Ficha de testimonio Dossier : La responsabilité des militaires dans la construction de la paix

, Colombie, agosto 2009

Entretien avec le Général Henry Medina Uribe

Propos recueillis en espagnol par Genaro Rodriguez Navarrete (1) et traduits au français par Nathalie Delcamp.

Keywords: Resistencia a los grupos armados fuera de la ley | Resistencia a los grupos terroristas | Resistencia a los grupos guerrilleros | Resistencia a los narcotraficantes | Oponerse a la impunidad | Conflicto colombiano | La responsabilidad de las autoridades políticas con respecto a la paz | Compromiso de los militares por la paz | Defensa militar de la paz | Seguridad y paz | Militares | Buscar y aceptar el compromiso | Conducir negociaciones políticas para buscar la paz

Le Narcotrafic est un problème mondial

  • Mon Général, quelle est – selon vous - la portée des concepts de sécurité et de défense ?

Ce sont deux concepts différents. Pour moi, la sécurité est un bien public. La sécurité est un élément indispensable pour toute société qui précisément recherche une cohésion sociale entre ses membres. Et, en définitive, une amélioration du niveau de vie de sa population. Tandis que la défense est un instrument de la sécurité. La défense est composée de toutes les structures, les idées, les doctrines, qui tendent à protéger ce bien public que nous appelons sécurité. Ainsi, la sécurité est essentiellement liée à tout ce qui concerne la prévision, la structure et l’organisation ; tandis que la défense représente l’action de protéger la société.

  • Quels sont les enjeux face aux groupes armés illégaux ?

Vu sous l’angle de la réalité colombienne, le concept de « groupes armés illégaux » englobe plus largement la guérilla, les groupes paramilitaires, les narcotrafiquants et ce que nous appelons la « guérilla commune organisée ». Tous essayent de porter atteinte à l’ordre public, de nuire à la cohésion sociale et de ce fait, affectent la qualité de vie des Colombiens.

  • Quel bilan faites-vous après 50 ans de lutte contre la guérilla ?

La guérilla est née dans les années 60 ; en 1965 elle est apparue dans les campagnes, c’était un mouvement rural qui a grandi petit à petit jusqu’à devenir à la fin du siècle, une guérilla très puissante menaçant la stabilité de l’Etat. Mais depuis, elle est entrée dans un processus de déclin à tel point qu’aujourd’hui elle est extrêmement affaiblie. Non pas totalement éliminée, mais très affaiblie. C’est pourquoi nous pensons être très proches d’une négociation où la guérilla comprendra que sa meilleure chance consiste à respecter les normes de l’Etat et à vivre en parfaite harmonie avec le reste des Colombiens. Quand nous parviendrons à les convaincre que la meilleure solution est la négociation, alors ils ne seront plus une menace et notre pays ira mieux.

  • Que pensez-vous des liens entre la guérilla, le narcotrafic et le terrorisme ?

Depuis toujours et conformément à sa doctrine, la guérilla considère que toutes les formes de luttes sont permises pour parvenir à ses fins. D’où la possibilité de recourir au narcotrafic afin de financer la guerre, qui est une activité très coûteuse. C’est pourquoi ils utilisent le narcotrafic comme un outil. Mais comme c’était à prévoir, ce qui au départ était pour eux un moyen, est petit à petit devenu une fin en soi. Dès lors, leurs objectifs politiques, la volonté de rechercher des structures plus équilibrées au sein de l’Etat, n’avaient plus lieu d’être.

Ce sont devenus des narcotrafiquants à la recherche du profit, poursuivant un objectif purement économique. Puis vient le thème du terrorisme, qui est une autre forme de lutte. Le terrorisme est un moyen d’impressionner la population. Dans le cas colombien, la guérilla n’obtient même pas 2 % de soutien de l’opinion publique. Dès lors, la seule façon qu’ils ont de se faire connaître, est de commettre des actes terroristes qui bien évidemment font peur, mais qui entraînent aussi un rejet de l’ensemble de la population. En d’autres termes, ils se retrouvent piégés dans un cercle fermé, sans aucune possibilité de réaliser leur objectif.

  • Il y a aussi la question des prise d’otages, n’est ce pas ?

