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La fabrication de la paix - Nouveaux conflits, nouveaux acteurs, nouvelles méthodes: un inventaire de Jean-Luc Marret

Modalités nouvelles de construction de paix dans les conflits du début du 21ème siècle.

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Réf. : La fabrication de la paix - Nouveaux conflits, nouveaux acteurs, nouvelles méthodes, Jean-Luc Marret, Fondation pour la Recherche Stratégique, éditions ellipses, France, 2001, 158 p.

Langues : français

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Parler à l’heure actuelle de la recomposition du système international est une évidence : la mondialisation, pour ne parler que d’elle, s’installe comme une tendance lourde des relations internationales contemporaines, même s’il faut être lucide sur le fait qu’elle ne représente pas un processus linéaire et qu’elle suscite de nombreuses critiques.

Les questions du conflit et de la paix sont elles-mêmes à analyser dans ce contexte en évolution. Dans un petit livre proposé par la Fondation pour la Recherche Stratégique aux éditions Ellipses, Jean-Luc Marret aborde justement le thème de La fabrication de la paix – Nouveaux conflits, nouveaux acteurs, nouvelles méthodes, et dresse un rapide tableau des perspectives actuelles en la matière. L’auteur, spécialiste des sciences politiques et des relations internationales, livre un exposé didactique sur les acteurs, les modalités et les difficultés de la résolution des conflits.

En la matière, les choses ont eu tendance à beaucoup évoluer ces dernières années sous l’effet de la recomposition du monde qui a suivi la fin de la guerre froide. Jean-Luc Marret refuse une lecture simpliste des tendances actuelles caractérisant la vie de la planète, préférant insister sur les incertitudes qui existent autour de l’ordre mondial. Le fait est que les années 1990 ont vu tout à la fois l’émergence de conflits souvent localisés, sur une base etnico-religieuse, réelle ou justifiée comme telle, et l’affirmation sur le terrain humanitaire des organisations non-gouvernementales. La manière de gérer la violence, d’être présent sur le terrain, d’œuvrer à la construction de la paix, en a nécessairement été modifiée

A la lecture de l’ouvrage de Jean-Luc Marret, on s’aperçoit combien le champ de la résolution des conflits est large, les méthodes et les acteurs variés. En trois temps sont déclinés…

  • l’assise théorique de la résolution des conflits : on y découvre ainsi l’importance conséquente des mouvements pacifistes ou des tenants absolus de la non-violence, qu’il s’agisse de communautés, comme les Quakers, ou d’individus, à l’instar de Gandhi.

    Kenneth Boulding, Johann Galtung et John Burton restent les figures marquantes de l’institutionnalisation de la recherche sur la paix, dynamique dans laquelle vont s’engouffrer par la suite divers courants de pensée, s’intéressant à tel ou tel aspect du conflit (la nature de la violence par exemple) ou privilégiant une approche multidisciplinaire.

    L’accent est mis sur la compréhension de la logique qui a entraîné la crise, de manière à cerner les réponses à apporter, souvent par l’intervention d’un médiateur (médiation politique, économique, culturelle,…).

  • les méthodes pour créer un dialogue entre les parties au conflit : les faire entre en relation est en effet fondamental en ce que cela représente la première étape de la reconnaissance de l’altérité. A partir de là, la négociation peut se faire en plusieurs temps (définition de l’agenda des discussions, des moyens pour parvenir à un accord..), revêtir différentes formes (négociations bilatérales ou multilatérales…), qu’il s’agisse d’une phase de prévention, de la guerre elle-même ou de l’après-conflit.

  • le rôle d’acteurs émergents, telles les organisations non-gouvernementales, les communautés religieuses ou les personnalités politico-morales. Jean-Luc Marret cerne à la fois les avantages qu’ils peuvent représenter (proximité, connaissance du terrain et des acteurs locaux, réseaux, neutralité, autorité morale et éthique, poids symbolique…) et leurs insuffisances (manque de moyens et reconnaissance), voire leurs ambiguïtés (manque de discernement).

Commentaire

Le livre de Jean-Luc Marret est utile : il éclaircit certaines notions, il rétablit la résolution des conflits dans son champ conceptuel et dresse un panorama des tendances à l’œuvre. On peut cependant regretter qu’il n’aille pas plus loin dans l’analyse et que l’impression qui ressort soit celle d’un inventaire. Il n’en demeure pas moins que l’ouvrage, au demeurant tout à fait accessible, permet de se faire une idée de la complexité du paysage international actuel et se termine sur une question particulièrement essentielle : la complémentarité des acteurs, notamment celle des Etats et des ONG : la relation qui les unit se joue-t-elle sur un mode complémentaire, ou à l’inverse concurrentiel ? Sont-ils capables de se tendre des passerelles mutuellement avantageuses ?

On en reste légitimement sur cette interrogation et sur le constat qu’aucune clef de lecture de permet encore de déchiffrer la complexité du monde contemporain.