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, Paris, Novembre 2011

Tour de table des participants à la rencontre, Yaoundé 2011

Les participants à la rencontre sont des chercheurs, des formateurs, des universitaires, des militants, des acteurs de terrain… ils travaillent au sein de centres de recherche, de think-tank, d’universités, de fondations, ou d’associations.

Les invités

Mus par une motivation personnelle, une démarche scientifique, ou encore la réalité de leur quotidien professionnel, tous partagent cette envie de nourrir la réflexion autour de l’élaboration d’un savoir utile à l’action, utile à la décision, utile à la transformation des conflits et à la construction d’un vivre ensemble harmonieux.

Animés par le besoin de comprendre les conflictualités actuelles, par l’envie de donner du sens à la paix, et de conduire cette réflexion de manière collective, les participants ont vu dans ce projet de master, une alternative au cadre austère de l’université, un espace de discussion, d’échanges et de partage d’expérience propice à l’émergence de propositions innovantes.

  • Jean-Emile Nkiranuye est chercheur au CERAP – Centre de Recherche et d’Action pour la Paix – en Côte d’Ivoire, au sein de l’Institut de la dignité et des droits humains qui dispense des formations de master. Participent à ces formations des étudiants et des professionnels, qui cherchent à comprendre des concepts fondamentaux relatifs à la paix et au conflit, maîtriser les techniques appropriées à travers des analyse de cas, apprendre à mettre la connaissance de la gestion des conflits au service de la société. Leur approche est à la fois réflexive et pragmatique ; l’objectif est de promouvoir l’interactivité entre les enseignants et les étudiants. La démarche du CERAP est soucieuse de l’employabilité des étudiants qui suivent ses formations. Il semblerait que les entreprises les plus sensibles aux questions de paix et de conflit soient les filiales des entreprises multinationales.

Contribution : des échanges d’étudiants entre le CERAP et le master, des échanges de publications, des projets communs de recherche. Être le porte parole de l’IGAC dans d’autres régions de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique des Grands Lacs.

En retour : le CERAP attend surtout que l’IGAC entretienne bien le réseau qui est en création : « nous avons besoin d’un réseau fort en Afrique centrale ».

  • Hervé Ott (France), est formateur au sein de l’IECCC – Institut Européen Conflits Cultures Coopérations. Il aborde les situations liées au conflit en particulier dans la relation à soi-même (le dilemme), la relation à l’autre (la dispute), les relations à l’intérieur d’un groupe, entre un groupe et une institution ou l’Etat, entre l’Etat et les peuples. Il intervient à la demande d’associations du milieu social (enseignants, éducateurs, services publics et un tout petit peu les entreprises). Ceux qui participent aux formations cherchent à faire face au stress et à l’agression : comment se comporter en situation de stress et d’agression ? Comment poser un cadre de sécurité et le garantir ? Comment sortir d’une situation d’impuissance (développer le pouvoir d’agir) ? Comment organiser une résistance locale face à un problème particulier ?

Contribution : dispenser des formations sur les thèmes suivants : la dynamique du conflit, la transformation du conflit dans les trois dimensions personnelle, structurelle et culturelle ; la formation de leaders sociaux : comment acquérir des compétences pour intervenir de façon plus rationnelle et moins émotionnelle dans les conflits. C’est le non dit des peurs et des émotions qui est la source de beaucoup de violence.

En retour : bénéficier de l’expérience, des différentes approches culturelles des participants à l’atelier et notamment de cette capacité à utiliser des images, à faire appel à l’imaginaire pour inventer d’autres réalités que celle que nous vivons.

  • Gabriel Tabopda (Cameroun) est magistrat à l’extrême nord du pays, Kousséri, dans une région qui depuis des années a été le théâtre de conflits de différents types. La justice transitionnelle dont il a une grande expérience, comporte selon lui un double enjeu : celui de lutter contre l’impunité et celui de manager l’idéal de vivre ensemble qui doit être préservé. Or la justice sur le plan interne est loin de trouver des réponses adéquates pour y répondre. La justice traditionnelle est une justice efficace mais qui montre malgré tout des signes de faiblesses : les solutions trouvées très rapidement ne sont pas les meilleures sur le long terme. Elles sont souvent vite remises en cause ; d’où l’importance de faire cohabiter la justice transitionnelle avec la justice moderne. Autre difficulté importante : il existe une totale inadaptation entre les lois applicables dans les régions « normales » du territoire et les localités frontalières (telles que le Logone et Charri – extrême nord du Cameroun).

