Fiche d’analyse Dossier : Les Cahiers de Modop n°2

, Grenoble, décembre 2015

Quel pouvoir attractif de l’Islam rigoriste ?

L’Islam radical mobilise bien au-delà des groupes violents. Ce courant rigoriste de l’Islam ouvre des perspectives, en donnant une place aux Français qui ont du mal à en trouver une dans la société aujourd’hui.

Mots clefs : | | | | | |

Nous avons tendance à ne voir Daech qu’au travers de son pouvoir destructeur, qui a frappé la France au cœur le 13 novembre dernier. Pourtant si nous voulons comprendre pourquoi des jeunes français s’engagent dans cette voie, il faut s’intéresser au pouvoir d’attraction de l’Islam radical qui mobilise bien au-delà des groupes violents. Ce courant rigoriste de l’Islam ouvre des perspectives, en donnant une place aux Français qui ont du mal à en trouver une dans la société aujourd’hui.

Cet article porte non pas sur ce mouvement qui s’appelle État islamique—mais s’intéresse à son fondement idéologique qui s’inspire d’un Islam que j’appellerai ici rigoriste. Le choix de ce terme, à la fois vague et empirique, est motivé par plusieurs considérations. Tout d’abord, afin d’éviter l’expression « Islam radical », qui entretient une confusion entre respecter des règles très strictes et prôner la violence : certains musulmans ont des opinions « radicales », sans pour autant nourrir une seule seconde l’idée de basculer dans l’action violente. La description de Nabil Mouline dans le Monde Diplomatique du fondement idéologique qui nous intéresse ici me semble plus juste : « ceux qui se réclament aujourd’hui de l’Islam pour justifier une conduite ultraviolente s’inspirent d’une idéologie rigoriste issue d’une double filiation : les Frères musulmans et le salafisme wahhabite, diffusé depuis l’Arabie saoudite. »1 Selon Frédéric Helbert, reporter de guerre et spécialiste du terrorisme, « Les salafistes prônent un retour à l’ancien temps, celui d’un Islam « pur », le respect de la sunna (la loi immuable de l’Islam) et vivent selon des règles très strictes. Leur mouvement n’est pas violent par essence, néanmoins certains salafistes ont basculé dans le jihadisme. Le salafiste jihadiste a par ailleurs pris naissance lors de la guerre d’Afghanistan. »2 Sur le papier, ces différences d’orientation ont du sens, sur le terrain beaucoup moins. Je n’ai jamais rencontré des personnes se revendiquant de l’Islam radical ou qui ont pu m’expliquer exactement quel mélange de wahabbisme et salafisme ils pratiquaient et pourtant ils suivaient des imams décrits par la presse comme salafistes. Le côté empirique du terme rigoriste permet, pour un débutant en matière d’Islam comme moi-même, de l’employer sans trop se brûler les doigts.

En tant que militante associative et thésarde à l’Université de Grenoble-Alpes, travaillant sur les violences urbaines, la question de l’Islam s’est imposée à moi essentiellement car mon travail de thèse a commencé la semaine de l’attaque contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. Depuis, j’ai entendu nombreux témoignages des musulmans dans les quartiers populaires au Sud de Grenoble. Ils vivent leur religion de façon très différente mais tous conviennent qu’être musulman est devenu considérablement plus compliqué en France. Quelques uns d’entre eux, âgés de 18 à 25 ans, tous des hommes, m’ont permis de comprendre le pouvoir d’attraction d’un Islam plus ou moins rigoriste : il est disponible là où les jeunes se trouvent, il est un moyen de construire une image positive de soi-même, il est un vecteur de justice et enfin, il permet de canaliser les colères et les frustrations.

Cet article a pour intérêt de nous mettre en garde contre une criminalisation de cet Islam qui prône peut-être des valeurs que la majorité des Français ne partagent pas (concernant la musique, la place des femmes, un régime alimentaire etc.) mais qui s’oppose à la violence. À ce titre, les personnes s’inscrivant dans cette lecture de l’Islam devraient être perçues comme des alliés dans la lutte contre le terrorisme et non comme des ennemis. Nous pourrions combattre ce courant de l’Islam sur le plan moral à travers le débat et le dialogue mais nous ne devrions pas le combattre sur le plan juridique tant qu’il respecte la Constitution française. Sans doute ma position se nourrit de mes racines hollandaises, ce pays libertaire qui s’est construit sur un équilibre entre forces religieuses et laïques plutôt que de les bannir de l’espace public. Aux Pays-bas des années 60, des populations de villages entiers n’avaient pas le droit d’écouter de la musique, passaient leur dimanche à lire la bible et le pantalon était banni pour les femmes par conviction religieuse. Pour autant, cela ne pose pas un danger public3.

Toutefois, il convient de garder à l’esprit que si dans cet article l’accent est mis sur les banlieues (du fait des intérêts de ma recherche) cela ne signifie pas que les phénomènes de radicalisation se développent uniquement dans ces quartiers4.