Dans le cadre de leur stratégie, les enlèvements sont un autre moyen d’intimidation dans le but d’obtenir des financements. Mais, fondamentalement, il s’agit d’intimidation, de chaos, d’anarchie, du principe qui consiste à détruire tout ce qui existe pour créer quelque chose de nouveau à partir de rien. Nous espérons que dans un moment de lucidité, ils sauront modifier leur analyse, sachant qu’ils donnent ainsi l’image d’une délinquance qui ne leur attire que la réprobation du monde entier.

  • Comment les forces militaires sont-elles en train de travailler pour faire face à ces groupes ?

A l’heure actuelle, l’armée de terre, l’armée de l’air, la marine nationale et la police nationale travaillent de façon concertée. Aujourd’hui, l’ensemble des opérations sont le résultat d’un effort conjoint où toutes les forces de l’Etat travaillent dans le cadre d’une stratégie qui leur permet d’atteindre les objectifs positifs que nous nous sommes fixés.

  • Quelle a été l’attitude adoptée vis-à-vis des paramilitaires ?

Les paramilitaires constituent une organisation délictueuse basée sur un concept qui s’est vérifié à travers les âges : celui de se protéger soi même. Mais, comme cela a tendance à arriver, et l’Histoire en regorge d’exemples, ces organisations en marge du monopole de la force de l’Etat, se sont petit à petit dénaturées pour se tourner vers le narcotrafic. Ce sont devenues des organisations de droite qui ont grandi rapidement. Elles sont apparues 15 ans après la guérilla ; mais au début du siècle, il existait déjà un certain équilibre des forces entre les paramilitaires et la guérilla.

A un moment donné, ces organisations ont compris leur erreur et grâce à une stratégie gouvernementale, elles ont abandonné les armes. Toutefois, certains paramilitaires n’ont pas accepté les ordres émanant de leurs dirigeants et poursuivent leurs actes délictueux. De nos jours les paramilitaires ont pratiquement disparu, bien que persiste la menace causée par ceux qui n’obéissent à aucune doctrine nationale, à aucune philosophie ou idéologie, mais qui sont simplement des délinquants cherchant à faire des bénéfices et à semer l’insécurité dans le pays.

  • Les paramilitaires représentent-ils toujours une menace pour la sécurité ?

La menace provient de ces groupes émergents ; mais aujourd’hui le pays ne compte aucun groupe - qu’il s’agisse d’un groupe subversif, ou paramilitaire ou de quelque nature que ce soit - qui représente une menace réelle pour l’Etat. En revanche, ces groupes sont effectivement un danger pour la coexistence des Colombiens.

  • Pouvez-vous nous faire un petit bilan intermédiaire des résultats obtenus par les forces armées dans leur combat contre le narcotrafic ?

Les forces militaires sont des forces militaires victorieuses. A tous les niveaux et dans toutes les activités, nous gagnons du terrain au bénéfice de la société, du pays et aussi des pays voisins ; parce que nécessairement, les pays voisins sont affectés par ce qui se passe ici, de la même façon que nous sommes affectés par ce qui se passe chez eux. Nous sommes dans une dynamique positive et optimiste, convaincus que nous sortirons vainqueurs de cette situation.

  • Quel rôle, les pays grands consommateurs de drogues, doivent-ils jouer ?

A ce sujet, il conviendrait de parler du principe de co-responsabilité. Le narcotrafic n’est pas un problème colombien, c’est un problème qui concerne l’humanité toute entière. Nous, Colombiens, sommes à la fois bourreaux et victimes ; victimes du narcotrafic qui est un problème mondial. Dès lors, la solution ne découlera pas d’une stratégie purement colombienne, la victoire sur le narcotrafic doit être le fruit d’une stratégie internationale, de l’humanité, de l’ensemble des gouvernements. Il faut que des mesures soient prises au niveau international.

  • Vous excluez que la Colombie fasse partie de la liste des Etats « faillis » ?

Nous avons connu une situation difficile à la fin du siècle dernier, mais à aucun moment nous avons réuni les critères d’un Etat « failli ». Nous avons connu des difficultés que nous avons surmontées. Aujourd’hui, Bogota est la troisième ville la plus sûre d’Amérique latine. Alors que nous enregistrions 87 meurtres pour 100 000 habitants en l’an 2000, aujourd’hui nous en sommes à 17.5. Un chiffre dont nous pourrions nous vanter auprès de beaucoup de grandes villes des pays développés.

  • Quelle est la situation de la Colombie en termes de légitimité et de contrastes au sein de la société?

