"Dividers and Connectors"

Cet outil consiste en une analyse des facteurs de division et de cohésion entre les personnes au sein d’une communauté.

Cette analyse permet d’identifier ce qui peut être fait (dans un premier temps) pour créer un climat de confiance, et pour s’étendre à partir des « espaces de paix » dans un quartier. Il ne faut pas considérer l’analyse comme une recette ou une prescription. L’outil fournit des références à appréhender de manière créative afin d’innover dans l’élaboration d’une initiative de paix.

L’analyse des facteurs de cohésion et de division aide à poser les bases pour la transformation d’un conflit complexe (multipartite) dans un contexte local. Cet exercice est d’autant plus efficace s’il est mené de manière participative, avec un groupe d’acteurs impliqués dans des programmes de paix et de développement local. Il peut servir de méthodologie de recherche pour la compréhension des facteurs conflictuels.

Un même élément (institution, valeur, expérience, etc.) peut être à la fois fédérateur dans certains scénarios, et jouer un rôle de division dans d’autres cas. Cela dépend du conflit, de la culture ou du rôle qu’il joue dans la communauté. Par exemple, un programme gouvernemental fournissant des denrées aux populations, peut être fédérateur si les personnes sont organisées et si elles partagent équitablement la nourriture, mais il peut exacerber la violence si la communauté est l’objet de luttes d’influence et de rivalités.

Analyse de facteurs de cohésion et de division
NatureFacteurs de divisionFacteurs de cohésion
Systèmes et Institutions
Attitudes et Actions
Valeurs et Intérêts Divergents Partagés
Expériences Divergentes Partagées
Symboles

La version originale complète de l’outil [2] consiste en une analyse en 7 étapes commençant par le contexte du conflit. La version adaptée de l’outil contient 4 étapes.

Liste : le modèle de l’outil « Ne pas nuire » en 4 étapes :

Adaptation d’Anderson (1999), CDA Collaborative Learning Projects, www.cdainc.com

Le processus débute par une analyse du contexte, et s’achève par une période d’évaluation de l’influence des initiatives de paix. Nous avons découvert que l’analyse des facteurs de cohésion et de division constitue un outil précieux en soi, même s’il n’est pas utilisé pour l’évaluation de l’influence d’un intervenant extérieur. Nous l’utilisons pour mieux comprendre le scénario local et comme base pour une initiative de paix.

Cette analyse implique d’identifier :

— Les conflits les plus significatifs et les plus fréquents ?
— Les parties associées au conflit ?
— L’histoire de la communauté ? Quels sont les intérêts principaux de ses membres ?

Pour cette étape, il ne suffit pas de « répertorier » les intérêts des différents acteurs. Il faut nécessairement comprendre les types de stratégies qu’ils emploient en réponse au conflit, ainsi que la raison de ces choix. Il est également important d’identifier les institutions travaillant sur les problèmes conflictuels et leurs actions, de comprendre quels degrés de violence ont pu être atteints par le passé, et de trouver les racines historiques du conflit en présence.

Actions principales :

— Préparer une réunion avec l’équipe projet ;
— Définir avec votre équipe une liste préalable des éléments majeurs de l’histoire et de l’origine de cette communauté ;
— Définir et écrire les principaux problèmes ou conflits traités par votre programme ou votre organisation ;
— Improviser et dessiner une « carte » physique de la communauté ;
— Prendre le temps d’identifier les principaux points de repères de cette communauté ;
— Dresser une liste des principales institutions en rapport avec le problème ;
— Dresser une liste des principaux acteurs concernés (formels et informels) dans la communauté.

Activité facultative :

Si ceux qui participent au processus d’analyse ne connaissent pas bien la communauté concernée, il sera nécessaire d’organiser une brève consultation de certains membres ou groupes clefs de la communauté, par exemple des animateurs, des fonctionnaires, des pompiers, des comités de riverains, des organisations de femmes, etc. Il est possible que certains de ces acteurs soient plus à même de formuler « leurs intérêts et leurs besoins » au sujet des principaux problèmes de la communauté, dans le cadre d’une démarche informelle, ou via des groupes de consultation et de dialogue, que dans le cadre d’une démarche officielle. Il est important de les associer à ce type d’actions car ils peuvent apporter de précieuses informations.

Prendre le temps de réfléchir aux véritables sources de tensions masquées par les « conflits évidents » :

— a) Certaines causes trouvent leurs racines dans des injustices historiques ;
— b) D’autres conflits peuvent avoir été provoqués par des événements récents et de courte durée ;
— c) Les relations économiques, la géographie, la démographie, la politique, la religion, etc. ;
— d) Les manipulations de dirigeants de sous-groupes ;
— e) D’autres sources de tension peuvent provenir de puissances étrangères.

