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, Kirsten KOOP, Grenoble, November 2013

Violence sans conflit ? Quelle pertinence des outils d’analyse et de transformation de conflit dans le contexte de violences urbaines à Villeneuve, Grenoble ?

L’augmentation des violences urbaines constitue un défi auquel doivent faire face les collectivités locales et la société civile. Depuis les émeutes de 2010 et le fameux discours de Grenoble prononcé par Nicolas Sarkozy, la Villeneuve de Grenoble est devenue un cas emblématique des expressions concrètes de violences urbaines et d’un pouvoir public désemparé.

Keywords: Development of methods and resources for peace | | | France

Résumé

Afin de donner du nouveau dans les recherches et actions sur cette problématique, nous partons de l’hypothèse que les violences des jeunes dans les banlieues peuvent être comprises comme un conflit mal géré. Nous discuterons l’apport théorique possible de la « conflict transformation » (1), une approche anglo-saxonne qui, au-delà de la focalisation unique sur les manifestations par la violence, s’intéresse aux racines du conflit et aux relations entre les parties prenantes. La violence est alors abordée comme un langage. Si nous voulons trouver des solutions durables, il est important d’écouter les messages qui se cachent derrières les comportements violents. A partir de cet autre regard sur les violences, nous tenterons de formuler des pistes pour des actions socialement innovantes abordant les violences urbaines.

Les éléments exposés dans cette présentation proviennent d’une phase d’observation participante qui a duré un an (temps partiel). Cette phase exploratoire vise la définition d’un programme de recherche sur la problématique des violences dans le quartier de la Villeneuve, un quartier populaire de Grenoble avec une histoire particulière.

Proposition : La violence à Villeneuve, une question de perceptions

Il existe de multiples définitions de la violence, parfois liées à des thèses contradictoires. Nous reviendrons plus tard sur la conception de la violence utilisée dans cet article. Nous souhaitons ici commencer par la confrontation du regard extérieur sur la violence dans les quartiers véhiculé par les médias, avec un regard depuis l’intérieur du quartier, celui de ses habitants. Les images diffusées dans les médias des quartiers populaires pris dans l’engrenage de la violence, ont souvent peu de rapport avec la vision que les habitants ont de leurs quartiers, avec la façon dont ils perçoivent les violences depuis l’intérieur de leur territoire. Un événement très récent qui a mis en évidence cette hypothèse est l’émission d’« Envoyé Spécial », une émission d’enquête de la chaîne publique France 2, intitulée « Villeneuve, le rêve brisé » du 20 novembre 2013. Le thème choisi par le reportage, d’un quartier utopique vers une « guerre de territoire », a largement été démenti par les habitants. En réaction à cette image jugée faussée, plusieurs centaines de personnes se sont mobilisées au sein d’une assemblée, puis réunies dans différents groupes de travail et ont mené des actions, comme un décryptage public de l’émission en présence d’un sociologue, un dépôt de plainte contre France Télévisions, la création d’un contre reportage, une table-ronde sur le traitement  des  « quartiers populaires » par les médias et une manifestation devant une salle où devait intervenir une des réalisatrices de l’émission.

Les quartiers populaires sont devenus synonymes de violence ; une violence que l’on attribue aux jeunes et à l’immigration. Ces images reflètent les fantasmes de ceux qui n’y habitent pas, projettent notre peur de l’altérité, des jeunes en colère et d’un afflux des habitants « autres », que nous aurions du mal à comprendre. De plus, l’association entre les violences urbaines et l’immigration induit l’idée que ce phénomène provient de l’extérieur de notre société, qu’il y a été importé. Les solutions sont ensuite cherchées dans le domaine sécuritaire pour réprimer la violence, rétablir l’ordre comme on le connaissait. Ces images et réponses du secteur public nous détournent de l’idée que les violences des jeunes expriment un malaise, qu’il s’agit d’un problème de notre société et non pas seulement des quartiers.

La Villeneuve

Le quartier Villeneuve, grand ensemble des années 1970, est situé au Sud de Grenoble. Dans sa conception initiale, la Villeneuve fut une ville nouvelle, adaptée aux besoins de l’homme moderne : priorité à la vie collective, vastes espaces verts, mixité sociale, écoles ouvertes etc. La Villeneuve symbolisait l’anti-thèse des cités dortoirs, une utopie de la ville moderne, un laboratoire expérimental et avait même atteint une renommée internationale.