Nous pouvons être fiers de notre légitimité absolument incontestable. Nous avons eu des gouvernements démocratiques, des institutions démocratiques pour nous représenter. Aujourd’hui la cote de popularité du président de la République se situe juste après celle d’Obama. Ce, alors même qu’Obama commence à peine son mandat tandis que notre président est au pouvoir depuis 7 ans. C’est dire si conserver une légitimité avec plus de 70 % des suffrages est une preuve irréfutable du soutien de la population. Cela signifie que le gouvernement répond aux attentes du peuple. Ce qui est très important au niveau de la légitimité. S’agissant des contrastes au sein de la société, si nous regardons le coefficient de Gini, les différents aspects statistiques et analytiques qui dépeignent les sociétés, nous constatons que nous nous situons dans le premier tiers du classement mondial. Ce qui veut dire que nous pensons avoir encore beaucoup de choses à faire, beaucoup de travail à accomplir ; et en même temps nous sommes satisfaits de ce que nous réalisons. Et nous sommes convaincus d’être sur la bonne voie.

  • A tel point que la Colombie serait en train de réduire l’écart entre les riches et les pauvres ?

La Colombie a une forte concentration des richesses, mais elle fait de gros efforts pour tenter de réduire la pauvreté. Nous ne pouvons nier qu’il reste encore beaucoup de choses à faire. Mais si on évalue la situation sous l’angle de l’Amérique latine et au niveau mondial, notre position n’est pas mauvaise. Elle est même bonne ; mais avec encore d’immenses défis. Et personne, aucun Colombien ne peut dire objectivement que la distribution des richesses correspond à ses attentes : nous connaissons des problèmes de marginalité, de distribution des revenus, d’inégalité sociale et comme tous les pays du monde, il nous reste du chemin à parcourir. Nous avons un rêve qui s’inscrit dans le cadre du principe de responsabilité humaine. Un point important sur lequel nous sommes en train de débattre est de savoir ce que nous devons faire pour parvenir à une société plus juste. Comment combattre ce réflexe de perdant/gagnant de notre société. Comment nous mettons-nous d’accord pour être tous gagnants ? Comment réaliser des activités lucratives qui nous permettent de réduire la pauvreté, l’inégalité, et les disparités entre les différentes couches de la société ?

  • En ayant à l’esprit le scandale des « faux positifs » (exécutions extra-judiciaires), pouvez-vous nous dire quelle importance les forces militaires accordent aux droits de l’homme ?

Nous avons commencé par étudier les droits de l’homme issus de la Révolution française. Mais de nos jours, il s’agit de quelque chose qui nous tient à coeur, que nous avons intériorisé, qui fait partie intégrante de notre comportement. A quelques exceptions près bien sûr. Nous ne voyons pas le thème des droits de l’homme seulement dans le but d’obtenir la victoire, car c’est aussi pour nous, un principe éthique. La guerre appréhendée dans sa dimension morale. Nous avons analysé tout ce processus depuis la Seconde Guerre mondiale avec la Charte des Nations Unies. Mais nous nous rendons compte que le monde connaît encore toute une série de conflits, que les droits de l’homme ne sont pas respectés, que chaque jour des enfants meurent de faim, que beaucoup de maladies progressent quotidiennement. Nous travaillons avec une vision européenne, en réalité française, qui aujourd’hui comprend la Charte des Responsabilités Humaines, un troisième pilier de l’Histoire et qui consiste à nous mettre d’accord sur ce qui est bien pour la société future, sans distinction de races, de richesse ou de religion. Nous connaissons des problèmes d’insécurité liés à la pénurie d’eau, à la détérioration de l’environnement, à la difficulté d’entrevoir un futur où nous pourrons tous respirer librement ; en d’autres termes, la nature que nous n’avons pas pu, ni su, gérer de façon adéquate, est en train de devenir une menace : nous avons négligé l’eau, l’air, la terre, le feu, les grandes merveilles de la nature, pourtant essentielles à la vie, et désormais nous risquons d’en payer le prix.

Si nous ne nous concentrons pas sur l’aspect sécurité et sur les risques dans ce domaine, alors nous priverons d’avenir les prochaines générations. La terre existait avant l’être humain. La terre peut subsister sans lui. Nous ne sommes pas indispensables à la terre, c’est la terre qui nous est indispensable. Nous devons travailler pour préserver notre « grande maison » qu’est la planète terre. Si nous n’y prenons pas garde, nous courons le risque que l’espèce humaine disparaisse. Nous sommes en train de nous suicider.

