Fiche de document Dossier : Some propositions and analysis to face the new challenges of peace in the world

, Paris, 2007

Un Mur en Palestine

Au printemps 2002, le gouvernement israélien a débuté en Cisjordanie occupée, le chantier d’une barrière et d’un mur longs de plus de 650 kilomètres. Cet ouvrage gigantesque devrait s’achever en 2007

Mots clefs : Elaboration d'une justice internationale | Droit international et paix | Conflit israélo-palestinien | Rôle de l’ONU | Citoyens israéliens pour la paix | Cour Internationale de Justice | Respecter les Droits Humains | Palestine | Proche Orient | Israël

Réf. : Auteur: René Backmann, Librairie Arthème Fayard, Paris, 2006

Langues : français

Type de document :  Ouvrage

L’auteur du livre nous présente au travers d’une série d’interviews réalisées dans les Territoires Palestiniens occupés et en Israël le sens du mur de séparation érigé par Israël.

Au printemps 2002, le gouvernement israélien a débuté en Cisjordanie occupée, le chantier d’une barrière et d’un mur longs de plus de 650 kilomètres. Cet ouvrage gigantesque devrait s’achever en 2007.

Pour l’Etat d’Israël, cette grande muraille moderne doit empêcher l’entrée sur son Territoire de kamikazes palestiniens. Pour les Palestiniens ce « mur de séparation » est un instrument de colonisation permettant de grignoter d’autres parcelles de territoires palestiniens afin de mieux y implanter des colonies.

Au départ, le projet était travailliste et il devait totalement épouser la « ligne verte », frontière datant d’avant la guerre de six jours en 1967 faisant d’office de frontière entre Israël et la Jordanie. Ariel Sharon qui, après bien des tergiversations, s’est résolu à adopter sa construction, en a fait un instrument de conquête territoriale en traçant artificiellement et unilatéralement ce qui pourrait être, à l’avenir, le futur Etat palestinien.

René Backman explique dans cet ouvrage comme le projet de Dany Tirza, concepteur de cette oeuvre pharaonique, est de 730 kilomètres. La longueur de la barrière est plus de deux fois supérieure à celle de la « ligne verte » (315 kilomètres). Comment expliquer les interminables méandres de cette barrière, qui ne suit la « ligne verte » que sur 20 % de son parcours, et s’en écarte parfois de 5 kilomètres à l’intérieur du territoire palestinien ? » Selon un document des Nations unies cité par l’auteur, en juillet 2004, « la superficie des zones fermées, c’est-à-dire celles coincées entre la barrière et la « ligne verte », dépassait alors les 48 000 hectares, soit 8 % de la superficie totale de la Cisjordanie. »

L’auteur du livre cherche à donner une réponse à ces questions après avoir écouté les arguments de ses défenseurs et interrogé ceux qui subissent les effets pervers de cette barrière.

René Backmann explique que, selon le ministère de la défense israélien, « chaque kilomètre de la barrière coûte 2,5 millions d’euros ». Le budget total devrait atteindre 1,8 milliard d’euros. Des milliers d’hectares seront stérilisés, des milliers d’arbres ont été arrachés et des milliers de maisons détruites. Il est impossible de tenir une comptabilité précise des destructions causées par la construction du « mur » qui, aujourd’hui, de Qalqiliya à Bethléem en passant par Jérusalem, fait partie du paysage avec ses check-points, ses files d’attente, ses routes séparées pour les Israéliens et les Palestiniens. En Cisjordanie, dix-sept routes couvrant plus de 120 kilomètres sont interdites aux automobilistes palestiniens. Près de 250 kilomètres sont à « usage réglementé » et requièrent l’obtention d’un « permis spécial de déplacement » délivré par l’armée et plus de 360 kilomètres sont à « usage limité », ce qui implique le passage de check-points fixes ou mobiles. Pour René Backmann, « la barrière apparaît comme la suite logique, voire le complément historique de l’entreprise de colonisation entreprise il y a près de quarante ans… Elle enveloppe dans ses méandres d’acier ou de béton les trois quarts des colons ».

Commentaire

Le mur en Palestine est-il un moyen de lutte contre le terrorisme ou un barrage contre la paix ?

Le Mur construit actuellement dans les Territoires palestiniens est maintenant décrit par le gouvernement israélien comme une mesure politique destinée à annexer 10% des terres palestiniennes situées entre la Ligne Verte et les zones où vivent environ 76 % des colons israéliens.

Il existe 21 « enclaves de clôture » dans lesquelles les Palestiniens se trouvent cloisonnés entre la Ligne Verte et la barrière de séparation, coupés du reste des habitants de la Cisjordanie. Cet enclavement a des conséquences sur la vie quotidienne de ces habitants :

  • les déplacements,

  • l’accès aux services de proximité,

  • l’accès aux soins. En effet pour rejoindre les hôpitaux et les centres de santé, les habitants des enclaves doivent franchir les barrières sous contrôle israélien.

En octobre 2003, certains pays arabes ont décidé de soumettre le scas de la barrière de séparation à l’Assemblée générale des Nations unies. Cette assemblée a adopté le 21 octobre 2003, la résolution ES-10/13 condamnant la construction d’un « mur » empiétant sur le « territoire palestinien occupé ». Cette décision n’est pas contraignante et a été rejetée par l’État d’Israël.

Le 8 décembre 2003, l’Assemblée Générale des Nations unies a adopté la résolution ES-10/14 demandant à la Cour Internationale de Justice de rendre un avis consultatif sur la question suivante : « Quelles sont en droit les conséquences de l’édification du mur qu’Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l’intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, selon ce qui est exposé dans le rapport du Secrétaire général, compte tenu des règles et des principes du droit international, notamment la quatrième Convention de Genève de 1949 et les résolutions consacrées à la question par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale ? »

Le 9 juillet 2004, la Cour internationale de justice a rendu son avis sur la question posée par l’Assemblée générale des Nations unies. Elle a affirmé dans sa réponse que : « L’édification du mur qu’Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l’intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, et le régime qui lui est associé, sont contraires au droit international».

Le 20 juillet 2004, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté la résolution ES-10/15, après avoir pris acte de l’avis consultatif de la Cour internationale de justice. La résolution « exige qu’Israël, puissance occupante, s’acquitte de ses obligations juridiques telles qu’elles sont énoncées dans l’avis consultatif».

Une fois le Mur achevé, 60.500 Palestiniens de Cisjordanie vivant dans 42 villes et villages seront enfermés dans la zone située entre le Mur et la Ligne Verte.

Actuellement environ 250.000 Palestiniens ont été coupés du reste de la Cisjordanie par la barrière de Séparation.

Les Palestiniens ne sont pas contre le mur, ils s’opposent tout simplement à son tracé.

Si le mur était construit sur la frontière de 1967 et il signifiait la possibilité de bâtir un Etat palestinien sur ce Territoire, les palestiniens (toutes tendances confondues), accepteraient avec joie « cette séparation unilatérale ».

Bien que nous sommes intimement convaincu du fait qu’une paix durable ne passe pas par la séparation, nous pensons que la paix entre Israéliens et Palestiniens n’a aucune chance d’être construite sous un régime d’occupation. Une séparation qui rendrait possible la création d’un État palestinien viable, sur les frontières de 1967, pourrait être un premier pas vers la paix car les deux peuples ont avant tout besoin de rebâtir une confiance réciproque après plus de 50 ans de conflit. En revanche, un mur dont le tracé est exclusivement pensé pour intégrer la majorité des colonies du côté d’Israël et qui réduirait la Palestine à une série de cantons séparés sans aucun espoir de développement, n’est qu’un barrage de plus à la paix.