L’expérimentation de la Villeneuve est aujourd’hui considérée comme un échec. Dans les années 1980, la municipalité de droite sous A. Carignon réduit les dépenses envers le quartier : les associations reçoivent nettement moins de subventions et l’entretien des immeubles n’est plus assuré de manière convenable. De surcroît, les ménages pauvres demandeurs d’HLM y sont systématiquement dirigés. Aujourd’hui, un habitant sur deux a moins de 25 ans, le taux de chômage parmi les jeunes entre 18 et 25 ans est supérieur à 40 %, la délinquance est en forte augmentation depuis 20 ans… le quartier est dit atteint par le syndrome “banlieue”.

Depuis les émeutes de 2010 et le fameux discours de Grenoble prononcé par Nicolas Sarkozy, la Villeneuve de Grenoble est devenue un cas emblématique des expressions concrètes de la violence urbaine et d’un pouvoir public désemparé. Les actions du secteur public sont majoritairement d’ordre sécuritaire et visent à la répression des violences.

Image des violences à partir de l’intérieur du quartier de la Villeneuve

Un des objectifs dans cette phase exploratoire de la recherche était alors de mieux comprendre la vision qu’ont les habitants des violences dans leur quartier. Une des méthodes utilisées pour y arriver a été la participation au « repas citoyen » sur le thème « Réagir aux violences dans le quartier, parlons-en », organisé en février 2013 par le collectif inter-associatif Villeneuve Debout, auquel ont participé 50 habitants. Les débats étaient structurés autour de trois questions :

  • 1. Ressentez-vous des violences dans le quartier ? Si oui, lesquelles ?

  • 2. Pourquoi ces violences ?

  • 3. Qu’est ce qu’on fait ? Qu’est ce qu’on propose ?

Le public présent à cette manifestation n’était pas représentatif de la population du le quartier, mais un minimum de diversité a été assuré. L’avis de chacun a été retenu dans les conclusions qui comprenaient toutes les propositions et non pas uniquement celles présentées de façon majoritaire.

Qu’est-ce qui est vécu comme de la violence ?

  • Les nuisances quotidiennes (barrages passifs, « rodéos », squats coursives).

  • Les violences contre les personnes (violences verbales, insultes, intimidations, agressions (vols à l’arrachée)).

  • Les violences contre du matériel (incendie, vandalisme).

  • La peur (violences subies par soi-même/voisins engendrent peurs, conséquences graves sur la vie des personnes).

  • Un sentiment d’injustice (vis-à-vis l’image du quartier).

  • Une violence mouvante (qui se déplace sur le territoire).

  • La violence du système (chômage, racisme, discrimination à l’embauche, etc.)

Un premier constat est que si le quartier est un quartier de violences, la violence des jeunes n’est pas la seule perçue (il y a aussi celle du système, celle dans les familles).

Un deuxième constat est que les habitants semblent partager une vision systémique de la violence, qui l’inscrit dans un fonctionnement plus large de la société.

De surcroît, à l’intérieur du quartier de la Villeneuve, la “violence des jeunes” est perçue comme ne concernant qu’une poignée de jeunes sur lesquels il ne faut pas se focaliser.

Dans le quartier, il y a aussi des violences liées à la délinquance et au trafic de drogues. Elle n’est pas spécifiquement mentionnée par les habitants comme source de violence dont ils seraient affectés et ne sera donc pas traitée dans cet article. Notre analyse prend comme point de départ des comportements tels que : nuisances quotidiennes, violences verbales, agressions et violence contre du matériel. Comportements qui sont attribués à une partie de la population jeune et qui engendrent un sentiment de peur. La violence est alors à la fois dans l’acte et dans la menace de ces actes. Enfin, pour comprendre ces comportements, nous ne pouvons pas les dissocier des causes structurelles.

Pendant le repas citoyen, cité ci-dessus, les causes suivantes ont été identifiées :

  • 1. La situation socio-économique

  • 2. Le besoin de reconnaissance sociale

  • 3. La défiance et le manque de communication entre les habitants

  • 4. Des modèles violents

  • 5. Le racisme et l’histoire

  • 6. Un manque de cadres, de repères pour les jeunes

De la violence au conflit

Un certain nombre de références traitent les violences urbaines comme des violences sans conflit (2). Pour nous, il n’y a pas de violence sans conflit, le conflit étant composé, selon la définition de Kotzé (2000), de trois éléments clefs :

  • Une contradiction ;

  • Des perceptions négatives ;

  • Une hostilité, une menace, un comportement coercitif.

