Fiche de document Dossier : L’engagement actuel de la société civile pour la paix : ses réussites sur le terrain et ses défis pour l’élaboration d’une culture de paix. Présentation d’un ensemble de documents sur des initiatives de construction de paix par les relations entre économie et justice sociale.

, Paris, octobre 2005

La Colombie écartelée. Auteur : Maribel Wolf.

Histoire du conflit armé colombien, de ses racines profondes et de sa complexité, des difficultés et des espoirs du peuple colombien dans son combat pour la paix.

Mots clefs : Conflit colombien | Résistance civile et pacifique à la guerre | Gouvernement colombien | Défenseurs des droits de l'Homme | Citoyens colombiens pour la paix | Communauté de paix | Résister civilement et pacifiquement à la guerre | S'opposer à l'échelle internationale à la poursuite d'une guerre | Mener des négociations politiques pour rechercher la paix | Colombie

Réf. : Auteur: Maribel Wolf, Editions Karthala, Paris, 2005

Langues : français

Type de document :  Ouvrage

Cet ouvrage est divisé en deux parties. La première constitue plutôt un témoignage. La seconde, une analyse.

I. Première partie

  • Chapitre 1

Dans la première partie, Maribel Wolf nous amène à la découverte de la réalité colombienne à travers les récits de son expérience et de ses activités en qualité de chargée des actions de l’association Terre des Hommes France en direction de l’Amérique latine depuis 1980.

Lorsqu’elle arrive en Colombie pour la première fois, c’est pour réaliser une enquête sur les enfants abandonnés. Elle s’aperçoit alors que la situation de ces enfants est strictement liée à l’histoire de violence et de déplacements forcés caractérisant le pays (en effet, 54,34 % des personnes déplacées sont des enfants).

  • Chapitre 2

L’auteur aborde l’ouverture démocratique ayaent eu lieu sous la présidence de M. Bétancourt, l’expulsion des paysans de leur terre et leur déplacement dans d’autres régions par les groupes paramilitaires servant les intérêts de gros propriétaires et de groupes financiers. L’auteur parle également des initiatives menées par son association dans les différentes régions colombiennes, telles que le soutien à l’éducation et aux organisations sociales, l’appui au Conseil régional indigène du Cauca dans son programme de formation et de développement des organisations économiques communautaires.

  • Le chapitre « L’esprit de résistance : vivre au présent »

Dans ce chapitre, l’auteur Maribel Wolf présente les différentes forces de résistance présentes en Colombie. Les militants et dirigeants de toutes ces organisations sociales sont des victimes de la répression. L’Union syndicale ouvrière (USO) ne défend pas seulement les droits des travailleurs du pétrole, mais s’oppose également à la politique du gouvernement d’utilisation des ressources naturelles, favorisant les entreprises multinationales. Le mouvement civique « Comuneros 81 » naît en 1978 en protestation contre la hausse des tarifs des services publics et la suppression de services dans le domaine sanitaire. L’Alliance ouvrière, paysanne et populaire (AOPP) regroupant des syndicats ouvriers, des communautés paysannes et indigènes, a établi un programme de lutte démocratique visant à promouvoir la liberté syndicale, l’éducation, l’amélioration des services publics et à lutter contre les abus des propriétaires terriens et des compagnies de pétrole. Les femmes se sont également montrées actives en prenant part aux luttes populaires, malgré les intimidations dont elles furent victimes, jusqu’à organiser en 2001 une mobilisation internationale des femmes contre la guerre.

  • Le chapitre « Entre l’espoir et le désespoir »

Ce chapitre traite de l’extermination progressive de l’Union patriotique, née en 1985 comme un parti d’opposition politique démocratique, intégrant des personnes venant de différents secteurs populaires et sociaux de gauche et des ex-guérilleros des FARC. La nouvelle Constitution de 1991, en reconnaissant la souveraineté du peuple et en énonçant que les citoyens sont sujets du droit, redonne espoir à ceux qui croient encore en la paix.

 

Elle situe l’origine de la violence colombienne dans le refus permanent du pouvoir en place d’abandonner ses pratiques autoritaires et dans sa volonté d’étouffer chaque aspiration sociale démocratique.

  • Le chapitre « Entre l’ombre et la lumière »

Dans ce chapitre, l’auteur dénonce la répression de l’ombre, la « guerre sale » achevée par les groupes paramilitaires, structures armées illégales, crées pour la lutte contre la guérilla et ayant des liens avec l’armée. Ce sont les auteurs des arrestations arbitraires, de disparitions forcées et d’assassinats dont ont été victimes plusieurs membres des organisations de la société civile. La société civile a été assimilée à la guérilla et surtout après le 11 septembre, aux guérilleros terroristes.

  • Les derniers chapitres

Dans les derniers chapitres Maribel Wolf aborde un problème qui aggrave la crise colombienne : celui des narcotrafiquants qui ont des liens étroits avec des représentants des partis libéral et conservateur. Elle parle en outre des initiatives internationales menées dans les dernières années en faveur de la défense des droits de l’homme en Colombie, de la concertation plus structurée entre organisations de droits de l’homme européennes et colombiennes et de l’ouverture en 1996 à Bogota d’un Bureau du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.

II. Deuxième partie

La deuxième partie de cet ouvrage se compose de trois contributions de la part des chercheurs et des défenseurs des droits de l’homme d’origine colombienne.

  • La première contribution

Les auteurs de la première contribution ont créé en 1994 une fondation pour la défense des droits de l’homme ayant comme but principal la lutte contre l’impunité des crimes contre l’humanité perpétrés en Colombie. Ensuite, ils se sont engagés dans un projet de création d’espaces de commémoration publique des victimes de la violence étatique : l’exemple de la Galerie de la mémoire a été reproduit dans les principales villes du pays.

  • La deuxième contribution

Il s’agit d’une analyse de la situation des droits de l’homme en Colombie qui a connu une dégradation constante au cours des années. L’auteur présente les trois modèles de violations des droits humains de 1970 à 1988 : modèles de « répression légale », de « guerre sale » et de « guerre intégrale ». Le modèle qui a commencé à émerger à partir de 1999 et sous l’actuelle présidence de Uribe Velez, est le modèle de sécurité nationale, caractérisé par un pouvoir illimité et libre de tout contrôle des forces militaires et par des programmes d’implication de la population civile dans le conflit armé.

  • La dernière contribution

Celle-ci remonte aux racines historiques et culturelles de la violence et de l’autoritarisme caractérisant l’État colombien. L’auteur retrace toutes les étapes fondamentales de l’histoire de la Colombie, qu’il définit comme « cyclique », caractérisée par l’essor social et populaire, la répression et la recomposition du mouvement démocratique.

Commentaire

Ce livre offre un témoignage (dans la première partie) et une analyse (dans la deuxième partie) de la complexité de la réalité colombienne.

On apprend que le langage des armes est très répandu dans ce pays et ce, depuis trop longtemps.

  • Mais la violence et l’impunité des crimes ne sont pas seuls à caractériser l’histoire de la Colombie : la résistance et la lutte non-violente menées par les organisations de la société civile peuvent constituer un moteur de changement démocratique.

La société civile, première victime du conflit voyant se battre l’armée, les groupes paramilitaires et la guérilla, représente donc un espoir de paix pour le pays.

L’appui de la communauté internationale se révèle nécessaire pour trouver une solution politique au conflit armé déchirant la Colombie, sous la forme d’une négociation entre l’État et les groupes de guérilla. Il faut par conséquent, que la coopération européenne soutienne toujours plus les organisations de la société civile.