L’apport d’une analyse du pouvoir et le concept de la niche vide, empruntés aux Peace studies

Les travaux d’un des fondateurs des Peace Studies, l’américain Kenneth Boulding, nous sont utiles pour tenter de comprendre le pouvoir d’attraction du fonde- ment idéologique de Daech. Selon lui, le pouvoir, qu’il soit exercé au niveau personnel ou au niveau d’une organisation, a trois visages : il peut être destructeur, productif ou intégrateur5.

Le pouvoir destructeur correspond à la capacité de détruire ou de blesser par les armes, les bulldozers, les tronçonneuses, etc. Le pouvoir productif, quant à lui, est le fait de créer. Nous le voyons à l’œuvre dans le processus de fécondation d’un œuf, dans l’émergence d’une idée, dans la fabrication d’objets à l’aide d’outils et de machines, dans l’activité du cerveau, le travail des muscles qui sèment, récoltent, tissent et construisent, peignent et sculptent.

Et enfin le pouvoir intégrateur peut être pensé comme un aspect du pouvoir productif qui concerne la capacité à construire des organisations, à constituer des familles et des groupes qui inspirent la loyauté ou encore notre capacité à fédérer.

Boulding traduit ensuite ces trois visages du pouvoir en comportements : la menace, l’échange et le respect (ou l’amour). La menace repose principalement sur son pouvoir destructeur. « Tu feras comme je veux sinon je ferai quelque chose que tu ne voudrais pas ». L’échange à son tour, sous-entend une réciprocité : « Tu feras comme je veux et en échange je ferai quelque chose que tu veux ». Si on agit par respect ou amour de l’autre, nous pourrions demander un acte de sa part sans menace ou proposition d’échange « Tu feras quelque chose pour moi car tu veux me faire plaisir ou parce que tu sais que cet acte sert notre intérêt commun ».

Il faut comprendre ces formes de pouvoirs comme des archétypes. En réalité chaque exercice de pouvoir est un mélange des trois (destructeur, productif et intégrateur). La menace n’est alors pas uniquement destructrice. Pour être efficace, une menace repose sur la production de moyens de pression comme les armes (pouvoir productif ) et sera vue comme légitime (pouvoir intégrateur). C’est pour cette raison, par exemple, que les États-Unis ont cherché la validation de l’ONU avant d’attaquer l’Irak militairement en 20036. C’est pour cette même raison que Daech inscrit ces actes terroristes dans un discours idéologique attirant qui met la purification des péchés en perspective.

Le pouvoir intégrateur de ces deux exemples consiste à rendre légitime des actes extrêmement destructeurs d’un effort de guerre. De la même façon, le pouvoir intégrateur porte en soi aussi un sens négatif car chaque constitution de groupe, donc d’un « nous », sous-entend une frontière et désigne un « autre » qui peut devenir notre ennemi. Le revers du pouvoir intégrateur est alors sa capacité à aliéner. L’idée des visages du pouvoir de Boulding nous permet d’avoir une lecture plus complexe de l’utilisation de la violence et déconstruit la représentation purement destructrice d’une organisation comme Daech. Elle nous incite aussi à revoir notre appréhension de l’exercice du pouvoir destructeur des pays engagés dans la guerre contre le terrorisme, et nous permet de comprendre que dans les pays où elle frappe c’est surtout son visage destructeur qu’elle montre.

Une deuxième idée est le concept de la niche vide, que Boulding emprunte à l’écologie. Elle nous aide à comprendre l’attractivité de la base idéologique dans laquelle puise Daech. Là où une population n’est pas satisfaite des niches existantes, il y a de la place pour des propositions alternatives. Si elle questionne la légitimité des identités et des institutions existantes, il y a des opportunités de conversion sous condition qu’il y ait un convertisseur ou un missionnaire disponible. Boulding illustre cette idée à travers l’exemple du lent déclin de la légitimité de l’Empire romain ainsi que ses dieux qui aurait ouvert un espace pour le christianisme en Europe. Pouvons-nous établir un parallèle entre la montée du christianisme à la fin de l’Empire romain et la montée de l’Islam rigoriste en Europe ces dernières décennies ? Boulding nous incite à réfléchir à la question suivante : dans quelle niche vide aurait pu s’installer cette idéologie qui puise dans l’Islam et qui se répand actuellement ? Elle ne pourrait pas fleurir si les conditions n’étaient pas réunies pour cela. Une illustration plus récente du fonctionnement du principe de la niche est également intéressante. Patrick Mairesse, directeur départemental de la Sécurité publique de l’Isère, explique qu’après l’instauration du dispositif des Zones de Sécurité Prioritaire dans un quartier de Grenoble (Mistral), entraînant une présence policière plus importante, « les trafiquants de drogues, notamment du Mistral, ont tenté de s’implanter dans les quartiers voisins (comme celui du Lys-Rouge, de Saint-Bruno, du square des Fusillés ou de la gare) mais ils sont tombés sur des populations qui n’acceptaient pas cette situation et collaboraient mieux avec la police, ce qui a aidé la brigade des stupéfiants à démanteler leurs réseaux. »7 Une niche vide permettait l’installation du trafic dans le quartier Mistral mais pas dans d’autres quartiers où les habitants avaient plus de facilité à s’organiser et où la confiance dans les forces de l’ordre était plus grande. Nous pouvons maintenant étendre cette analyse à l’Islam rigoriste. Il ne suffit pas qu’il y ait une offre, il faut aussi qu’il y ait une niche, une demande.