Il semble évident que ces trois critères sont réunis dans les situations de violence urbaine : une contradiction est perçue par les responsables de violence, entre leurs besoins et les autorités par exemple (forces de l’ordre, institutions étatiques ou les personnes incarnant leurs valeurs) ; des perceptions négatives de la cible des violences ; les derniers étant une hostilité en soi. En quoi c’est un conflit alors?

Deux auteurs français, Charles Rojzman et Wieviorka ont une autre vision. Pour eux, conflit et violence sont des termes opposés car la violence fermerait la discussion au profit de la rupture ou du seul rapport de force. Pour Rojzman, entre ceux qui sont séparés par la violence, il n’y a pas de conflits. Il nous semble que cette opposition est trop catégorique car la violence s’adresse souvent à quelqu’un, directement ou indirectement. L’auteur de violences a une certaine image de l’autre, à qui ses actes s’adressent. Il y a donc une relation, même si elle est symbolique. Nous mettons en avant la thèse selon laquelle la violence peut être perçue comme un langage qui exprime un dysfonctionnement dans la société. En adaptant cette position, pour travailler sur la violence, il faut alors écouter le message qui se cache derrière. Deux outils de d’analyse peuvent être mobilisés à cette fin :

  • 1. PIN tool : Positions, intérêts, besoins (John Burton)

  • 2. Le triangle de la violence (Galtung)

Si la violence était un langage, qu’est-ce quelle exprimerait ?

Un outil utilisé dans les pratiques de transformation de conflit est le « PIN-tool ». Il est développé sur la base de la théorie de John Burton sur les besoins humains (human needs theory) (3). Nous l’adaptons ici pour comprendre le sens derrière l’utilisation de la violence par les jeunes de Villeneuve.

La violence urbaine peut être comprise comme une prise de position entre autres et surtout dans l’espace public. Elle permet à un individu de se positionner en tant qu’acteur qui ainsi refuse la position de victime. L’outil PIN s’intéresse aux objectifs de l’utilisation de la violence, aux intérêts de l’acteur. Et enfin, il nous aide à nous interroger sur les besoins non-satisfaits, qui, selon cet outil, sont à la base de cette prise de position.

Les observations citées ci-dessous sont issues des entretiens, des témoignages au cours des réunions et groupes de paroles.

Position : Paroles ou actes de violences dans l’espace publique, comme « Nique la police ».

Position : expression de la colère

Quand j’ai demandé à un jeune dans la rue un lundi matin qu’est-ce qu’elle exprimerait cette violence, il m’a répondu que la violence est un cri : « Regarde autour de toi et qu’est-ce que tu vois? ». Beaucoup de colère, souvent gardée à l’intérieur mais parfois exprimée dans l’espace public, comme le tag sur le mur à côté « nique la police ». Selon mon interlocuteur, il faut comprendre la violence également comme une expression des frustrations de la situation dans laquelle se trouvent beaucoup de jeunes. Ce qui distingue mon interlocuteur de ceux ayant choisi la voie de la violence, c’est, dit-il, qu’il a la parole, une parole qui lui permet de s’exprimer différemment.

Intérêts : A quoi sert la violence ?

Suite aux échanges avec les acteurs, nous avons pu formuler les intérêts suivants :

  • La défense d’un espace qu’on s’est approprié.

  • La violence comme prise de pouvoir. Par un acte de violence la personne change et passe de spectateur passif à un acteur qui agit sur une situation.

  • La capacité de faire peur. Ici est incluse dans la définition de la violence, la menace de celle-ci. Faire peur est aussi une forme de pouvoir, même s’il s’agit d’une forme de pouvoir destructif selon la définition de Kenneth Boulding (4), il peut avoir l’effet d’une valorisation de soi (5). La crainte est confondue avec le respect.