  • Comment les forces militaires colombiennes en sont-elles venues à élaborer une stratégie de lutte contre le narcotrafic ?

Il y a 50 ans, l’armée trouvait sa logique et sa raison d’être dans la défense de notre souveraineté, pour nous protéger de menaces extérieures. Puis, nous nous sommes rendu compte que les menaces les plus grandes étaient à l’intérieur de nos frontières, qu’il s’agissait de la guérilla et du narcotrafic. Dès lors, nous nous sommes demandé si le rôle de nos forces militaires était de combattre ou non le narcotrafic ? Nous avons trouvé facilement et rapidement la réponse : il est inscrit dans notre Constitution que les forces armées doivent protéger l’ordre institutionnel, or comme le narcotrafic et la guérilla portent atteinte à la volonté du peuple, et des sociétés, il devenait évident qu’il fallait agir contre ces menaces. Si l’Etat dispose d’un outil, d’une force aussi puissante que l’armée, pourquoi ne pas l’utiliser ? Effectivement, si j’ai dans ma voiture une roue de secours et que je crève, pourquoi ne pas m’en servir ?

  • Mais une fois la mission accomplie, comment faire en sorte que l’armée rejoigne ses quartiers ?

En Colombie il n’y a pas cette crainte car en tant que militaire, notre engagement est avec la société. Nous irons là où la société nous demandera d’aller, là où la société l’exigera. Si aujourd’hui elle nous dit « nous voulons que les militaires luttent contre le narcotrafic, contre la guérilla, contre les paramilitaires », c’est ce que nous ferons. A l’avenir, la société dira peut être : « nous voulons que les militaires construisent des routes, réduisent le taux d’analphabétisme, aide le paysan pour qu’il cultive plus efficacement et qu’ainsi la productivité du pays augmente », et, sans nul doute, c’est ce que nous ferons. En d’autres termes, il n’y a aucune raison pour que la société et les forces militaires ne se fassent plus confiance. Nous travaillons tous pour le même pays. Nous construisons une nation. Nous construisons un futur. C’est pourquoi il ne doit pas y avoir d’animosité. Quand une société voit une menace en ses forces militaires, c’est que soit la société a tort, soit les forces militaires ont tort.

  • Je me dois d’insister et de poser la question des risques concernant les droits de l’homme ?

De nos jours, nous pensons que ce serait une violation des droits de l’homme que de laisser l’armée dans ses quartiers, alors qu’une subversion comme celle du narcotrafic porte atteinte aux intérêts de la société, procède à des enlèvements qui entraînent le déplacement de la société civile occasionnant une grande misère et beaucoup de souffrance : si pendant ce temps, nous, soldats, nous nous contentons de marcher dans nos casernes, de faire des exercices tactiques, c’est être irresponsables au regard de notre devoir éthique et moral de protection de la société. Nous favoriserions ceux qui violent les droits de l’homme, et nous en deviendrions complices alors que nous sommes ceux à qui ont été confiées les armes de la République pour faire régner l’ordre. Ce serait la politique de l’autruche. Un dilemme éthique. Les forces armées doivent être là où la société, là où le pays demandent qu’elles soient et réaliser les travaux que le pays réclame. La société est notre juge. C’est pourquoi en Colombie - plus que n’importe quelle autre organisation, étatique, privée ou de quelqu’autre nature que ce soit - ce sont les forces armées que la nation aime et soutient le plus. Nous avons 78 % d’opinions favorables, c’est plus que le soutien à l’Eglise, plus que les médias. C’est la preuve que nous faisons ce qu’il faut.

  • Les forces armées colombiennes doivent-elles participer à des exercices communs avec des forces militaires d’autres pays ?

A l’époque napoléonienne et de l’Etat nation, toutes les théories étaient fondées sur l’idée que les forces militaires étaient là pour défendre les intérêts de la nation ; mais avec la globalisation et la naissance du « village global », est apparue l’idée du principe de responsabilité, d’une seule et « grande maison » dans laquelle nous sommes tous des frères. Un pays ne doit pas considérer les forces militaires d’un pays voisin comme son ennemi potentiel mais comment un ami potentiel pour construire. La Colombie a participé à la défense des intérêts des Nations Unies dans la guerre de Corée, sur le Canal de Suez, au Kosovo, au Sinaï et elle s’apprête à envoyer un contingent pour lutter contre le narcotrafic au Pakistan. Les forces militaires colombiennes ont une vocation plurielle, une vocation de fraternité envers les armées des différents pays du monde. Et bien que le métier du militaire ce soit la guerre, la guerre se fait pour construire la paix. Pour nous le but ultime ce n’est pas la guerre, c’est la paix. Et la guerre peut être un outil au service de cet objectif.