Enfin, d’après Boulding, le contexte pour faire émerger des nouvelles formes d’organisations est particulièrement propice si deux forces s’affrontent car ceci se traduit généralement par une baisse de puissance des deux parties, qui ouvre de l’espace pour des alternatives. Cette grille d’analyse est pertinente pour étudier le contexte français depuis les années 80, où la confrontation entre la gauche et la droite autour du centre est devenue stérile. Les partis politiques ne semblent plus défendre d’idées, ne proposent plus de cadres explicatifs à travers lesquels nous pouvons tenter de comprendre le monde qui nous entoure. De cette confrontation/rapprochement le front national et l’abstentionnisme sont nés. Elle a aussi permis à l’Islam rigoriste de gagner du terrain en proposant un discours qui offre des orientations idéologiques et la perspective de faire partie d’une nouvelle communauté, la « oumma », qui dépasse les frontières nationales.

La suite de l’article croise ces deux concepts proposés par Boulding, celui des différents visages du pouvoir et celui de la niche vide avec des récits d’acteurs de terrain ainsi que mes propres observations. Il met l’accent sur trois points :

  • premièrement, l’Islam rigoriste investit des lieux abandonnés par d’autres acteurs sociaux comme les rues dans les quartiers populaires où les jeunes en difficulté se retrouvent ;

  • deuxièmement, ce mouvement permet de canaliser frustrations et colères ;

  • et troisièmement, il offre une possibilité d’identification à une communauté.

1. Qui se trouve encore au pied des tours ?

Une des niches vides dont parlait Boulding se trouve « au pied des tours » dans les quartiers populaires où le chômage des jeunes s’élève à 43%8. Avec la désindustrialisation et la disparition du mouvement ouvrier (prêtres ouvriers,

syndicats et partis politiques communistes), il semblerait qu’ait également disparu un cadre théorique à travers lequel penser nos conditions de vie. C’est ce vide que l’Islam rigoriste vient combler partiellement.

« Les Maoïstes qui débarquent dans les quartiers ».

Un entretien avec le sociologue et militant lillois, Saïd Bouamama, dans la revue Mouvements nous donne un petit aperçu de la niche qu’occupaient les mouvements ouvriers dans les années 60 et 70 : « Ma première rencontre avec le militantisme s’est faite à Roubaix, une ville très ouvrière avec des structures militantes communistes très présentes. Mais, déjà à la fin des années 1970, les structures militantes commençaient à être en déconnexion avec les quartiers populaires dans lesquels j’habitais. Arrive à ce moment-là, la fin du frémissement de mai 1968 avec les Maoïstes qui débarquent sur les quartiers. Ils sont dans des formes d’intervention qui nous bousculent : voilà des gens qui ne sont pas d’ici, qui arrivent et qui passent beaucoup de temps dans le quartier. C’était vraiment des missionnaires ; du matin au soir avec nous. Ils nous interpellaient sur nos histoires. »9

« Les salafistes sont aujourd’hui les meilleurs travailleurs sociaux ».

Comparez ce témoignage avec les propos du psychologue israélo-arabe Ahmad Mansour, lui-même attiré par l’Islam salafiste quand il était jeune : « Les salafistes sont aujourd’hui les meilleurs travailleurs sociaux. Ils rencontrent les jeunes là où ils sont, là où ils doutent, là où les jeunes ne s’entendent pas avec leurs parents. Ils donnent leur numéro de téléphone, ils s’intéressent à votre vie. Leur offre est noire et blanche mais il correspond à un besoin. »10 Mansour rajoute que les propositions qui intéressent ces jeunes ne viennent pas des éducateurs, ni des enseignants, ni de l’école : ils ne viennent pas de la société de la majorité. Qui plus est, les éducateurs de rue disparaissent peu à peu des rues des quartiers, considérés comme un luxe dans un contexte de restriction budgétaire11.

2. Rester sur le bon chemin, canaliser colères et frustrations.

C’est dans le cadre d’une discussion avec trois jeunes hommes en deuil suite à un drame, que j’ai été confrontée pour la première fois à cet Islam dit rigoriste ou strict. Ils m’ont parlé du réconfort qu’ils trouvaient dans leur religion. Pour eux, il s’agit d’une religion qui rend justice le jour du jugement dernier et qui leur permet de se maintenir debout « sur le droit chemin ». Ensuite, je me suis posée plusieurs fois la question suivante : et si l’Islam rigoriste était la réponse à un problème que je ne connais pas en tant que personne de classe moyenne, blanche, salariée, propriétaire d’une maison dans un village ? J’ai rencontré d’autres réponses qui vont dans ce sens.

