Fiche d’expérience Dossier : Construire la paix aujourd’hui : la responsabilité des acteurs

, Paris, 2002

Des actions du CCFD pour favoriser la reconstruction d’une paix durable en ex-Yougoslavie

Réconciliation entre les populations, reconstruction économique et culture de paix, trois axes du travail du CCFD pour la paix en ex-Yougoslavie.

Mots clefs : Lutte contre les inégalités et pour la paix | S'opposer à l'impunité | Respect des droits humains | Société Civile Locale | Défenseurs des droits de l'Homme | Collectif d'ONG | Reconstruire une société | Enrichir les échanges sociaux | Soutenir des démarches de réconciliation après-guerre | Ex-yougoslavie | Bosnie | Kosovo | Serbie

Contexte historique et action du CCFD

L’ex-Yougoslavie n’est pas sortie indemne des conflits qui se sont succédés dans la région des Balkans au cours des années 1990. Si la guerre est maintenant achevée, les traces qu’elle a laissées sont durables, tant sur la plan matériel qu’humain. Les problèmes que doivent affronter ceux qui travaillent à la reconstruction sont nombreux. Le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD) soutient ainsi plusieurs partenaires dont l’action contribue au retour à la normale. Lui-même a défini un certain nombre de priorités, cerné plusieurs conditions pour que la paix soit durable en ex-Yougoslavie.

La décennie des années 1990 a été pour l’ex-Yougoslavie une lente descente aux enfers, marquée par une succession de conflits, en Croatie, en Bosnie, en Serbie, au Kosovo… La guerre a aujourd’hui disparu, mais, malgré l’aide et le soutien de la communauté internationale, ses effets restent visibles : les familles ont été déchirées, les villes détruites, les campagnes abandonnées ; les rancœurs, le ressentiment, la haine parfois, habitent encore le cœur des populations. Agir dans cet environnement difficile, est un exercice délicat auquel le CCFD veut faire face. L’objectif majeur du mouvement français est de favoriser les rencontres entre les diverses communautés, au travers d’activités concrètes répondant au plus près des besoins des populations.

Il s’agit de répondre à plusieurs défis :

  • Tout d’abord, favoriser la paix par une réconciliation entre les entités (bosniaque, croate, serbe, albanaise) et communautés (catholique, musulmane, orthodoxe) constitutives de l’espace balkanique ;

  • Ensuite, rendre possible la reconstruction économique et immobilière du pays ainsi que la réinsertion professionnelle des personnes ;

  • Enfin, promouvoir et développer, notamment auprès des enfants, une véritable culture de paix.

A ce titre, le CCFD soutient des partenaires locaux, dont l’action, dans différents domaines, contribue au retour à la normale. Il en va ainsi de l’association Humanitarian Law Center (HLC), créée à Belgrade en 1992 et implantée au Kosovo et en Serbie. En effet, face aux questions des déplacements de populations, des emprisonnements et des disparitions de personnes, des violences perpétrées à leur encontre, ou encore face aux problèmes de droit foncier et immobilier, nombreux sont les habitants qui ont besoin d’un accompagnement. C’est la tâche à laquelle s’est attelé le HLC, en collaboration avec le Tribunal Pénal International et d’autres ONG de défense des droits de l’homme. L’association, pluri-communautaire dans son organisation, se veut un signal de réconciliation et a pour fin ultime la justice. Aussi effectue-t-elle un important travail de terrain : en rassemblant le plus de témoignages possibles sur les exactions commises, en rédigeant des rapports d’observation, en proposant des consultations gratuites pour les prisonniers, en assurant leur défense, en facilitant le lien avec leur famille, elle contribue à la sortie de l’arbitraire et à l’exercice d’une justice plus équitable pour tous, donc à l’avènement d’un contexte plus favorable à la paix.

Au travers de ce type de partenariat, le CCFD a progressivement pu déterminer les conditions permettant une reconstruction durable de la paix. Celle-ci se joue à trois niveaux :

  • La dimension économique : seule une intégration régionale permettra la reconstruction d’un système viable et performant ;

  • L’aspect politique : l’apprentissage progressif d’une culture de la pratique démocratique doit permettre la sortie d’un schéma autoritaire ;

  • Au sein de la société civile, seuls le dialogue et la rencontre entre des peuples longtemps séparés permettra une pacification des relations.

Pour répondre à ces défis, le CCFD soutient un certain nombre de projets dans les Etats balkaniques, et vise par ce faire à agir au plus près des aspirations et des besoins des populations.

Commentaire

Cette démarche partenariale, que le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement effectue un peu partout à travers la planète, souligne à quel point l’on a désormais pris conscience que la paix était une affaire extrêmement complexe ne se limitant pas à la cessation des hostilités et à la signature de traités. De la même manière que, bien souvent, les conflits ont des racines profondes et traduisent l’absence ou la rupture d’un modèle de société, la paix est elle-même une construction qui s’inscrit dans un temps long et qui fait appel à de multiples ressorts : économiques, politiques, sociaux, humains, psychologiques…

L’exemple que nous fournit l’action du CCFD montre au contraire la complémentarité potentielle de leurs missions respectives. Les difficultés sont néanmoins nombreuses, car il n’est pas aisé de faire travailler ensemble des acteurs aux vocations divergentes.

Notes