Fiche d’expérience Dossier : Les Organisations Non-Violentes en France

Guillaume Gamblin, Paris, janvier 2007

MAN : vie et fonctionnement d’une fédération

Le MAN - Mouvement pour une Alternative Non violente - est engagé depuis bientôt trente ans dans la promotion et l’expérimentation de la non-violence politique, sociale et culturelle. Il constitue un pôle de dynamisme unique au sein de l’ensemble des organisations non-violentes en France.

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I. A la base : des groupes locaux

C’est sur la base des Groupes de Recherche et d’Action Non-Violente (GRANV) locaux que s’est constitué le MAN en 1974. Le mouvement adopte alors un mode de fonctionnement fédératif et décentralisé afin de laisser toujours l’initiative aux groupes locaux. Ce sont eux qu disposent du pouvoir de décision. Ils gardent également une grande autonomie d’initiatives et d’actions par rapport à la structure nationale. Le MAN, constitué en association loi 1901, fait obligation à ses groupes de se constituer eux-mêmes en associations loi 1901, l’adhésion individuelle passant par l’adhésion à des groupes locaux du mouvement.

Le MAN fédère ainsi actuellement une vingtaine de groupes locaux : Albi, Amiens, Aveyron, Côte d’Or, Haute-Normandie, Haut-Rhin, Loir et Cher, Lyon, Manosque, Montpellier, Nancy, Nantes, Nord Pas-de-Calais, Orléans, Paris Ile-de-France, Pays d’Olonne, Saône et Loire, Saint-Brieuc, Vitré. La taille des groupes est très variable : elle va d’une poignée d’adhérents pour les plus petits d’entre eux, à une quarantaine pour le plus important (Lyon). Les groupes sont le lieu privilégié de l’action et de la réflexion du mouvement. Chacun d’entre eux s’organise à sa manière, définit ses modalités de fonctionnement interne, de rencontres, etc… Ils relaient les campagnes nationales du MAN mais prennent également de nombreuses initiatives propres. Celles-ci peuvent s’inscrire dans le cadre d’un collectif, ou être le fait du groupe seul.

Ainsi peut-on noter, pour exemples récents :

  • L’engagement du MAN-Côte d’Or au sein du collectif « Cultivons la paix » et dans une pétition départementale contre la nouvelle loi sur le droit d’asile ; le déplacement de membres du MAN-Haut-Rhin pour effectuer une formation au Kosovo en lien avec EpB.

  • La marche de membres du MAN-Nancy contre les déchets nucléaires, et leur accueil d’objecteurs de conscience israéliens.

  • L’engagement des membres du MAN-Lyon auprès du Collectif de soutien au peuple palestinien, notamment à travers l’organisation de services d’ordre, ainsi que leurs formations à l’action non-violente pour des militants altermondialistes, arracheurs d’OGM ou membres de Survie.

  • L’organisation par le MAN-Ile de France de conférences-débats publics mensuels sur la non-violence.

  • Ou encore l’organisation par le MAN-Mulhouse d’un Forum régional pour une culture de paix et de non-violence. Ce ne sont là que quelques exemples parmi de très nombreux autres des activités des groupes locaux du MAN.

Des rassemblements régionaux inter-groupes sont souvent organisés afin d’augmenter l’interconnaissance et la coordination au niveau régional.

En ce qui concerne la participation à des initiatives nationales, par exemple beaucoup de groupes participent, chacun à leur manière, à la journée de la paix du 21 Septembre, dans leurs lieux respectifs. Ou relaient l’information sur l‘Intervention Civile de Paix, selon leurs modalités et leurs possibilités propres.

II. Le secrétariat national

Le MAN s’est doté d’un secrétariat national, qui est le lieu où se fédèrent concrètement les initiatives locales et où s’organise la communication entre les membres de la France entière, donc la cohérence du mouvement. Il est basé au siège du MAN à Paris, qui est le véritable lieu-repère des adhérents. Le secrétariat est actuellement constitué de trois salariées : une secrétaire-comptable, une coordinatrice nationale et une chargée de mission pour ICP et les campagnes nationales ; ainsi que d’une salariée à temps partiel mise à disposition pour suivre le dossier des ventes d’armes.