Un cycle de débats in situ dans l’espace public a été mis en place par un groupe de travail réunissant des membres d’associations et des chercheurs intéressés par la Villeneuve. Il est né de l’observation que les débats publics organisés dans le quartier n’étaient pas investis par de nombreux habitants, en particulier les jeunes. Si l’on souhaite échanger avec eux, il convient plutôt de déplacer le débat dans la rue, au pied des immeubles.

« Si ce n’était pas grâce à l’Islam, ces quartiers auraient été brûlés depuis longtemps ».

Lors d’une de ces expériences de débat dans l’espace public, j’ai pu discuter avec une dizaine de jeunes qui « traînaient » dans le quartier un vendredi après-midi. Au début de la discussion, le ton était moqueur. Leur attitude, légèrement hostile me faisait sentir que j’étais étrangère dans leur quartier, que j’avais rompu les codes de la distance et que chacun vivait sa vie de son côté. Le fait que je vienne d’Amsterdam réveillait les imaginaires de drogues et de prostitution. Au moment où je pensais qu’on n’arriverait pas à échanger et où je m’apprêtais à partir, une personne nouvellement arrivée dans le groupe prit la parole, s’imposant aux autres. Je sentis que le ton avait changé et que l’hostilité baissait. Il garantissait ma place dans le groupe et m’autorisait à poser des questions. Il se démarquait de mes premiers interlocuteurs avec sa barbe, son crâne entièrement rasé et son pantalon large jusqu’aux mollets. Les autres avaient des cheveux rasés sur les côtés et portaient des vêtements sportifs. Lui, qui s’imposait en tant que leader m’expliquait qu’il portait un habit musulman. La discussion tourna autour de la religion et de ce que cela leur apportait dans leur vie : « Le Coran sert de guide et montre le chemin pour être un [bon] musulman. Il évite d’aller trouver des solutions aux frustrations dans la délinquance ou les drogues. (…). Il permet aussi qu’ils [jeunes de quartier] se comportent correctement avec les gens comme moi, dire bonjour, être poli, ouvert à la discussion ». Selon lui, « si ce n’était pas grâce à l’Islam, le quartier aurait brûlé depuis longtemps ». Nous avons aussi abordé la question de la gestion des différences, d’un point de vue religieux, culturel et du genre. Si l’Islam est la seule voie, quelle est la place pour ceux qui n’ont pas pris cette voie ? À cet instant sonna l’appel à la prière. Ils me taquinèrent en disant que je pouvais aller avec eux et insistèrent sur le fait que pendant les prières, jeunes et vieux sont tous ensembles et que la création des liens entre générations est un autre point fort de l’Islam. La phrase « sinon le quartier aurait brûlé depuis longtemps » est restée gravée en moi. Elle m’a fait prendre conscience que peut-être l’Islam, qui parle aux jeunes dans les quartiers, est une réponse à un problème qui, moi de la France des classes moyennes, me concerne peu. J’ai observé que cet Islam strict, qui menace par la figure du diable, exige une discipline de vie et peut être une motivation importante pour ne pas succomber aux tentations des stupéfiants et de la délinquance. Il aide à canaliser des frustrations et des expériences d’injustices qui ne manquent pas pour ces jeunes qui cumulent les stigmatisations dans la société en tant qu’ « Arabes », « Musulmans » et « jeunes de quartier ». Autant de labels qui n’inspirent pas confiance et ne font pas bonne figure sur une lettre de candidature. Une fois la voie du « bon citoyen » fermée, celle du « bon musulman » est une piste prometteuse pour se construire une image positive de soi-même.

« La solidarité remplace l’égalité, là où la foi a remplacé l’espoir ».

L’observation de terrain citée ci-dessus est confirmée par deux réalisateurs de film du collectif Kourtajmé, Ladj Ly et Saïd Belktibia, eux-mêmes originaires du quartier des Bosquets, cité de Montfermeil. Ils avaient filmé de l’intérieur le quotidien du quartier où les émeutes avaient explosé en 2005. Dix ans après la mort de Zyed et Bouna, rien n’a changé. D’après le frère de Bouna, « le combat contre l’injustice doit continuer ». Aujourd’hui, ils se posent la question suivante : « qu’est-ce qui fait tenir les gens ? ». À travers un nouveau projet de film, ils veulent montrer leurs réponses : « Ce qui a un peu calmé les choses, alors qu’on vit toujours la vie du ghetto, c’est l’Islam. »12 C’est un point sur lequel les jeunes et leurs aînés s’accordent : « La religion et les associations, tous les bénévoles, médiateurs, éducateurs qui font leur maximum même une fois que le centre social a été fermé, c’est ça qui canalise les gens, ce sont ces leaders qui permettent aux gens de garder leur estime de soi. Sans eux, nos quartiers, ce serait une bombe à retardement. (…) Les syndicats sont partis avec le travail. Sur le terrain, les jeunes émeutiers, comme leurs familles, se sont tournés vers l’Islam. (…) Loin des apprentis jihadistes omniprésents au JT, nous rencontrons une foule de voisins, de communautés, de générations qui contribuent à construire, sans services publics, une vie communautaire… une vie sociale (…) où la solidarité remplace l’égalité, où la foi a remplacé l’espoir. Dans les cités, depuis des décennies, les communautés s’ajustent aux générations, parfois en se renfermant, certains se radicalisent. La majorité essaie surtout de faire au mieux… entre humains. »13

