Fiche de document Dossier : Some propositions and analysis to face the new challenges of peace in the world

, avril 2007

Les perspectives de paix au Proche-Orient

De nombreux représentants palestiniens et israéliens, ainsi que des parlementaires, des universitaires et des militants français ont pu se réunir, en avril 2006, afin d’évoquer les perspectives de paix au Proche Orient

Mots clefs : | | | | | | | | | | | | | | |

Réf. : Sous la direction de Pascal Boniface et Michel Maso, Editions Dalloz / IRIS – 2006

Langues : français

Type de document : 

Cet ouvrage regroupe différentes contributions faites lors d’un colloque organisé par l’institut des Relations internationales et stratégiques (IRIS). De nombreux représentants palestiniens et israéliens, ainsi que des parlementaires, des universitaires et des militants français ont pu se réunir, en avril 2006, afin d’évoquer les perspectives de paix au Proche Orient. Conscients de l’importance stratégique du conflit dans le jeu politique mondial et de ses nombreuses répercussions sur les sociétés européennes,notamment française.

Première partie : Les aspects économiques de la situation au Proche Orient.

Dans la première partie du livre, les intervenants s’interrogent sur les aspects économiques de la situation au Proche-Orient.

Le Groupe d’Aix, collectif d’experts économistes composé d’israéliens, des palestiniens et d’internationaux, estime que même si l’économie est secondaire par rapport au politique, le potentiel de la coopération économique au Moyen-Orient est une réalité et une perspective pour les peuples palestinien et israélien. Depuis 2006, le groupe travaille sur les questions sensibles comme les réfugiés, Jérusalem et la coopération au travers du prisme économique.

Deuxième Partie : Les effets du conflit sur la société française.

Dans la deuxième partie du livre, les auteurs s’interrogent sur les effets du conflit sur la société française. Le conflit israélo-palestinien pourrait être interprété comme une sorte de miroir des tensions au sein de la société française. Le poids du conflit israélo-palestinien en France est tout à fait exceptionnel par rapport aux autres pays européens car il n’est pas vécu comme une question extérieure ou internationale, mais au contraire il a été intériorisé par des acteurs importants de la société française.

Troisième partie : Quel rôle de la France et de l’Europe ?

Dans la troisième partie on s’interroge sur le rôle que la France et l’Europe pourraient jouer afin d’apporter une réponse à la crise que traverse aujourd’hui le Proche-Orient.

Pour permettre une reprise du dialogue, l’Europe et notamment la France doivent se réinvestir dans la mise en place d’un processus de paix. L’Europe devrait avoir toute sa place dans les négociations et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord de par sa proximité géographique face aux Etats-Unis particulièrement éloignés du problème, ensuite de par sa participation historique à la situation et enfin, parce qu’elle constitue un poids économique non négligeable dans la région. En effet, l’Europe reste le premier partenaire commercial de l’Etat d’Israël et en parallèle, le premier bailleur de fond du gouvernement Palestinien.

Dernière partie : La paix est-elle toujours possible ?

Dans la dernière partie du livre, les intervenants essayent de répondre à une question très simple : La paix est-elle toujours possible ?

Les auteurs semblent répondre par l’affirmative cependant ils émettent trois conditions :1) aller l’un vers l’autre avec une réelle volonté de se comprendre mutuellement ;2) reconnaître le droit à l’autodétermination contre toutes logiques d’unilatéralisme ; 3) mettre fin à l’occupation.

Commentaire

Ce livre a le mérite d’attirer l’attention de l’opinion publique sur l’actualité du Proche-Orient et sur la nouvelle crise qui semble aujourd’hui bloquer toutes perspective de paix dans cette région.

Deux points fondamentaux doivent être pris en considération pour comprendre la situation actuelle. Premièrement la montée en puissance d’un nouveau sujet politique en Palestine, le HAMAS. Deuxièmement la nouvelle politique israélienne clairement engagée dans une voie unilatérale, initiée depuis le démantèlement des colonies israéliennes de la Bande de Gaza et qui se poursuit par la construction du mur de séparation.

