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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Paris, 2008

Des initiatives et des réseaux de femmes comme acteurs de la construction de paix sociale en Amérique Latine

L’accroissement du rôle des femmes en Amérique latine par leur implication dans divers grands mouvements citoyens.

Mots clefs : Femmes et paix | Amérique Latine

Introduction

Lors de la Conférence des Nations Unis, en 1995, les femmes du Sud ont témoigné de l’importance du rôle qu’elles jouaient dans le développement de leur pays et dans la construction d’un monde moins violent et plus pacifique. En échangeant leurs expériences et leurs stratégies avec des femmes du Nord, elles ont aussi constaté qu’elles pouvaient apprendre les unes des autres. Toutefois, elles n’avaient pas attendu cette conférence pour participer à des rencontres internationales et pour constituer des organisations dynamiques.

Des femmes ont pris conscience que ce qu’elles percevaient comme inéluctablement lié à leur condition de femmes n’était pas « la norme » universelle. Ainsi, les femmes refusent aujourd’hui de nombreuses pratiques qu’on leur impose au nom de la tradition, de la coutume ou de la religion.

La prise de conscience de l’oppression due au patriarcat a amené de plus en plus de femmes à la révolte. Leurs prises de position, parfois radicales, n’ont pas toujours été bien comprises de leurs consoeurs, mais le sentiment d’injustice s’est répandu. Il a donné naissance à diverses initiatives, qui ont comme objectif commun la conquête de leurs droits. Avec le développement des échanges et la circulation de l’information, les associations se sont concertées, ont échangé. Elles se sont regroupées en fédérations. Des réseaux du Sud et du Nord se sont connectés.

Ces mouvements féministes, du Sud et du Nord, entendent développer l’« empowerment » des femmes : le renforcement de leur pouvoir, qui passe par l’accroissement de la confiance en soi et l’action politique collective.

Les femmes se sont impliquées dans divers grands mouvements citoyens. Notamment en Amérique latine, elles ont investi le mouvement alter-mondialiste en organisant, lors des Forums sociaux, des rencontres préalables ou des ateliers spécifiques entre femmes. D’ailleurs, une dynamique tout à fait originale a eu lieu avec la Marche mondiale des femmes. Nous allons nous intéresser de plus près au rôle social des femmes en Amérique latine plus particulièrement.

I. Le mouvement féministe en Amérique latine au 20ème siècle

Se pose alors la question de savoir comment, dans une culture fortement marquée par la colonisation puis par la domination des Etats-Unis et enfin par de fortes inégalités dans de très nombreux domaines, les femmes ont-elles procédé pour acquérir une légitimité sur la scène publique et notamment dans le domaine des contestations sociales ?

Afin de bien comprendre l’importance de ce mouvement accordant toujours plus de place à la femme, nous aborderons tout d’abord l’aspect historique de cette émancipation des mouvements féministes sur le continent sud américain, puis nous nous intéresserons aux mouvements des femmes dans un contexte de mondialisation néolibérale, en nous appuyant sur un exemple concret de mouvement féministe. Enfin dans un troisième temps, nous analyserons la façon dont ces mouvements féministes ont permis une plus grande place aux femmes sur la scène politique.

A. Une approche historique des mouvements des femmes au sein de ce continent sud-américain

L’Amérique Latine et les Caraïbes partagent un passé indien, elles ont subi une conquête tragique et ont ensuite connue une colonisation brutale. C’est dans un contexte d’écarts sociaux, de sexisme et de fortes traditions populaire et révolutionnaire que se sont développés des mouvements de femmes et des mouvements féministes particulièrement importants. Ainsi, nous allons commencer notre analyse en présentant une approche historique des mouvements des femmes au sein de ce continent.

Le premier congrès féministe a lieu dans le Yucatan en 1916. A la fin des années 1960, dans les capitales des plus grands pays, apparaissent des groupes de prise de conscience, principalement portés par des jeunes femmes de classe moyenne ayant fait des études et ayant généralement la peau claire. Les femmes sont très présentes dans les partis politiques, les syndicats : elles sont pendant longtemps les seules à oser s’opposer au régime militaire.

