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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Montargis, août 2007

Formations à la médiation : un contenu spécifique et une analyse de pratiques

S’il est tentant de se proclamer « tous médiateurs », exercer cette fonction ne peut absolument pas s’improviser avec la seule bonne volonté et seulement quelques compétences relationnelles…

Mots clefs : Résolution non violente des conflits | Formation de médiateurs | Mettre en oeuvre des initiatives de médiation

Le médiateur n’est pas un conciliateur, ni un négociateur, encore moins un juge qui, de sa place, influence et suggère les solutions, invite et incite à la réconciliation. Si ces modes de résolution des conflits sont tout à fait utiles, demandant des compétences certaines, celles-ci seront insuffisantes dès que l’on se trouvera en position de médiateur. Le médiateur est mobilisé à un savoir-faire et savoir être tout à fait particuliers et uniques.

Les formations à la médiation se sont déployées en France depuis une bonne vingtaine d’années. Des formations en médiation familiale importées d’outre-Atlantique, à celles proposées en parallèle par un courant de médiation généraliste « à la française » dans quelques instituts privés à l’époque, nous nous trouvons à présent devant une diversité de niveaux, de cursus, de durée et d’organisation. Ainsi il est possible de se former à la pratique de la médiation au sein :

  • des universités publiques et privées (IFOMENE Institut Catholique de Paris - DU, Master) ;

  • du Conservatoire National des Arts et Métiers (Certificat de compétences « Pratiques de la médiation ») ;

  • des Instituts de formation agréés par les DRASS (Diplôme d’Etat de médiateur familial).

Théorie et mises en situation

De nombreux organismes privés ou publics de formation, agréés à la formation professionnelle, s’attachent également à répondre aux demandes de nombreuses institutions et associations. De la simple sensibilisation, à la formation, au perfectionnement de médiateurs déjà en poste, l’objectif affirmé est de travailler à transformer durablement le climat social.

Toutes ces formations délivrent des connaissances théoriques sur la médiation. Elles associent les disciplines juridiques et psychologiques à des réflexions sur les besoins de la société et des individus en matière de médiation. Leur pédagogie peut, selon, donner une part plus ou moins grande à la réflexion théorique et conceptuelle, alternant avec des expérimentations sous forme d’exercices de communication et de mises en situation à partir de conflits d’actualité relaté dans la presse ou préparés à partir de situations réelles.

Que l’objectif de la formation soit d’acquérir une compétence reconnue, une activité professionnelle à part entière, ou un enrichissement des pratiques professionnelles existantes, la formation des médiateurs représente un enjeu d’importance : il s’agit de mettre sur le terrain social dans sa globalité, des professionnels réellement compétents, porteurs d’une nouvelle pratique sociale de responsabilité, centrés sur le lien et ce dans une pédagogie de la relation.

Intervention pluridisciplinaire

La médiation est une pratique recoupant divers champs. Il s’agit d’un modèle d’intervention pluridisciplinaire et travaillant en interdisciplinarité.

L’espace de médiation constitue un système complexe d’interactions entre plusieurs acteurs : des parties, personnes ou groupes – entités opposées - prises dans un jeu de communications bloquées, attendant d’une médiation une issue positive ou finale à leur difficultés, la construction d’un accord, un (ou des) médiateur.

Le médiateur, rappelons-nous,

  • Institue les règles de fonctionnement de la médiation ;

  • Assure la conduite du processus de médiation ;

  • Est sans pouvoir sur l’objet de la médiation ;

  • Est indépendant, neutre et impartial – « et pour l’un et pour l’autre »}} – pour la relation des « deux ».

Il ne peut se projeter dans le problème. Il se doit donc d’être extrêmement vigilant aux dynamiques systémiques mises en place - les logiques des acteurs et de celle du système tout entier - afin de ne pas être entraîné par elles.

Les compétences nécessaires

La première expertise du médiateur est celle de la communication, avec soi-même – gestion et maîtrise de ses émotions, capacité à la distanciation – avec les autres, et ce dans un espace conflictuel chargé en affects.

