de la paix | Gouvernement égyptien | Egypte | Le Nil

Réf. : Mohamed Fathalalh, « En exécution des directives présidentielles : le Conseil des ministres étudie l’attribution de deux milliards de livres pour la résolution de la question de l’eau potable et de l’irrigation », Al Goumhouria, quotidien arabophone du Caire, 23 juillet 2007, p. 8.

Langues : arabe

Le Conseil des ministres, présidé par le Dr Ahmed Nadhif et prévu pour le 25 juillet, étudiera un certain nombre de décisions importantes. En tête de ces décisions, il se penchera sur la mission confiée par le Président Moubarak, pour attribuer d’urgence deux milliards de livres destinées à mettre fin à la pénurie d’eau potable d’abord et, ensuite, à celle de l’eau pour l’irrigation des cultures d’été comme le riz et ce, sans pour autant exonérer d’amendes les agriculteurs qui ont des parcelles cultivées en violation de la loi sur la riziculture. Bien plus, le Conseil étudiera la possibilité de doubler ces sanctions pour ceux qui ne se plieront pas aux rectifications et modifications ordonnées par le Ministère de l’Irrigation.

Le Conseil étudiera en outre les instructions du Président Moubarak concernant la protection des rives du Nil et les tentatives condamnables de le couvrir, par endroits, lors de la rectification de ses berges. Il examinera en outre les constructions violant la loi sur les bords du fleuve et ordonnera des campagnes intenses de contrôle et d’inspection diligentées par les Ministères de l’Irrigation, de l’Environnement, du Développement local et de l’Intérieur. Il s’agira d’éliminer toutes les violations portées au fleuve, sur tout son cours en Egypte, d’Assouan jusqu’à Rachid, sur la mer Méditerranée.

Commentaire

Ce genre de décision concernant la défense du Nil est récurrent dans la vie politique égyptienne. C’est une sorte de serpent de mer, en fait, du paysage politique local.

Il est clair que l’injection de deux milliards de livres est bien insuffisante face aux besoins et aux insuffisances du secteur. De plus, sans planification et sans un ordre de priorité, l’argent ne suffira pas à aplanir les difficultés quand des secteurs de la capitale même souffrent du manque d’eau potable. Il est clair qu’il y a là un effet d’annonce pour désamorcer la grogne.

La question de l’eau potable a crucifié la population au cours de l’été 2007. Des pétitions, des articles de journaux, des déclarations d’ONG et de défense des droits de l’homme sont venus appuyer les revendications populaires dans ce domaine. Elle a même joué un rôle dans les dernières élections législatives et l’opposition s’en est emparée comme on l’a vu, par exemple, à Alexandrie, deuxième ville du pays après le Caire.

Pour ce qui est de l’eau d’irrigation, il est bien connu qu’il y a une déperdition importante d’eau et un usage peu rationnel.

S’agissant de la protection des berges du Nil, on ne compte plus les textes, les lois, les ordonnances, les décrets… se proposant de les protéger. Mais les constructions anarchiques, les diverses atteintes et la dégradation dangereuse des rives du fleuve n’en continuent pas moins.

Pourquoi ?

Les raisons sont multiples.

En premier lieu, il y a les difficultés d’application et les faits accomplis puis le fait que ces textes sont pris par des bureaucrates loin du terrain et des difficultés des campagnes et des paysans (fellahs) égyptiens.

Il n’en demeure pas moins que cette irrigation anarchique exaspère les autres pays riverains du Nil qui regarde d’un mauvais œil l’important volume d’eau (55 milliards de m3/an) que prélève l’Egypte.

Améliorer l’irrigation est une priorité pour le Caire – les aspects négatifs comme la salinisation des sols sont nombreux - s’il veut préserver la paix dans la région et avec ses voisins, assurer la pérennité de l’agriculture et l’avenir des générations futures.