Accusé par les « révolutionnaires » des années 1970 de « diviser la lutte populaire », le féminisme se développe avec discrétion. Dans les années 1980, le féminisme prend son essor, se développe et se diversifie. Des organisations et mouvements s’organisent, notamment autour de la politique. En 1987 au Mexique, dix féministes publient un texte déclarant notamment que les féministes ne craignent plus de dire qu’elles veulent accéder au pouvoir. Le féminisme s’est éloigné de sa volonté de changer le monde pour se concentrer sur des questions plus ponctuelles.

L’existence d’importants financements internationaux a facilité la création de ce mouvement (dépénalisation de l’avortement, lutte contre la violence, participation politique). Le mouvement se structure progressivement.

Dans les années 1990, les féministes ne sont pas toutes d’accord sur la façon de faire valoir leurs droits. Deux grandes tendances politiques s’opposent, provoquant une perte de repères idéologiques. Le mouvement féministe voit apparaître des mouvements au sein même de celui-ci, comme les mouvements de femmes indiennes, les homosexuelles par exemple. Ceci contribue à re-radicaliser le mouvement.

Dans les années 2000, le mouvement féministe paraît essoufflé. Tous les mouvements autonomes n’ont pas réussi à s’unir, même si chacun pose d’importantes questions. Les descentes dans les rues se font rares. Un nouvel esprit féministe apparaît avec des manifestations festives et radicales, caractérisé par les mouvements des homosexuelles ou les femmes artistes contre les féminicides.

Aujourd’hui, au début du 21ème siècle, le mouvement féministe a su maintenir une relative unité malgré des différences politiques, et continue à organiser ses rencontres continentales et à débattre. Des financements internationaux existent notamment dans le cadre du « développement » et de la coopération. Mais peut-être que le mouvement féministe est trop dépendant des ces organisations internationales, du à un fort taux de « faire pour » plus qu’à un soutien pour agir en tant que femmes, « avec » elles. Pour finir, les mouvements actuels ciblent les femmes en tant que mères ou en tout cas autour des rôles féminins plus traditionnels tels que l’alimentation des enfants ou encore des ateliers coutures.

Nous venons d’évoquer le contexte et les raisons de l’émergence de la place des femmes en Amérique Latine. Face à un changement des données mondiales, conduits par une mondialisation de plus en plus marquée, comment le mouvement féministe en Amérique Latine s’est-t-il adapté à ces transformations ?

B. Mouvements de femmes face à la mondialisation néolibérale

Les années 2000 sont marquées par l’approfondissement des transformations néolibérales, en particulier l’appauvrissement dramatique de la majorité de la population. En effet, le problème numéro un en Amérique latine est l’accroissement de la pauvreté et de la misère, surtout pour les femmes des secteurs populaires, avec le durcissement des politiques néolibérales.

Le féminisme en Amérique latine a produit des analyses novatrices et très importantes pour l’ensemble du féminisme et des mouvements sociaux à l’échelle internationale, dans un cadre plus collectif et plus militant qu’en Europe. On pense à « la critique radicale des institutions internationales, de l’impérialisme ou du (néo) colonialisme, du néolibéralisme et du modèle patriarcal » (Jules Falquet, Le mouvement féministe en Amérique latine et aux Caraïbes. Défis et espoirs face à la mondialisation néolibérale, Actuel Marx 2007/2 n°42.). Cette critique est menée aussi bien par des féministes autonomes que par des militantes des mouvements paysans (Indiennes zapatistes, paysannes du MST), des militantes contre la globalisation et des féministes afro et indiennes. A la campagne, la monoculture d’exportation a des conséquences négatives, notamment sur les paysannes. La destruction de l’environnement (sécheresses, pillage des forêts, pollution pétrolière, contamination par les OGM) et la privatisation de la terre et des communaux (transformés en réserves naturelles de biodiversité-écotouristique, en marinas, en golfs ou en zones urbaines) poussent de plus en plus de femmes au départ. Les usines d’assemblage des zones franches usent prématurément la santé des très jeunes femmes qu’elles emploient, puis les rejettent. Dans les zones touristiques, les villes et les abords des frontières, se développent la prostitution, la mendicité (notamment des femmes âgées) et la débrouille à coups de « micro-crédit » et de mandat venus du Nord. L’état de guerre de « basse intensité » a transformé beaucoup de femmes en réfugiées intérieures, généralement non reconnues comme telles, spoliées de leurs maigres biens, dépourvues de droits et, parfois même, sans aucune existence légale du fait de la défaillance de l’état civil dans leur région d’origine. Les conditions de cette migration sont de plus en plus dures. Plusieurs de ces femmes qui vivent désormais aux Etats Unis, au Canada ou en Europe, réalisent un travail politique et théorique de première importance.

