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Transformation de conflit, de Karine Gatelier, Claske Dijkema et Herrick Mouafo

Aux Éditions Charles Léopold Mayer (ECLM)

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, La Corniche, Bizerte, juillet 2007

Une Haute Commission pour le suivi de l’inondation

Pour l’année hydraulique 2007-2008, le ministre égyptien des ressources hydrauliques et de l’irrigation a nommé une Haute Commission pour le suivi de l’inondation du Nil, la bonne répartition des eaux accumulées dans le lac Nasser entre le Soudan et l’Egypte et la poursuite des négociations avec les autres pays riverains du Nil.

Mots clefs : La responsabilité des autorités politiques à l'égard de la paix | Partage équitable de l'eau | Fleuves et paix | Egypte | Soudan | Le Nil

Réf. : Issam Ech-Cheïkh, « Une Haute Commission pour le suivi de l’inondation », quotidien cairote de langue arabe Al Goumhouria, n° 19558 du 16 juillet 2007, en première page et en page 8.

Type de document :  Article

Le ministre Dr Mahmoud Abouzaïd a signé un arrêté nommant les membres de la Haute Commission de suivi de l’inondation du Nil dont la présidence a été confiée au Secrétaire d’Etat, chef de la mission égyptienne de l’irrigation au Soudan. Elle devra surveiller l’inondation du Nil pour l’année hydraulique 2007-2008 et relever le débit du fleuve. Elle doit aussi consigner quotidiennement les écoulements en provenance des pluies tombant sur les monts éthiopiens et arrivant au barrage d’Assouan. L’Egypte gère en fait 135 points de mesure du débit du Nil sur tout son cours et elle a des missions au Soudan et en Ouganda ainsi qu’aux sources du fleuve. Le ministre Abouzaïd a expliqué que 75 % du volume de l’inondation arrivent au cours des trois mois de juillet, août et septembre. Il tiendra en outre une conférence de presse pour faire connaître les dispositifs mis en place par son ministère pour gérer l’inondation, les mesures prises pour contrecarrer les atteintes au Nil et aux canaux, préserver la qualité de l’eau et éliminer la pollution. Le ministre donnera la position de l’Egypte vis-à-vis des négociations en cours avec les Etats du bassin nilotique et annoncera une nouvelle initiative de coopération avec ces pays.

Ces gestes de la part du ministre sont commandés en fait par l’accord de 1959 qui régit la répartition des eaux entre le Soudan et l’Egypte. Ce texte insiste sur le fait que la hauteur de l’eau devant le barrage, au début et à la fin de l’année hydraulique, doit être de 175 mètres. Le mois de juillet signe la fin de l’année hydraulique. Or, le 15 juillet 2007, la hauteur de l’eau était de 172 mètres et 35cm. Il y a donc de fortes chances pour que l’on atteigne, d’ici la fin juillet, les 175 mètres réglementaires si les précipitations sur les contreforts éthiopiens se poursuivent. Après cette période, commence celle du stockage pour les situations d’urgence et qui peut atteindre 32 milliards de m3. Cette quantité est prise entre les hauteurs de 178 mètres et 182 mètres ; cette dernière valeur étant celle de la hauteur maximum que peut atteindre l’eau derrière le barrage. Si cette valeur était atteinte, alors l’eau contenue dans le lac Nasser aurait un volume de 162 milliards de m3

Pour l’Egypte, au-delà de cette valeur, l’eau de l’inondation est dirigée vers le projet de Toschki. Les 162 milliards de m3 alimenteront à la fois le Soudan et l’Egypte, comme l’exige l’accord de 1959.

Commentaire

Comme on le voit, l’Egypte fait un grand et inhabituel effort de transparence pour ne pas s’aliéner le Soudan et fait preuve d’une application tatillonne des dispositions des accords internationaux sur le Nil. Elle montre aussi aux autres Etats riverains ses bonnes dispositions et sa maîtrise de la gestion et de la surveillance du Nil. Ce qui peut être profitable pour tous. Mais, ce faisant, l’Egypte démontre à quel point elle est dépendante du fleuve.

On notera une fois encore que le ministre égyptien évoque cet éternel serpent de mer : la pollution du Nil. On ne compte plus les textes traitant de cette question mais le laisser-aller, la routine voire la corruption font que le Nil est souvent un cloaque aux dires d’un ancien ministre de l’Economie égyptien car les bateaux de tourisme à Louxor, à Assouan ainsi que les industries et les villes rejettent souvent sans traitement leurs eaux usées et leurs effluents.

A notre humble avis, il y a une grave menace pour le pays ; pire que celles qu’agitent certains pays riverains.

On signalera enfin que le projet Toschkhi (qui recevra l’excédent d’eau de l’inondation) est un projet controversé et non dénué de manœuvres politiciennes. Il est critiqué tant par les économistes que par les écologistes à l’heure où des villes égyptiennes manifestent contre le manque d’eau potable.