La situation au Proche Orient a été marquée dernièrement par l’arrivée du Hamas au pouvoir en Palestine (suite aux élections législatives du mois de janvier dernier), par la victoire de Kadima et le poids accru du parti travailliste à la Knesset en Israël, redistribuant les cartes du jeu politique dans la région. Si effectivement, le Hamas à la tête du gouvernement palestinien, ne favorise pas le processus de paix car il nie l’existence de l’Etat d’Israël, il est cependant, en étant le choix démocratique du peuple indiscutable, à moins d’accepter l’idée de l’existence des plusieurs types de « démocratie » : des « bonnes démocraties » et « mauvaises démocraties»… La question centrale aujourd’hui, à mon avis, est de savoir comment intégrer le Hamas au jeu politique et diplomatique.

Les répercussions de la décision de la communauté internationale dans la région ont été dramatiques et excessives. L’arrêt total de l’aide financière octroyée par les Etats-Unis et l’Europe, au gouvernement palestinien en est une facette, et la rupture totale de dialogue en est une autre.

Du côté d’Israël, la victoire de Kadima et d’Ehud Olmert et sa volonté de garder la ligne conductrice mise en place par Ariel Sharon, peut être vue de deux façons aussi. D’un point de vue optimiste, on peut considérer le retrait de gaza comme étant un premier pas vers une paix probable. En revanche, si l’on est pessimiste, on peut voir dans tout cela une stratégie pour jouer sur les marges territoriales. Ce qui est malheureusement le cas, précisément par le tracé unilatéral du mur séparant les deux peuples.

Ce qu’il faut essayer c’est de ne pas oublier que même si les conditions se sont détériorées considérablement dans la période récente, les problèmes des Palestiniens n’ont pas commencé avec l’élection du Hamas. L’occupation israélienne entre dans sa quatrième décennie, et aucun dirigeant palestinien n’a jamais été capable d’obtenir une réelle souveraineté pour le peuple palestinien. Ni les dirigeants locaux complaisants, durant des décennies, et qui furent les seuls représentants autorisés à parler au nom des Palestiniens après l’expulsion de la direction nationale palestinienne ; ni l’Autorité palestinienne sous la direction de Yasser Arafat, qui revint dans les territoires occupés au milieu des années 1990, l’OLP ayant reconnu Israël ; ni le leadership dirigé par son successeur Mahmoud Abbas, un « modéré » qui fut le premier à appeler à mettre fin à l’Intifada armée ; ni même, aujourd’hui les dirigeants du Hamas, même s’ils en appellent depuis longtemps à une trêve de longue, premier pas pour bâtir la confiance.

De ce point de vue, le Hamas ne représente pas un obstacle à la Paix pour Israël que Yasser Arafat quand il était au pouvoir ou un hypothétique nouveau gouvernement Fatah dans le futur. Le discours dichotomique Fatah-Hamas, Bien-Mal, Terroristes-Antiterroristes n’est que le faible argumentaire de la politique étrangere des Etats-Unis et de son Président, au Proche-Orient, à laquelle certains Etats ont trouvé leurs intérêts à y adhérer.

Je reste convaincu de la nécessité de combattre quatre dangers principaux :

  • 1) le risque d’un effondrement de l’Autorité Palestinienne ;

  • 2) une politique de « deux poids, deux mesures » afin d’exiger le principe de réciprocité ;

  • 3) une situation régionale où le poids iranien pourrait venir polluer les perspectives de paix entre Israéliens et Palestiniens;

  • 4) une politique française et européenne trop timide dans la région. Les Israéliens et les Palestiniens ont un besoin urgent d’un accord global négocié reposant sur des principes clairs et bien définis. Les Accords de Genève seraient une bonne base pour reprendre les négociations. La logique de la guerre et du conflit ne peut pas conduire les deux parties à la paix.