Parmi les initiatives féministes, il est important de signaler celle de la Marche mondiale des femmes, lancée en 1995 au Québec. Depuis, des centaines de groupes de femmes et féministes se sont mobilisés dans de nombreux pays du continent.

Plus généralement, face au néolibéralisme triomphant, de nombreuses femmes relèvent la tête. On a vu qu’elles participent de manière décidée aux mouvements paysans, indiens et noirs (MST au Brésil..), dans les luttes populaires, « syndicales » (zones franches, travail domestique) et dans les luttes anti ou altermondialisation (forums sociaux mondiaux au Brésil, forums régionaux et actions contre les réunions de l’OMC).

Les effets pervers de la mondialisation et du libéralisme économique ont ainsi éveillé les consciences. Quand les gouvernements des pays endettés du Sud ont mis en oeuvre des programmes d’austérité budgétaire, on a beaucoup parlé des licenciements des maris. On a moins mis en lumière les conséquences sur les conditions de travail et de vie de leurs épouses. Or, l’ouverture des marchés et la privation des services publics augmentent l’insécurité alimentaire, déstabilisent les productions locales aux mains des femmes du Sud. Elles accroissent la dégradation de l’environnement, suscitent des conflits pour l’appropriation des ressources rares et limitent l’accès aux soins de santé. Souvent, ces politiques accentuent la pauvreté, alors même qu’elles prétendent la réduire. Là aussi, les femmes se sont organisées pour tenter d’y faire face et ont créé des associations pour défendre et faire progresser leurs droits.

Afin de comprendre le rôle social des femmes en Amérique Latine, nous allons nous pencher de plus près sur un exemple concret, illustrant bien comment des groupes de femmes ont su se rassembler autour d’une même cause et avancer sur ce chemin plein de difficultés qu’est la mondialisation néolibérale.

Exemple d’action de mouvement féministe :

Au Brésil, la compagnie exportatrice de pate à papier Aracruz Celulose occupe plus de 250 000 ha de terrains agricoles qui pourrait permettre de nourrir des milliers de familles, pour y développer la plantation d’eucalyptus qui assèchent les sols. Ces déserts verts, avides d’eau, polluent et menacent la souveraineté alimentaire et la santé publique. Pourtant, cette agro-entreprise privée bénéficie d’aides publiques tandis que la réforme agraire tarde à se concrétiser. Elle a reçu près de deux milliards de dollars au cours de ces trois dernières années. Cependant une telle entreprise génère seulement un emploi pour 185 ha de plantation, alors que les petites exploitations agricoles génèrent un emploi par hectare.

Les agricultrices de Via Campesina, du MST (mouvement des sans terre) luttent au Brésil depuis plusieurs années contre les agissements de cette grande entreprise. Ces femmes sont travailleuses agricoles et paysannes, et leur principal objectif est la mise en oeuvre d’une réforme agraire qui garantira des droits sociaux et économiques.

Le 8 mars 2006, elles ont occupé et détruit plusieurs pépinières de la compagnie Aracruz et ont exigé d’être entendues par la FAO en réunion près de Porto Alegre. Par ce geste, elles ont voulu dénoncer les conséquences sociales et environnementales de l’avancée du désert vert créé par les monocultures d’eucalyptus.

Par cette action, les femmes de La Via Campesina expriment également leur solidarité avec les peuples indigènes dont les terres ont été envahies par l’entreprise. En effet, depuis 2007 elles ont reçu le soutien de ces femmes indigènes qui sont victimes d’expropriation et de l’industrialisation de leur foret. Cela a pour principales conséquences d’entraîner la disparition de leurs ressources, de leurs savoirs et de leur mode de vie. Les rapports sociaux de genre en ont été bouleversés, les femmes indigènes découvrant qu’elles pouvaient changer leur statut dans leur société d’origine en luttant contre les traditions de domination masculine.

