Fiche de document Dossier : Eau, conflits et paix : enjeux à l’orée du XXIème siècle.

, Bizerte, mai 2007

L’eau de la Chine et de l’Inde en voie d’épuisement

Pour Jeffrey Sachs, le monde est en train d’épuiser ses réserves d’eau. La Chine et l’Inde vont particulièrement souffrir. La production alimentaire mondiale serait menacée.

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Réf. : Randeep Ramesh, « China and India warned their water is running out », The Guardian (London), 23 janvier 2007.

Le monde est en train d’épuiser ses réserves d’eau et un plan radical pour faire face aux pénuries qui menacent l’aptitude des humains à produire leurs aliments doit être mis en place, à en croire Jeffrey Sachs, directeur du Projet du Millénium des Nations Unies.

En janvier 2007, le Professeur Sachs, économiste de renommée internationale, a déclaré, devant une conférence dédiée à l’environnement à Delhi, en Inde, que le monde « n’a plus de cours d’eau où puiser son eau ».

L’Inde et la Chine font face à de sévères pénuries d’eau et ces pays ne peuvent utiliser les mêmes stratégies pour augmenter la production d’aliments qui ont nourri, par le passé, des millions de personnes. « En 2050, l’Humanité comptera 9 milliards d’âmes et le revenu moyen sera le quadruple de celui d’aujourd’hui », a affirmé Sachs qui a poursuivi disant que « L’Inde et la Chine ont été en mesure de nourrir leur population car ces deux pays utilisent l’eau de façon non durable. Cela n’est plus possible. »

Depuis la révolution verte en Asie, les superficies irriguées ont triplé. Mais, en bien des endroits, les limites ont été atteintes concernant la disponibilité de l’eau d’irrigation. « Le Gange en Inde et le Fleuve Jaune en Chine n’atteignent plus la mer et stagnent par endroits. Il y a énormément d’alluvions accumulées d’où ensablement et les prélèvements en amont sont tellement importants », déclare le Professeur Sachs.

Le grand économiste a affirmé que les mécanismes d’épuisement de l’eau ne sont pas bien compris : « Nous avons besoin de faire pour l’eau ce que nous avons fait pour le changement climatique. Comment recharger les aquifères ?… Aucune politique, nulle part, n’est en place à l’heure actuelle ».

Le Professeur Sachs a dit que l’émergence de l’Asie est en train d’altérer les ressources mondiales d’une façon non observée jusqu’ici ; pour la première fois, les humains, plutôt que la nature, sont en train de façonner l’environnement.

Pour Sachs : « En 2010, la Chine sera le plus gros émetteur d’anhydride (ou gaz) carbonique dans le monde. L’Inde est en train de construire huit centrales de 4000 MW. Ces pays sont-ils prêts à capturer le carbone ? Je ne le crois pas ».

La Grande Bretagne a essayé de convaincre l’Inde d’adopter la technologie verte. Mais Delhi continue d’avancer la nécessité d’accélérer sa croissance et voit dans le changement climatique un frein à son économie.

David Miliband, le ministre de l’Environnement britannique assure que l’Inde rejoindre un plan pour gérer les gaz à effet de serre dès la fin du Protocole de Kyoto en 2012.

Commentaire

Ce texte souligne, une fois de plus, l’importance fondamentale de l’eau dans le développement des sociétés humaines. Que la Chine manque d’eau, cela est connu et lors de son passage à Paris, il y a quatre ans, le Premier Ministre chinois l’a dit en sortant d’une entrevue avec le Premier Ministre à l’hôtel Matignon.

Des millions de Chinois et d’Indiens vivent dans une épouvantable misère. Comment améliorer leur sort après les affres du colonialisme, l’occupation (japonaise par exemple pour la Chine) et la Guerre Froide ? Le grand économiste, avant de cibler ces pays, aurait du se pencher sur cette question. La Grande Bretagne, et bien d’autres nations occidentales, se sont développées en faisant fi de l’environnement, notion inconnue à l’époque, bien évidemment. A l’heure actuelle, les Etats-Unis, où vit le Pr Sachs, produisent le quart du gaz carbonique émis par les humains et ne sont pas signataires du Protocole de Kyoto.

Pour préserver la paix sur cette terre commune, il faut que les plus riches consentent des efforts en réduisant les émissions- et probablement leur train de vie- et en fournissant la technologie pour réduire les émissions, utiliser l’eau de manière durable, mettre au point des plantes moins gourmandes en eau….Partant de là, il sera possible, sur les plans éthique et pratique, de demander à ces pays de faire plus d’efforts pour préserver notre environnement.

La paix et la sécurité de l’Humanité sont à ce prix.