Le secrétariat et les salariés qui y travaillent jouent un rôle essentiel en ce qui concerne la mise en relation des adhérents et des initiatives, l’élaboration et le suivi des campagnes nationales, l’élaboration pratique des différents projets et la mise en oeuvre des décisions des adhérents ; ils jouent un rôle important dans le suivi des finances, la recherche de financements, les relations extérieures du mouvement au niveau national et international. Cependant ce n’est pas là que sont décidés les projets du MAN et ses grandes orientations. Le secrétariat est une instance de gestion et de coordination qui est au service des décisions des adhérents du mouvement.

De nombreux stagiaires et bénévoles viennent étoffer régulièrement l’équipe du secrétariat national : ils apportent un appui important concernant le développement de la campagne nationale, le renouvellement du site internet, la recherche de fonds, ou encore la communication externe ou interne.

Bien distinct de l’équipe du secrétariat, mais jouant un rôle essentiel pour la représentation extérieure du mouvement, son porte-parole, Jean-Marie Muller, par ailleurs membre-fondateur du MAN, est chargé de porter dans l’opinion publique les initiatives et les choix politiques du mouvement, notamment par l’élaboration de textes de réflexion de fond.

III. Des structures de décision et de vie intermédiaires entre les groupes et le secrétariat national.

La vie du MAN est animée par un certain nombre d’instances et de structures qui assurent l’articulation des différents niveaux de son fonctionnement, et exercent l’autorité décisionnelle. Cette dernière est confiée au Comité de Coordination (CC), qui est formé de membres (titulaires, suppléants ou remplaçants) élus pour deux ans par le Congrès. Le CC se réunit une fois par mois. Il gère la vie courante du mouvement, est chargé de prendre les décisions concernant le fonctionnement et les engagements nationaux du MAN (participation à tel ou tel collectif national…), et est responsable des salariés du secrétariat national. Il représente en somme l’exécutif du mouvement, chargé en particulier de coordonner les actions et travaux de réflexion.

Le Congrès est en quelque sorte l’Assemblée Générale de l’association. Il se réunit tous les deux ans et est ouvert à tous les adhérents, chaque groupe présent ou représenté disposant d’autant de voix que d’adhérents qui le composent. C’est donc lui qui élit pour deux ans le Comité de Coordination.

Le forum du MAN est organisé quand à lui tous les deux ans, généralement entre les Congrès. C’est en quelque sorte l’université d’été du mouvement, regroupant les adhérents et sympathisants qui le désirent pour échanger, et discuter sur un thème principal, qui change à chaque fois. Il se déroule sur une petite semaine en été, et est un lieu unique de convivialité, d’échange d’expériences et de rencontres. Un groupe différent du MAN est chargé à chaque fois de son organisation, dans sa région.

Enfin, les réseaux intergroupes sont constitués de militant(e)s des différents groupes locaux qui sont impliqués dans l’action et la réflexion sur des problématiques particulières, et qui souhaitent se regrouper pour favoriser la confrontation et la réflexion communes à partir des pratiques singulières, sur ces thèmes. Durant les années 80 un réseau Défense s’est constitué, qui n’existe plus aujourd’hui. Durant les années 90, le réseau Kosovo a été très actif : il s’est dissolu en 1999 pour donner naissance à l’organisation Equipes de Paix dans les Balkans. Il existe actuellement deux réseaux actifs au sein du MAN :

  • Tensions Sociales, qui regroupe des adhérents engagés sur le terrain des violences sociales et urbaines à travers leurs activités professionnelles (formateurs, assistantes sociales…). Le réseau a fourni un travail collectif important ayant débouché en 2002 sur la création d’une brochure présentant des constats, des analyses et des perspectives sur le thème des violences urbaines, intitulée : Insécurité et violences : comprendre et agir, diffusée à plus de 500 exemplaires. Des membres du réseau sont sollicités pour faire des conférences en France, à la demande de membres du MAN ou d’autres organisations.

  • Education-Formation. Ce réseau regroupe essentiellement des personnes engagées dans le domaine de l’éducation, à travers leurs activités professionnelles (enseignants…) ou militantes (interventions en établissements scolaires…). Il travaille à la réalisation d’une brochure recensant ses expériences et ses savoir-faire, comme il est vu plus haut.