Ainsi elles se fortifient mutuellement dans leur lutte contre l’oppression de l’agro-industrie et du patriarcat. Elles appartiennent aujourd’hui à un réseau de mouvements sociaux, d’ONGs, pour renforcer leur capacité de résistance.

Dans le mouvement des sans terre au Brésil, les femmes se sont largement investies et occupent au même titre que les hommes les postes de responsabilité dans l’association et mettent en pratique la réforme agraire que tarde à faire le gouvernement, en occupant des terres non travaillées.

Le 27 août 2007, le ministre de la Justice a signé les résolutions ministérielles sur la démarcation des terres indigènes des Tupinikim (14 227 ha) et des Comboios (3 800 ha), en tout 18 027 ha. Dans ces résolutions, le gouvernement brésilien reconnaît que les terres en question ont été traditionnellement occupées par les Tupinikim et les Guarani et que pendant les 40 dernières années elles ont été illégalement occupées par Aracruz Celulose.

C’est une victoire de la résistance indigène et féminine contre le pouvoir économique et politique de la transnationale et de ses alliés. Une victoire de la vie et une défaite, quoique localisée, de la monoculture et du désert vert. Une victoire également de la solidarité nationale et internationale, qui encourage et remplit d’espoir tous ceux qui luttent pour leurs droits et qui croient en la construction d’une société plus juste et égalitaire.

Dans cet objectif de construire une société plus juste et plus égalitaire, les femmes de ce continent vont aller jusqu’à prendre une place sur la scène politique et parfois détenir un réel pouvoir pour faire changer les choses et ainsi tendre vers cette société rêvée.

C. Les femmes en politique

Nous allons maintenant nous intéresser à l’importance que prennent ces mouvements en faveur des femmes et féministes au sein de l’Amérique Latine dans une perspective politique.

Historiquement en Amérique latine, la femme était exclue de l’activité politique. L’idée était que la place de la femme était au foyer et la place de l’homme était au pouvoir et en politique. Malgré cela, l’entrée des femmes en politique a été assez précoce par rapport aux autres continents. En effet, entre 1945 et 2005, six pays latino-américains avaient à leur tête des présidentes.

Après l’indépendance des pays d’Amérique latine, dans un contexte historique de complicité entre le secteur public et le secteur privé, une tendance libérale fut introduite dans les Constitutions de l’époque. Alors que le concept libéral de « l’égalité des citoyens devant la loi » était formellement reconnu et inscrit dans les constitutions, le vote, lui, dans la mesure où il était « orienté » par l’élite dominante, tant économique que politique, demeurait le droit exclusif des hommes dirigeants.

Au même moment, l’Église exerçait un contrôle absolu sur la famille et l’éducation. L’influence de l’Église se traduisait notamment par ce qu’on a appelé « le marianismo ». Ce principe assignait à la femme une responsabilité morale au sein de la famille sur l’image mythifiée de la Vierge-mère, Marie. La femme, spirituellement, devenait en apparence supérieure à l’homme.

Mais avec l’accès à l’éducation des travailleurs, et l’implication de plus en plus significative dans la vie de la société civile, on assiste en même temps à une tentative d’inclusion des femmes dans la politique. L’accessibilité et la fusion des villages favorisent une industrialisation rudimentaire qui permet l’apparition d’un secteur ouvrier ; ceci entraîne parallèlement une consolidation interne du mouvement des femmes vers leur émancipation. Dans certaines sociétés, par exemple au Pérou, sous la présidence de Leguia (1908-1919), il y a eu une certaine ouverture afin de permettre l’accès à la participation des femmes dans l’administration publique. Ainsi, à la Société du Bénéfice Publique, seules pouvaient y accéder des femmes de plus de 30 ans, mais avec l’autorisation de leur mari. Par leur incursion dans le journalisme et les activités littéraires, les femmes ont ainsi pu accéder à une vie politique. Elles ont réussi à être acceptées dans les universités à partir de 1908.