Contribution : grande connaissance des enjeux du Département du Logone et Chari : éclairage et coaching sur les réalités conflictuelles de cette zone.

  • Adrien Roux (France) fait partie de l’Association ReAct (Réseaux pour l’Action Collective Transnationale) qui travaille essentiellement sur les conflits sociaux économiques impliquant des entreprises multinationales et organise des formations avec des travailleurs sociaux, des gestionnaires, des leaders sociaux, des élus locaux etc… Ces formations entendent répondre à des besoins de changement social, et plus spécifiquement à des besoins en termes de méthodologie (quelle forme d’organisation, comment mobiliser), d’action collective (quelle tactique, quelle stratégie), de négociation (sortir de la logique de gestion pour appréhender la dynamique conflictuelle). L’approche est celle de la pédagogie analogique.

Contribution : apporter des éléments théoriques, pratiques et méthodologiques aux étudiants impliqués ; leur proposer un accompagnement personnalisé à distance ; faire participer des leaders, impliqués dans un ou plusieurs conflit(s) socio-économiques et qui auraient des choses intéressantes à partager au sein d’un master de transformation des conflits.

En retour : Que des travailleurs locaux puissent bénéficier de cette formation parce qu’ils sont au cœur de l’action pour la transformation sociale. Que ce master ne se contente pas de former des fonctionnaires parce que ce sont eux qui ont les moyens de payer la formation.

  • Cyril Musila (France – Congo) est chercheur à l’IFRI, professeur d’Université à l’ICP –Institut Catholique de Paris – et formateur à l’Institute for Peace and Security Studies de l’Union africaine basé à Addis-Abeba.

A l’ICP, Cyril est face à un public de jeunes étudiants en demande de connaissances et d’outils, qui viennent chercher une formation diplômante, dans une démarche professionnalisante. Tandis qu’à l’Institute for Peace and Security Studies, ce sont des professionnels qui viennent chercher une assise théorique à des choses qu’ils font déjà ; construire autour de leur pratique, des théories. Dans son enseignement, Cyril a une approche transdisciplinaire et tente à chaque fois de mobiliser la dimension spatiale et la dimension anthropologique. Son objectif est de dispenser un savoir utile à l’action, de rendre efficace la théorie sur le terrain.

Contribution : Être une personne ressources, soit pour des interventions, soit pour des contacts. Poursuivre ce networking autour de deux organisations : L’Institute for Peace and Security Studies, et la Chaire d’Etude au sein de l’Université pédagogique de Kinshasa, qui pourraient être une porte ouverte pour des échanges, des connexions de personnes etc…

En retour : Que cette formation soit un laboratoire où l’on pose différemment les problèmes qui concernent la région d’Afrique centrale notamment (innovation dans les méthodes et le contenu) et qui joue un rôle de connectivité dans l’Afrique centrale.

Valoriser la stratégie du bananier au lieu de celle du cocotier. Ce dernier s’élance tout seul vers le ciel la rigidité de son tronc donnant l’illusion de sa solidité ; mais à la moindre tempête, il s’écroule. Métaphore de celui qui croit pouvoir réussir tout seul. Le bananier par contre, en poussant fait germer d’autres pousses qui l’aideront à compenser sa fragilité intrinsèque. Lui, résiste aux tempêtes. La vertu du bananier est le secret de la réussite : se mettre ensemble, fonctionner en réseau pour mutualiser au mieux les ressources.

  • Firmin Mbala (Cameroun) est politologue de formation. Il travaille à l’APHDAC – Association pour la Promotion des droits de l’Homme en Afrique Centrale – qui est un centre de recherche de l’UCAC (Université Catholique de l’Afrique Centrale). L’APDHAC a un master en droits de l’homme et action humanitaire auquel assiste un public assez hétéroclite : à la fois des gens qui n’ont jamais travaillé de leur vie et des professionnels. Cette formation entend répondre à un besoin de renforcement, de meilleure connaissance de la thématique des droits de l’homme. L’approche promet l’interdisciplinarité (l’objectif est de démonopoliser les droits de l’homme, de ne pas en faire une thématique propre aux sciences du droit). La dimension de l’employabilité est prise en compte : des ateliers professionnels sont organisés pour que des professionnels issus de différents corps de métier puissent partager leur expérience de manière à ouvrir des perspectives aux étudiants qui viennent suivre ce master.