  • La violence comme moyen de se faire respecter. L’estime de soi passe par l’estime des autres. Dans un contexte de chômage, d’échec scolaire et d’échec de l’ascension sociale par l’éducation, que faut-il faire pour obtenir du respect ? La délinquance est une voie, à condition que l’acteur réussisse dans sa démarche. L’argent égale la réussite dans ce contexte, peu importe comment l’a-t-on obtenu. Le fait pour le délinquant de défier les normes de sociétés, représente-t-il une valeur supplémentaire ?

Besoin : la reconnaissance

« Beaucoup de jeunes ont l’impression de ne pas avoir de place dans la société, en raison notamment du manque de perspectives d’emploi. Cela provoque des frustrations et les conduit à chercher de la reconnaissance dans d’autres sphères, notamment au sein des bandes (« caïds de territoire ») qui procurent une identité de groupe. Selon les codes de ces groupes, la violence, la provocation, la transgression sont valorisées ». (Extrait repas citoyen)

Triangle de la violence

Trois types de violence : directe, structurelle, culturelle

Violence directe

Expressions hostiles qui sont visibles/observables.

Violence culturelle

La violence culturelle concerne nos perceptions et tout ce qui donne sens à nos comportements. Des actes de violences dans ce quartier s’inscrivent, prennent sens dans une perception de soi-même en tant que victime. Dans toutes les sociétés, la violence est régulée à travers des lois et des normes. Elle peut uniquement être utilisée légitimement sous certaines conditions, comme pour se défendre, si on a un mandat (police, armée, institutions pénitentiaires etc) ou autres. Une vision de soi-même ou de son groupe en tant que victime de la société dominante et qui va souvent de pair avec le rejet de celle-ci, sert de justification pour passer outre l’interdiction de la violence. Cette perception de soi-même ou de son groupe en tant que victime va de pair avec la vision de l’autre comme ennemi et comme puissant. Dans la situation qui nous intéresse sont concernés la police, les acteurs étatiques, ou « les français » plus généralement, s’ils sont associés aux institutions.

Violence structurelle

La violence du système comme défini pendant le repas citoyen : le racisme, les discriminations à l’embauche, les difficultés d’insertion économique des jeunes, le manque de considération de la part des institutions… sont autant de violences qui caractérisent la société actuelle et frappent en particulier les habitants de la Villeneuve. « Les familles issues de l’immigration ne trouvent pas leur place dans la société, elles sont à la recherche d’identité (dans les bandes). » (extrait repas citoyen)

Violence directeViolence culturelleViolence structurelle
AgressionsMéfiance de l’autreRacisme
MenacesConstruction d’une image de l’autre en tant qu’ennemi, déshumanisationDynamiques de l’exclusion
InsultesImage de soi-même en tant que victimeDiscrimination à l’embauche
//Discrimination dans l’orientation à l’école
Rappel de cadresDialogue, groupes de paroles, changer les perceptions de l’autreRemise en cause des relations au pouvoir
Application de la loi//
sanctions de comportement//

Illustration : conflit autour de l’usage de l’espace public

  • conflit autour de l’usage de l’espace public

  • exemple d’imposition de normes

  • logique de pouvoir et remise en question la norme imposée

En bas d’un immeuble, il y avait un mur utilisé par un groupe de jeunes qui s’était approprié cet espace pour se retrouver, s’asseoir, discuter mais apparemment aussi comme endroit « de planque ». Le soir, sous influence de drogues et d’alcool ils faisaient du bruit et lorsqu’ils quittaient les lieux ils y laissaient leurs déchets. Nombre d’ habitants avaient peur et commençaient à contourner cet endroit stratégique en empruntant d’autres chemins pour arriver à leur destination. Un groupe « cadre de vie » animé par l’union de quartier, avait fait part du problème à la mairie qui avait envoyé son service technique pour transformer le banc en mur, provoquant la colère des jeunes privés de leur repère. Ces derniers avaient alors immédiatement cassé le béton du mur ; dès le lendemain soir une nouvelle couche de béton avait été posée, recouverte dans la foulée par un jet de peinture en signe de protestation.

Ce cas pose la question des normes : qui est capable d’imposer ses normes à qui ?

Et la question de la violence. Dans le cadre d’un conflit autour de l’utilisation de l’espace publique, à aucun moment le dialogue n’a été tenté : service technique et jeunes du banc agissent chacun en essayant d’anéantir le travail de l’autre. Le conflit n’est à aucun moment abordé. Le seul résultat qui peut être obtenu par cette initiative des services techniques est que le problème se déplace.

