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Challenge file Dossier : La formation des volontaires de paix

Marly-le-Roi2007-10

Retour d’expérience d’une Mission d’Intervention Civile de Paix : le défi d’ajuster un projet à la réalité

Partie dans le contexte d’une mission d’intervention civile de paix initiée par l’ONG Equipes de Paix dans les Balkans (EpB), cette volontaire de paix à dû se rendre à l’évidence que le terrain peut modifier (et c’est souvent le cas) les orientations d’une mission. Comment une ONG peut-elle s’adapter aux différents défis posés par la réalité du terrain ?

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I. La réorientation de la mission

Quatre mois après mon arrivée à Mitrovica, le directeur de l’ADL m’a parlé d’une enquête de terrain qu’il souhaitait réaliser sur le thème de l’impact de l’action des internationaux au Kosovo. Il m’a proposé d’y travailler avec lui. J’ai demandé à EPB si je pouvais réorienter ma mission en centrant mon activité sur ce projet d’enquête. Nous en avons discuté à l’occasion de mon passage en France pour les vacances de fin d’année. J’étais de toute façon déterminée à ne pas repartir au Kosovo sans une perspective plus claire de ma mission. J’avais même pensé à poursuivre ma mission au sein d’une autre ONG sur place.

Il a donc été décidé que je travaille à cette enquête pour la deuxième partie de ma mission. J’ai été soulagée d’avoir une mission plus cadrée et le projet m’enthousiasmait beaucoup. Je pense qu’il est une illustration atypique mais intéressante d’une intervention civile de paix.

Le projet s’est monté en plusieurs étapes. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le responsable de l’ADL. Nous avons pris le temps de définir des objectifs, qui convenaient à la fois à l’ADL et à EPB. Dès le début, l’objectif de cette enquête n’était pas seulement d’obtenir des résultats qualitatifs et quantitatifs, mais aussi de valoriser la démarche qui mène à une enquête de terrain : l’élaboration du questionnaire, une réflexion sur ce qu’est un sondage de rue, sur la valeur des résultats obtenus, l’intérêt d’interroger un nombre suffisamment grand d’individus, le dépassement des préjugés, la prise en compte de l’opinion de la population dans une société démocratique…

Les enquêtes de terrain ont eu lieu à Gjilan et à Mitrovica.

En ce qui concerne Mitrovica, les participants étaient des jeunes de 16 à 19 ans qui avaient pour certains participé à la formation à la médiation au Monténégro et des jeunes qui travaillaient à la rédaction d’un journal multiethnique à Mitrovica.

Nous avons organisé une session de préparation à l’enquête de terrain, session commune aux jeunes serbes et albanais et Gjilan et de Mitrovica, où nous avons déterminé le contenu du questionnaires et les modalités de l’enquête. Puis nous avons organisé deux week-ends d’enquête, l’un à Gjilan, l’autre à Mitrovica, pour l’ensemble des participants. Ceux-ci ont ensuite participé à la saisie des questionnaires sur informatique. Enfin, une journée de présentation de la démarche et des premiers résultats a été organisée à la mairie de Mitrovica.

Malheureusement, nous n’avons finalement pas pu publier les résultats.

II. Langues de travail utilisées lors de la mission

On utilisait l’anglais avec les partenaires locaux. C’était d’ailleurs la seule langue étrangère exigée au moment du recrutement des volontaires en France.

Cela limitait considérablement la communication avec la population locale car l’anglais est essentiellement parlé par les jeunes, par les kosovars qui ont des expériences de travail et de vie à l’étranger en pays anglophone (mais la diaspora est surtout allée en Allemagne ou en Suisse), et ceux qui ont été embauchés par des ONG internationales venues s’installer en masse au Kosovo juste après la guerre. Cela ne représentait qu’un groupe restreint d’individus, qui se retrouvaient sollicités par de nombreuses ONG pour participer à des projets multiethniques.

Certains kosovars serbes ou albanais parlaient français, quand ils avaient fréquenté l’association franco kosovar, quand ils avaient été traducteurs pour la Kfor (force militaire française de l’OTAN) ou quand ils avaient émigré en Suisse ou France pendant la guerre.

Certains membres d’EPB ont fait l’apprentissage de l’une des langues locales, à savoir le serbe ou l’albanais. J’avais moi-même appris des rudiments d’albanais mais cela n’a jamais été suffisant pour échanger avec les partenaires albanais.

Le choix d’apprendre l’une des deux langues était un choix délicat car il pouvait être interprété comme un parti pris pour l’une des deux communautés.

Lorsque nous voulions échanger avec des kosovars qui ne parlaient pas anglais, nous devions donc faire appel à un traducteur. Entre membres de l’équipe, nous parlions toujours français car l’équipe n’était composée que de français. L’anglais nous servait aussi à communiquer avec d’autres volontaires internationaux.

III. Liens entretenus avec l’organisme d’envoi en France au cours de la mission

Le Président d’EPB m’appelait une fois par semaine pour faire le point sur la mission et pour m’apporter écoute et soutien moral.

Je devais rédiger un rapport mensuel, que j’adressais par mail aux membres du bureau d’EPB ainsi qu’à la coordinatrice au siège. J’avais quelques contacts avec la coordinatrice, par mail et plus rarement par téléphone, quand il s’agissait de régler une question précise.

Enfin, deux membres d’EPB se rendaient sur place à Mitrovica deux fois par an. Ce séjour était très bénéfique. Il me permettait de resituer ma mission dans son contexte et me remobilisait. D’autre part, cela apportait du crédit et de la visibilité d’EPB sur le terrain, car nous profitions de ce séjour pour rendre une visite « officielle » à nos partenaires associatifs et institutionnels de Mitrovica.

Notes

  • Auteur de la fiche : Marie-Eve Rialland, volontaire de paix. Témoignage recueilli lors de la rencontre de volontaires de paix organisée par le Mouvement pour une Alternative Non-violente.