S’il est important au médiateur d’appréhender l’environnement dans lequel il agit par des connaissances en psychologie, en sociologie, en droit, et sur les organisations dans lesquelles il agit (familles, quartiers, entreprises…), il doit se rappeler qu’il ne sera jamais « l’expert » de quelque discipline que ce soit et qu’à ce titre il sera prudent dans ses apports et commentaires. Aussi toutes les formations mettent-elles l’accent sur un certain nombre de points particuliers.

D’abord, développer les connaissances en communication systémique. Suivant les définitions ci-dessus, le médiateur doit être conscient de son positionnement particulier – voire paradoxal sur certains points – au sein du système de médiation. Il risque l’interposition dans un espace relationnel fermé ; il se pose en tiers tout en ayant un avis en son for-intérieur sur la question, et des valeurs ; il demande la présence active de tous les acteurs et affirme que les acteurs peuvent toujours s’en échapper ; il prétend que la médiation est une réponse aux situations conflictuelles tout en indiquant que ce sont les acteurs qui sont capables eux-mêmes de trouver une issue à leur conflit ; il conduit un processus de communication sur les finalités duquel il n’a aucun pouvoir ; il affirme une indépendance et une impartialité tout en faisant partie d’un système de communication qui l’influence au même titre que tous les autres acteurs ; il inscrit dans la médiation une logique de fonctionnement tout en affirmant que chacun est libre de quitter cette logique qui fonctionne pourtant comme principe homéostatique du système ; il rend nécessaire un ordre qui doit accueillir le désordre : foisonnement des perceptions, des vécus, des émotions, des idées… combinant l’ordre et le désordre ; il s’institue, parfois au nom d’une institution, à la neutralité, etc.

Toutes ces questions, si particulières à la médiation, seront abordées en formation, par exemple, savoir construire les premiers contextes interactionnels qui vont faire que la médiation va comporter l’adhésion des acteurs s’y rendant ; conduire et articuler les phases de la médiation, processus qui vont amener tous les acteurs, médiateur(s) compris, à la « compréhension » du système relationnel conflictuel puis à la « sortie » de crise ; repérer les « jeux » d’acteurs dans le système relationnel : alliances avec le médiateur, contraintes du médiateur, exclusion du médiateur, induction des acteurs à l’opposition ou à la réconciliation… ; discerner les paradoxes qui agissent dans le système à l’insu des acteurs et dans quelles zones d’incertitudes ; schématiser les communications récurrentes, etc.

Ensuite, approfondir ses compétences relationnelles :

  • Aptitude intérieure à la distanciation, au respect et au non-jugement sur les personnes et leurs manières de faire. Capacités relationnelles de disponibilité et civilité chaleureuses. Capacités à gérer les tensions émotionnelles et/ou conflictuelles, à insuffler une dynamique entraînante de créativité, à animer une réunion. Capacités à synthétiser – résumer – évaluer une situation.

  • Aptitudes pédagogiques : présenter la médiation d’une manière claire et concise, expliciter des documents, faire des schémas… Attraits pour créer des liens avec des partenaires, mener des recherches avec d’autres médiateurs, faire évoluer sa pratique, promouvoir une culture de médiation au sein de la société, etc.

S’inspirant de nombreuses techniques de communication, et selon les formations et ses intérêts, le futur médiateur apprendra à maîtriser l’écoute active et l’empathie, la reformulation, les techniques de questionnements, les synthèses, les méta communications… Il devra également être capable d’aider à rédiger ou rédiger un projet d’entente sous la direction des personnes concernées.

Enfin, on n’apprend pas à être médiateur une fois pour toutes, lors d’un parcours de formation, on continue à le devenir tout au long de sa pratique. Analyser ses pratiques avec d’autres médiateurs en groupes d’analyses de pratiques, s’entraîner en formation continue au cours de stages fait partie intégrante de la formation en médiation. Et puis … Voilà qu’un état d’esprit de médiateur, très intérieur, commencera à faire son chemin en soi, celui qui ne sera jamais enseigné de l’extérieur …

Notes

  • (*) : Nicole Bernard

  • Nicole Bernard est formatrice à l’association « Médiation Aveyron » qui organise de nombreuses sessions d’entraînement à la médiation. Médiatrice, elle est chargée de cours à la gestion des conflits et à la médiation pour de nombreuses institutions. Tél. 05 65 59 48 81. www.mediationaveyron.com