3. Du « bon citoyen » au « bon musulman » : s’inscrire dans une démarche collective.

Une appartenance religieuse offre une alternative à ce que l’on a progressivement construit comme « l’identité nationale » dont nombre de Français musulmans se sentent exclus. Pour illustration, une phrase entendue à plusieurs reprises de personnes nées en France : « Que devrais-je faire pour être considéré comme Français ? Manger du porc, boire du vin ? » Chaque humain à besoin de se sentir appartenir à une communauté. Si la voie du « bon citoyen français » semble fermée à cause d’un racisme latent dans la société française, la voie pour devenir un « bon musulman » gagne en attractivité. Ahmed Mansour remarque par ailleurs que les jeunes « radicalisés » qu’il a rencontrés, partagent tous l’expérience du racisme, malgré leurs diversité de profils.14

« Ils ne trouvent pas leur place dans la société ».

Le juge anti-terroriste Marc Trédivic, d’une expérience de 10 ans, nous rappelle que 90% des candidats au jihad se radicalise pour des motifs autres que religieux. On trouve notamment celui de l’aventure, de la vengeance contre une France qui nous rejette, ou pour trouver une place dans la société15. Gilles Keppel rajoute également que la France, « seul pays européen dont l’économie ne redémarre pas, est de moins en moins inclusive. (..) À cela s’ajoute une élite politique de plus en plus divorcée d’avec la société. »16

« Lié par l’histoire coloniale ».

Leo Lucassen, auteur du The immigrant threat, the integration of immigrants in Western Europe since 1850, soulève la particularité de la France. L’identification des Musulmans à la Nation française est relativement élevée si on la compare avec celle des Pays-Bas et de la Belgique17. Lucassen attribue cette différence au fait que la France a une histoire partagée avec ses immigrés, celle de la colonisation. Toutefois, cette identification n’est que très partiellement partagée par la société française, qui continue à voir les immigrés [issus des anciennes colonies] comme « autres ». Deux obstacles majeurs empêchent cette histoire commune selon lui : la conception française de la laïcité qui est incompatible avec l’Islam et le « trauma algérien ». Après 8 ans de guerre civile, le million de pieds noirs rentrés en France a amené avec lui son trauma et un sentiment anti-arabe et antimusulman profondément ancré dans la société18. L’idée reçue selon laquelle les enfants de parents immigrés d’Algérie et du Maroc se retournent massivement contre les valeurs universelles de la République Française et que l’Islam représente une barrière majeure pour l’identification à la République doit alors être revue. Il faudrait regarder du côté des dynamiques d’exclusion qui sont à l’œuvre pour comprendre pourquoi la République perd en attractivité pour une frange de la population.

Valeurs, entre idéal et pratique.

Ce que j’entends beaucoup des personnes que je croise dans les quartiers populaires, c’est que les valeurs de la république sont bonnes mais non appliquées. Il existerait une double norme où les contradictions entre valeurs républicaines et actions politiques constituent encore une niche dans notre société. Comment concilier les droits de l’homme avec les bombardements et les victimes civiles en Syrie ? Que veut dire le principe d’égalité quand quatre employeurs sur cinq privilégient le candidat du groupe majoritaire (non issu de l’immigration postcoloniale) sur ceux issus de groupes minoritaires (Français noirs ou arabes)19 ? Que veut dire la liberté d’expression quand Charlie Hebdo peut toucher au symbole du prophète pourtant sacré pour les musulmans, tandis que d’autres humoristes sont muselés ?

Une approche par la capacité et non pas par le manque.

Au-delà de trouver leur place auprès d’une communauté, les salafistes, auxquels s’intéresse Mansour, donnent la possibilité aux individus de se distancier de la société majoritaire tout en appartenant à une élite. Selon lui, ces derniers se rapprochent des jeunes en insistant sur leurs capacités, sur ce qu’ils peuvent faire et non sur leurs manques (d’éducation, de moyens, d’emploi, etc.) comme c’est souvent le cas à la Mission locale, Pôle emploi et autres instances publiques. Ils insistent sur leur « pouvoir d’agir » en tentant de leur faire comprendre qu’ils sont capables et potentiellement puissants.

Une réponse à une quête de sens. Une femme convertie, mariée et mère d’un enfant a vécu de février à avril 2015 à Raqqa en Syrie. À son retour, elle est désenchantée et raconte dans une interview vers quoi elle pensait aller : « Vers un idéal, vivre quelque chose d’intense quand ma vie ici ne me satisfait plus, qui aurait donné un sens à ma vie. »20 Le 18 janvier, l’invité des Matins de France Culture, l’anthropologue américain Scot Altran confirmait cette « puissance spirituelle de l’État Islamique » qui donne l’illusion de pouvoir répondre à une quête de sens de jeunes personnes en décrivant cette organisation violente comme « la contre culture la plus dynamique en ce moment », qui « n’a pas encore une grande puissance matérielle mais qui a une puissance spirituelle. » Il rajoute que « aux marges de la société, dans les ban- lieues, les gens sont sensibles au message de Daech. Prenons ces chiffres : 7% de la société françaises est musulmane et selon une lettre de Jack Lang (2012) elle représente deux tiers de la population carcérale. Dans ces milieux, une idéologie révolutionnaire qui promeut gloire, aventure et bonheur est très attirante. »21

Quand l’État a peur, le risque est de condamner l’Islam rigoriste à la clandestinité.