  • Comment les Etats-Unis sont-ils perçus en Colombie ?

Nous voyons les Etats-Unis comme un pays plus développé que le nôtre, avec des conceptions différentes et avec lequel il faut construire l’avenir. Nous pensons que nous devons bâtir notre propre vision du futur. Je ne crois pas que quelqu’un d’extérieur puisse nous imposer sa vision. C’est un concept moderne de souveraineté. Nous devons décider nous-mêmes de notre avenir, construire notre futur. Mais nous devons aussi comprendre que nous devons construire celui-ci avec nos frères et nos frères, ce sont tous les êtres humains.

  • Comment analyser la situation du Mexique face à l’importance croissante du narcotrafic ?

Le Mexique se trouve dans une situation lamentable dont je suis sûr qu’il parviendra à se sortir. Le Mexique a la qualité principale pour pouvoir résoudre cette problématique : le courage. L’histoire montre que le peuple mexicain a toujours été un peuple courageux, un peuple viril, un peuple admirable. Je crois que le Mexique va résoudre ce problème, et il y arrivera en moins de temps de ce qu’il nous aura fallu.

  • Enfin, quelles seraient vos premières conclusions concernant le Congrès International sur les risques en matière de sécurité et de défense qui vient de prendre fin et dont vous avez été le promoteur et l’organisateur principal ?

Nous avons eu des représentants de près de 20 pays du monde, en provenance de tous les continents. En d’autres termes, cela nous a permis de voir une même réalité de diverses façons. En fait, nous ne prétendons pas arriver à des consensus, c’est impossible ; en revanche nous aspirons à comprendre ce que les autres pensent de nous et ce que nous pensons des autres. Il s’agit, dans le cadre d’une discussion ouverte et franche, d’exposer des points de vues que nous devrons partager dans le futur. Lors d’une réunion à Paris, M Pierre Calame (Directeur de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme) me disait que nous ne mesurerions pas le succès de ce Congrès en fonction du nombre de participants le premier jour, ni d’après les applaudissements au moment de la clôture, mais en fonction de son impact sur la réalité du monde d’ici dix ans.

C’est pourquoi ce Congrès n’a pas un début et une fin. Nous avons commencé à le préparer il y a un an par le biais de tables rondes destinées à mettre en avant les différents aspects de la vision colombienne sur la réalité ; aujourd’hui il s’agit de les appréhender à partir de la réalité mondiale et plus tard moyennant un système de cartographie conceptuelle ; un livre sera alors publié en espagnol, en français et en allemand, pour être discuté dans les écoles d’apprentissage et de formation militaire. Pour que tout ceci perdure, ait un impact sur la vision que nous, les militaires, portons sur le monde, sur notre travail, sur notre engagement éthique et responsable envers l’humanité, envers notre grande maison qu’est la planète terre. Autrement dit, il faut prendre conscience que des concepts comme celui de nation et de souveraineté disparaitront peu à peu pour laisser place à celui de « village global ». Cela implique de nouvelles réalités, de nouveaux défis, de nouveaux engagements.

Notas

  • Cette fiche est extraite de la rubrique « Lettre du mois » du site web de l’Alliance internationale des militaires pour la paix et dans la sécurité (www.world-military.net).

  • Tous les textes et autres illustrations contenus dans www.world-military.net sont sous licence Creative Commons 2.0 France License : paternité, pas d’utilisation commerciale, pas de modification.

  • (1) : Genaro Rodríguez Navarrete est diplômé de la Faculté des Sciences Politiques et Sociales de l’Université Nationale Autonome de México (UNAM), titlaire d’une licence en Sciences Politiques et Administration Publique (avec la spécialité sciences politiques). Il a suivi des cours de Journalisme politique à l’Ecole de Journalisme « Carlos Septién García » (EPCSG). Il a été fonctionnaire, consultant, chercheur et professeur dans diverses matières.