Déterminer parmi ces sources de tensions, celles qui sont internes ou externes à la communauté, et celles qui ont une influence directe ou une cause plus profonde.

Actions principales :

— Identifier une liste provisoire de facteurs de division
— Classer les éléments de la liste dans les catégories de l’outil
— Mener une discussion avec votre équipe sur les points suivants :
Pourquoi pensez-vous que cet élément constitue un facteur de division ?
Dans quelle mesure ce facteur de division affecte la vie dans la communauté ?
Quels éléments favorisent ce facteur de division ?
Dans quelle mesure votre programme peut-il influencer ces facteurs de division ?

A quels moments et dans quelles situations les personnes se sont-elles regroupées pour collaborer malgré le conflit ? A quels moments et dans quelles situations les acteurs se « reconnectent-ils » malgré leurs différences ? Quels sont les personnes, symboles, événements sociaux et espaces qui sont en mesure de fédérer les acteurs ?

Actions principales :

— Échanger pour identifier les facteurs de cohésion potentiels (aussi petits soient-ils et quelle que soit leur nature).
— Classer les facteurs de cohésion dans les catégories de l’outil.
— Hiérarchiser les facteurs de cohésion par ordre d’importance dans la communauté.
— Déterminer comment travailler avec ces facteurs de cohésion dans le contexte du programme.

Il est important d’intituler clairement à la fois les facteurs de cohésion et les facteurs de division. Pour le faire correctement, il ne faut pas se contenter de leur donner un nom mais il faut les baptiser en identifiant le rôle qu’ils jouent. Par exemple, écrire « marché local » ne permet pas de comprendre le facteur de cohésion. Il vaut mieux spécifier : « Le comité du marché local a fait du marché un espace sécurisé pour la vie et le partage entre tous les membres de la communauté ». Il faut appliquer les mêmes consignes aux facteurs de divisions (institutions, personnes, attitudes, valeurs, expériences et symboles).

Les éléments les plus abstraits nécessiteront davantage d’explications. Par exemple, le « papillon blanc », un insecte tropical vivant dans la région, peut à la fois représenter un élément d’identité et un élément d’appropriation locale. Il est cependant nécessaire d’expliciter pourquoi ce symbole représente un facteur de paix. Par exemple : « le papillon blanc a donné l’occasion à des acteurs antagonistes de partager des activités lors de rassemblements pour des campagnes de préservation ».

Il est très important de préparer un résumé de l’analyse. Ce résumé peut tenir sur deux pages :

— a) Analyse du contexte
— b) Facteurs de connexions
— c) Facteurs de divisions
— d) Et conclusions en rapport avec les actions du programme.

Il peut servir de repère pouvant être mis à jour. Il est important de noter toutes les évolutions ou modifications pendant la phase de mise en œuvre du programme.
Après l’analyse des facteurs de cohésion et de divisions, la méthode NPN complète recommande de revenir à une analyse institutionnelle du programme de paix afin de comprendre les rapports entre les actions et les problématiques, et les résultats escomptés. Mais ici, nous nous limitons à identifier les principaux facteurs de cohésion et la manière dont ils peuvent s’intégrer dans votre programme.
Vous avez atteint l’objectif principal de l’exercice si vous êtes en mesure de clarifier les sources de tensions les plus sensibles en local, et si vous avez découvert comment orienter au mieux les actions du programme pour transformer ces facteurs de divisions.

Si le programme nécessite l’application de cet outil en tant que cycle complet d’analyse et d’évaluation institutionnelle, nous vous recommandons de consulter le site suivant : www.cda.org

Les 5 erreurs les plus fréquentes dans l’application de l’outil sur les facteurs de cohésion et les facteurs de divisions :

— 1. Utiliser cet outil comme une « baguette magique » pour obtenir des réponses simples au conflit.
— 2. Commencer l’analyse des facteurs de connexions et des facteurs de divisions sans analyse préalable du contexte.
— 3. Considérer l’analyse comme terminée sans avoir consulté les acteurs locaux concernés.
— 4. Ne pas avoir échangé sur les dynamiques masquées par les facteurs de connexions et de divisions.
— 5. Ne pas élaborer de résumé du processus.


[1Le terme a été développé par le CDA et une source abondante d’informations concernant cette méthodologie est disponible sur le site Web du CDA : www.cdainc.com

[2Le terme a été développé par le CDA et une source abondante d’informations concernant cette méthodologie est disponible sur le site Web du CDA : www.cdainc.com