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Anne Woods, 2004

Investir dans l’économie et négliger l’éducation : une opposition dangereuse. Exemple du Guatemala dans la reconstruction de la paix après la guerre civile.

L’un des problèmes les plus importants au Guatemala est que le pays manque d’un investissement sérieux en ce qui concerne le capital humain. Le pays produit du sucre et du café, mais sa population est tenue à l’écart des profits économiques obtenus, et elle n’a pas un accès effectif à une éducation de bonne qualité.

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L’économie du Guatemala est typique de celle d’un pays de l’Amérique latine. Elle a été marquée par la guerre, par les dictateurs militaires et par l’intervention des acteurs internationaux tels que les États-Unis, le FMI, la Banque mondiale ou l’ONU. L’économie du Guatemala est spéciale en comparaison avec celles d’autres pays : aujourd’hui elle est en phase de changement. Depuis la signature des accords de paix en 1996, le Guatemala a été bombardé des influences étrangères, se positionnant comme des porteurs de paix.

À l’époque du colonialisme, l’Espagne a encouragé le Guatemala à augmenter ses exportations. Après cette époque, les Guatémaltèques ont continué à exporter du café, des bananes et plus récemment, du pétrole. Les profits liés à ces exportations étaient importants pour le Guatemala : ils ont permis le développement des villes, des infrastructures et des chemins de fer. Les investisseurs étrangers, tels que les compagnies de commercialisation de bananes ont aussi aidé dans la construction de services comme l’électricité, le téléphone et le développement des ports maritimes. L’agriculture domine encore les exportations et les agriculteurs représentent la moitié de tous les travailleurs.

Actuellement, les États-Unis sont les clients principaux du Guatemala.

Pendant les années 1960 et 1970, l’économie a connu une forte expansion. Mais, la guerre a lourdement marqué l’économie du Guatemala et dans les années 1980, sous le régime de M. Rios Montt, l’économie a gravement chuté. La guerre civile a détruit les systèmes d’infrastructure comme l’éducation.

La fin de la guerre civile a ouvert le marché du Guatemala à l’investissement étranger, cependant les étrangers restaient hésitants à cause de l’instabilité politique surtout autour de l’année 2000 sous l’administration de M. Portillo.

L’ouverture a aussi rendu le Guatemala vulnérable aux pressions du FMI et de la Banque mondiale. Comme la majorité des pays de l’Amérique latine, le Guatemala a de gros problèmes de dette externe et d’inflation. Des réformes importantes ont été faites entre 1996 et 2000, sous la présidence de M. Alvaro Arzu. M. Arzu a suivi les recommandations du FMI et l’économie a connu quelques années de croissance. Cependant, après les premières années de succès, 75 % de la population vivait encore sous le seuil de pauvreté. En 2001 et 2002, l’économie a encore chuté à cause d’une sécheresse et d’une chute du prix du café. En 2003, le FMI a mis en place un programme d’aide d’un montant de 120 millions de dollars jusqu’en mars 2004.

À l’issue de trente-six ans de guerre civile, l’économie a été la priorité pour les responsables guatémaltèques.

Le problème le plus important aujourd’hui est qu’il manque un investissement sérieux en ce qui concerne le capital humain : le Guatemala produit du sucre et du café, mais la population n’est pas éduquée. L’économie du Guatemala, comme celles des autres pays de l’Amérique latine, repose trop sur l’agriculture. En revanche, leur surinvestissement en agriculture, ne demandant pas une main d’œuvre bien qualifiée, et le sous-investissement en matière d’éducation sont liés aux politiques du FMI, de la Banque mondiale et enfin des États-Unis, car elles ont encouragé l’augmentation des exportations de l’agriculture, sans vraiment s’inquiéter de l’éducation ou de la vie sociale. Ce surinvestissement conduit à maintenir à l’écart les pays en périphérie des pays du centre. En pensant à la théorie du structuralisme, le Guatemala restera toujours en périphérie sans jamais migrer en semi-périphérie, s’il n’investit pas dans l’éducation.

Le surinvestissement placé dans l’économie, notamment agricole, va à l’encontre des thèses courantes affirmant que les pays qui n’ayant presque rien en termes de matières premières sont tout de même les plus grandes puissance du monde aujourd’hui. Le Japon par exemple, possède très peu de matières premières mais les responsables japonais se sont investis de façon extrêmement importante et ont dépensé beaucoup d’argent pour l’éducation de la population. Aujourd’hui, le Japon est parmi les pays les plus puissants au monde.

Malheureusement, le Guatemala éprouverait de grandes difficultés à effectuer un grand changement dans la répartition de son budget. Le pays est piégé par son énorme dette. Le FMI, la Banque mondiale et les États-Unis exercent une forte pression sur l’administration du pays en raison de l’aide financière accordée pour supprimer sa dette. En outre, l’économie est contrôlée par une petite minorité de la population dont les priorités ne s’accordent pas avec celles de la majorité de la population, constituée, celle-ci, de pauvres.

Aujourd’hui, un traité connu sous l’acronyme ALCA a proposé une zone de libre échange en Amérique centrale. L’année 2004 a été la dixième année de l’ALENA, qui concerne évidemment le Mexique, mais qui est significative pour le Guatemala car l’ALENA représenterait un modèle pour l’instauration de l’ALCA.

M. David Deferranti, un analyste à la Banque mondiale, a conclu dans une revue sur l’impact de l’ALENA au Mexique, que l’ALENA a apporté quelques bénéfices, mais que l’impact aurait pu être meilleur. Il a cité des raisons des autres crises économiques mais selon lui les dépenses pour l’éducation au Mexique sont insuffisantes.

En étant le pays à la plus forte démographie de l’Amérique centrale, le Guatemala dispose d’un bon potentiel. Cependant, en voulant maintenir une population en situation de pauvreté intellectuelle dans un contexte de concurrence à l’échelle mondiale, le Guatemala courre un grand risque : celui de creuser l’abîme qui sépare sa minorité riche et puissante de sa majorité démunie. L’avenir du Guatemala se trouve ainsi lourdement handicapé par son absence de justice sociale et par les risques qu’il prend en matière de paix sociale.