Fiche de document Dossier : Le Nil : conflictualités et initiatives de paix

, Paris, mai 2007

Après la réussite de la campagne pour protéger le Nil.

Le quotidien cairote « Akhbar El Yom » annonce, en première page, que sa campagne pour protéger le Nil a fait que le Ministère des Ressources hydrauliques et de l’Irrigation vient de lui allouer 300 millions de livres égyptiennes et a en outre décidé de former les ingénieurs de l’irrigation à la surveillance et à la protection du fleuve.

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Réf. : 1- Ahmed Sarsawi, « Le Nil boit…les eaux usées…des bateaux », Akhbar El Yom, 26 mai 2007, p. 6, 2- Mouemen Attallah, « Après la réussite de la campagne pour protéger le Nil », Akhbar El Yom, 26 mai 2007, en première page.

Le Dr Mahmoud Abou Zeid, Ministre des Ressources hydrauliques et de l’Irrigation, a décidé, suite à la campagne lancée par le journal « Akhbar El Yom », d’inscrire une augmentation au budget de la protection du Nil qui passe de 150 millions de livres à 300 millions de livres. Cette somme est destinée à couvrir l’acquisition de matériel et de produits qu’utiliseront les ingénieurs de l’irrigation pour les travaux de surveillance. Il a été aussi décidé d’acheter du matériel de haute technologie et de le distribuer aux différents gouvernorats que traverse le Nil pour permettre de les mettre constamment en liaison avec les responsables du Ministère des Ressources hydrauliques et de l’Irrigation et ce, afin de faire connaître rapidement toute infraction commise à l’encontre de la voie d’eau aux autorités qui prendront les décisions en conséquence. Ces infractions peuvent être des constructions en béton armé ou des rejets illégaux.

De même, des séances de formation vont être organisées en vue de former les ingénieurs de l’irrigation à ces nouvelles missions de surveillance et de protection du fleuve.

Le Dr Hassine Atfy, porte- parole du Ministère a annoncé que des enquêtes étaient en cours avec des responsables du secteur de l’irrigation concernant les opérations d’enfouissement pratiquées récemment dans la région de Bakbachi.

En pages intérieures, on trouve dans le journal des reportages traitant de la pollution engendrée par les hôtels flottants dans la région de Louqsor. Ces bateaux rejettent, dans leur écrasante majorité, leurs eaux usées et leurs eaux de cuisine, sans le moindre traitement dans le Nil. Or, la loi n° 48 de 1982 destinée à protéger le Nil, stipule que ces eaux ne sauraient être déversées dans le fleuve qu’après traitement et seulement si elles répondent aux normes physico-chimiques et bactériologiques précises exigées par ce texte.

De plus, les enquêtes visant ces bateaux – hôtels suite à la promulgation de la loi n° 4 sur l’environnement de l’année 1994 et qui a été appliquée à partir de 2000/2001 ont révélé que 30 % d’entre eux étaient en infraction. Pour les propriétaires de ces bateaux, les équipements dans les ports pour recevoir leurs effluents sont insuffisants ou existants.

Commentaire

L’état du Nil en Egypte n’est guère brillant. Au Caire, près des Pyramides, on peut voir des femmes laver leur vaisselle alors que du bétail se baigne dans les eaux du Nil. Aux dires d’un ancien ministre égyptien de l’Economie dans le gouvernement du Colonel Nasser, le Nil est un cloaque. Il en résulte une eutrophisation importante du fleuve et on peut voir au Caire, au milieu du fleuve des herbes flottantes préjudiciables à la navigation et à l’état de santé général de la voie d’eau car ces végétaux agissent sur la DBO. Cette situation est, de plus, très dangereuse pour la santé publique, bien évidemment. Des actions d’éducation doivent être lancées pour attirer l’attention de la population sur les questions d’environnement et sur la nécessité de respecter et de protéger le Nil, cette artère vitale pour les 75 millions d’habitants de l’Egypte. Mais la pauvreté et le dénuement des populations agissent contre le fleuve. La bureaucratie et la routine administrative ont aussi leur part de responsabilité dans cette triste situation.

La question des hôtels flottants revient régulièrement dans les journaux qui en soulignent la gravité car à Louqsor comme à Assouan, le nombre de touristes ne cesse d’augmenter et ainsi augmente, en proportion, la pollution du fleuve, ce qui incommode aussi le Soudan voisin.

Il est clair que la pollution du Nil menace la paix dans le pays et avec ses voisins.

On notera le très long délai mis entre le vote de la loi sur l’environnement et son application effective… et, en dépit de ce délai, tous les bateaux ne se sont pas mis en conformité.