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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Fiche de défi Dossier : La formation des volontaires de paix

Cluj, Roumanie, 2007

Défis éthiques dans la formation à la paix

Le principe « First : Do No Harm » (Anderson 1999), classique issu de la tradition médicale, a été appliqué au cours des dernières années à l’aide humanitaire dans les zones de crise. Malheureusement, les intervenants ne peuvent pas être sûrs à l’avance de l’intensité des effets positifs ou négatifs produits par leurs actes.

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Cette obligation de « ne pas nuire » oblige les intervenants de paix à repenser constamment leur travail et à en évaluer les incidences afin de minimiser les conséquences néfastes et de maximiser les effets bénéfiques de toute intervention dans un conflit.

Peut-il en aller de même pour la formation à la paix et pour l’aide humanitaire dans les zones de conflit ? La formation est généralement considérée comme absolument inoffensive. Cependant, dans certaines situations, l’enseignement de certaines compétences et méthodologies peut en fait entraver la capacité des acteurs à réagir de façon adéquate à un conflit violent. Les systèmes de formation conçus à partir d’une idée étriquée de « recettes » censées « résoudre les problèmes » posés par les conflits, c’est-à-dire celles basés sur des hypothèses mécanistes de changement social linéaire, limitant l’ouverture et la créativité des intervenants de paix, présentent un danger potentiel. Ce danger devient particulièrement important lorsque la formation est utilisée comme un outil d’intervention dans des conflits où des experts internationaux, la plupart du temps originaires des pays de l’hémisphère Nord et occidentaux, ayant de faibles connaissances du conflit sont envoyés pour donner des conseils à l’occasion d’un programme de formation (pour lequel ils touchent généralement des sommes importantes).

Ce type de formation, à moins qu’elle ne soit effectuée avec beaucoup de soin, que la méthodologie soit adaptée et qu’il y ait un engagement de suivi, peut affaiblir les capacités participatives des futurs intervenants. Cela leur rappelle qu’ils ne disposent pas des aptitudes à transformer leur propre conflit et qu’ils doivent compter sur des personnes extérieures qui sont disposées à partager leurs compétences mais qui, partant juste après la fin de la formation, ne se soucient pas de leur être solidaires. Des formations de ce type sont rarement pertinentes pour les individus directement concernés par le conflit et représentent le gaspillage de précieuses ressources. Pour relever ce défi, l’une des possibilités serait d’encourager les échanges « Sud-Sud » et « Sud-Nord » de connaissances et de compétences en invitant les experts des zones de conflit à former des individus dans des contextes similaires dans d’autres pays.

Un autre défi d’ordre éthique se présente lorsqu’un formateur prépare un groupe de personnes à prendre des risques personnels qu’il ne serait lui-même pas disposé à prendre. Les formateurs doivent avoir beaucoup d’humilité et pratiquer une grande transparence quant aux coûts acceptables d’intervention. De plus, les organisations préparant des intervenants de paix doivent être claires vis-à-vis des objectifs de leur mission et du rôle qu’elles vont demander aux intervenants de jouer. Cette condition est particulièrement importante quand on sait que, dans des groupes tels que « Christian Peacemaker Teams », on demande aux membres de s’engager dans des missions d’intervention non-violente par des tiers, même face à un danger personnel considérable. L’enlèvement et l’assassinat récents de Tom Fox, l’un des membres de l’équipe de terrain de CPT en Irak, fait partie des nombreux événements tragiques rappelant que l’intervention civile de paix non-armée peut avoir des conséquences fatales.

Notes

  • Tiré de l’ouvrage : « Formation à la paix, Formation des adultes au travail de paix et à l’intervention civile de paix lors de conflits » ; Auteurs :Robert Rivers, Giovanni Scotto, Jan Mihalik et Frode Restad. Ouvrage réalisé dans le cadre du projet ARCA. Le projet ARCA (Associations and Resources for Conflict Management Skills) a été mis en place afin de contribuer directement à l’amélioration de la qualité, contenu et méthodologies des formations à la paix et à la transformation de conflits. Le projet, financé par la Commission Européenne, Socrates/Grundtvig1, comptait avec la participation 13 organisations originaires de 11 pays européens, dont le MAN (Mouvement pour une Aternative Non-violente), France.