Notre hypothèse est que le seul moyen pour sortir de la violence est d’appréhender le conflit. C’est pour cela que nous parlons de la transformation par le conflit.

La transformation par le conflit : en quoi ce concept aide à avoir une autre perception de la situation existante et à sortir de l’impasse ?

  • La transformation de conflit est l’exploration d’une troisième voie, entre deux antagonismes existants.

  • Donne la possibilité de s’exprimer à tous ceux intéressés par la situation de conflit. Donner la parole est une forme d’attribution de pouvoir. Prend en compte des relations de pouvoir ; prend en compte la nécessité d’une ré-distribution des relations de pouvoir pour appréhender les causes structurelles du conflit.

  • Veut transformer une situation d’antagonisme / opposition entre deux ou plusieurs acteurs par la création d’un sens de communauté qui inclut tous ceux concernés.

Que peut-on faire concrètement pour transformer le conflit ?

Nous avions vu ci-dessus que derrière les comportements violents, il y a une recherche de prise de pouvoir, un besoin de reconnaissance. Une réponse durable à ces problèmes devrait répondre à ces demandes d’une façon constructive en montrant par exemple qu’il y a de meilleures formes de respect que d’être craint.

Plusieurs constats d’échecs d’action sur les violences :

  • 1. Impuissance des institutions : réponses sécuritaires aux problèmes de fond. Les problèmes se déplacent mais ne sont pas résolus.

  • 2. Impuissance des associations :

    • manque de représentativité, loin des jeunes, classe moyenne

    • définition de leur rôle comme une extension des institutions (ne va pas remettre en cause les relations de pouvoir).

    • rôle d’apaisement, mal à l’aise avec le conflit, la paix sociale.

    • associations animées par les propriétaires ; associations relais des pouvoirs publics ; association comme vocation ; association social-chrétiens pour un public majoritairement de culture musulmane. Ils ont comme rôle de re-créer des liens mais avec des limites importantes.

  • 3. La plupart des initiatives cherchent à agir sur les comportements et les perceptions sans appréhender les structures de conflit. Si l’action d’une association ne rencontre pas de résistance cela veut dire qu’elle n’a pas d’impact. Chaque changement est vecteur de conflit (pas de conflit, pas de changement, après c’est quand même possible d’inverser les dynamiques conflictuelles).

Une initiative innovante est celle de l’Alliance citoyenne qui a une approche novatrice. Organisation indépendante ; méthode de community organising :

  • Troisième voie entre colère aveugle et impuissance.

  • « Tisser les colères ».

  • Changement par la création du conflit.

  • Eviter les institutions qui représentent leurs propres intérêts.

  • Chercher à défier les structures de pouvoir, “conflit vertical”.

  • Identifier les leaders dans les communautés marginalisées et les former.

Notes

  • Colloque 21 Entretiens Jacques Cartier.

  • Les innovations sociales en milieu local.

  • Claske DIJKEMA, Association Modus Operandi, Grenoble.

  • Kirsten KOOP, MCF, UMR PACTE, UJF, Grenoble.

Notes de bas de page :

  • (1) : Transformation par le conflit

  • (2) : Non-conflict armed violence, Rethinking models of conflict and conflict resolution, Future issues for development, Horizon, Issue 2, August 2010; UNODC , Chapter Four Lethal Encounters: Non-conflict Armed Violence dans Global Burden of Armed Violence, 2008; Moser, Caroline et Rodgers, Denis, Change, Violence and Insecurity in Non-Conflict Situations, Working Paper 245, Overseas Development Institute, London, March 2005.

  • (3) : Human Needs Theory, in which proponents argue that frustrated needs neglected by institutions and norms require satisfaction for a conflict to be resolved.

  • (4) : Boulding, Three faces of power, 1989, Selon Kenneth Boulding, le pouvoir a trois visages: 1. pouvoir destructif (pouvoir sur), 2. pouvoir productif (il concerne un échange: “si tu fais àa, je fais ça”) et 3. pouvoir intégratif (pouvoir avec).

  • (5) : Illustration: « Il y a un peu une idéalisation de la toute puissance de la violence enfin ils ont une vision très négative d’eux-mêmes, de leur quartier et quelque part ils se valorisent par euh, je suis le plus fort. » (extrait Envoyé Spécial, 26 septembre 2013).