Dans cet article, mon souhait était de démontrer l’attractivité d’un Islam rigoriste en France. Cet Islam que l’État français juge dangereux et qu’il soumet à des actions de prévention par les perquisitions, des assignations à résidence, la fermeture des mosquées et d’autres mesures permises aujourd’hui par l’État d’urgence. À travers ses actes, l’État criminalise un courant entier de Islam. C’est une politique à laquelle je suis critique car, malgré les quelques succès qu’elle obtiendrait sans doute, l’État repousse ainsi aussi un nombre important de personnes et d’institutions musulmanes qui à mon avis devraient être nos alliées. Ce sont elles qui font le lien avec cette France des marges, citée auparavant, qui ne participe plus politiquement comme on l’attend d’elle. Pour cela, nous pouvons énoncer deux illustrations. Premièrement, le vendredi 20 novembre, la police a effectué des perquisitions à la mosquée Sunna de Brest et au domicile de son imam, Rachid Abou Houdeyfa, suivi par des milliers de personnes. La cause serait un prêche à destination d’enfants, disponible sur YouTube (2014), dans laquelle l’imam stipule que la musique est diabolique. Mais, c’est ce même imam - que le magazine Rue89 qualifie, par ailleurs de « star du Web » — qui condamne très sévèrement la violence des terroristes le lendemain des attentats du 13 novembre. Deuxièmement, le 26 novembre, le conseiller d’opposition de droite d’une commune en Isère réclamait la fer- meture de la mosquée où justement était prévue une conférence intitulée « Éclaircissements clairs et position limpide de l’Islam concernant les actes terroristes odieux et inacceptables commis par Daech et autres. »22 Ces deux exemples montrent que nous sommes en train de faire sauter des ponts entre la société française et un groupe marginalisé de la population avec qui le lien est déjà extrêmement fragile. Le chercheur Farhad Kohsrokhavar affirme par ailleurs depuis longtemps que le rôle des mosquées salafistes est très effacé dans les nouvelles formes de jihadisme23. Ces deux mosquées, menacées de fermeture, s’inscrivent dans le courant salafiste, porteur des valeurs que la France majoritaire ne partage pas (différence entre hommes et femmes, interdictions religieuse sur le plan de l’alimentation et des loisirs). Néanmoins, tant qu’ils ne prônent pas la violence, cela relève, d’après moi, de la liberté de pensée et d’expression. Il est important de défendre le droit d’être différent tant que l’on respecte l’autre. Pousser ces différences dans la clandestinité et condamner ceux qui sont attirés par ces idées ne fera qu’aggraver le problème.

Prendre acte

Comment prendre acte des analyses et critiques citées ci-dessus ? Voici quelques propositions mises en avant par des personnes citées ou qui ont été formulées à partir du terrain grenoblois.

  • Créer des espaces de débat pour l’expression d’idées conflictuelles. Ouvrir des espaces aux populations des quartiers populaires pour la « nourriture mentale », de la pensée complexe en réponse à la quête de questions métaphysiques. Proposer des formations à la philosophie24 (Tobie Nathan). Dans le même sens, laisser la place au débat sur les conflits au Moyen Orient et la question des réfugiés, notamment aux collèges et lycées. « Si nous on ne le fait pas, les jeunes le feront eux-mêmes et ils finiront chez les radicaux ». (Ahmed Mansour).

  • Investir internet. Les actions de prévention doivent investir et devenir plus actifs sur internet. C’est là où sont les jeunes, c’est là où ils ont leurs discussions. Il faut leur proposer des récits alternatifs. (Ahmed Mansour).

  • Garantir une identité inclusive. Les pouvoirs publics doivent repenser la construction d’un « nous » collectif. Comment ces derniers peuvent ils devenir le garant d’une identité inclusive, portant le message de tous les citoyens français. Les mots « intégration » et « issu de l’immigration » devraient perdre leur importance/sens…

  • Revoir le travail de renseignement. Le renseignement joue un rôle important dans la lutte contre le terrorisme. Grâce aux avancées technologiques et au fait que l’embrigadement a lieu pour une partie sur internet, la surveillance électronique s’est beaucoup développée ces derniers années aux dépens des autres acteurs de sécurité, et de la police de proximité. Nombreuses sont les voix, notamment celles de Gilles Kepel, qui considèrent que la concentration des moyens sur le renseignement technologique doit être revue en faveur du renseignement humain. « Surveiller via des écrans n’offrira jamais la qualité d’informations du renseignement humain » selon un agent interviewé par Mediapart : « Nous ne sommes plus en mesure de suivre tous les objectifs. Nous avons un problème d’infiltration des réseaux islamistes. Les seules informations qui nous remontent proviennent des parents, des frères et sœurs qui dénoncent celui dans leur famille sur le point de partir en Syrie ou alors qui y est déjà et qu’ils veulent faire rentrer. »25