En 1912, les femmes étaient présentes lors de la lutte pour obtenir la journée de travail de 8 heures. Dans la Constitution de 1933, suite à la proposition de l’Union Révolutionnaire, on reconnaît le droit de vote des femmes de plus de 21 ans dans les élections municipales.

Malheureusement, les élections municipales ne furent instaurées qu’en 1963. Très tôt, les femmes intégrées sur le marché du travail revendiqueront les mêmes droits sociaux et politiques que les hommes. En 1954, le gouvernement de Manuel A. Odria propose le droit de vote des femmes : les femmes de plus de 18 ans, mariées, peuvent alors exercer leur droit de vote ou être élues, même si elles sont analphabètes.

L’Amérique latine en général a enregistré une évolution positive en matière de pourcentage de femmes au parlement entre 1995 et 2005. Seul le Honduras a enregistré une baisse de -1,56 %. L’actualité présidentielle latino-américaine et féminine a été durant toute l’année 2006 saisie par la victoire triomphale de Michelle Bachelet aux présidentielles chiliennes de janvier 2006. La candidate de la coalition de centre gauche bat son rival de droite au deuxième tour de l’élection présidentielle de janvier 2006. Du coup, à 54 ans, elle devient la première présidente élue au suffrage universel de toute l’Amérique du Sud. L’entrée en fonction de cette politicienne socialiste qui parle cinq langues s’est fait le 11 mars 2006. « Je suis une femme, socialiste, agnostique et divorcée, autrement dit, pour vous, les quatre péchés capitaux ! », déclare-t-elle devant l’état-major entièrement masculin, lors de son entrée en fonction au ministère de la Défense, en 2002.

Mais nous sommes en mesure de nous demander si les présidences féminines sont plus enclines à mettre en avant et résoudre des problèmes qui touchent directement les femmes et si l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans le monde, l troisième des objectifs du millénaire du PNUD, serait plus réalisable avec des femmes au pouvoir.

En Amérique latine, une femme est au pouvoir et une autre est sur les marches de celui-ci. Y-a-t-il pour autant des avancées réelles pour les femmes ? Prenons un exemple qui marie l’urgence et la gravité et qui concerne en premier lieu les femmes : la dépénalisation et la légalisation de l’avortement, une question avec encore aujourd’hui très peu d’avancées en Amérique latine, la majorité des pays étant en désaccord avec cette pratique sauf dans des cas très spécifiques de danger de mort par exemple.

Ainsi, et partant de cette question précise de l’avortement, qui n’est point un détail dans la vie actuelle des femmes, se vérifie ce que la revue « Socialismo o Barbarie » annonce sur la présidence féminine et en vue de la présidence de Cristina Kirchner : « Il ne faut pas se croire que le fait d’avoir plus de femmes à la présidence représente une avancée pour les femmes en général."

Même si beaucoup de femmes se sont retrouvées durant un temps relativement court à la tête d’un Etat, cela était très régulièrement dû à la mort de leurs maris présidents. Seule la Guyane, le Nicaragua, Puerto Rico et le Panama ont eu des présidentes élues par les urnes. C’est le cas de Cristina Kirchner, en Argentine. En effet, après avoir passé quatre années à la Casa Rosada en tant que Première dame, Cristina Kirchner devient la première femme élue à la présidence en Argentine.

Nous voyons ainsi, par ces divers exemples, que la représentation des femmes en politique en Amérique Latine connaît un certain succès, et que de nombreux Etats ont déjà connu des présidences féminines, ce qui par exemple, ne s’est encore jamais produit en France et très rarement en Europe. Ainsi, nous pouvons avancer que l’évolution de la place des femmes dans des secteurs tels que les mouvements féministes et les mouvements pour les droits des femmes a joué un rôle dans l’avancé de la place des femmes en politique. En effet, cela a certainement permis de plus grandes possibilités d’évolution et un meilleur accueil de la part de la société civile. Le fait de voir des femmes jouant un rôle important sur la scène civile, s’engageant pour défendre leur droits de femmes ou pour défendre la cause d’un peuple tout entier, cela a certainement permis à des femmes d’imaginer accéder à la tête d’un Etat, et vice- versa.

Notes

  • Auteurs de la fiche : Lara MELLOUL BÜRKLE et Lucie OUSSET ROUVIÈRE.