  • Stéphane Akoa (Cameroun), est chercheur au sein de la Fondation Paul Ango Ela, qui est un Centre de recherche en géopolitique. La Fondation en tant que telle ne dispense pas de formation, mais au cours de ses 10 années d’existence, elle a accumulé un grand nombre de connaissances liées à la gouvernance, aux études démographiques, aux questions économiques : il est important que tout ce savoir soit partagé et donc puisse enrichir ce master. La fondation a une approche multidisciplinaire et transnationale dans la mesure où elle essaye de s’intéresser à toutes les questions qui au-delà du Cameroun (notamment en Afrique centrale) ont une incidence sur les déséquilibres, sur les confrontations.

Contribution de la Fondation PAE en termes de contenu : enrichir le référentiel que le master va animer. Intervention de chercheurs de la Fondation pour animer des sessions.

En retour : Une convention qui pourrait définir la relation de la FPAE à cette formation. Créer un master qui sorte de l’ordinaire. Arriver à la mise en place de ce réseau. Etre aussi l’un des bailleurs d’une chaîne qui pourrait avoir une influence sur la transformation de notre société.

  • Richard Smith (Afrique du sud) est directeur de l’Action Support Centre à Johannesburg en Afrique du Sud, dont l’objectif est de soutenir des actions en faveur de la paix et la transformation des conflits. Le centre est l’adresse physique du réseau international Action for Conflict Transformation. L’organisation est spécialisée dans l’offre de formation dans le domaine de la transformation des conflits. Un de leurs cours phares s’intitule « Advanced Conflict Transformation (ACT) course ».

Contribution : Participation à la construction des contenus, à la conception des programmes. Propose d’être un point focal en Afrique du sud auprès de chercheurs ou autres personnalités du monde académique qui pourraient être intéressés à participer à la démarche.

En retour : Dépasser la dichotomie Afrique francophone et Afrique anglophone. Valoriser le partenariat Nord-Sud.

Quant aux co-organisateurs…

Modus Operandi :

  • Karine Gatelier (France) est anthropologue de formation et travaille au sein de Modus Operandi sur les transformations politiques des conflits en sortie de crise (notamment en Ouzbékistan) ; les travaux de recherche qu’elle a réalisés pour sa thèse, l’ont amenée à s’intéresser aux conflits autour de la nature très autoritaire du pouvoir en Ouzbékistan, partant de l’hypothèse du lien entre stratégies de légitimation et capacité de perpétuation de tel régime.

  • Claske Dijkema (Hollande) travaille également au sein de Modus Operandi sur les transformations politiques des conflits en sortie de crise (notamment au Zimbabwe et en Afrique du Sud) ; elle dit avoir découvert en elle la puissance d’une force autre que la force physique lorsqu’elle a été amenée, étant toute jeune scolaire, à dépasser cette émotion paralysante qu’est la peur pour faire face à un agresseur qui a finalement battu en retraite. Y voyant une attitude qui au-delà de sa portée à une échelle personnelle vaut également à l’échelle des groupes.

  • Nathalie Cooren (France), travaille pour le projet Irénées, elle est titulaire d’une maîtrise en droit international et d’un master en sociologie des conflits. Elle a été fortement sensibilisée de par l’histoire de la dictature en Argentine où elle a par ailleurs vécue, aux questions des droits de l’homme, de justice, d’impunité, de mémoire et de réconciliation.

IGAC :

  • Claude Mbowou (Cameroun) est chercheur au sein de l’IGAC. Il conçoit son engagement sur les questions de paix et de conflits à partir de trois repères : sa quête identitaire d’abord qui s’est doublée d’une anxiété politique à partir du génocide rwandais et son expérience de leader étudiant engagé dans des mobilisations sociales pour le changement dans son pays.

  • Mouafo Djontu (Cameroun) également chercheur à l’IGAC ayant partagé la même expérience que Claude, a renchéri sur le même thème, en évoquant son travail de leader étudiant d’il y a six années, pour favoriser des transformations sociales et pour une citoyenneté libérée du poids du communautarisme ethnique.

  • Albert Legrand Fosso (Cameroun), anthropologue de formation, a été amené à s’intéresser aux conflits générés dans les sociétés de l’Ouest Cameroun, par la gestion de la mort entre chrétiens et traditionnalistes opposés par leurs approches symboliques et rituels de ce phénomène.