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Gaël Bordet, Paris, 2003

Principe de vulnérabilité.

I. Etymologie et définitions.

  • a. Sens commun : de vulnérable – du latin « vulnerare », blesser et donc, un être vulnérable est une personne qui du fait d’une constitution fragile est susceptible d’être blessée. « Caractère vulnérable de quelque chose ou de quelqu’un » (« Le Robert »).

  • b. sens socio-économique donné au « principe de vulnérabilité » : « c’est la mise en adéquation de la quantité d’eau dont dispose un pays avec la répartition dans le temps de cette quantité disponible, sa qualité, le niveau de consommation et celui de la demande. Il s’agit, au final, de déterminer le « degré de vulnérabilité » pour l’eau, du pays considéré » (FAO, « Bulletin FAO d’irrigation et de drainage » n°52, 1997).

II. Commentaire critique.

A. Présentation du principe de vulnérabilité.

Le degré de vulnérabilité dépend essentiellement de deux facteurs.

  • Les caractéristiques climatiques, tout d’abord, qui conditionnent aussi bien la quantité d’eau que sa répartition dans le temps.

  • De la corrélation que l’on peut établir, ensuite, entre la structure de la population et la structuration économique d’un pays, qui joue un rôle prépondérant en ce qui concerne l’évolution de la qualité et de la demande en eau.

Ainsi, en comparant l’évolution de la qualité de l’eau et sa répartition dans le temps entre plusieurs pays, on peut déterminer le degré de vulnérabilité d’une région.

Le seuil de vulnérabilité est atteint lorsque les ressources internes renouvelables en eau sont inférieures à 1000 m3 par habitant, ce qui représente une double menace : pour la poursuite d’un équilibre socio-économique durable d’une part, et pour la préservation d’un équilibre environnemental d’autre part.

B. Mesure du principe de vulnérabilité.

Le principe de vulnérabilité est donc un concept permettant de déterminer statistiquement le degré de vulnérabilité régionale pour les ressources en eau (c’est-à-dire « le niveau de l’utilisation de l’eau » / « aux disponibilités en eau »).

Pour déterminer les disponibilités en eau, deux variables sont prises en compte :

  • Le « climat » ;

  • Le « taux d’évapotranspiration de l’eau de pluie ».

Pour déterminer le niveau de l’utilisation de l’eau, trois variables principales sont prises en compte :

  • Les « facteurs institutionnels » d’une part ;

  • Le « taux d’accroissement de la population » d’autre part ;

  • Le « niveau de développement » enfin.

Les deux dernières variables sont à leur tour déclinées en sous-variables multiples.

Pour « le taux d’accroissement de la population, on prend en compte la seconde variable clé, à savoir « le niveau de développement », mais aussi deux sous-variables que sont « le taux de la production alimentaire accrue » et « le degré d’urbanisation ». Le taux de la production alimentaire accrue est lui-même fonction de « la demande alimentaire » (elle-même fonction des « besoins en irrigation ») et de « la demande en productions animales » (elle-même fonction du « nombre de têtes de bétail »).

Pour le niveau de développement économique, lui même partiellement fonction du « taux d’accroissement de la population », dépend du « niveau de revenu », qui dépend lui-même d’une part de la « demande en productions animales » (fonction du « nombre de têtes de bétail ») et d’autre part de la « demande en produits industriels ».

Tout cela est bien entendu également fonction du « niveau technologique » de la région considérée.

C. Limites du principe de vulnérabilité.

Ce concept clé des analyses réalisées dans le cadre de la FAO est à utiliser avec prudence pour plusieurs raisons.

  • Tout d’abord, l’interprétation des données pose problème lorsque l’on procède à des comparaisons entre des pays de zones climatiques et de pratiques agricoles différenciées.

  • D’autre part, le principe de vulnérabilité met au centre des préoccupations le secteur agricole (d’après le postulat suivant : sociétés traditionnelles et dites « sous-développées » = sociétés agraires) en insistant sur ses besoins en eau très importants et sur le fait que c’est l’usage premier dans ces pays, loin devant les usages alimentaire, industriel et touristique. Seulement voilà, les usages industriels sont en progression et sont globalement plus dispendieux en eau que ne peuvent l’être les pratiques agricoles…

  • Enfin, la validité de ce concept est mise en cause aujourd’hui de plus en plus souvent, car il est révélateur d’une conception purement « économiste » des rapports humains. Pour espérer arriver à une meilleure compréhension des enjeux, il faudrait en effet pouvoir intégrer dans le tableau d’interaction des forces déterminant la vulnérabilité d’une région pour ses ressources en eau, les facteurs suivants : la qualité de l’eau, le rapport à l’environnement, mais aussi d’autres facteurs plus culturels et civilisationnels comme la qualité de vie, les projets de société, l’organisation sociale, etc.

III. Pour aller plus loin.

  • Allaya Mahmoud, Labonne Michel, Papayannakis Michel. « La sécurité alimentaire dans les pays arabes », Centre International des Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes, Montpellier, 1986. (Approche technique, mais également socio-économique de la question. Ces analyses sont encore très pertinentes.).

  • Drain, Michel dir°. « Les conflits pour l’eau en Europe méditerranéenne », Université de Montpellier, 1996 (Approche sociologique et historique de la question ; les analyses de ce concept sont intégrées aux différentes études de cas qui composent ce livre. Très instructif).

  • FAO. Bulletin FAO d’irrigation et de drainage n°52, 1997. (Définition et position du principe de vulnérabilité par l’une des institutions internationales qui ont contribué à le promouvoir).