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En librairie

Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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Fiche d’analyse Dossier : Le droit à la ville

Séréna NAUDIN, ,

Une écoute dans le noir du documentaire sonore « Les mots des autres »

Expérimenter le travail en atelier pour questionner les usages violents des mots 4/4

Mots clefs : Echanges culturels pour la paix | Coopération Nord-Sud | Connaissance de l’histoire de l’autre | Acteurs sociaux. Des citoyens et leurs organisations. | Université | Enrichir les échanges sociaux | France

des mots résonnent

ils circulent

des tons de voix se font découvrir, des accents

une respiration

deux

trois

le silence

un souffle

le corps est relâché

l’esprit libre

 

Le noir permet de reposer un de nos sens sans cesse sollicité, la vue, pour laisser plus de place à un autre : l’ouïe. Il se trouve que la radio est généralement écoutée lors d’une autre action en cours : la cuisine, la conduite, au petit déjeuner, en bricolant…etc. Mais est-on vraiment concentré ? Notre corps n’est-il pas occupé à autre chose ? Pourtant, l’écoute radiophonique est un exercice particulièrement apaisant lorsque le corps est entièrement consacré à l’écoute. Les sons pénètrent notre esprit, suscitent notre imaginaire, les voix transportent, le sens se fabrique autrement Dans cette idée, le lieu avait été aménagé pour favoriser cette disponibilité totale : fauteuils, matelas, coussins permettaient la décontraction des corps, leur relâchement. Le partage d’un espace exigu et chaleureux, la proximité des corps, les positions libérées des conventions, ont participé à créer une intimité, propice à partager des impressions de l’ordre plus émotionnel.

Dans un contexte où l’image nous submerge via les vidéos, les photos, les écrans d’ordinateurs ou autre technologie qui occupe notre champ visuel, nous avons choisi de mettre la vue en suspend par le noir.

L’écoute d’un montage sonore c’est la privation de l’image. L’écoute dans le noir, c’est non seulement accepter d’être privé d’images – de visages à juxtaposer à des voix notamment – mais c’est aussi renoncer à tout autre vision. C’est se laisser envahir par les voix, et leurs mots. C’est renoncer à la communication avec les autres dans la même situation d’écoute ; ne pas se laisser influencer par leurs réactions, ne pas pouvoir les partager. C’est un exercice de solitude, en public.

Ainsi on a cherché à associer à l’anonymat des paroles, la cécité de l’auditeur. S’abstraire de l’image des visages à poser sur les voix et s’abstraire des visions de ce qui nous entoure. Pour se concentrer encore davantage sur les paroles entendues. Parce que nous voulions les faire entendre différemment et pour cela, il nous faut nous abstraire de nos univers de références.

Nous avons fait le pari que la décontraction des corps, appuyés ou allongés sur des coussins, leur proximité, créerait une intimité plus propice au partage de l’émotion suscitée par l’écoute. Une fois concentrés et plongés dans l’univers du sensible, nous pouvions nous retrouver ensemble, dans une lumière tamisée, pour se raconter ce que nous avions vécu. L’écoute dans le noir reste une écoute publique et le montage sonore a aussi pour objectif le partage.

La surprise des participants de l’atelier radio à la découverte de leur voix dans le montage en dit sans doute long de l’écho donné à leur parole. Ils ont témoigné du fait que le montage donnait une importance à leur parole qu’ils ne soupçonnaient pas.

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