  • Convaincre par la mise en pratique des valeurs. Garder en tête le message des trois visages du pouvoir de Boulding. Au-delà de répondre par la force destructrice, « la riposte » comme titrait le Dauphiné Libéré avec une énorme photo de Rafale, il faudrait convaincre par des valeurs positives. Parfois j’ai l’impression que nous-mêmes ne les prenons plus au sérieux, nos fameuses valeurs de la République, comme si nous n’osions plus y croire. Si on perd notre pouvoir intégrateur, il ne reste plus que notre pouvoir dissuasif et celui du chantage.

  • Reconnaître le besoin des missions transcendantes. L’anthropologue américain Scott Atran précise dans l’entretien qu’il a accordé à France Culture, cité auparavant, que « les mouvements qui unissent des gens sont des éruptions volcaniques de passion et d’émotion. Dans notre société nous avons du dédain pour la gloire et l’aventure. Au lieu de proposer une mission transcendante alternative, nous essayons de prêcher pour des choses comme la modération qui n’intéresse pas la jeunesse. Nous oublions que l’État Islamique, malgré le fait que la plupart de notre propagande le décrit comme étant un mouvement cruel, barbare, brutal, et ce qu’il est en effet, est aussi un mouvement de profonde joie et de bonheur intimement lié aux sentiments de revanche. Il crée une forme de poésie et des rêves qui sont essentiels pour son existence. » Il est important de préciser que cet expert vient d’être invité par le Conseil de sécurité des Nations Unis pour parler des valeurs et des rêves dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

  • Décoloniser nos esprits. Une réponse omniprésente après les attentats de janvier était d’insister sur l’éducation des valeurs de la République, sous-entendant que les responsables des attentats, mais aussi ceux qui ne se reconnaissaient pas dans la mouvance #jesuischarlie, manquaient d’éducation. Soit on était avec Charlie, soit on était avec les assassins. Le piège de cette approche est qu’une partie considérable de la population ne se reconnaissait ni dans l’un, ni dans l’autre. Ils ne se reconnaissaient pas dans les dessins du prophète de Charlie Hebdo, se sentaient parfois même profondément blessés par ces caricatures tant défendues et leur demander d’« être Charlie » en marchant derrière Benjamin Netanyahou (au début de cortège lors de la marche du 11 janvier) pour dénoncer la violence était une injonction de trop. Les voix qui expliquaient qu’ils ne participaient pas à la marche du 11 janvier, non pas par manque de connaissance des valeurs de la république mais justement parce qu’ils avaient une autre conception de ce que devrait représenter l’égalité, la fraternité et l’égalité en France, n’étaient pas entendues. Au lieu de laisser Manuel Valls dire qu’« il faut aider l’islam à grandir et à se solidifier »26, la France devrait sortir de son complexe de supériorité et apprendre à dialoguer sincèrement avec ses citoyens issus de l’immigration postcoloniale.

Notes

  • 1 Mouline, Nabil. « Genèse du djihadisme, dans l’engrenage du terreur ». Le Monde Diplomatique, décembre 2015.

  • 2Petit lexique de « L’Islam radical » et du Jihad, Billet du blog de Friederich Elbert, 08/10/2012, www.frederichelbert.com/20121008/petit-lexique-de-lislam-radical-et-du-jihad

  • 3Pour un approfondissement de la discussion sur le lien entre le salafisme et le djihadisme, l’article « Les Salafistes Sont-Ils Des Djihadistes En Puissance ? » publié par Mediapart. L’auteur conclut que « le passage à l’action violente n’est pas automatique, loin de là. Ce qui n’empêche pas certains fidèles, déçus par le manque d’action politique ou fragilisés socialement, de sauter le pas ». Deux auteurs cités, avec des avis contradictoires sont Gilles Kepel, l’auteur de Terreur dans l’Hexagone, Genèse du djihad français (Gallimard, 2015) qui déclare que le salafisme entraîne une « rupture culturelle fondamentale » risquant de déboucher sur la lutte armée et à l’inverse, Raphaël Liogier, sociologue et professeur à l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence, qui estime que « la pratique salafiste aurait plutôt tendance à empêcher les passages à l’acte ». Alouti, Feriel. « Les Salafistes Sont-Ils Des Djihadistes En Puissance » ? Mediapart, 20/01/2016. www.mediapart.fr/journal/france/200116/les-salafistes-sont-ils-des-djihadistes-en-puissance.

  • 4Slooter, Luuk. « Wijk is niet schuldig, Jihadisme overstijgt grenzen van banlieues ». nrc.nl, Novembre 24, 2015. www.nrc.nl/handelsblad/2015/11/24/wijk-is-niet-schuldig-jihadisme-overstijgt-grenze-1560458.

  • 5Boulding, Kenneth, Three faces of power, Sage publications, Newbury Park, 1990. Cet ouvrage n’a pas été traduit en français. Les citations sont traduites par l’auteur de cet article.

