Fiche d’expérience

La maison Shalom de Ruygi, un exemple de réinsertion sociale des enfants orphelins de guerre au Burundi

Mots clefs : Respect des droits des enfants | Respect des droits des réfugiés | Respect des droits des déplacés | Les difficultés d'une culture de paix dans une population ayant vécu la guerre | Organisation communautaire | Défenseurs des droits de l'Homme | Christianisme | Eglise Catholique | Organisation d'habitants de quartiers urbains | Agir localement pour aider des victimes de guerre | Soutenir des réparations morales des effets de la guerre | Agir pour la réinsertion sociale des anciens combattants | Respecter les Droits Humains | Burundi | Région des Grands lacs

Contexte

Le Burundi, enclavé d’Afrique Centrale, partageant des frontières communes avec le Zaïre, le Rwanda et la Tanzanie, est un des plus petits Etats du continent africain. L’Océan Indien, à 1200 km de ses frontières, représente le débouché maritime le plus proche. Ce pays compte 5,8 millions d’habitants. Avec une croissance annuelle de l’ordre de 2,9 %, il est l’un des pays les plus densément peuplés d’Afrique (180 hab./km²), avec 60 % de chrétiens et 1 % de musulmans. Plus de 90 % de la population vit de l’agriculture, l’économie de subsistance restant dominante. Sans richesse minière, avec un secteur industriel très peu développé, le Burundi demeure un des 42 pays définis par les Nations Unies comme les moins avancés.

Au cours de son histoire, le Burundi a été le théâtre des massacres de masse organisés, de la violence généralisée et de l’exclusion. A la suite de la violence meurtrière d’octobre 1993, après l’assassinat du Président Melchior Ndadaye, des tueries ont fait plus de 200.000 morts dont la majorité étaient des non-belligérants, 300.000 réfugiés, et plus d’un demi million de déplacés. Sous les auspices de Nelson Mandela, l’accord de paix a été signé en août 2000 par 19 partis, quatre ne l’ont pas encore fait.

Depuis 1987, l’Église catholique s’efforce, malgré un environnement difficile, de reconstruire des réseaux de solidarité et de relancer ses activités en mettant prioritairement l’accent sur la formation spirituelle, l’éducation de base et l’aide aux réfugiés et victimes du SIDA.

Le diocèse de RUYIGI est situé à l’Est du pays. Suite aux événements de 1993, Maggy BARANKITSÉ, avec l’appui du diocèse, a créé la MAISON SHALOM, MAISON DE LA PAIX, pour l’accueil des orphelins de guerre. Les enfants sont accueillis le temps de reprendre leur souffle et de se former. Les aînés s’occupent des plus jeunes, sans distinction d’origine sociale, chacun apprend ou réapprend à vivre ensemble.

Objectifs

  • Accueillir, assister et soigner les orphelins en bas âge

  • Éduquer les adolescents et les former à une activité économique

  • Trouver des familles d’accueil pour la réinsertion des enfants

Déroulements du projet

L’accueil des enfants victimes de la guerre et du SIDA a lieu sur plusieurs sites :

RUTIMBURA (10 maisons, 42 enfants), MUREHE (16 maisons, 82 enfants), NYAMUTOBO (26 maisons, 124 enfants), GISURU (45 enfants) et RUYIGI.

La Maison Shalom est installée dans les locaux du diocèse de RUYIGI. Elle est composée de 82 maisons qui sont habitées depuis janvier 2001.

Des fratries réelles ou recomposées vivent dans ces maisons, les aînés s’occupent des plus jeunes et sont encadrés par les assistants et assistantes sociaux. Les enfants vont à l’école, les plus grands ont un travail rémunéré et sont responsabilisés pour gérer leurs budgets et faire respecter la discipline.

La Maison Shalom dispose de douches et sanitaires, d’une bibliothèque avec un encadrement pédagogique, d’un centre médical de 15 lits où un médecin donne des consultations et suit les malades soignés par 3 infirmières. Un psychologue et 4 assistantes sociales sont à l’écoute des problèmes des enfants.

Elle accueille aussi des enfants du Rwanda et de Tanzanie. On dénombre 95 enfants internes dont les ¾ sont séropositifs et 3 844 enfants assistés comme externes (dont 115 séropositifs).

La préoccupation permanente est de retrouver les survivants dans les familles d’origine ou des voisins afin de préparer au mieux le retour des enfants vers leur colline d’origine. Un travail est réalisé pour que les enfants soient insérés dans leur milieu et rétablis dans leurs droits (en particulier fonciers). 50 ont déjà été réinsérés dans une famille.

Commentaire

La Maison Shalom est à l’image des autres maisons crées par Maggy BARANKITSÉ dans lesquelles on retrouve : la volonté de CROIRE EN DIEU, l’ESPERANCE, la JOIE DE VIVRE, L’ESPRIT DE LA RECONCILIATION, SURMONTER LE PASSE et EDUQUER pour ne pas oublier mais SURTOUT NE PAS REVIVRE LES ATROCITES DU PASSE.

Maggy BARANKITSÉ s’est totalement investie pour ces enfants, elle a reçu plusieurs prix pour son travail (1998 : le Trophée du Courage reçu de Jean-Louis Roy, ancien Secrétaire général de la Francophonie - 1999 : Prix de défenseur des Droits de l’Homme remit par le Premier Ministre Français - 2000 : the 2000 North-South Prize) mais tout cela ne s’est pas fait sans risque, menacée par sa hiérarchie en tant qu’enseignante, sa vie a aussi été en danger du fait d’une médiatisation trop forte.

Aujourd’hui, grâce à sa foi, ses « pépinières d’espoir » forment les citoyens de demain.

Notes

  • Source :

    • Réhabilitation de la Maison Shalom de Ruyigi (accueil d’orphelins), Secours Catholique, 2002 - 2 pages

    • Colloque du 05/02/2002 organisé par le Secours Catholique à l’UNESCO