A l’occasion du lancement de la campagne du MAN sur le thème de l’envoi d’une force d’intervention civile en Israël-Palestine, s’est créé récemment un nouveau réseau, Proche-Orient, chargé d’élaborer, de suivre et d’animer cette campagne. Il est pour l’instant constitué d’un groupe de travail qui se réunit plusieurs fois par an et exerce des échanges réguliers par mail sur le fond et les modalités d’organisation de la campagne, en lien constant avec le secrétariat national.

D’autres réseaux sont amenés à se former, sur les thèmes de l’altermondialisation et de la démocratie participative par exemple.

IV. Le financement

Le MAN s’étant doté de structures de fonctionnement conséquentes, avec trois salariées actuellement, un effort financier est également nécessaire afin de subvenir à ce renforcement. Le budget de fonctionnement du MAN a triplé entre 2000 et 2002, les charges étant pour l’essentiel liées au personnel salarié. Les produits proviennent en majeure partie de l’autofinancement, qui en constitue 35 %, et qui se compose des dons, des adhésions des membres, ainsi que de péréquations pour l’emploi. Les aides de l’Etat constituent l’autre apport majeur de finances pour le MAN (33 %), dans le cadre des aides aux « Emplois jeunes « et aux « Emplois solidarité », couvrant 43 % des dépenses de personnel, par l’intermédiaire du CNASEA. Il n’en reste pas moins que l’association connaît un déficit important de ses charges de fonctionnement, qui l’amènent à définir sa situation financière comme étant un « équilibre précaire ». Ce sont les projets du mouvement qui viennent équilibrer ce déficit fonctionnel : il est donc essentiel pour lui de développer ses projets. Les aides publiques pour l’organisation ce ceux-ci peuvent provenir du FNDVA (pour l’organisation du forum en 2002 par exemple).

Le MAN entretient des relations avec quelques partenaires privés, en particulier la FPH, avec laquelle une convention a été signée en 2000, dans le cadre de laquelle une subvention de 50 000 francs français ont été versés pour la formation ICP. Cette subvention a été reconduite depuis et a donné lieu à un soutien financier essentiel à l’organisation de cette formation. La fondation Un Monde Par Tous apporte également un soutien financier important à la réalisation de celle-ci.

Une part modeste des ressources provient également de tables presse qui sont tenues par des membres de groupes du MAN dans des salons (Primevère…) ou des rencontres (conférences, Journées du Désarmement Nucléaire…) auxquelles participe le MAN. Les interventions (conférences, formations militantes,…) sont pour l’essentiel bénévoles. Enfin, on peut estimer que les « contributions en nature » apportées bénévolement par des membres du MAN au profit du mouvement, représentent l’équivalent de 90 jours de travail par an !

Sources :

  • Entretiens avec N’Zinga Verdier du 16 Juin et du 6 Novembre 2003.

  • Numéros du MAN-Infos.

  • Numéros de Perspectives Non-Violentes et de la Lettre du MAN de Haute-Normandie.

  • Livret d’accueil 2003.

  • Mémentos de 1992 et 2003.

  • « Histoire du MAN », par Cyril Hauland Groneberg.

  • Rapport d’activité et rapport financier 2002.

  • Projet de 4 pages de la campagne « Proche-Orient ».

Coordonées :

  • Adresse : MAN, 114, rue de Vaugirard, 75006 PARIS

  • Tel : 01 45 44 48 25

  • E-mail : man@nonviolence.fr

  • Site : www.non-violence.fr

Commentaire

C’est sur la base des Groupes de Recherche et d’Action Non-Violente (GRANV) locaux que s’est constitué le MAN en 1974. Le MAN fédère ainsi actuellement une vingtaine de groupes locaux qui sont le lieu privilégié de l’action et de la réflexion du mouvement. Il compte aussi avec un secrétariat national, qui est le lieu où se fédèrent concrètement les initiatives locales et où s’organise la communication entre les membres<

Son porte-parole, Jean-Marie Muller, est chargé de porter dans l’opinion publique les initiatives et les choix politiques du mouvement, notamment par l’élaboration de textes de réflexion de fond sur des sujets divers.