  • 6Les Etats-Unis n’ont pourtant pas obtenu l’aval du Conseil de sécurité quand ils lancent l’opération « Irak Freedom » dû à l’opposition de la France, de la Russie et de la Chine.

  • 7Patrick Mairesse, Directeur Départemental de La Sécurité Publique de l’Isère: “La ZSP, C’est Un Marathon Qui Doit Trouver Un Second Souffle”». Dauphiné Libéré, Septembre 15, 2015. www.ledauphine.com/isere-sud/2015/09/15/patrick-mairesse-directeur-departemental-de-la- securite-publique-de-l-isere-la-zsp-c-est-un-marathon-qui-doit-trouver-un-second-souffle.

  • 8Taux de chômage des jeunes de 15 – 24 ans dans les zones urbaines sensibles en 2012, selon l’Observatoire des inégalités, www.inegalites.fr/spip.php?article312

  • 9Ouardi, Samira, Patrick Simon, and Propos receuillis par. « Transmettre l’histoire de nos luttes - Entretien avec Saïd Bouamama. » Mouvements n° 83, no. 3 (Septembre 9, 2015): 153–65.

  • 10« Ahmad Mansour: “Anschläge Waren Ein Produkt Unserer Gesellschaft ». Play SRF, November 17, 2015.

  • 11« La Colère Des Éducateurs de Rue: “C’est La Mort de Notre Métier” ». Dauphiné Libéré, Decembre 18, 2015.

  • 12Ici il ne s’agit pas forcément d’un courant rigoriste de l’Islam mais de la religion dans sa globalité.

  • 13Les productions des Vendredis. «Banlieues - Dix Ans Après». Kickstarter, September 9, 2015. www.kickstarter.com/projects/1934605438/banlieue-dix-ans-apres.

  • 14« Ahmad Mansour: “Anschläge Waren Ein Produkt Unserer Gesellschaft” ». Play SRF, November 17, 2015.

  • 15« Pour Le Juge Trévidic, Seulement 10% de Ceux Qui Partent Faire Le Djihad Le Font Par Convictions Religieuses ». Atlantico.fr, 28 juin 2015, Accessed January 12, 2016. www.atlantico.fr/pepites/pour-juge-trevidic-seulement-10-ceux-qui-partent-faire-djihad-font-convictions-religieuses-2215711.html.

  • 16Brochet, Francis. « Questions À Gilles Kepel - L’objectif de Daech, C’est de Créer Un Climat de Guerre Civile En France. », Dauphiné Libéré, Décembre 16, 2015.

  • 17Selon l’enquête Trajectoires et Origines de l’INSEE (2010) et une analyse de Erich Bleich (2014).

  • 18Lucassen, Leo. « Franse moslims zijn niet zo radicaal. » Nrc.nl, November 25, 2015. www.nrc.nl/handelsblad/2015/11/25/franse-moslims- zijn-niet-zo-radicaal-1560568.

  • 19Bouamama, Saïd. « AVOIR 20 Ans Dans Les Quartiers Populaires : Mépris de “Classe” et Humiliation de “Race” SAÏD BOUAMAMA. » Le Blog de Saïd Bouamama. Accessed October 19, 2015. bouamamas.wordpress.com/2014/11/26/avoir-20-ans-dans-les-quartiers-populaires-mepris- de-classe-et-humiliation-de-race-said-bouamama/.

  • 20Frere, Xavier. « Daech Nous Mène à La Mort. » Dauphiné Libéré, 16 janvier 2016. c.ledauphine.com/faits-divers/2016/01/15/daech-nous-mene-a-la-mort.

  • 21« Scott Atran: L’homme qui a compris les terroristes - Information - France Culture. » L’Invité Des Matins 1ère Partie - France Culture, 18 janvier 2016. www.franceculture.fr/emission-l-invite-des-matins-scott-atran-l-homme-qui-a-compris-les-terroristes-2016-01-18.

  • 22Dudonné, Sébastien. « “On n’est pas dangereux” ». Dauphiné Libéré, 15 Décembre 2015.

  • 23Frere, Xavier. « Radicalisation: La France En Première Ligne. » Dauphiné Libéré, December 16, 2015.

  • 24Bescond, le, François. « Après Le Choc, Trouver Les Mots, Chercher Les Remèdes Avec Tobie Nathan (5/5). » Un Autre Monde Est Possible - France Culture. Accessed December 3, 2015. www.franceculture.fr/emission-un-autre-jour-est-possible-apres-le-choc-trouver-les-mots-chercher-les-remedes-avec-tobie-3.

  • 25Pour une discussion approfondie des services de renseignement et leur failles : Mediapart, « Antiterrorisme: L’histoire d’une faillite. », 30 novembre 2016. www.mediapart.fr/journal/france/301115/antiterrorisme-lhistoire-dune-faillite.

  • 26Innocenti, Maeliss. « Valls: “Il Faut Aider L’islam À Grandir et À Se Solidifier”. » Le Progres, June 23, 2015.

  • La recherche qui a menée à cette fiche a été possible grâce au soutien financier de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.