Fiche d’expérience Dossier : Les Organisations Non-Violentes en France

Guillaume Gamblin, Paris, janvier 2007

L’arche de Lanza del Vasto - des partenariats

Ce n’est pas l’élaboration théorique d’une critique sociale ni d’une philosophie qui intéresse d’abord les membres de l’Arche, mais l’expérimentation simple et quotidienne d’autres mode de vie qui donnent une épaisseur humaine aux valeurs qui les habitent et laisse place au témoignage.

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I. Un réseau à dimension internationale

Il y a une vie à l’Arche en dehors des communautés. Cette vie constitue même la part la plus importante du mouvement, en termes numériques. Si les communautés peuvent être considérées comme le cœur et la colonne vertébrale de la vie et de l’organisation de l’Arche, en ce qui concerne l’esprit qui anime le mouvement et son image à l’extérieur, il n’en reste pas moins que les autres parties du corps constituent la plus grande part de celui-ci. Parmi les compagnons, outre ceux qui se sont engagés au sein des communautés, certains se sont engagés à vivre selon l’esprit du mouvement, sur leurs lieux de vie, en développant un contact régulier avec les autres membres qui vivent dans leur région, et avec les communautés. Une diversité d’engagements est possible, qui offre la possibilité d’être Ami de l’Arche, ou encore Allié, sur son lieu de vie habituel. Ces dernières années des semi-communautés se sont également constituées au sein de quartiers urbains difficiles pour vivre et partager les valeurs de l’Arche au cœur de la société. Au total, environ 2000 personnes sont, à divers niveaux, membres de l’Arche dans le monde, dont 700 en France.

Un bulletin bimestriel, les « Nouvelles de l’Arche », est réalisé et diffusé depuis l’origine du mouvement, pour présenter son actualité, des réflexions de ses membres, et faire le lien entre ceux-ci. Il est disponible par abonnement et est diffusé à 800 exemplaires.

Le réseau s’étend donc bien au-delà des limites de la France, bien que son centre dynamique reste le monde francophone. Le mouvement a été à l’origine de la création d’un Centre de culture andine en Argentine, en collaboration avec l’association Musique-Espérance de Miguel Angel Estrellas. Cette initiative a été tellement concluante qu’elle a été reprise dans plusieurs universités en Amérique latine. Il faut noter également, parmi beaucoup d’autres initiatives, la création d’une communauté dans le Sud du Maroc, qui a duré quelques années et a finalement été donnée à d’anciens esclaves.

II. Un partenariat cohérent

Depuis son origine le mouvement travaille en lien avec les autres organisations non-violentes : particulièrement le MIR et l’IFOR, dont Marie-Pierre Bovy, de l’Arche, a été présidente, mais aussi les mouvements qui lui sont ultérieurs : le Cun, à partir de la lutte du Larzac, les revues Alternatives Non-Violentes et Non-Violence Actualité, les Ifman auxquels d’anciens membres participent, EpB…

L’Arche est membre–fondateur du fonds associatif Non-Violence XXI, ainsi que de la Coordination française pour la Décennie, et est à l’origine avec d’autres du Salon de Initiatives de Paix de Juin 2004.

Plus largement, un partenariat durable et solide est engagé avec certains mouvements tels que la Cimade, Church and Peace, la Confédération Paysanne (en particulier José Bové), Gardarem Lo Larzac, Peace Brigades International, Eirénée (en Allemagne), ou avec des personnalités comme Miguel Angel Estrella ou le Prix Nobel de la Paix Adolpho Perez Esquivel. Des compagnes et compagnons sont également membres de Démocratie et Spiritualité, de La ligne d’horizon (dans le domaine des alternatives économiques), et du réseau Terre du Ciel.

Dans le domaine du nucléaire, l’Arche est à l’origine de Stop-Essais, membre du Réseau Sortir du Nucléaire et partenaire de la Maison de Vigilance de Taverny. Elle participe en outre aux campagnes d’Agir Ici et est engagée en lien avec Pax Christi et le Réseau Espérance. Elle s’est tout naturellement insérée dans la dynamique des mouvements altermondialistes, qu’elle a préfiguré, en participant à la lutte contre les OGM avec le mouvement Attac ou en étant présente lors des grands rassemblements altermondialistes de ces dernières années.

L’Arche participe (de loin) à la dynamique de l’« Alliance pour un monde pluriel, responsable et solidaire » depuis le lancement de cette dernière. Elle est très proche de l’association Shanti, société de production et de diffusion de films engagée dans un esprit de promotion de la non-violence.

Coordonnées :

  • Adresses :

    • Communauté de l’Arche, La Flayssière, 34650 JONCEL

    • Communauté de l’Arche de St Antoine, 38160 L’ABBAYE

  • Site web : www.canva-ass.org

Commentaire

Etre membre de l’Arche, c’est vivre sous le signe d’un double engagement : vis-à-vis des autres compagnes et compagnons, engagement à partager son temps et ses moyens au service d’une communauté de vie à laquelle on se lie pour un certain temps, et engagement militant au sein d’une société qui se fonde sur des valeurs et des processus trop souvent destructeurs. Ces engagements communautaire et militant ont tous deux pour fondement la non-violence, comme éthique fondamentale qui donne sens à la vie, et comme ensemble d’outils d’action socio-politique et de régulation des conflits. Cette non-violence est expérimentée dans tous les aspects de la vie : organisation sociale, économique et écologique, militantisme et action politique, mais aussi vie intérieure et spiritualité. C’est ce qui fait la spécificité des communautés de l’Arche : le souci de cohérence profonde entre tous les aspects de la vie, autour de ce fil conducteur de la non-violence.

Notes

Sources :

  • Entretiens avec Jean-Baptiste Libouban des 24 et 25 Juin 2003.

  • Rencontre avec des membres des communautés de la Borie-Noble et de la Flayssière du 25 Juin.

  • Entretiens avec Anna Massina et d’autres membres de la communauté de St Antoine des 9 et 10 Juillet 2003.

  • Numéros des « Nouvelles de l’Arche ».

  • Brochures de présentation de l’Arche.

  • Actes du colloque sur Lanza del Vasto.