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Paris, noviembre 2008

La réconciliation, un long processus

« La résolution non violente des conflits laisse ouverte la possibilité, à terme, d’une réconciliation des personnes. Elle permet au moins de ne pas l’exclure et ménage au mieux l’avenir. Mais ce qu’elle veut obtenir, c’est la justice, toute la justice, rien que la justice. On peut attendre d’une lutte pour la justice qu’elle permette la réconciliation, mais non pas qu’elle l’obtienne. La réconciliation est un long processus de cicatrisation des blessures reçues et de guérisons des souffrances subies de part et d’autre tout au long du conflit ». (Dictionnaire de la non-violence, Jean-Marie Muller).

Keywords: Espacios de intercambio y transferencia de experiencias para la paz | Resolución no violenta de los conflictos | Trabajar la comprensión de conflictos | Intercambios entre actores de paz | Gestión de tensiones inter-étnicas | Equipos de Paz en los Balcanes | Los Balcanes | Kosovo

Au Kosovo, au lendemain de la guerre de 1999, de nombreuses ONG, associations et structures internationales étaient présentes pour « reconstruire ». Si la reconstruction des maisons, des voiries, ou la cicatrisation de blessures légères, peuvent se faire plus ou moins rapidement, il n’en est pas de même pour la « reconstruction des cœurs et des esprits ». Celle-ci n’est pas encore prise en compte par la plupart des décideurs et financeurs, qui préfèrent des actions, rentables et visibles, figurant dans des bilans, permettant de justifier les sommes reçues.

Comment faire, lorsqu’il s’agit d’êtres humains traumatisés, voire détruits par le conflit, d’enfants, de femmes, d’hommes, avec leur cœur, leurs sentiments, leurs pensées ? Le travail de « reconstruction », de réconciliation exige des actions et des comportements tenant compte de ces dimensions. Heureusement, des ONG, des associations internationales et des associations locales ont pris en compte cette dimension humaine, d’ordre psychologique et continuent de travailler avec des Kosovars pour « reconstruire les cœurs et les esprits ».

« Equipe de paix dans les Balkans » (EpB), à sa modeste place, s’est inscrite dans ce processus de réconciliation. A la demande de partenaires locaux, l’association a travaillé à Mitrovicë/Kosovska Mitrovica, ville séparée en deux depuis la guerre de 1999 (majorité serbe au Nord et Albanaise au Sud). Les volontaires ont été présents sur le terrain de 2001 à 2005.

Les objectifs et les actions d’EpB témoignent de cette volonté de permettre aux Kosovars de se réconcilier :

  • Favoriser la résolution pacifique des conflits entre les communautés des Balkans en leur proposant des outils – tels que les « jeux-exercices pour la coopération » ;

  • Créer un climat propice au dialogue intercommunautaire entre associations, organisations et institutions locales et individus. fondé sur le respect mutuel, en étant « tierce personne » au conflit, médiateur non-partisan ;

  • Favoriser la coopération des groupes en les incitant à la réalisation de projets communs, par une participation à des actions communes.

  • Soutenir la défense des droits humains en développant, avec les militants locaux, une culture de non-violence et des moyens d’action non-violente.

Les volontaires d’EpB, adhérant à ces objectifs, ont fait preuve de détermination et d’humour en vivant une année dans des conditions difficiles, pour être « acteurs de paix » aux côtés de Kosovars, avec lesquels ils travaillaient. Ces Kosovars souhaitent et croient possible la réconciliation de leurs communautés, mais leur situation est autrement plus inconfortable que celles des volontaires, puisqu’ils sont souvent perçus comme des traitres par des membres de leur propre communauté.

Les volontaires d’EpB, par étape et avec des volontaires des différentes communautés, ont par exemple :

  • Favorisé la relation entre les bibliothèques au nord et au sud de Mitrovica après la guerre de 1999 ;

  • Organisé des événements culturels pour rassembler les communautés ;

  • Organisé des stages de médiation, donnant des outils favorisant une réelle réconciliation ;

  • Conçu et réalisé une enquête avec des personnes issues des différentes communautés, sur l’action de la communauté internationale en matière de rapprochement entre communautés, en collaboration avec L’Agence de la Démocratie Locale du Kosovo (ADL) ;

  • Mis en place des ateliers de « jeux et exercices pour la coopération » dans des écoles au Nord et au Sud. Ceux-ci ont aussi servi à la formation d’intervenants socio-éducatifs ;

  • Créé et soutenu des groupes de parole de femmes.

Agissant ainsi comme des semeurs de graines dans le terreau de la réconciliation.

Comme il est dit en introduction, la réconciliation nécessite du temps, beaucoup de temps. En témoignent les violences survenues en mars 2004, dressant une fois de plus deux communautés l’une contre l’autre. Si la reconstruction matérielle était alors en cours, celle des cœurs était encore loin d’être faite ; il a suffit d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres rendant à nouveau fragiles les potentialités de réconciliation.

Si les volontaires de EpB ont dû quitter le Kosovo en 2005, faute de financement, les membres de l’association ont voulu garder le contact avec les partenaires du Kosovo :

  • En continuant de financer les ateliers de jeux coopératifs dans les écoles aussi longtemps que possible ;

  • En retournant régulièrement sur place pour entretenir les liens et encourager les actions en cours ;

  • En poursuivant le dialogue par internet ou par téléphone ; autant de petits gestes qui fortifient les liens et donnent du courage.

Une dernière graine fut jetée en novembre 2008 : EpB a invité en France des représentants des associations partenaires kosovares pour un « voyage d’échanges de pratiques pour des acteurs de paix. »

Ceux-ci ont ainsi « agrandi leur carte du monde » en découvrant la France, ses habitants, sa culture, le fonctionnement de certaines institutions et organisations. La diversité des rencontres et les échanges de pratiques pourront les aider dans leurs actions d’acteurs de paix sur le chemin de la réconciliation.

Peut-on espérer que le pays qui a mis en place « la grande réconciliation » - de février 1990 à mai 1992 - saura trouver en lui assez de ressources pour réconcilier les populations qui la composent, en participant au respect mutuel, à plus de justice et de vérité ?

Commentario

La réconciliation est un travail de longue haleine. EpB a accompagné les kosovars dans ce porcessus et continue à le faire à travers de la mise en place du voyage d’études et d’échanges de pratiques pour des acteurs de paix.